• il y a 11 ans
Il y a quelque chose de chamanique chez Lola Lafon qui tient peut-être à ce qu'elle est moins inspirée par la mélodie que par la mélopée. C'est un mot qui a pratiquement disparu et dont la seule résurrection serait tout un programme esthétique. Sur scène, Lola n'a plus vraiment d'âge et son chant monte verticalement, de tout son corps dressé par la danse. A l'écoute de ce disque très marqué par le folklore balkanique, on pouvait encore tenir Lola Lafon en lisière de la chanson française, même alternative, ce qui ne sera désormais plus possible avec « Une vie de voleuse ».
Cette fois, elle débarque dans cette longue histoire, et trouve naturellement la place libérée qui lui était destinée. On parlera sans doute beaucoup, à propos de ce disque, de « L'Abandon », la chanson que Dominique A lui a écrite, cela fournira sans doute paresseusement une grille d'interprétation, une idée de classement, celle de la nouvelle chanson française, alors que ce qui frappe et peut plaire chez Lola Lafon c'est plutôt son encaissement dans une tradition, qu'elle défend en la renouvellant : Piaf, Barbara, Colette Magny... Dans un espace agrandi par une nouvelle idée du monde, avec des instruments qui font rarement leur apparition dans l'univers de la pop, mais qui trouvent ici leur accomplissement moderne, des orchestrations qui, loin d'ancrer le chant, lui confère toujours plus d'étrangeté (« brusquement penser aux violettes »).

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Musique

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