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00:00Nous sommes de retour dans votre édition de l'Information.
00:11Malgré les tentatives d'apaisement du gouvernement, la mobilisation des Gilets jaunes se poursuit.
00:17En Moselle, à Henry ou encore à Sainte-Marie-aux-Chaines, des barrages filtrants sont toujours organisés.
00:22Les manifestants qui appellent à une très grande journée de mobilisation dès samedi prochain.
00:27De leur côté, les entreprises et les centres commerciaux bloqués commencent à ressentir les premiers effets avec une baisse de leur chiffre d'affaires.
00:34On en parle tout de suite avec notre invité Jean Poulallion, bonjour.
00:38Bonjour Anne-Sophie.
00:39Vous êtes président de l'Union des entreprises en Moselle.
00:43Je le disais, après 11 jours de mobilisation, de week-ends, de blocage, les effets commencent à se faire sentir pour les entreprises.
00:50Certains centres commerciaux, comme le Cora par exemple d'Essé-Lénancie, ont déposé des dossiers de chômage partiel.
00:57Est-ce qu'aujourd'hui, vous arrivez à chiffrer l'impact de cette mobilisation sur l'activité commerciale ?
01:02Oui, on le chiffre. Il y a les chiffres nationaux, les chiffres locaux.
01:05Les chiffres nationaux disent que le recul du chiffre d'affaires du week-end avant le dernier, donc l'avant-dernier, le recul est de 35%.
01:16Le dernier week-end, un recul de 24%.
01:18Ici en Moselle, certains commerçants m'ont alerté du fait qu'ils avaient en fait dû fermer leurs portes purement et simplement le premier samedi.
01:28Le deuxième samedi, ils ont travaillé avec un vrai recul d'activité de l'ordre de 50% par rapport à l'année dernière.
01:38Donc on est sur une crise majeure pour les commerçants et on met en danger des commerçants, des restaurateurs aujourd'hui dans la situation actuelle.
01:47On est justement sur des week-ends qui sont habituellement très chargés, des périodes avant les fêtes de Noël.
01:52Aujourd'hui, quelles sont les conséquences concrètement pour ces entreprises et ces commerces qui sont touchés ?
01:56Le commerce et les commerçants et les restaurateurs vont être face à une difficulté majeure, celle de maintenir l'emploi qu'elles ont sans qu'il y ait de chantage à l'emploi.
02:10Les personnes qui sont aujourd'hui, qui travaillent de manière temporaire ou les CDD sont potentiellement non renouvelées.
02:18Donc on va toucher finalement à l'arrivée au travail des personnes qui veulent simplement se réinsérer dans la vie active, tenter par le travail temporaire d'obtenir un CDI ou par le CDD obtenir un CDI.
02:33Donc j'en appelle moins aux personnes qui auraient envie de manifester leur mécontentement, quelle que soit la légitimité de leur mécontentement, de faire attention à ne pas aller trop loin, ne pas bloquer en particulier les activités commerciales, les activités de restauration.
02:49Geoffroy Roude-Bézieux, le président du MEDEF, disait hier à propos de ces Gilets jaunes justement qu'ils étaient aujourd'hui en train de tuer l'emploi.
02:56Est-ce que vous adhérez à ces propos ou est-ce que c'est trop caricatural pour vous ?
02:59Je ne sais pas si on peut parler d'emploi tué. Simplement quand les personnes ne peuvent plus aller travailler le matin, peut-être que le mot tué n'est pas un mot trop fort.
03:10Et il faut encore une fois appeler tout le monde à la plus grande responsabilité parce que je ne suis pas sûr que les personnes qui manifestent aujourd'hui ont envie de voir leur famille qui travaille se retrouver dans une situation de précarité du fait de leur mouvement.
03:26Je ne crois pas que c'est ça qui est choisi et voulu par les Gilets jaunes.
03:28Alors aujourd'hui vous réclamez à la réactivation de la cellule de continuité économique qui permet justement de prendre des mesures en faveur des entreprises touchées.
03:36Quelles sont les mesures concrètement que vous attendez que ce soit de la part de l'État ou du gouvernement ?
03:41De ce côté-là en fait en Moselle particulièrement, les entreprises qui viennent nous trouver quand elles sont en difficulté de trésorerie pour des questions de paiement d'Ursaf ou d'impôts rendus difficiles par un chiffre d'affaires en Berne.
03:54Donc nous nous occupons de ces entreprises, nous les défendons, nous allons prendre contact avec l'administration, nous avons de bonnes relations avec elles dans notre capacité en fait à trouver une manière d'étaler les paiements que ce soit Ursaf ou impôts pour éviter que ces entreprises soient en difficulté,
04:14ne soient éventuellement en situation de RG ou de liquidation. Donc tout cela pour la défense des entreprises.
04:21Alors aujourd'hui la hausse des carburants n'est que l'une des revendications des Gilets jaunes.
04:25Plus généralement ils expriment, ils dénoncent un ras-le-bol fiscal.
04:29Je parlais tout à l'heure de Geoffroy Roux-Bézieux, le président national du MEDEF.
04:33Il disait quelques jours, il faut aujourd'hui baisser la pression fiscale en France et réduire la dépense publique.
04:39Parmi ses propositions pour sortir de la crise, il prévoit que pour un euro supplémentaire de taxes écologiques qui soit prélevées, il faut qu'il y ait un euro de moins qui soit taxé par ailleurs.
04:49Est-ce que finalement vous souscrivez à ces déclarations ?
04:51Je trouve ça une idée vraiment géniale. C'est en fait la première fois que l'on entend aussi clairement, au-delà de la notion de ras-le-bol fiscal qui parle à tout le monde.
05:00Je pense même que c'était un ministre socialiste qu'il avait à l'époque conceptualisé.
05:06Ça fait 30 ans que l'État n'est toujours que dans la même logique, de toujours faire payer plus, toujours faire payer plus, d'augmenter les charges, d'augmenter les taxes.
05:15On est vraiment dans une logique de lourdeur de taxes et d'impôts qui touche aussi bien les citoyens que les entreprises.
05:23Et il serait bon qu'à un moment donné, quand il y a une dépense supplémentaire qui pourrait être justifiée par exemple des contraintes de gestion de l'écologie,
05:37du CO2, de la pollution ou de quoi que ce soit et de cette volonté de réformer la manière dont roulent les véhicules en France aujourd'hui,
05:46qu'on réfléchisse au moins en charge constante, voire en charge qui diminue.
05:53C'est-à-dire qu'on ne peut pas empiler des taxes aux taxes. Il faut que ça s'arrête un jour.
05:56Vous rejoignez en quelque sorte les gilets jaunes aujourd'hui sur ce ras-le-bol fiscal et cette revendication.
06:00On en a marre des taxes.
06:01Mais c'est une réalité. On en a tous marre des taxes.
06:05Les gilets jaunes et l'ensemble de la population française en a marre des taxes.
06:09C'est évident. Ce n'est pas une surprise.
06:11On est aujourd'hui le pays qui a les prélèvements obligatoires le plus élevé, je crois, après le Danemark.
06:17Donc sur 28 pays, on est aujourd'hui les plus mauvais élèves de la classe.
06:20On parlait ensemble de cette différence qu'il peut y avoir entre la France ou le Luxembourg.
06:29Pour avoir les mêmes fonctions régaliennes aussi bien au Luxembourg qu'en France,
06:36on est aujourd'hui quatre fois plus cher que le Luxembourg pour faire les mêmes fonctions,
06:41qui sont la sécurité, la justice, l'éducation, la santé.
06:45La santé au Luxembourg est très bonne.
06:47Finalement, de l'argent, on dit on baisse la dépense publique.
06:49Mais finalement, les taxes, aujourd'hui, servent à financer des services publics, les hôpitaux, l'éducation.
06:54On fait comme vous le faites, vous, tous les jours, madame, chez vous, quand vous rentrez chez vous.
06:58Vous ne pouvez pas à la fois vous payer du caviar, du foie gras, du champagne,
07:03même si vous aimez beaucoup ces produits-là.
07:04Et de temps en temps, vous vous serrez la ceinture et vous faites des arbitrages en vos dépenses.
07:08Les entreprises font la même chose.
07:09Les chefs d'entreprise sont tous les jours confrontés à faire des arbitrages de dépenses,
07:12à moins d'augmenter les prix de manière inconsidérée et se retrouver finalement avec des concurrents
07:17qui vont vendre moins cher et qui vont faire que l'entreprise ne pourra pas trouver d'autres clients.
07:21Donc tout le monde fait la même chose, tout le monde fait des arbitrages de dépenses.
07:24Et je demande instantanément aux élus de faire la même chose,
07:27c'est-à-dire de plutôt réfléchir à la manière de baisser les charges,
07:31plutôt que de vouloir toujours justifier leur activité en augmentant les dépenses,
07:36en recrutant davantage de personnes, 1,5 million de personnes recrutées
07:41dans les collectivités territoriales dans l'espace de 10 ans.
07:43Donc aujourd'hui, ce que vous proposez en fait, c'est finalement de faire des réformes
07:46et aussi de faire des coupes budgétaires dans les services de l'État.
07:50Ce sera le mot de la fin.
07:51Jean Poulayon, merci d'avoir été notre invité.
07:54Je suppose que vous suivrez attentivement dans les prochains week-ends
07:57le mouvement des Gilets jaunes.
07:59Cette émission est terminée.
08:01Restez avec nous tout de suite.
08:02Votre édition de l'information se continue sur Mirabelle TV.
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