L'Effet Zappa : pour une contre-histoire de la culture américaine, et autres...
1) L'artisan furieux : Zappa et la musique du XXe siècle.
En ouverture à cette Zapparade estivale destiné à commémorer, sur FC, le 20e anniversaire (décembre 1993) de la mort de Frank Zappa, non une émission sur la rock-star, le sorcier freak ou le précurseur du Jazz-rock, mais une émission sur Zappa et la musique du XXe siècle. Pourquoi ? Parce qu'elle est, cette musique dite "contemporaine", le meilleur accès et le plus sûr fil rouge pour découvrir et suivre le parcours de l'auteur d'"Hot rats", "200 motels" ou "One size fits all". Son big bang musical et créatif, Zappa l'a en effet connu, en 1955, du soudain saisissement esthétique que lui communiqua "Ionnisation", musique d'Edgard Varèse découverte un peu par hasard. Ce que cette oeuvre pour seules percussions lui révéla fut "la musique savante qui manque à notre désir" dont parlait Rimbaud : une grammaire ouverte de l'alchimie sonore, une capacité libertaire du son à toucher à la racine même des choses, la grande liberté. Une découverte qui fit de Zappa un compositeur, mais compositeur à la table, grand noircisseur de portées et démiurge rythmique. D'autres liens séminaux suivirent, toujours lié à l'avant - garde européenne du XXe siècle : Stravinsky, Webern, Schoenberg. Puis vinrent les bad boys de la musique américaine : Charles Ives, Leo Ornstein, George Antheil et cet artisan foudroyant du piano mécanique que fut Conlon Nancarrow. Parmi les vivants Boulez, dont Zappa appréciait fort "le Marteau sans maître" et surtout les capacités de chef ; rien d'étonnant à ce que Boulez accepte de diriger des partitions de Zappa, à Paris, en 1984. La carrière de compositeur "classique" de Zappa connut, après mille déconvenues avec des orchestres peu motivés ou des impresarios empressés, une fin heureuse : sa collaboration avec les virtuoses allemands d'"Ensemble Modern", Lui qui s'était orienté vers la musique synthétique (car plus exacte dans son expression millimétrée), trouva des musiciens capable d'aligner leurs prouesses sur celles de l'ordinateur. Son dernier disque public, "Yellow shark" expose cette épiphanie.
Discographie :
- Edgar Varèse - Ionisation (Julliard percussion ensemble)
- Edgar Varèse - Arcana (Chicago symphony orchestra, dir. Jean Martinon)
- Edgard Varèse - Amériques (Utah symphony orchestra, dir. Maurice Abravanel)
- Edgar Varèse - Octandre (version par les Mothers of invention - Roads tapes 1)
- Igor Stravinsky - le Sacre du printemps (ouverture) (Boston symphony orchestra, dir. Pierre Monteux)
- Frank zappa - In a gadda Stravinsky ("Guitar")
- Frank zappa - Invocation and dance of a young pumpkin (Absolutely free)
- Igor Stravinsky - Marche royale de l'Histoire du soldat (dir. Igor Markevitch)
- id. : version Zappa (Make a jazz noise here)
- Frank Zappa - Little march (You couldn't do that on stage anymore, vol 5)
- Frank Zappa - Titties and beer (Zappa in New York)
- Igor Stravinsky - Agon (dir. Igor Stravinsky)
- Frank Zappa - Igor's boogie 1 et 1 (Absolutely free)
- Anton Webern - Bagatelles pour quatuor à cordes (Pierre Boulez, oeuvre complète de Webern, DG)
- Bela Bartok - 3e concerto pour piano (E. Farnady/Herman Schecher - Urania)
- Marice Ravel - Boléro (par Frank Zappa)
- Frank Zappa - Charles Ives (You couldn't 5)
- Leo Ornstein - Danse sauvage (Marc André Hamelin)
- Frank Zappa - Mo'n herb vacation (3e partie) (London symphony orchestra, dir. Ken Nagano)
- Frank Zappa - Naval aviation in art (Ensemble intercontemporain - dir. Pierre Boulez)
- Conlon Nancarrow - study for piano player n°41
- Frank Zappa - G spot tornado (Ensemble Modern)
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Emission par François Angelier, diffusée en août 2013 sur France culture.
1) L'artisan furieux : Zappa et la musique du XXe siècle.
En ouverture à cette Zapparade estivale destiné à commémorer, sur FC, le 20e anniversaire (décembre 1993) de la mort de Frank Zappa, non une émission sur la rock-star, le sorcier freak ou le précurseur du Jazz-rock, mais une émission sur Zappa et la musique du XXe siècle. Pourquoi ? Parce qu'elle est, cette musique dite "contemporaine", le meilleur accès et le plus sûr fil rouge pour découvrir et suivre le parcours de l'auteur d'"Hot rats", "200 motels" ou "One size fits all". Son big bang musical et créatif, Zappa l'a en effet connu, en 1955, du soudain saisissement esthétique que lui communiqua "Ionnisation", musique d'Edgard Varèse découverte un peu par hasard. Ce que cette oeuvre pour seules percussions lui révéla fut "la musique savante qui manque à notre désir" dont parlait Rimbaud : une grammaire ouverte de l'alchimie sonore, une capacité libertaire du son à toucher à la racine même des choses, la grande liberté. Une découverte qui fit de Zappa un compositeur, mais compositeur à la table, grand noircisseur de portées et démiurge rythmique. D'autres liens séminaux suivirent, toujours lié à l'avant - garde européenne du XXe siècle : Stravinsky, Webern, Schoenberg. Puis vinrent les bad boys de la musique américaine : Charles Ives, Leo Ornstein, George Antheil et cet artisan foudroyant du piano mécanique que fut Conlon Nancarrow. Parmi les vivants Boulez, dont Zappa appréciait fort "le Marteau sans maître" et surtout les capacités de chef ; rien d'étonnant à ce que Boulez accepte de diriger des partitions de Zappa, à Paris, en 1984. La carrière de compositeur "classique" de Zappa connut, après mille déconvenues avec des orchestres peu motivés ou des impresarios empressés, une fin heureuse : sa collaboration avec les virtuoses allemands d'"Ensemble Modern", Lui qui s'était orienté vers la musique synthétique (car plus exacte dans son expression millimétrée), trouva des musiciens capable d'aligner leurs prouesses sur celles de l'ordinateur. Son dernier disque public, "Yellow shark" expose cette épiphanie.
Discographie :
- Edgar Varèse - Ionisation (Julliard percussion ensemble)
- Edgar Varèse - Arcana (Chicago symphony orchestra, dir. Jean Martinon)
- Edgard Varèse - Amériques (Utah symphony orchestra, dir. Maurice Abravanel)
- Edgar Varèse - Octandre (version par les Mothers of invention - Roads tapes 1)
- Igor Stravinsky - le Sacre du printemps (ouverture) (Boston symphony orchestra, dir. Pierre Monteux)
- Frank zappa - In a gadda Stravinsky ("Guitar")
- Frank zappa - Invocation and dance of a young pumpkin (Absolutely free)
- Igor Stravinsky - Marche royale de l'Histoire du soldat (dir. Igor Markevitch)
- id. : version Zappa (Make a jazz noise here)
- Frank Zappa - Little march (You couldn't do that on stage anymore, vol 5)
- Frank Zappa - Titties and beer (Zappa in New York)
- Igor Stravinsky - Agon (dir. Igor Stravinsky)
- Frank Zappa - Igor's boogie 1 et 1 (Absolutely free)
- Anton Webern - Bagatelles pour quatuor à cordes (Pierre Boulez, oeuvre complète de Webern, DG)
- Bela Bartok - 3e concerto pour piano (E. Farnady/Herman Schecher - Urania)
- Marice Ravel - Boléro (par Frank Zappa)
- Frank Zappa - Charles Ives (You couldn't 5)
- Leo Ornstein - Danse sauvage (Marc André Hamelin)
- Frank Zappa - Mo'n herb vacation (3e partie) (London symphony orchestra, dir. Ken Nagano)
- Frank Zappa - Naval aviation in art (Ensemble intercontemporain - dir. Pierre Boulez)
- Conlon Nancarrow - study for piano player n°41
- Frank Zappa - G spot tornado (Ensemble Modern)
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Emission par François Angelier, diffusée en août 2013 sur France culture.
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Musique