La Condition de l'homme, Masaki Kobayashi, sorti entre 1959 et 1961.

  • il y a 8 ans
J'ai terminé de regarder La Condition de l’homme de Kobayashi, près de dix heures de film, une longue fresque lyrique et idéaliste, un violent cri de révolte,une tragédie d'hommes qui vous prend dès les premières minutes pour ne plus vous lâcher.

Kobayashi signe là un grand mélodrame d'une rare intensité tant sur le plan narratif qu'esthétique. Les paysages filmés remarquablement, steppes, longues étendues neigeuses, forêts et marécages humides, morceaux de terre sur lesquelles les hommes s’agrippent et rampent dans la poussière, la boue et la crasse, servent magistralement la brutalité et l'absence d'humanité d'une société militarisée.

L'extrait retenu se situe dans la troisième partie "La prière du soldat".
Tandis que l’armée japonaise est en déroute, Kaji parvient à survivre aux assauts de l’armée soviétique et tente, avec un groupe de rescapés, de regagner le Sud de la Mandchourie dans l’espoir de retrouver son épouse Michiko. En cours de route, lui et quelques hommes tentent d'aider les réfugiés rencontrés sur leur chemin.

La femme qui est au bord de l'eau est avec son frère traumatisé par le viol de sa sœur par des soldats russes.

Extrait :
L'homme (Kaji) s'avance vers la rivière. La femme, près de son jeune frère, s'adresse à l'homme, elle s'excuse auprès de lui d'être à l'origine de ses nombreux arrêts. Il les regarde et dit au jeune garçon qu'il se fait dorloter par sa sœur. Elle lui répond que son frère ira mieux dès qu'ils seront de retour chez eux et espère qu'il ne leur arrivera rien avant.
L'homme se baisse, s'asperge vivement le visage d'eau et invite la femme à faire de même. Elle porte la main à son visage, "On dirait que ce n'est pas mon visage".
Elle plonge délicatement ses mains dans l'eau, en recueille dans le creux de ses mains, se lave le visage à plusieurs reprises. Puis, elle laisse glisser doucement son visage dans l'eau, se relève. Son visage, comme purifié, irradie l'image. Elle semble revenir d'un long voyage.
Il lui dit "Voilà, tu es jolie".
Elle s'incline.

Cette puissance visuelle est impressionnante, équilibre presque miraculeux, une poésie inattendue.

Recommandée