Ophélie Meunier : condamner les menaces sans appel

  • il y a 2 ans
Si certains aspects des reportages diffusés par M6 sont sans doute discutables, il faut d'abord rappeler que tout journaliste a le droit d'exercer son métier librement et sans menace.

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Si certains aspects des reportages diffusés par M6 sont sans doute discutables, il faut d'abord rappeler que tout journaliste a le droit d'exercer son métier librement et sans menace.

Dimanche 23 janvier, M6 a diffusé un reportage visant en partie l'islamisme dans la ville de Roubaix (nord). Le rapport montrait spécifiquement des images de poupées sans visage vendues dans les magasins du centre-ville, arguant que le Coran interdirait la représentation figurative. Il a également révélé qu'une société d'aide aux devoirs financée par la mairie abriterait en fait des enseignements coraniques.

Le rapport a immédiatement fait l'objet de commentaires haineux et d'appels au boycott des défenseurs autoproclamés de l'islam. Hélas, rien d'anormal jusqu'à présent.

Lundi 31 janvier, le ministre de l’Intérieur, Gérald Darmanin, révélait que plusieurs protagonistes de l’émission, dont la présentatrice, Ophélie Meunier, et le juriste Amine Elbahi ont dû être placés sous protection policière à la suite de menaces. Là encore, hélas, rien que de l’ordinaire : à lui seul, le journal Libération a déposé cette dernière année huit plaintes pour menaces de mort contre ses journalistes, après des enquêtes portant sur des mouvances diverses, de l’islamisme à l’extrême droite.

Suivant cette déclaration, les sociétés de journalistes de la presse audiovisuelle ont naturellement manifesté leur soutien à leur consœur. Le Syndicat national des journalistes, l’organisme représentant la majorité de la profession, se réunissait le lendemain pour exprimer à son tour son soutien, suivi par beaucoup de sociétés de journalistes de quotidiens nationaux, y compris celle de Libération.

La situation devient moins consensuelle le lendemain, quand des doutes commencent à émerger sur la nature du reportage, devenu entre-temps la coqueluche d’islamophobes notoires et l’objet de récupérations politiques, à commencer par celle d’Eric Zemmour. Une enquête du média Arrêt sur images révélait que la société de production aurait utilisé des méthodes de dissimulation contraires à la déontologie prônée par les mêmes sociétés de journalistes.

Ces questions méritent sans doute d’être débattues, mais ne peuvent porter atteinte à l’affirmation renouvelée de la liberté de la presse. L’idée saugrenue selon laquelle un crime ne devrait être condamné que si sa victime était exemplaire rappelle le questionnement artistique sur certaines des caricatures de Charlie Hebdo après le massacre de sa rédaction. Arrêtons-nous là. Tout journaliste a le droit inconditionnel d’exercer son métier librement, sans faire l’objet d’intimidations, de messages haineux e

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