Les méthodes de Cambridge Analytica révélées dans un documentaire

  • il y a 6 ans
Cambridge Analytical, des pratiques mafieuses derrière la respectabilité de l’Establishment (infos mercredi : le patron a été viré et entretien du psy à BBC)

Les banquiers d’affaires, dit-on, sont des gens couleur muraille d’une discrétion à toute épreuve. Alexander Nix, 42 ans, le directeur-général de la firme londonienne de traitement de données Cambridge Analytica a oublié le bon vieux dicton de la City pour s’en repentir à jamais. Au centre du scandale Facebook, l’ancien expert en conseil financier aux sociétés hôtelières et énergétiques s’est vanté en déclarant à une caméra cachée de Channel Four d’avoir recours à la corruption, aux opérations secrètes, aux « hackers » et aux prostituées au profit de ses clients. L’infortuné dirigeant s’est également vanté d’avoir joué un rôle clé aux Etats-Unis lors d’élections présidentielles, parlementaires et locales. Il a aussi écrit deux e-mails racistes à propos de clients potentiels africains.

La société est accusée d’avoir illégalement récupéré les données de 50 millions d’utilisateurs de Facebook. La suspension de Nix par le conseil d’administration de la maison mère, SCL Group a projeté à la Une de l’actualité les agissements sinistres de Cambridge Analytica fondée en 2006. La société, présente au Royaume-Uni et aux Etats-Unis mais totalement inconnue dans la City, est une filiale de SCL Group. Le nom des actionnaires de ce groupe d’une totale opacité est secret. Mais à lire le Financial Times, il s’agit surtout de milliardaires américains très marqués à droite. A l’instar de la famille Mercer, bailleurs de fonds du candidat républicain, Donald Trump. SCL s’affirme spécialisée dans le contre terrorisme et la lutte contre le trafic de drogue sans fournir de précisions. La firme, dit-on de source informée, brasse des milliards de livres et ses commissions sont considérables. Du Dallas grandeur nature qui s’est écroulé comme un château de cartes.

Niché au deuxième étage d’un immeuble de New Oxford Street, dans le centre de la capitale, le siège de Cambridge Analytica ne paie apparemment pas de mine. Dans des bureaux à la décoration austère, des employés passent leur journée à traiter des données, comme dans n’importe quelle PME informatique. Mais le rideau est trompeur. Cette atmosphère studieuse cache un département bien plus sinistre de conseil politique qui est au cœur de l’affaire Facebook.

Sur son site web, cette structure proclame « avoir redéfini le lien entre les données et les campagnes électorales ». L’antenne politique est dirigée par Mark Turnbull, un ancien de la défunte compagnie de relations publiques Bell Pottinger mise en faillite l’an dernier en raison de l’aide apportée aux sulfureux frères Gupta, inculpés de corruption en Afrique du Sud et au président déchu Jacob Zuma.

Le scandale Facebook a mis également en évidence la filière « Upper class » de l’univers impitoyable du renseignement politico économique dans lequel les Britanniques excellent.