• il y a 8 ans
Examen de la proposition de loi socialiste visant à garantir l'indépendance des médias. Isabelle Attard pointe le manque d'indépendance du CSA, au travers des conflits d'intérêts entre membre du Club Le Siècle.

"Le groupe socialiste nous présente aujourd’hui une proposition de loi visant à renforcer la liberté, l’indépendance et le pluralisme des médias. Sur le principe, c’est une bonne chose. Nul besoin d'être toutes et tous historiens, pour savoir que cette préoccupation politique n’est pas une nouveauté.
En 1945 déjà, le Conseil National de la Résistance inscrivait à son programme “Les Jours Heureux” l’importance d’assurer la liberté de la presse, son honneur et son indépendance à l’égard de l’Etat, des puissances d’argent et des influences étrangères.
Nous ne pouvons que constater aujourd’hui que l’indépendance des puissances d’argent n’est plus qu’un lointain souvenir pour une très large majorité de la presse.

J’ai entendu durant les débats en commission que la soumission des principaux titres de presse à des millionnaires n’était pas grave, puisqu’il n’y aurait pas de danger avéré de monopole. Nous nous inscrivons en faux face à cette affirmation. La situation actuelle de la presse est grave. Il suffit pour s’en convaincre de voir l’excellent documentaire “Les Nouveaux Chiens de Garde”, réalisé par Gilles Balbastre et Yannick Kergoat, sorti en 2012.
Je cite le synopsis : “La grande majorité des journaux, des radios et des chaînes de télévision appartiennent à des groupes industriels ou financiers intimement liés au pouvoir. Au sein d’un périmètre idéologique minuscule se multiplient les informations pré mâchées, les intervenants permanents, les notoriétés indues, les affrontements factices et les renvois d’ascenseur.
Aujourd’hui, les chiens de garde, ce sont ces journalistes, éditorialistes et experts médiatiques devenus évangélistes du marché et gardiens de l’ordre social.
Sur le mode sardonique, Les Nouveaux chiens de garde dresse l’état des lieux d’une presse volontiers ignorante des valeurs de pluralisme, d’indépendance journalistique et d’objectivité qu’elle prétend incarner.
Le film pointe la menace croissante d’une information pervertie en marchandise, et dénonce la collusion entre les élites politiques, médiatiques et financières, en prenant pour exemple le Club du Siècle.”

Le Club du Siècle, je vais peut-être vous surprendre monsieur le rapporteur Bloche, est le Talon d’Achille de votre proposition de loi. Vous nous avez soutenu, en commission, qu’il était très important de confier au CSA la mission de garantir l’honnêteté, l’indépendance et le pluralisme de l’information et des programmes.

Je vous cite, monsieur le rapporteur : “chaque membre du collège du CSA doit désormais voir sa candidature approuvée à une majorité des trois cinquièmes des commissions compétentes du Parlement, ce qui suppose un consensus entre la majorité et l’opposition.”

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