Lettre 86 d'Antoine Chevrier à C. Farissier

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[A CLAUDE FARISSIER] J.M.J. [St. Fons, juin 1872]
Mes biens chers enfants,
Je suis à St Fons depuis quelque temps. Là je prie et j'apprends à connaître notre divin Sauveur, notre Maître, notre Modèle. Je pense bien souvent à vous parce que c'est pour vous en particulier que j'offre à Dieu mes prières, mes pensées et mes actions. Puisse ce lieu béni devenir, pour vous tous, un lieu de sanctification, de joie et de bénédictions célestes, et vous rendre un jour des prêtres dignes de Celui qui a été le premier prêtre, et qui a donné sa vie pour la gloire de son Père et le salut de tous ceux qui ont foi en lui et qui espèrent en sa résurrection.
St Paul mettait la connaissance de Notre-Seigneur Jésus-Christ au-dessus de toutes les connaissances, et il se glorifiait de ne savoir rien que Jésus-Christ et Jésus-Christ crucifié ; c'est là, en effet, la connaissance qui est au-dessus de toutes les autres et qui, seule, peut faire de nous des prêtres véritables et dignes de lui ; pour prêcher Jésus-Christ ne faut-il pas le connaître ? Pour imiter Jésus-Christ ne faut-il pas le connaître ? Et comment pourrons-nous le connaître si nous ne l'étudions pas ?
Il importe donc à un jeune étudiant d'étudier Notre-Seigneur, qu'il doit prêcher plus tard, et qu'il doit imiter surtout dans sa conduite pour être le Modèle des peuples comme disait St Paul : "imitatores mei, estote sicut et ego Christi", (êtes mes imitateurs, comme je le suis moi-même de Christ ( 1 Co 11,1), le prêtre étant la forme du troupeau, comme dit St Pierre, "forma gregis", la forme du troupeau, le modèle du troupeau, la forme que le troupeau doit regarder et reproduire.
Le temps est court, mes enfants, il faut commencer de bonne heure. Que je regrette tant de temps perdu. Si j'avais commencé de bonne heure, et si je n'avais pas été si lâche, si nonchalant, si paresseux, que je saurais de choses que je ne sais pas, et combien je pourrais faire plus de fruit dans les âmes. Que nous faisons peu de choses relativement à ce que nous avons à faire. Que peu de gens se convertissent. Que peu de gens conservent la foi, l'amour de Dieu, parce que nous-mêmes nous sommes lâches et que nous ne parlons que très peu de notre Maître, et que nous ne savons pas faire passer dans les âmes l'amour de celui que nous prêchons. Oh ! chers enfants, travaillez donc avec ardeur à devenir de bons prêtres ; et cela, non pour vous, pour votre gloire, pour faire plaisir à vos parents, etc..., mais seulement pour la gloire de Jésus-Christ notre Dieu et notre Sauveur. Purifiez bien vos pensées et les affections de votre cœur dans vos études, en ne cherchant en tout que la gloire du seul et unique Maître, Notre-Seigneur Jésus-Christ. …
Vous m'avez appris que notre ami Delorme va un peu mieux, que Dieu en soit loué ; ayez-en bien soin et ne craignez pas de faire les dépenses nécessaires pour sa santé ; et quand il y a quelqu'un de malade parmi vous, soyez pleins de bonté et de charité