Au fil du temps, le trajet des migrants en Afrique de l’Ouest s’est organisé. Jusqu’au Niger, ils voyagent en bus de ligne. Mais à partir d’Agadez, porte du Sahara, il faut connaître des passeurs qui traversent le désert, jusqu’à la Libye ou l’Algérie. En attendant, ils séjournent dans des « ghettos », qu’ils ne paient pas toujours : le chef de ghetto touche une commission sur le prix payé au passeur. Les migrants se regroupent par nationalité et souvent, le ghetto est tenu par un ancien migrant resté à Agadez. Chérif Mamadou Diallo est guinéen, il n’appartient pas à l’une des nationalités majoritaires ici. Il dort donc dans un foyer de Sénégalais. Les conditions y sont un peu moins insalubres que dans d’autres. En mars 2015, le Niger a voté une loi contre le trafic illicite de migrants, qui vise ceux qui en tirent profit : passeurs et chefs de ghetto. Depuis, les autorités ferment régulièrement les foyers. D’autres rouvrent aussitôt. Il y en aurait une vingtaine dans la ville. Les pathologies y sont diverses : troubles digestifs, dermatoses, VIH et paludisme, mais aussi brûlures, traumatismes et blessures dus aux violences infligées par la police sur le chemin.
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