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Pour l’ouverture du festival d’Angoulême, Libération réalise l’édition 2023 du Libé tout en BD. Pour l’occasion, le dessinateur Camille Poulie et notre caricaturiste Coco sont venus au journal pour participer à notre conférence de rédaction et ensuite illustrer les papiers du journal.
Dans cette rediffusion du direct Instagram de Libération, les deux artistes répondent aux questions de nos lecteurs et évoquent leur parcours. Ils expliquent également comment ils ont raconté l’actualité en dessins lors de cette journée en immersion dans la rédaction.

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00:00 Bonjour à tous, bienvenue sur le compte Instagram de Libération, très heureux d'être avec vous ce
00:05 mercredi. On va parler pendant 20-30 minutes de ce qui sort demain en kiosque, c'est le
00:11 Libération spécial BD. Vous le savez peut-être, c'est une tradition, on fait ça tous les ans à
00:16 l'IB le dernier jeudi du mois de janvier à l'occasion du Festival d'Angoulême. On va parler
00:22 bande dessinée, Angoulême et l'IB BD avec deux superbes invités que vous connaissez ou pas,
00:27 il y en a au moins une des deux que vous connaissez bien, je vous les montre. Nous sommes aujourd'hui
00:31 avec Coco, bonjour Coco. Comment vas-tu ? Bien. Super, ça va très bien aussi. Et notre deuxième
00:38 invité que vous découvrez peut-être et vous le verrez dans l'IB BD demain, Camille Pouly,
00:42 bonjour. Bonjour. Bonjour, dessinateur, bande dessinée. Un premier album qui est sorti il y a
00:46 quelques semaines ce soir ? Sorti en octobre qui s'appelle "Bunker", aux éditions du CUI. Super,
00:51 premier album, on va en parler, on va parler de ce que ça fait d'avoir un premier album. Et Coco,
00:57 que vous retrouvez tous les jours dans l'Ibération pour le signer Coco. Tu as déjà préparé celui de
01:02 demain peut-être ? Non, je vais le faire tout à l'heure. Parce que c'est vrai que tu l'improvises
01:07 l'après-midi pour le lendemain. Non, je ne l'improvise pas, c'est du travail. Tu n'as pas un
01:11 planning plusieurs semaines à l'avance ? Non, pas du tout, c'est l'habitude du jour. On réagit à
01:16 l'habitude, effectivement. Je vous montre nos deux amis, on est dans une salle des nouveaux locaux
01:20 de Libération, avenue de Choisy. Peut-être qu'on vous montrera ces locaux à un moment, on ne l'a
01:24 pas encore fait. Traffic Girl nous signale qu'on peut te retrouver dans "Dessiner encore". Elle est
01:29 bien renseignée aux éditions des "Arennes", un livre qui est sorti il y a bientôt deux ans.
01:34 Oui, déjà, c'est vrai. Et qui commence à être traduit en espagnol. Comment ça s'appelle en
01:42 espagnol ? "Seguir de burande". Est-ce que quand il y a une traduction comme ça, tu la supervises un
01:48 peu ou tu fais totalement confiance ? J'ai relu les planches, j'ai relu les PDF. J'ai essayé de
01:55 regarder surtout parce que moi, je ne suis pas bilingue espagnole, mais voir si les textes sont
01:59 bien placés dans les bubbles, s'il n'y a pas de répétition. Et d'ailleurs, j'ai vu une coquille,
02:03 en fait. Petite coquille sur Jean Fauch, le parolier de Bachung et une petite coquille. Je
02:14 n'avais pas vu tout de suite. Super. Je remercie tous ceux qui nous suivent en direct. Je vous
02:20 invite à nous poser des questions sur la bande dessinée, le LibéBD. Je me remontre un peu pour
02:25 vous montrer qui vous parle. Pour vous dire que je lis vos questions en direct si vous en avez.
02:30 Et on va parler de ce qui nous attend demain en kiosque, le Libération spécial BD avec Camille
02:37 Pouly. Qu'est-ce que tu vas faire dans ce numéro ? Dis-nous tout. Alors, je vais faire un gros
02:43 dessin. Je ne sais pas, est-ce que j'ai le droit de parler du... Tu peux en parler sans tout dire,
02:48 mais tu peux aborder les sujets, etc. Alors, il y a eu des révélations... Attention,
02:53 c'est une enquête qu'on s'en... Non, ce n'est pas une enquête. D'accord. Non, pardon. Je ne connais
02:56 pas les termes de tout ce qui s'est pas révélé. Vas-y, vas-y. Non, mais il y a la police qui a
03:01 interrogé un ancien champion de handball, de handball, pardon, on ne dit pas handball, et dans
03:09 des affaires de pédocriminalité. J'illustre un dessin là-dessus en essayant d'être le plus
03:17 sobre possible sur des sujets comme ça. C'est un peu compliqué. Est-ce que c'est la première fois
03:24 que tu dessines pour la presse ? Oui, c'est la première fois. C'est un exercice que je ne connais
03:30 pas du tout, avec lequel je ne suis pas forcément à l'aise comme Coco, tu as l'habitude, mais
03:35 réagir à chaud sur l'actualité, etc. Sur n'importe quel sujet, j'en suis incapable, je pense. La
03:45 preuve que non. Justement, j'essaye de tourner le truc pour avoir un dessin un peu plus lâché,
03:51 un peu plus libre et un peu moins direct, directement lié à cette affaire. Qu'est-ce
03:59 que tu ressens quand tu es aujourd'hui à Libération, dans les locaux ? Tu as assisté à la conf,
04:03 peut-être ce matin. Je précisais, la conférence de rédaction, je dis la conf, mais je jargonne.
04:08 Qu'est-ce que ça t'inspire d'être ici ? C'était assez impressionnant. Je ne m'attendais à rien,
04:15 j'avoue, je ne savais pas à quelle sauce j'allais être mangé. Mais c'était assez impressionnant de
04:20 voir ça en vrai. On se fait toujours des films dans la tête et on voit des films aussi qui
04:26 traitent de la presse, etc. Et vivre l'expérience en direct, c'était vachement intéressant. Et je
04:34 me rends compte que c'est assez cool. J'avais l'impression que ça allait être très guindé,
04:37 très... Mais pas du tout, c'est plutôt à la cool. On est à Libération. Un qui a des problèmes avec
04:43 sa machine à café, l'autre qui a machin. Donc c'est assez sympa. Super. Coco, tu en témoignes
04:48 aussi. Écrire pour la presse, c'est un plaisir et c'est coolos pour reprendre l'expression. Oui,
04:53 coolos. Il y a des moments cools, puis il y a des moments plus de spin. En quotidien,
04:59 il faut quand même avoir aussi l'exigence du rendu à la fin, pas trop tard, de réfléchir,
05:04 chercher, trouver que ce soit pour un rédacteur ou un dessinateur. Après, c'est un sujet pas mal
05:09 que tu as, je trouve. Le handball avec tous les codes un peu sportifs, ça peut être bien. Et
05:16 c'est vrai que ces affaires-là d'accusation, il faut toujours être assez subtil parce que comme
05:22 ça reste des accusations, le dessin permet parfois de suggérer des choses. Et c'est plutôt bien.
05:28 Après, c'est le travail. Mais dans ces nouveaux locaux, je m'y fais très bien. Je les trouve
05:37 très chouettes. L'ambiance rédaction, c'est vrai que ça change totalement. Nous, les dessinateurs,
05:44 on est quand même beaucoup seuls face à la feuille blanche. À la maison. Voilà, on cherche.
05:50 C'est quand même une activité solitaire. Et c'est vrai que le fait d'être dans une rédaction,
05:53 pour moi, c'est toujours aussi une bonne émulation. Même après des années dans la presse.
05:58 Est-ce que ça existe toujours ces dessinateurs qui décident de travailler ensemble et de monter
06:03 en studio? Est-ce que ça appartient finalement à une ancienne forme de la BD années 60, 70? Ou
06:10 est-ce que ça existe toujours? Ça se trouve encore à Charlie, par exemple. C'est vrai que
06:14 comme c'est un journal vraiment axé sur le dessin et le dessin en pilier, on cherche des idées
06:23 ensemble. C'est un travail de plus d'équipe. Là, il faut quand même, avec l'exigence du quotidien,
06:30 être concentré. Il faut quand même être un peu seul aussi. C'est bien les deux d'ailleurs. C'est
06:35 bien d'avoir un petit peu des deux. Je te transmets le commentaire de Jeanne Covin qui écrit « Coco,
06:40 je t'ai vu pendant un stage à Libération, c'était super de te rencontrer. » C'est très sympa. Je
06:47 remonte le shield des commentaires, les amis. Je lis en direct. Qu'est-ce que je peux relever
06:52 dans ce qu'il y a dit? Il y a quelqu'un qui dit que je fais trembler la caméra. Oui, je tremblais
06:56 un peu au début, mais c'était l'émotion, ce live. Bien sûr. Jeanne a une question pour toi,
07:02 Camille. « Quelle est la meilleure façon de débuter dans le dessin de BD ou de manga quand
07:08 on n'y connaît pas grand-chose ? » Je ne vais pas être la meilleure personne pour répondre
07:13 à cette question. J'ai une formation qui n'est pas liée à la BD directement. J'ai fait les Beaux-Arts
07:18 de Paris, plutôt art plastique, art contemporain. J'avais la BD à côté de moi parce que j'en
07:26 faisais depuis que j'étais gamin. C'est en sortant des Beaux-Arts, en étant diplômé que là,
07:30 j'ai décidé de me concentrer à apprendre sur la bande dessinée. Il faut dessiner. Tout simplement,
07:35 il faut dessiner. Je me rends compte en commençant ce nouveau métier de dessinateur BD que je fais
07:42 exactement la même chose que quand j'avais 5 ans. Je ronde des histoires et je dessine au gré des
07:48 idées. Il faut juste en faire, en faire, en faire. Et voilà. Assez, oui. Je trouve que le dessin
07:55 d'observation, par exemple, c'est un bon exercice. Aller dehors, se mettre par exemple à une terrasse
08:02 de café, dessiner les gens, dessiner aussi l'espace parce que c'est important l'espace.
08:06 On oublie que c'est un peu plus dur. Il faut apprendre des perspectives, des mouvements.
08:10 Oui, juste l'exercice de dessiner et d'interpréter ce qu'on voit, ça, c'est vraiment le meilleur,
08:17 je trouve. Après, il n'y a pas de méthode. Il serait qu'il faut être un peu acharné. Il faut
08:21 s'accrocher et puis après, ça vit. Olivier Roland
08:23 Qu'est-ce qu'il faut faire quand on n'est pas convaincu par son style de départ ? Est-ce
08:28 que ça se travaille ? Est-ce que ça s'exerce ? Est-ce que ça peut changer ?
08:31 Camille Zouault C'est bien douter. Moi, je trouve que c'est
08:34 souvent à chier ce que je fais. C'est vrai que je suis dure avec moi, mais je trouve qu'il faut
08:39 douter pour essayer de s'améliorer. Il n'y a rien de pire qu'un dessinateur qui est content de lui.
08:45 Donc toujours content de lui, ce n'est pas possible. Olivier Roland
08:49 Camille, tu doutes beaucoup aussi ? Camille Zouault
08:51 Oui, un peu trop même ces temps-ci. Je suis assez d'accord. Il ne faut pas hésiter à
09:00 jeter des choses. Ne les jetez pas, mettez-les dans les tiroirs. Mais il ne faut pas hésiter
09:05 à recommencer ou à prendre un angle différent si besoin. Mais à partir du moment où on prend
09:11 du plaisir à faire, dans l'idée, si l'auteur prend du plaisir, le lecteur va en prendre un
09:16 moment. Ce n'est pas tous les lecteurs, mais il y a forcément des lecteurs à qui ça va parler.
09:19 Marie-Claude Lévy L'erreur, ça fait partie de la recherche.
09:21 Moi, mes dessins à Libé, je prends ça comme un laboratoire par exemple. Je propose plusieurs et
09:26 dans ce petit laboratoire, j'expérimente mes idées autour de plein de sujets tous les jours. C'est
09:32 vrai que c'est l'exercice aussi qui fait que parfois, il y a un dessin qui est moins bon,
09:36 parfois il y en a un qui est plusieurs, qui est mieux. J'ai eu le conseil d'un ami qui me dit
09:41 « quand j'ai commencé à Libé, il m'a dit qu'il faut que tu essaies des bonnes tous les jours et
09:46 parfois génial ». Donc, il faut essayer de tenir ça comme objectif. Ce n'est pas facile.
09:53 Olivier Roland Oui, on peut expliquer que
09:55 en gros tous les jours, tu envoies plusieurs dessins à Libération.
09:59 Marie-Claude Lévy Oui, mais comme chaque dessinateur de presse
10:02 fait à Charlie par exemple, on commence plusieurs dessins. Ça fait partie aussi du jeu du dessinateur
10:08 de presse de s'intéresser à tous les sujets et d'avoir aussi ce qu'on appelle des déchets qui
10:14 ne sont jamais vraiment des déchets puisqu'ils font partie de la recherche aussi graphique,
10:18 l'amélioration des idées, des vannes. Olivier Roland
10:22 Est-ce que pour le dessin que tu vas fournir pour Libé BD, Camille, est-ce que là aussi,
10:28 il y a « du déchet », est-ce que tu as recommencé plusieurs fois ?
10:31 Camille Zouaoui Je n'ai pas encore commencé en crash,
10:35 donc ça se trouve dans une demi-heure, je vais jeter tout ce que j'ai fait. Mais j'ai fait quelques
10:40 pokis avant en essayant de trouver des idées avec les éléments un peu forts que je pouvais
10:46 trouver avec ce sujet-là. Et à un moment, je suis arrivé sur un truc qui me plaisait bien,
10:49 qui n'était pas trop grave et pas non plus trop drôle, mais qui avait un entre-deux un peu mou.
10:57 Et du coup, j'ai décidé de partir là-dessus. Mais je n'ai pas encore commencé en crash,
11:01 j'ai juste fait le crayonner pour l'instant. Olivier Roland
11:02 D'ailleurs, petite question comme ça, je suis passé tout à l'heure regarder ce que vous étiez
11:06 en train de préparer et j'ai vu que tu crayonnais avec un crayon de couleur bleue. Pourquoi du bleu,
11:12 pourquoi ce n'est pas le crayon de papier qu'on utilise à l'école ou ce genre de choses ?
11:16 Camille Zouaoui Alors l'avantage, c'est au scan,
11:19 c'est une vieille technique d'animateur de dessin animé, c'est de dessiner avec un crayon bleu très
11:25 clair pour qu'ensuite, quand tu le passes au scan et que tu pousses les nuances, le bleu très clair
11:30 va disparaître en fait. Il ne va rester que ton encrage. Et donc, je n'ai pas besoin de gommer
11:34 tout mon crayonner et salir mon dessin. Olivier Roland
11:37 Ah oui, parce que si, ah oui, une fois que tu as mis l'encre, si tu arrives avec ta gomme,
11:42 possiblement tu peux ruiner ton… Camille Zouaoui
11:44 Bah, ça peut salir et puis en plus, c'est un merdant de passer une demi-heure à gommer.
11:48 Olivier Roland Je comprends, je comprends.
11:49 Tu n'as pas la tentation de la tablette graphique ?
11:52 Camille Zouaoui Non, non, non.
11:53 Olivier Roland OK.
11:54 Camille Zouaoui Non, le papier à l'ancienne,
11:56 ça me salir les doigts. C'est important. Olivier Roland
12:00 OK. Coco, toi, tu es hybride, les deux, tu es à la fois…
12:03 Camille Zouaoui Ah, je suis complètement papier, voilà.
12:06 Olivier Roland Je ne t'ai déjà vu qu'une tablette.
12:07 Camille Zouaoui Non, tu m'as vu avec une tablette,
12:08 ça s'appelle une Remarkable et en fait, dans un souci écologique, j'ai acheté cette tablette
12:14 pour faire uniquement mes brouillons dessus. Donc, en fait, je ne fais jamais de dessin propre,
12:19 c'est pour chercher mes idées. Et du coup, ça m'évite de bouffer de la feuille de brouillon.
12:24 Olivier Roland OK.
12:25 Camille Zouaoui Sinon, après, je ne dessine que papier,
12:27 encre, grossage de doigts sur mes doigts et puis parfois sur mon visage quand je le montre.
12:33 Et le rapport au papier, à la matière, c'est inégalable, je trouve.
12:41 Olivier Roland Oui, je suis d'accord.
12:42 Camille Zouaoui Et puis même, je trouve qu'il y a quelque
12:45 chose qui se perd avec toutes ces tablettes, c'est le dessin original. Et je trouve quand même,
12:49 quand on est dans une expo et qu'on voit un original de n'importe quel dessinateur,
12:54 un crum par exemple, c'est magnifique. Il y a une émotion à voir l'original
13:01 avec parfois ses repentirs, ce qu'on appelle les parties où il y a un peu de typex ou des collages,
13:08 par exemple, des choses qui ont été modifiées en cours. Et bien, ça, c'est vrai que sur l'impression,
13:13 on ne voit pas. Olivier Roland
13:14 Ou des annotations dans la marge. Camille Zouaoui
13:16 Exactement, des annotations ou même par exemple, voir un original de Villemin qui travaillait à
13:20 Charlie, c'est exceptionnel parce qu'il y a son dessin fini au milieu et autour, il y a toute la
13:25 palette de couleurs à l'aquarelle, les petits traits, les trucs.
13:28 Olivier Roland Il fait ses mélanges dans la marge
13:29 comme une impression dont on mélange les couleurs sur le côté.
13:34 Camille Zouaoui Comme la palette de couleurs qui se créent.
13:37 Olivier Roland C'est tellement beau.
13:38 Camille Zouaoui Il faisait ça sur des feuilles,
13:40 pareil, des gammes. Olivier Roland
13:42 Et tu conserves tous tes originaux ? Camille Zouaoui
13:45 Oui, j'en jette aussi. Il n'y a plus à chier.
13:49 Oui, je les conserve, ça prend beaucoup trop de place.
13:52 Olivier Roland Camille, tu les conserves aussi ?
13:54 Camille Zouaoui Oui, je les conserve et depuis peu de temps,
13:57 je les vends. Oui, moi aussi, j'en vends un petit peu.
13:59 Olivier Roland Vous les vendez où ? Ça se vend comment,
14:01 les originaux ? Camille Zouaoui
14:02 Alors, moi, je suis chez un galeriste depuis peu de temps qui s'appelle la Galerie de la
14:05 Bande Dessinée qui est basée à Bruxelles. Il y a une trentaine de planches qui sont à vendre.
14:13 Donc, n'hésitez pas, achetez-les. Olivier Roland
14:16 Coco, toi aussi ? Coco
14:18 Moi, ça m'est arrivé récemment de faire une expo sur le thème des chats. Je ne sais pas si tu
14:22 avais vu parler. J'avais fait comme ça sur mon temps libre des dessins sur les chats parce que
14:29 c'était une thématique que j'aime bien. Dubou a apporté ça aussi dans des bouquins ou ciné,
14:36 bien sûr. Les chats, c'est un thème assez marrant. J'avais trouvé des idées assez délirantes dessus.
14:43 Donc, j'ai fait une expo là et j'ai vendu des originaux. Parfois, ça m'arrive aussi de vendre
14:47 quelques dessins de presse, mais ceux qui sont encore un peu actuels ou des thèmes qui peuvent
14:54 parler pas mal. Olivier Roland
14:57 Oui, on sait que pour les auteurs qui ont une carrière plus longue, qui sont plus anciens,
15:03 les ventes peuvent parfois atteindre des montants absolument délirants.
15:06 Coco Surtout dans la BD en fait puisque le dessin de presse,
15:09 ça reste encore un art un peu mineur. Il y a eu un papier du monde là-dessus. C'est vrai que
15:15 c'est un peu différent. C'est aussi parce que le dessin est lié aussi en quelque sorte à
15:20 l'actualité, que l'actualité, elle passe. Alors, il y a certains sujets qui restent
15:24 toujours d'actualité, mais c'est bien aussi. J'aurai peut-être ma rétrospective à la BNF un
15:35 jour, à quelqu'un qui va trier mes archives et je lui dirai « bon courage ».
15:38 Olivier Roland Je suis partant pour l'organiser.
15:41 Coco Surt J'ai rien daté. C'est complètement désorganisé.
15:44 Olivier Roland Tu ne mets pas les dates en bas des planches.
15:45 C'est drôle. Camille, Annick demande si c'est le dessin qui aide à avoir de l'inspiration ou si
15:53 c'est l'inspiration qui fait dessiner. Camille Zouaoui
15:56 C'est un peu les deux en même temps. C'est mutuel. Avant de commencer une histoire, j'ai besoin
16:02 quand même de dessiner notamment les personnages pour trouver, savoir quelle va vraiment être leur
16:08 tronche, leur caractère, etc. Et à partir de ça, la mayonnaise commence à monter et les personnages
16:17 se définissent. Et là, mon histoire peut commencer à se créer grâce aux personnages. Moi, je suis
16:23 très attaché aux personnages. C'est eux qui guident mon histoire. Ce n'est pas moi qui vais
16:29 les manipuler. C'est vraiment eux qui me manipulent. Olivier Roland
16:33 Pour le dessin que tu vas fournir pour l'IBBD qui sera en kiosque demain, comment ça s'est passé ?
16:39 Tu as lu l'enquête et tu as fait ton dessin. On t'a pitché cette enquête ou on t'a donné des
16:45 lignes très précises. Où est-ce que tu avais une liberté ?
16:48 Camille Zouaoui J'ai une totale liberté. On m'a rien dit du tout.
16:51 Olivier Roland On m'a lâché. Non, j'ai assisté à la fameuse conférence de rédaction où on a
16:59 effectivement pitché un petit peu ce qu'allait être cet article et ce qu'allait être cette affaire-là.
17:04 Et donc, à partir de ça, j'ai déjà eu des idées qui ont commencé à germer dans ma tête. Graphiquement,
17:10 j'avais des pistes. Et ensuite, j'ai commencé à mesurer les trois trucs.
17:15 Olivier Roland L'inspiration est venue sans problème.
17:18 Il n'y avait pas d'angoisse liée autour de ce dessin ?
17:20 Camille Zouaoui Non, franchement, la seule question que j'avais,
17:24 mais je crois que je l'ai déjà parlé tout à l'heure, c'est que je ne voulais pas être trop grave ni trop léger.
17:29 Si on regardait sur une affaire comme ça, je voulais être un peu solide.
17:34 Olivier Roland Je préviens nos amis qui nous regardent que
17:37 l'édition de Libération de l'UniBBD, vous le retrouvez demain au kiosque. Mais les articles,
17:42 vous pouvez les retrouver dès ce soir sur le site de Libération et dans la liseuse. Vous
17:46 pourrez tout retrouver. Coco, une question pour toi, une question de Guillaume Tessé que je salue,
17:51 qui demande si parfois tu te dis ce dessin va être trop touchy. Il va peut-être réveiller les trolls.
17:59 Camille Zouaoui Non, je ne me dis pas ça. Il fait le truc.
18:02 Puis moi, s'il y a des trolls, il y en a tout le temps.
18:04 Olivier Roland Il y en a tout le temps, quel que soit le dessin.
18:06 Camille Zouaoui Non, non, ça va. Guillaume Tessé,
18:07 ce n'est pas celui qui fait les croisements de visage ?
18:09 Olivier Roland C'est bien lui.
18:10 Camille Zouaoui Si, coucou !
18:11 Olivier Roland C'est vrai qu'on aime bien ce qu'il fait.
18:13 Il a déjà travaillé pour Libération, je crois. Une une qui mélangeait Margaret Thatcher et François Fillon.
18:21 Camille Zouaoui Oui, mais ça a été fait avec Macron même d'ailleurs aussi.
18:24 Olivier Roland Est-ce que, puisque la question,
18:28 c'était sur les trolls, c'est vrai que parfois tu as des dessins qui font polémique, qui font parler,
18:33 qui font réagir et pas toujours dans le sens de ce que peut défendre Libération. Est-ce que
18:41 c'est quelque chose qui te limite ? Est-ce que ça te motive ? Est-ce que ça t'alimente ? Ou est-ce
18:49 que ça n'existe pas pour toi ? Camille Zouaoui Je ne sais pas trop ce que ça veut dire,
18:52 pas toujours dans le sens de ce que pense Libération. Olivier Roland Libération est un
18:56 modèle plutôt progressiste. Tu as des combats progressistes toi aussi. Et parfois, des gens
19:03 qui ne sont pas forcément des lecteurs de Libération, mais qui voient passer sur les réseaux
19:07 sociaux, se servent de ton dessin pour défendre l'inverse. Camille Zouaoui Oui, je ne trouve pas
19:12 l'impression que ça arrive. Je crois que c'est surtout, il y a des sujets qui sont un peu clivants,
19:16 ce qu'on peut dire. Et moi, c'est mon travail aussi de m'emparer de ces sujets-là, quand bien
19:22 même ils sont tabous ou ils font réagir. Et puis, j'ai pour politique de ne pas me laisser
19:29 impressionner par ce qui se passe sur les réseaux sociaux, tout ce qui est troll, tout ce qui est
19:32 réaction. Parce que, si tôt qu'on prend en compte dans notre création, dans notre processus de
19:38 création, toutes ces questions de ressenti ou de réaction émotionnelle, on ne peut plus rien
19:44 faire, on ne peut plus rien dire, on n'est plus libre de rien. Donc, je me focalise sur ce que
19:49 j'ai à dire moi. Et après, le propre du dessin de presse, c'est quand même de faire un débat,
19:56 de provoquer des discussions, d'échanger. Donc, c'est un dessin qui émet une idée et qui développe
20:02 aussi peut-être d'autres idées, où on le comprend, on ne le comprend pas, on est réticent à ça,
20:08 on est plutôt pour. Il y a un peu tout qui s'exprime autour d'un dessin. C'est une image,
20:15 elle parle et ne parle pas. Donc, moi, je suis plutôt contente quand il y a des réactions,
20:19 quand bien même c'est des réactions plourables, je m'en fous. Je serais plutôt un peu vexée si ça
20:25 suscite rien. C'est toujours ce qui m'interroge. Si ça suscite rien, je me dis que je n'ai peut-être
20:34 pas été comprise ou quoi, mais sinon, en général, je m'en fous royalement. Je veux juste pouvoir être
20:40 libre de dire ce que j'ai à dire. Et puis après, il y a beaucoup de gens qui aiment et c'est très
20:46 bien aussi. Camille, tu as sorti ton premier album au mois d'octobre qui s'appelle "Bunker chez Dupuis".
20:52 Quelle est l'émotion ? Qu'est-ce qu'on ressent quand le premier album est sur la table ?
20:58 Oui, quand on a le géant en main, c'est un vrai truc. Quand on peut coller son nez contre le papier
21:03 pour sentir l'odeur de l'encre, c'est génial. C'est forcément très émouvant. Le livre a mis du
21:12 temps avant de sortir, c'est une nouvelle collection qui s'appelle "Les ondes marcinelles". La collection
21:16 a mis du temps à se monter. Et du coup, entre le laps de temps où je savais que j'allais être
21:21 publié et le jour de la publication, il s'est passé pas mal de temps. J'ai eu quand même du temps de
21:26 digérer tout ça. C'est incroyable. Quand tu veux faire ça depuis que tu es gamin et que tu as fait
21:31 des petits sacrifices pour en arriver là, tu as bataillé, tu as douté aussi, tu as failli arrêter.
21:38 Et que tu y arrives enfin, c'est super. Je suis fier.
21:44 Est-ce qu'il y a un privilège particulier ? Je ne leur fais pas une publicité particulière,
21:48 mais apparaître chez Dupuis qui est la maison de Spiro, Gaston Lagaffe, Leschtrumpf y a longtemps.
21:55 Disons que l'avantage de Dupuis, c'est l'avantage de grosse maison d'édition, c'est qu'ils ont
22:03 quand même des gros moyens de communication, etc. Et de même en termes d'édition. Et que quand tu
22:13 fais une BD, ce qui est mon cas, un peu plus BD d'auteur, BD indépendante presque, pouvoir
22:18 apparaître avec une force de frappe aussi forte que celle de Dupuis, c'est assez incroyable. Et
22:25 tout en ayant la liberté de pouvoir vraiment créer ton truc comme tu l'avais voulu. Donc ça,
22:30 c'est vraiment incroyable. Et c'est génial qu'ils aient pu engager cette nouvelle collection où
22:38 l'idée, c'est justement de valoriser des jeunes auteurs sur plusieurs livres et d'avoir une
22:42 espèce de laboratoire comme ça à l'intérieur de cette collection. Et est-ce qu'il y a un stress
22:48 lié à ce premier Angoulême qui arrive où tu vas faire des dédicaces, si je ne dis pas de bêtise ?
22:52 Oui, j'ai des dédicaces et j'ai un entretien avec une autrice. Pas trop, non. J'ai déjà fait des
22:59 festivals depuis la sortie de mon livre. Mais Angoulême, c'est Angoulême. Non, c'est un gros
23:04 truc. Ce sera juste un peu plus gros, mais non, ça ne me fait pas peur du tout. Super. Coco,
23:11 est-ce que tu aimes ça, l'idée du festival ? Angoulême en particulier, mais les dédicaces,
23:16 les rencontres, est-ce que c'est un truc qui te branche ? Parce qu'on a parlé de la solitude,
23:19 du dessinateur. Tu fais bien de le rappeler comme c'est un métier quand même assez solitaire. C'est
23:26 vrai que c'est toujours bien aussi d'aller à la rencontre du public, d'avoir des avis,
23:30 d'échanger. Et puis, oui, je suis preneuse de ce genre de moments. C'est toujours chouette.
23:38 Ça donne quoi quand on est du côté dessinateur de la table pendant la dédicace ? Les gens,
23:42 ils te demandent quoi ? Qu'est-ce qui revient souvent ? Ils disent on vous soutient, merci
23:49 pour ce que vous faites. Les gens chez qui ça a fait écho par exemple, qui ont vécu des épreuves
23:56 et qui m'en ont parlé. C'était assez fort comme moment. Et puis, sinon, il y a le dessin. Qu'est-ce
24:03 que vous me faites marrer sur 28 minutes dans l'Ibé ? Il y a des choses comme ça. Puis,
24:07 c'est toujours des bons moments. Rappelez-moi vos rendez-vous à Angoulême, Coco. Qu'est-ce
24:13 qui t'attend là-bas ? Moi, je serai vendredi 27 à Angoulême pour une conférence Sexualité,
24:19 liberté d'expression de 14 à 15h30 à l'espace Franquin, salle Bunuel. Il y aura des dessins de
24:29 toi pour l'occasion ? Je vais en envoyer des dessins de cul. Aussi simplement que ça. Et
24:38 ton rendez-vous à toi Camille ? Le samedi, je fais un entretien au pavillon Jeune Talent de 11h
24:45 à midi avec une autrice, Marguerite, et ensuite des dédicaces tous les jours. Tous les jours ?
24:58 Oui, j'ai des petites séances de 2h sur les 3 jours au stand du Puy. À la rencontre, j'adore.
25:10 Et achetez l'Ibé BD. En kiosque demain. On peut dire qu'on a vu la couverture tout à l'heure ? La
25:18 une. La couverture. La une. Qu'est-ce qu'elle vous a inspiré, sans trop en dire ? J'ai lu
25:25 rapidement. C'est très coloré. En position. Je trouve que ça représente bien la BD actuelle.
25:34 C'est Anne Simon je crois. Il faut le découvrir demain. Demain en kiosque et ce soir 22h dans la
25:44 liseuse de Libération. Et si vous vous intéressez aux autres, l'Ibé BD, parce que ça remonte à
25:49 1997 cette histoire. Il y a le Grand Puy. Exactement. Si vous allez sur le compte Twitter de Libération,
25:56 on a tweeté hier soir un article qui raconte l'histoire de l'Ibé BD. Peut-être qu'on va le
26:02 mettre dans la story Instagram, comme ça vous pourrez le retrouver plus facilement. Merci Coco.
26:07 Merci beaucoup. Merci Camille Pouly, l'album Bunker chez Dupuy. Coco, Dessinée Encore, Aux
26:14 Arènes et également Rockstrip chez Flammarion, où tu as dessiné le chapitre sur Rémi Weinaus.
26:21 Un livre sous l'attiration de Vincent Brunner. Avec Luc Chabbe, Johan Sfar, Mathieu Sapin,
26:30 des tas de dessinateurs. Super. Merci à tous d'avoir suivi ce live. Merci pour vos questions.
26:36 Il y en avait pas mal. C'était cool. Je vous remercie tous les deux. Le Libé BD,
26:40 demain en kiosque et dès ce soir dans l'appli Libé. Merci à tous. À bientôt.
26:45 A bientôt.
26:45 A bientôt.
26:46 A bientôt.
26:46 A bientôt.
26:47 A bientôt.
26:47 A bientôt.
26:48 A bientôt.
26:48 [SILENCE]

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