DECRYPTAGE : AFFLUX DE BLESSES

  • il y a 7 ans
Le 11 décembre dernier, l’hôpital MSF de Quayara dans le nord de l’Irak a dû prendre en charge 37 personnes simultanément, blessées lors de combats.
Comment font les équipes MSF quand le nombre de blessés excède leurs capacités de prise en charge ?

Voilà un hôpital MSF, situé non loin d’une zone de conflit. L’espace disponible, les ressources humaines et les moyens techniques permettent de prendre en charge dans de bonnes conditions jusqu’à dix cas urgents simultanément. Au-delà, il a été convenu de déclencher un plan blanc, dont les détails ont été prévu et le déroulé répété avec les équipes, afin que chacun connaisse la marche à suivre.

Jour J : Plusieurs bombes viennent d’exploser dans un marché situé à quelques kilomètres de là.
L’hôpital est prévenu, il va recevoir 50 blessés d’ici une quinzaine de minutes. Le médecin des urgences prévient le directeur de l’hôpital : il faut déclencher le plan blanc.
Une sirène prévient aussitôt l’ensemble des services.

Première urgence : vider l’hôpital de tous les patients qui peuvent partir. Quel que soit le service, il faut libérer un maximum de lits.
Se préparer, ensuite. Les blessés seront répartis en 4 zones, verte, jaune, rouge ou noire, en fonction de leur état. Dans chaque zone, il faut disposer les lits et matériel médical nécessaire, et mobiliser suffisamment de ressources humaines.
Ainsi, au déclenchement du plan, le personnel cesse ses activités courantes, et se dirige vers le poste qui lui a été confié. Par exemple, l’hygiéniste du service pédiatrie se rend en zone rouge pour nettoyer les lits dès qu’ils sont libérés. Les deux médecins urgentistes, eux, se séparent entre la zone rouge et la zone jaune.

Toutes les entrées de l’hôpital sont fermées, sauf une, où s’opère un premier filtre : un patient et un accompagnant, pas plus. Pour permettre aux équipes de travailler efficacement, le reste des accompagnants attendent à l’extérieur.

Passé ce premier filtre, la deuxième étape concerne le triage : un médecin évalue chaque patient et lui assigne une couleur. A ce moment, il faut prendre une décision rapide, basée sur des critères simples :

- Si le patient marche et ne présente pas de blessures ou symptômes inquiétants, c’est un cas vert. C’est le moins urgent, et sa prise en charge peut attendre plusieurs heures.
- Si le patient est allongé et ne respire plus, ou si le médecin juge que l’hôpital n’a pas les ressources qui permettraient de lui sauver la vie, c’est un cas noir. C’est la décision la plus difficile à prendre. Ce patient recevra des soins palliatifs.
- Si le patient a des blessures ou des symptômes inquiétants, ou bien s’il présente des signes de détresse neurologique, respiratoire ou cardio-vasculaire, c’est un cas rouge, à prendre en charge en priorité.
- Tous les autres cas sont dirigés vers la zone jaune : ils peuvent attendre une heure avant d’être pris en charge.

Les brancardiers amènent chaque personne dans la zone qui lui a été attribué. En zone rouge, les médecins urgentistes stabilisent les patients. Le chirurgien détermine lesquels doivent être emmenés au bloc opératoire, et dans quel ordre.
Cette organisation permet de sauver le plus grand nombre de vie possibles. Au Pakistan ou au Yémen par exemple, les équipes MSF ont parfois dû prendre en charge plusieurs centaines de patients, en l’espace de quelques jours.

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