• il y a 4 ans
L'homme d'affaires britannique Jim Mellon veut révolutionner l'agriculture grâce à la production de viande en laboratoire et la recherche sur le vieillissement à l'aide de ses produits pharmaceutiques. Il nous répond en interview.

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Transcription
00:00 Dans cette édition d'Interview, nous sommes avec Jim Mellon, homme d'affaires britannique
00:13 philanthrope et tête pensante pour le monde.
00:15 Est-ce correct ?
00:16 Eh bien, tête pensante pour le monde, c'est un peu exagéré.
00:22 Mais je suis bien un homme d'affaires et de temps en temps, je donne de l'argent pour
00:25 des causes.
00:26 Nous sommes ravis de vous accueillir à Dubaï.
00:30 Ravi, moi aussi.
00:31 Vous avancez l'idée d'une nouvelle révolution agraire qui nous attend.
00:35 Et vous avez publié un livre sur le sujet.
00:37 Pouvez-vous nous en dire un peu plus sur le contexte de cette révolution ?
00:41 Eh bien, nous le connaissons tous.
00:44 Nous venons d'enlever nos masques qui représentent un effet secondaire regrettable de la pandémie.
00:48 Mais d'où vient cette pandémie ? Probablement de mauvaises pratiques alimentaires en Extrême-Orient.
00:53 D'où viendra la prochaine pandémie ?
00:55 Probablement de mauvaises pratiques alimentaires en Extrême-Orient.
00:59 80% des antibiotiques sont destinés aux animaux d'élevage et cela entraîne un risque réel
01:05 d'infection bactérienne qui échappe à tout contrôle et pour laquelle les antibiotiques
01:09 ne fonctionnent pas.
01:10 Donc, il faut réduire les risques de pandémie.
01:12 20% de nos émissions mondiales à l'origine du réchauffement climatique, dont nous nous
01:16 inquiétons tous actuellement, proviennent de l'élevage intensif.
01:19 Donc, si on l'arrêtait et qu'à la place, on produisait de la viande artificielle dans
01:24 des usines, alors il n'y aurait pas ces émissions.
01:27 20% des émissions pourraient être éliminées.
01:29 C'est fantastique.
01:30 80 milliards d'animaux sont abattus chaque année pour la consommation humaine, tout
01:35 comme 2000 milliards de poissons.
01:37 On peut faire en sorte que ce ne soit plus le cas.
01:40 De nombreuses choses positives peuvent émerger de cette nouvelle révolution agraire et elle
01:45 est déjà en cours.
01:46 Qu'est-ce que cela veut dire pour les industries actuelles ?
01:49 C'est une très bonne question.
01:52 Dans le cas des éleveurs qui produisent de la viande, ils vont devoir trouver autre chose
01:57 à faire.
01:58 Un peu comme les mineurs qui, des années 50 à 90, ont dû se tourner vers une autre
02:02 activité ou comme les conducteurs d'attelage quand les voitures ont fait leur apparition.
02:06 Mais le progrès aboutit toujours à des emplois nouveaux qui sont de meilleure qualité et
02:11 mieux rémunérés.
02:12 L'élevage est une activité éreintante et très incertaine.
02:16 Alors peut-être que les nouvelles industries sur lesquelles nous travaillons seront meilleures
02:20 pour les gens de manière générale.
02:21 Les choses vont changer mais le changement c'est toujours positif.
02:25 Quel avenir prévoyez-vous pour l'industrie agroalimentaire à l'échelle mondiale ?
02:29 Je m'attends à trois choses.
02:31 Premièrement, dans les dix prochaines années, les produits laitiers tels que nous les connaissons
02:35 aujourd'hui avec des vaches élevées pour produire du lait pour le fromage, les yaourts,
02:39 etc. auront disparu.
02:40 C'est une industrie qui est à l'agonie.
02:44 Deuxièmement, concernant la viande, la moitié de la viande consommée dans le monde sera
02:49 remplacée par des aliments d'origine végétale que nous connaissons déjà ou par des produits
02:54 issus de l'agriculture cellulaire où la viande est produite en laboratoire avec des normes
02:59 très élevées et une qualité identique aux meilleures espèces animales.
03:03 Enfin, la moitié des poissons consommés dans le monde dans dix ans proviendra du même
03:08 type de production.
03:09 Manger beaucoup de poissons, dans le passé, c'était une bonne chose, mais aujourd'hui
03:12 les poissons contiennent des microplastiques, des toxines et beaucoup d'antibiotiques parce
03:17 que la moitié des poissons sont issus de l'aquaculture.
03:19 Ce n'est pas bon de manger du poisson plus de deux fois par semaine.
03:22 Vous parlez des antibiotiques qui se retrouvent dans les aliments consommés par la population
03:29 humaine.
03:30 Que faut-il faire à l'échelle mondiale et au niveau des gouvernements pour s'assurer
03:35 que des actions soient menées ?
03:37 Les antibiotiques, c'est une chose, mais il faut aussi parler du sucre, du sel et de
03:43 toutes les mauvaises choses qui génèrent tant de maladies dans le monde.
03:46 Il y a une épidémie que tout le monde connaît, c'est celle du diabète qui est due à la
03:50 quantité de sucre dans notre nourriture.
03:52 En Chine, dans les années 80, 1% de la population était atteinte de diabète.
03:57 Devinez combien aujourd'hui ?
03:58 4 fois plus probablement ?
04:00 Non, 13%.
04:01 Donc 13 fois plus.
04:03 Et c'est totalement lié à l'introduction du régime alimentaire occidental et en particulier
04:08 du sucre.
04:09 Donc actuellement, les entreprises agroalimentaires sont dans de nombreux cas en train de vendre
04:14 de la malbouffe.
04:15 L'eau représentera-t-elle l'une de nos ressources dont nous devons nous préoccuper à l'avenir ?
04:20 Absolument.
04:21 L'eau n'est pas utilisée correctement.
04:24 Je ne sais pas si vous êtes au courant, mais la quantité d'eau sur notre planète est
04:29 la même depuis sa formation.
04:30 C'est la même quantité.
04:31 Mais elle n'est pas répartie de la bonne manière.
04:34 Il faut 15 000 litres d'eau pour produire un kilo de bœuf, ce qui représente un gaspillage
04:39 énorme.
04:40 Donc il faut réduire cette consommation d'eau.
04:43 C'est un point très important.
04:44 Or, l'agriculture cellulaire et les aliments d'origine végétale ont besoin d'infiniment
04:49 moins d'eau que l'élevage conventionnel.
04:51 L'autre grand domaine dans lequel vous militez et vous vous impliquez, c'est l'allongement
04:56 de la vie avec votre entreprise du Renaissance.
04:59 Pouvez-vous nous en parler ?
05:01 Elle intervient dans le secteur pharmaceutique plus conventionnel.
05:05 J'ai un parcours dans les biotechnologies.
05:08 Et il s'agit d'essayer de développer des thérapies qui permettent aux gens d'être
05:12 en meilleure santé quand ils avancent en âge.
05:14 Pas nécessairement de vivre plus longtemps, mais de leur éviter d'être très affaibli
05:18 et fragile pour cause d'arthrite par exemple, en réduisant les répercussions de ces maladies.
05:24 Et on pense avoir des résultats significatifs dans les dix prochaines années.
05:28 Grâce aux cellules souches ?
05:31 Les cellules souches représentent un aspect des choses.
05:34 C'est la régénération d'organes.
05:36 Mais il s'agit aussi de produits pharmaceutiques qui, par exemple, éliminent ce qu'on appelle
05:41 les cellules sénescentes, que l'on a de plus en plus quand on vieillit et qui sont
05:46 notamment à l'origine de l'arthrose, d'une certaine fragilité et d'un manque de stabilité.
05:51 On peut les retirer puis restaurer des fonctions.
05:53 D'un point de vue social, devons-nous changer d'approche à l'égard de la population âgée ?
05:58 Ce que j'espère, c'est que si les gens sont en meilleure santé plus longtemps,
06:05 alors on pourra mettre plus d'argent dans les traitements continus et le soutien psychologique
06:10 et social et moins dans les soins de fin de vie qui représentent les deux tiers de toutes
06:15 nos dépenses dans la santé.
06:16 Nous voulons réduire ces dépenses pour que ces fonds soient réorientés vers des actions
06:24 qui maintiennent les gens âgés dans la vie sociale, qui leur donnent des choses à faire
06:28 et qui fassent fonctionner leur cerveau.
06:30 On sait que la démence qui recule en termes de pourcentage de population touchée est
06:35 due à trois choses.
06:36 La première, c'est la génétique.
06:38 La deuxième, c'est le sucre.
06:40 Plus je mange de sucre et plus j'ai le risque de développer une forme de démence.
06:44 La troisième, c'est l'implication sociale.
06:46 L'interaction sociale a une action préventive sur l'apparition de la démence.
06:51 Ça ne fait aucun doute.
06:52 Quand on regarde la situation en Europe, il y a eu le Brexit, puis la pandémie.
07:00 Serons-nous capables de rebondir économiquement ?
07:03 Eh bien, le Royaume-Uni est revenu au niveau qu'il avait avant la pandémie.
07:08 Je crois que les Européens sont légèrement à la traîne.
07:11 Mais c'est à cause de leur campagne de vaccination qu'il y avait énormément de retard.
07:15 Mais ils vont y arriver.
07:16 Aux États-Unis, il semble qu'on assiste à un boom économique, mais c'est en grande
07:22 partie dû à la planche à billets qui tourne à plein régime.
07:25 Quand on émet de l'argent, on dévalue sa monnaie et on génère de l'inflation.
07:30 Donc, on constate un début d'inflation.
07:32 Mais lorsque nous sortons de la pandémie, il faut que les Américains resserrent un
07:36 peu la bride, parce qu'on ne peut pas avoir tout cet argent supplémentaire sans générer
07:39 de l'inflation.
07:40 C'est très destructeur, et en particulier pour les plus pauvres, parce que cela nuit
07:44 à leurs économies.
07:45 L'inflation les fait disparaître littéralement.
07:47 Jim Mellon, merci beaucoup pour cette interview.
07:49 C'est un plaisir.
07:50 Merci.
07:50 C'est mon plaisir.
07:51 Merci.
07:51 Merci.
07:52 Merci.
07:53 Merci.
07:55 Merci.
07:55 ♪ ♪ ♪

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