"Ce qui, de loin, peut sembler effrayant ne l'est pas forcément quand on s'en rapproche. Nous avons peur de ce que nous sommes conditionnés à craindre : les gens derrière les masques, les endroits inconnus et sombres." Ainsi commence Darknet, l'autre réseau, documentaire signé Yuval Orr. En la matière, le jeune réalisateur américano-israélien est servi – on le voit convoyé nuitamment à l'arrière d'un taxi berlinois par deux militants cryptoanarchistes masqués, en direction du mystérieux conteneur qui leur sert de refuge.
Au fil de ses pérégrinations et de ses rencontres, de Tel Aviv à Prague, le documentariste tente d'approcher et de comprendre cet "Internet caché", anonyme et chiffré, que l'on réduit souvent au seul réseau Tor (l'outil d'anonymisation le plus populaire). Et qui a donné matière, ces dernières années, à nombre de reportages anxiogènes. C'est d'ailleurs de ce côté-là – celui des trafics en tout genre, de la drogue aux images pédopornographiques, dont le "Darknet" est par ailleurs loin d'avoir le monopole – que commence son propos. Avant de s'orienter vers les usages de ces technologies par les cyberdissidents traqués par les régimes autoritaires, puis de convoquer quelques images d'Edward Snowden, le lanceur d'alerte qui a révélé il y a trois ans l'ampleur de la surveillance pratiquée par la NSA et ses alliées.
Le mérite de Yuval Orr est de pousser le questionnement et la réflexion un cran plus loin qu'à l'ordinaire. En donnant la parole à nombre d'interlocuteurs – enquêteurs, développeurs, militants – et en remontant à la source. Notamment au courant cypherpunk, né d'une poignée d'ingénieurs californiens libertariens, qui prônait, dès le début des années 90, le développement de l'anonymat et de la cryptographie comme outils d'une défense inconditionnelle de la vie privée face aux pouvoirs des gouvernements. Pour l'un des cryptoanarchistes qu'il interroge, il s'agit de "créer une zone libre, une terra nova, un territoire libre entouré de murs de cryptographie». Dès lors s'articulent les grands affrontements dont le Net est aujourd'hui le champ de bataille – la vie privée face à la surveillance, l'individu (ou la communauté ) face à l'Etat. De quoi nourrir la réflexion, alors même que la cryptographie fait à nouveau l'objet d'âpres batailles.
Au fil de ses pérégrinations et de ses rencontres, de Tel Aviv à Prague, le documentariste tente d'approcher et de comprendre cet "Internet caché", anonyme et chiffré, que l'on réduit souvent au seul réseau Tor (l'outil d'anonymisation le plus populaire). Et qui a donné matière, ces dernières années, à nombre de reportages anxiogènes. C'est d'ailleurs de ce côté-là – celui des trafics en tout genre, de la drogue aux images pédopornographiques, dont le "Darknet" est par ailleurs loin d'avoir le monopole – que commence son propos. Avant de s'orienter vers les usages de ces technologies par les cyberdissidents traqués par les régimes autoritaires, puis de convoquer quelques images d'Edward Snowden, le lanceur d'alerte qui a révélé il y a trois ans l'ampleur de la surveillance pratiquée par la NSA et ses alliées.
Le mérite de Yuval Orr est de pousser le questionnement et la réflexion un cran plus loin qu'à l'ordinaire. En donnant la parole à nombre d'interlocuteurs – enquêteurs, développeurs, militants – et en remontant à la source. Notamment au courant cypherpunk, né d'une poignée d'ingénieurs californiens libertariens, qui prônait, dès le début des années 90, le développement de l'anonymat et de la cryptographie comme outils d'une défense inconditionnelle de la vie privée face aux pouvoirs des gouvernements. Pour l'un des cryptoanarchistes qu'il interroge, il s'agit de "créer une zone libre, une terra nova, un territoire libre entouré de murs de cryptographie». Dès lors s'articulent les grands affrontements dont le Net est aujourd'hui le champ de bataille – la vie privée face à la surveillance, l'individu (ou la communauté ) face à l'Etat. De quoi nourrir la réflexion, alors même que la cryptographie fait à nouveau l'objet d'âpres batailles.
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