Penser la catastrophe: Une manière de construire l'histoire? Conférence de Louise Bénat-Tachot (2/2)

  • il y a 10 ans
17 mai 2014
Université Paris-Sorbonne Paris IV
Conférence du Quinquennat CRIMIC "Face à la Catastrophe"
La réflexion sur la catastrophe n¹est pas nouvelle, son importance pour écrire et comprendre le sens de l¹histoire ne l¹est pas davantage. Pourtant depuis une quinzaine d¹années, on assiste une fièvr catastrophique avec la multiplication de publications traitant de ce thème dans différentes disciplines comme la sociologie, la philosophie, l¹histoire ou l¹anthropologie. Dans la culture de l¹Europe occidentale, le déluge est sans doute la première grande catastrophe ontologique qui a fondé bien des discours historiques. Lorsque les religieux franciscains ou dominicains tentèrent de comprendre l¹histoire préhispanique, et qu¹ils interrogèrent longuement leurs informantes indigènes, la catastrophe était une des meilleures façons d¹accrocher l¹histoire biblique ­c¹est à dire l¹histoire universelle- et l¹histoire des sociétés préhispaniques découvertes si tard, restées si longtemps éloignées du regard de Dieu, de sa connaissance et de leur salut. Le déluge, dont il était finalement facile de trouver un récit équivalent préhispanique, pouvait être un bon ciment ontologique. Pour ces religieux il ne s¹agissait pas tant de connaître que de reconnaître et la piste « catastrophique » était fructueuse.

La question que je voudrais poser lors de cette rencontre, est la suivante : quel sens et quelle place la catastrophe peut-elle avoir dans la construction du discours historique ? Je prendrais trois exemples (dont deux « américains ») de catastrophes historiques et de leurs lectures : la catastrophe démographique, la catastrophe tellurique et la catastrophe comme élément d¹une crise globale (à partir du livre de Geoffrey Parker Global crisis, climate,change & catastrophe in the seventeenth century (2013) pour une perspective élargie pouvant ouvrir la discussion.

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