• il y a 5 ans
À la faveur de la première rétrospective parisienne que lui consacre le Palais Galliera, retour sur la manière dont Gabrielle Chanel a réussi à façonner un vestiaire féminin révolutionnaire, placé sous le signe de l’audace et de la liberté.
Transcription
00:00 [Musique]
00:15 Ma mère avait un flacon de numéro 5 dans sa salle de bain
00:20 et on n'avait pas le droit d'y toucher.
00:22 Avec mes deux sœurs, on le regardait comme ça,
00:25 comme cet espèce d'objet de désir et mystérieux.
00:28 Évidemment, dès que notre mère partait,
00:31 on allait faire comme Marilyn.
00:35 C'est un souvenir de mystère et de beauté.
00:39 Ma première pièce Chanel, c'était un tailleur de haute couture
00:45 que Karl Lagerfeld m'a offert.
00:48 Un tailleur noir, une jupe boule avec une veste assez courte et un grand col.
00:54 Je l'ai toujours et il est super.
00:57 Je crois que la plus grande révolution de Gabrielle Chanel,
00:59 c'est d'avoir libéré les femmes de leurs mouvements.
01:03 Les femmes à l'époque portaient des corsets.
01:05 Elle a libéré les mouvements et du coup, elle libère la tête.
01:09 Pour moi, Chanel, c'était une silhouette,
01:12 une silhouette en noir et blanc.
01:14 J'ai été initiée à la mode et au luxe,
01:18 vraiment en portant les vêtements.
01:20 J'ai eu la chance de décliner ça aussi dans des films.
01:23 Je pense que le tailleur en tweed, dans l'exposition,
01:28 il y a le tailleur en tweed qu'elle portait elle-même.
01:30 Ça symbolise vraiment cette liberté-là parce qu'il y a des poches,
01:34 ce qui était vu comme quelque chose d'assez goujat
01:36 pour une femme de mettre ses mains dans les poches.
01:38 Le tissu en lui-même est très souple,
01:41 donc elle allie le confort et la mode.
01:44 Elle a inventé une élégance et une force.
01:47 Cette image de femme qui travaille, de femme libre,
01:52 de femme qui n'a pas besoin d'homme pour construire son empire.
01:56 Et puis, elle l'a fait avec un art de la transgression sans cesse,
02:01 qui est passionnant et qui est à reprendre.
02:04 Ce qui m'a vraiment émue dans l'exposition,
02:07 c'est comment l'intemporel est moderne.
02:11 Il y a des robes de 1920-1930 qui sont encore modernes aujourd'hui.
02:16 C'est ça la modernité, par défaut,
02:18 parce que si c'est intemporel, vous ne pouvez pas le classer dans le temps
02:21 et donc ce n'est jamais des modèles.
02:22 Comme elle a été sa propre ambassadrice,
02:25 forcément pour moi, le modèle qui me marque
02:29 et dans lequel je la reconnais le plus,
02:32 c'est un tailleur dans lequel elle a été beaucoup photographiée,
02:35 qui est un tailleur beige gancé de rouge
02:39 et que j'ai eu la chance de porter quand j'ai joué le rôle de Gabrielle Chanel.
02:44 Ça répond vraiment à ses besoins de femme.
02:47 Tous les tailleurs, toutes les robes, quasiment, elle les a mises.
02:50 Elle répondait à ses envies du moment.
02:53 J'ai envie d'avoir des poches, j'ai envie de me sentir à l'aise,
02:56 j'ai envie de pouvoir et danser et aller bosser avec la même veste.
03:02 C'est marrant parce que je ressens vraiment ça avec Virginie Villa maintenant.
03:07 J'ai découvert dans cette exposition des pièces que je n'avais pas soupçonnées,
03:12 notamment des imprimés fleuris.
03:15 L'explosion des couleurs,
03:17 c'est-à-dire que ça traverse les années, les couleurs et les matières.
03:21 Il y a des rouges, il y a des bleus, mais fulgurants.
03:27 Pour moi, l'héritage Chanel, c'est un sens de la liberté.
03:30 Une femme libre, ça n'a pas d'âge en fait.
03:33 Ça traverse les sièges.
03:35 [Musique]

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