Luis Carballo : James Nachtwey, bienvenu, merci d‘être avec nous sur Euronews et félicitations pour ce prix. Pourquoi faites-vous ce métier, et particulièrement sur la guerre ? Le photographe anglais Don Mc Cullin, dit que l’on ne peut être photographe de guerre sur le long terme que si l’on a un but ? Quel est le vôtre ?
James Natchwey : Les gens doivent savoir ce qui se passe dans le monde. Quand il y a une guerre il y a tellement de choses en jeu pour les personnes impliquées et pour le reste du monde. Les photos peuvent montrer la propagande politique qui entoure une guerre. Une propagande qui permet à ceux qui font la guerre de justifier son existence. Mais les photographes sont sur le terrain, ils voient ce qui arrivent à des être humains. Ils montrent les conséquences de la guerre et tiennent pour reponsables ceux qui la font. C’est une façon pour l’opinion publique de faire pression pour que cela change.
LC : Pensez-vous qu’une photo puisse être un remède contre la guerre ?
JN : Oui. Je le pense, dans un sens, une photo qui montre le vrai visage de la guerre, est une photo contre la guerre. Avec mon expérience, en voyant ce que la guerre fait aux gens et aux sociétés, il me serait très difficile d’encourager une guerre. Je pense que les photos qui montrent le vrai visage de la guerre sont une médiation contre ceux qui l’utilisent comme un moyen politique.
Je pense qu’il y a des valeurs pour lesquelles nous devons nous battre dans la vie et je pense que les gens doivent se défendre eux-mêmes mais je pense aussi que nous devrions être au courant de ce qu’apporte la guerre, quelles sont les conséquences inévitables des conflits sur les hommes. Nous ne devons jamais l’oublier et nous devons y penser avant d’entamer une guerre.
LC : Vous avez couvert des dizaines de conflits. Est-ce que l’un d’eux vous a marqué plus qu’un autre ?
JN : Quand quelqu’un souffre, quand quelqu’un est une victime, il est difficile de dire qu’un tel est plus important qu’un autre. Je pense que toutes les victimes sont aussi importantes les unes que les autres. Mais le génocide au Rwanda fut tellement extrême qu’il est très difficile pour moi de le comprendre. Comment 800.000 voire un million de personnes ont été massacrées par leurs compatriotes en trois mois, utilisant des outils agricoles comme armes de guerre… Quand un homme prend une machète ou une hache pour fendre la tête d’un innocent, qu’est-ce qui l’autorise à faire ça à son voisin ? Je ne peux vraiment pas comprendre.
LC : La majorité de vos photos sont en noir et blanc. Si votre but est de montrer la réalité, la réalité n’est pas en noir et blanc mais bien en couleur. Pourquoi utiliser le noir et blanc alors ?
JN : C’est vrai. Le noir et blanc n’est pas réel, c’est abstrait. Mais je pense que ça distille l’essentiel de ce qui se passe vraiment parce que la couleur elle-même est un phénomène fort, dans un sens physique, qui rivalise avec ce qui se passe dans la photo. La couleur devient le s
James Natchwey : Les gens doivent savoir ce qui se passe dans le monde. Quand il y a une guerre il y a tellement de choses en jeu pour les personnes impliquées et pour le reste du monde. Les photos peuvent montrer la propagande politique qui entoure une guerre. Une propagande qui permet à ceux qui font la guerre de justifier son existence. Mais les photographes sont sur le terrain, ils voient ce qui arrivent à des être humains. Ils montrent les conséquences de la guerre et tiennent pour reponsables ceux qui la font. C’est une façon pour l’opinion publique de faire pression pour que cela change.
LC : Pensez-vous qu’une photo puisse être un remède contre la guerre ?
JN : Oui. Je le pense, dans un sens, une photo qui montre le vrai visage de la guerre, est une photo contre la guerre. Avec mon expérience, en voyant ce que la guerre fait aux gens et aux sociétés, il me serait très difficile d’encourager une guerre. Je pense que les photos qui montrent le vrai visage de la guerre sont une médiation contre ceux qui l’utilisent comme un moyen politique.
Je pense qu’il y a des valeurs pour lesquelles nous devons nous battre dans la vie et je pense que les gens doivent se défendre eux-mêmes mais je pense aussi que nous devrions être au courant de ce qu’apporte la guerre, quelles sont les conséquences inévitables des conflits sur les hommes. Nous ne devons jamais l’oublier et nous devons y penser avant d’entamer une guerre.
LC : Vous avez couvert des dizaines de conflits. Est-ce que l’un d’eux vous a marqué plus qu’un autre ?
JN : Quand quelqu’un souffre, quand quelqu’un est une victime, il est difficile de dire qu’un tel est plus important qu’un autre. Je pense que toutes les victimes sont aussi importantes les unes que les autres. Mais le génocide au Rwanda fut tellement extrême qu’il est très difficile pour moi de le comprendre. Comment 800.000 voire un million de personnes ont été massacrées par leurs compatriotes en trois mois, utilisant des outils agricoles comme armes de guerre… Quand un homme prend une machète ou une hache pour fendre la tête d’un innocent, qu’est-ce qui l’autorise à faire ça à son voisin ? Je ne peux vraiment pas comprendre.
LC : La majorité de vos photos sont en noir et blanc. Si votre but est de montrer la réalité, la réalité n’est pas en noir et blanc mais bien en couleur. Pourquoi utiliser le noir et blanc alors ?
JN : C’est vrai. Le noir et blanc n’est pas réel, c’est abstrait. Mais je pense que ça distille l’essentiel de ce qui se passe vraiment parce que la couleur elle-même est un phénomène fort, dans un sens physique, qui rivalise avec ce qui se passe dans la photo. La couleur devient le s
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