• il y a 3 ans
Un an après l’explosion au port de Beyrouth, le Liban s’enfonce dans une crise économique et sociale sans précédent. Emmanuel Macron présidait ce mercredi une visioconférence internationale de soutien à la population libanaise.

«Nous allons, dans les douze mois qui viennent, mettre en place près de 100 millions d’euros de nouveaux engagements en appui direct à la population du Liban pour ce qui concerne la France», a annoncé le chef de l’Etat français. Au total, les participants se sont engagés à fournir une nouvelle aide humanitaire de 370 millions de dollars à la population.

Et le pays est aussi dans une impasse politique. Cela fait près d’un an que le Liban n’a pas de gouvernement. «La première des priorités reste cela : la formation d’un gouvernement chargé des mesures les plus urgentes», a ajouté Emmanuel Macron.

Aurélie Daher, enseignante-chercheuse à Paris Dauphine, spécialiste du Liban, et Ziad Majed, politologue et professeur à l’université américaine de Paris, décryptent les raisons de ce blocage politique.

Le président libanais Michel Aoun a chargé lundi 26 juillet 2021 Najib Mikati, ancien Premier ministre, de former un nouveau gouvernement. Ses deux prédécesseurs avaient échoué.

«Vu l’accusation menée par la majorité des Libanais à l’égard de la classe politique en tant que classe politique politique corrompue, médiocre, incapable de gouverner, irresponsable, les hommes politiques sentent qu’ils doivent former un gouvernement différent des anciens gouvernements avec un peu plus de personnes crédibles, indépendantes, technocrates... ce qui rend la tâche encore plus difficile», commente Ziad Majed, politologue et professeur à l’université américaine de Paris. 

Mais surtout, pour bien comprendre la situation politique libanaise, il convient de s’attarder sur le confessionnalisme, un système politique propre au pays du Cèdre.

«Ce sont des régimes qui garantissent la répartition des pouvoirs au sein de l’appareil étatique et la représentativité politique selon des quotas qui sont bien déterminés, explique Aurélie Daher. C’est-à-dire qu’indépendamment de savoir si la majorité est à gauche, à droite, – dans le cas du Liban, est-ce qu’ils sont 14-Mars, 8-Mars, pro-Hezbollah, anti-Hezbollah, etc. – il faut quand même s’assurer que certains postes sont réservés à telle communauté ou dans telle proportion à telle communauté. »

Il y a au Liban 18 communautés et les trois principales sont les musulmans chiites, les sunnites et les chrétiens maronites. 

«Au Liban, le président de la République doit nécessairement être chrétien maronite, le Premier ministre nécessairement musulman sunnite, le président de la Chambre nécessairement chiite. Au Parlement vous avez 128 sièges, il y en a 34 pour les maronites, il y en a 27 pour les sunnites, 27 pour les chiites, etc.», poursuit Aurélie Daher. 

Mais au fil du temps, ce système politique a montré ses limites.

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