Fondée à la fin du XIXème siècle, la faïencerie Georges séduit par la délicatesse de ses pièces et son savoir-faire inimitable. Indissociable de la ville de Nevers, la manufacture connaît une seconde jeunesse depuis plusieurs années sous l’égide de Carole Georges et Jean-François Dumont. Visite des lieux en leur compagnie.
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00:00 Bonjour, je suis Carole Georges.
00:02 Je m'appelle Jean-François Dumont.
00:03 Bienvenue à Nevers, à la faïencerie Georges.
00:06 On va vous présenter notre manufacture
00:08 avec l'histoire, la fabrication et tout le savoir-faire qui va avec.
00:12 La faïencerie en elle-même date de 1898.
00:21 C'est une très vieille faïencerie.
00:23 C'est la faïencerie dans laquelle travaillait mon arrière-grand-père,
00:26 Émile Georges.
00:27 Ses patrons ont décidé d'arrêter, c'est lui qui a repris la faïencerie.
00:30 Le nom de Georges est ici depuis 1926.
00:35 Mes grands-parents, mes parents et nous-mêmes avons repris en 2010.
00:40 Donc, ça fait à peu près 10 ans qu'on est ici.
00:42 La faïence de Nevers était connue pour être restée très traditionnelle,
00:49 un peu comme ça, un peu intemporelle.
00:51 Et nous, quand on a repris, on a quand même créé une rupture.
00:54 On a voulu faire autre chose.
00:56 Ce qui caractérise vraiment la faïencerie Georges et la faïence de Nevers,
01:00 c'est le décor à la main sur émail cru.
01:03 C'est vraiment une technique particulière
01:05 parce qu'on peint sur un support qui est poreux
01:09 et donc le décor va cuire avec l'émail
01:11 et c'est ce qui donne ce côté un peu aquarelle, un peu fondu des dessins.
01:15 Et puis, c'est le bleu de Nevers qui est un petit peu connu.
01:18 C'est le bleu qu'on utilise pour peindre.
01:20 À Nevers, ils ont eu l'idée de prendre ce bleu et d'en faire un émail.
01:24 Donc, d'émailler en bleu et de peindre en blanc dessus.
01:27 Et c'est ce que nous, on a réutilisé aussi sur nos nouvelles collections,
01:31 mais c'est une technique qui est très ancienne.
01:34 Quand on veut faire une nouvelle assiette, c'est la recherche d'idées.
01:38 Donc, on va se promener, on va regarder nos photos.
01:42 Et puis, de tout ça, on fait une maquette sur ordinateur pour voir les cadrages.
01:47 Le seul lien qu'il pourrait y avoir entre toutes les pièces,
01:49 c'est le côté quotidien de notre époque
01:53 et de ce qui nous entoure.
01:54 Nous, c'est assez subjectif, en fait, comme collection.
01:57 Donc, tout le monde peut s'y retrouver.
01:59 Alors, une fois qu'on est prêt, quand on sait ce qu'on veut faire,
02:03 il faut le réaliser, il faut le faire.
02:04 Chez Fabien-Christophe-Georges, on maîtrise toutes les étapes de production.
02:08 On va fabriquer une assiette en calibrage,
02:10 ce qui nous permet de faire sur des moules
02:13 une bonne quantité d'assiettes par jour.
02:15 On peut en faire une trentaine, une quarantaine.
02:17 Ensuite, cette assiette calibrée, il faudra la cuire.
02:20 On va obtenir une première cuisson de biscuits.
02:22 On va l'appeler ça, le biscuit,
02:23 pour solidifier la pièce et la rendre poreuse.
02:27 Ensuite vient l'émaillage.
02:29 On va émailler le biscuit dans des grands bacs d'émail.
02:32 Et donc, c'est sur cet émail que la décoratrice
02:35 va poser son décor au pinceau.
02:37 Avec les oxydes métalliques,
02:39 elle vient reproduire le dessin qu'elle souhaite
02:42 sur l'émail en poudre.
02:44 Nous, ce qu'on a décidé, pour notre fabrique à nous,
02:47 c'était de garder toujours un petit lien avec l'histoire.
02:51 Par exemple, sur la série des assiettes industrielles,
02:54 c'était de dessiner un monument emblématique de notre région,
02:58 de le mettre en avant et de le représenter
03:00 avec tous les détails,
03:02 comme on représentait une cathédrale à l'époque.
03:05 Et puis, là, de faire la même chose sur une usine,
03:07 sur un puits de mines.
03:09 Aussi, on a la collection sur Paris,
03:12 qui a un lien aussi avec notre tradition.
03:14 C'est-à-dire que c'est des dessins qui sont très fins,
03:17 avec des beaux camélios de bleu, des contrastes.
03:21 Je pense que dans toutes nos collections,
03:22 il y a quand même un lien avec l'histoire et avec la tradition,
03:25 parce que non seulement dans la technique,
03:27 puisqu'on travaille de la même façon,
03:29 et puis dans les sujets aussi, quelque part,
03:31 dans le sens où on s'attache toujours à ce qui est beaucoup de détails.
03:36 On passe pas mal de temps dans la décoration des pièces.
03:39 Il y a un vrai travail de déco.
03:40 Et puis, c'est figuratif souvent aussi.
03:42 On ne fait quasiment pas de dessins abstraits.
03:45 Donc, tout ça, c'est en lien avec l'histoire de la Fayence de Nevers.
03:49 Si on devait définir la Fayence Rijorge en trois mots,
03:52 le plus évident pour nous, c'est « savoir-faire ».
03:54 On maîtrise toutes les étapes de la production
03:56 et on voudra toujours que l'atelier reste un atelier de fayence complet.
04:02 De la création, on va dire, à la fabrication.
04:04 Ensuite, spontanéité.
04:06 On fait les assiettes qui nous plaisent assez spontanément.
04:10 Et puis, un mot qu'on aime beaucoup, qui nous définit bien,
04:14 je pense que c'est « légèreté ».
04:15 On veut des visuels dans nos assiettes
04:18 qui ne se prennent pas au sérieux,
04:20 même si après, on le fait bien.
04:22 Et il y a peut-être des fois plus de sens qu'on veut le dire,
04:25 mais en tout cas, c'est très léger et c'est très spontané.
04:28 [Musique]