• il y a 17 ans
En composant Tannhäuser, Wagner aborde la question inépuisable du choix qui se présente à tout homme d'action, entre sensualité et renoncement, désir et raison, faiblesse et sagesse. L'homme peut-il être maître de ses passions? Sujet brûlant qui semble inspirer tout génie lyrique, et déjà débattu par Monteverdi dans son Orfeo (1607), opéra des origines du genre. Pour Wagner, l'amour est une bénédiction comme un empoisonnement. L'auteur de Tristan sait de quoi il parle.
L'oeuvre connaît elle-même une histoire en péripéties. Sa première représentation a lieu en 1845 à Dresde. Quinze années plus tard, pour le Paris Impérial du Second Empire, le compositeur satisfait le désir de Napoléon III et réadapte pour la scène française son drame médiéval, à partir de 1860. Mais entre temps, Wagner avait composé son Tristan révolutionnaire. Le musicien avait fait évoluer son style et sa conception du drame musical. En se replongeant dans les vertiges de l'érotisme du Venusberg, Wagner, remis sur l'ouvrage de Tannhäuser, ne pouvait pas reprendre la partition sans intégrer les fruits de son expérience musicale et remodeler Tannhäuser dans la perspective symphonique de Tristan et dans celles de ses autres oeuvres plus tardives.
A ce titre, Il a fait évoluer la figure de Vénus qui dans sa nouvelle forme de 1860, annonce Kundry.
Avant les représentations à l'Opéra de Paris, Wagner organise une mise en bouche destinée aux auditeurs parisiens : en janvier puis février 1860, il donne plusieurs extraits de Tristan, du Vaisseau Fantôme, surtout de Lohengrin qui enthousiasma tant Baudelaire, saisi par l'ascension miraculeuse de l'ouverture. Le poète nous laisse un article désormais célèbre, publié en avril 1861, sur la modernité du théâtre wagnérien quand Berlioz, qui s'évertuait à faire produire par le grande maison lyrique, ses Troyens, s'obstina dans une querelle jalouse contre son rival germanique.

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