• l’année dernière
On a beau dire ce qu’on veut de l’éducation, mais quand tu vois la tête des gens qui veulent fermer les écoles, ça donne envie d’en ouvrir un peu partout !

Retrouvez toutes les chroniques de Roukiata Ouedraogo dans « C'est encore nous ! » sur France Inter et sur https://www.radiofrance.fr/franceinter/podcasts/la-chronique-de-roukiata-ouedraogo

Category

😹
Amusant
Transcription
00:00 17h17 c'est vous, chère Okata.
00:02 Le 24 janvier dernier, c'était la journée internationale de l'éducation.
00:06 C'est l'occasion pour moi d'aborder ce sujet sensible.
00:09 Chez moi, on disait avant qu'un enfant est éduqué par tout un village.
00:13 Si le gamin échouait dans la vie, c'est toute la communauté qui s'a mordait les doigts.
00:17 Du coup, quand tu étais moum à l'époque, si tu faisais une bêtise dehors, le voisin
00:23 t'attrapait et te l'îlait bien comme il faut avant de te ramener chez les parents,
00:27 qui t'accueillait les bras ouverts, un fouet dans une main et une chicotte dans l'autre.
00:32 Et sans même chercher à comprendre le coma du pourquoi, il te l'îlait à l'air tout
00:36 pour t'apprendre la vie.
00:38 Quand tu passais un mauvais quart d'heure chez moi, ça durait toute la journée.
00:42 Aujourd'hui, si tu utilises un fouet sur ton gosse, c'est la prison directe sans
00:46 passer par la case tribunale pour un jugement équilibré et équitable.
00:51 Pareil si tu bastonnes l'enfant de ton voisin pour lui apprendre la vertu et les bonnes
00:56 manières.
00:57 Et en plus de ça, on te demande de quoi tu te mêles.
00:59 C'est dingue.
01:00 Quand j'étais enceinte, je me disais que j'allais appliquer la même chose, la même
01:03 éducation que mes parents m'ont donné sur mon gosse.
01:06 Quoi de plus beau que la transmission des traditions.
01:10 Mais j'ai vite réalisé qu'on ne peut pas vraiment battre les enfants ici, même si
01:15 c'est pour la bonne cause.
01:16 Et c'est bien dommage parce que quand on voit de quoi ils sont capables, je trouve
01:21 dangereux de se désarmer à ce point.
01:24 Les enfants c'est comme des chats, c'est mignon parce que c'est petit, mais imagine
01:28 si ton chat faisait 2 mètres de haut, tu aurais une vie de souris.
01:31 Et si mon gamin de presque 3 ans faisait 2 mètres de haut, ma maison serait un tas
01:38 de ruines et j'agoniserais sous les décombres.
01:40 Mais bon, il faut bien vivre à la française quand on est en France, n'est-ce pas Hippolyte ?
01:45 Du coup, je me surprends moi-même à dire à mon fils quand il fait des bêtises "Hilous,
01:50 tu arrêtes".
01:51 "Hilous, maman va se fâcher".
01:57 "Hilous, je vais compter jusqu'à 3".
02:01 "Tu l'aurais voulu".
02:03 "1, 2, 2 et demi".
02:07 "Hilous, s'il te plaît chérie, je t'en supplie arrête, maman est très très fatiguée,
02:14 arrête maintenant sinon je vais craquer".
02:16 Parfois même je sais lui jeter ce genre de regard là, tu sais le regard qu'on les
02:21 a en Afrique.
02:22 Tu sais ce genre de regard qui te dit que si tu ne te calmes pas, tu risques de retourner
02:28 d'où tu viens.
02:29 Ma mère, elle peut désintégrer n'importe qui avec ce regard là.
02:32 Moi quand je regarde mon fils comme ça, il me dit "Ta tête maman".
02:37 C'est rigolo.
02:39 Et en septembre prochain, il rentre à l'école.
02:43 J'agonise d'avance quand j'y pense.
02:45 L'école c'est quoi ce truc ? Chaque ministre il va de sa réforme.
02:48 On ne fait plus de dictée et puis on en refait.
02:51 On ne fait plus de maths et puis on en refait.
02:53 On n'y comprend plus rien.
02:55 Une gamine vient à l'école avec un voile sur la tête, ça fout le feu à l'Assemblée.
02:59 Ça fait trembler le Sénat, vibrer le gouvernement et toute la presse vit un orgasme géant.
03:04 Un prof montre des caricatures de Mohamed, on lui coupe la tête.
03:08 Honnêtement ça fout le jeton d'envoyer un enfant dans ce bazar.
03:11 D'un autre côté, quand tu vois que les petites afghanes n'ont plus le droit d'aller
03:15 à l'école, ça fait réfléchir.
03:17 Si c'est des gars brillants comme les talibans qui ne veulent pas que tu ailles à l'école,
03:21 c'est qu'il doit quand même y avoir quelque chose d'intéressant dedans.
03:24 Il y a quelques jours de cela, les djihadistes sont rentrés dans ma ville natale à Faddaou N'Gourma.
03:29 Ils sont allés dans les écoles et ils en ont chassé les élèves et ils ont dit aux enseignants
03:35 qu'ils ne voulaient plus les revoir.
03:37 Aujourd'hui au Burkina Faso, il y a plus des millions d'enfants qui n'ont plus accès
03:41 à l'école pour des questions de sécurité.
03:43 On a beau dire ce qu'on veut de l'éducation, mais quand tu vois la tête des gens qui veulent
03:48 fermer les écoles, ça donne envie d'en ouvrir un peu partout.
03:52 Rukiata Ouedraogo, merci Rukiata !
03:54 On peut vous voir sur scène aussi dans votre spectacle "Je demande la route".
03:57 Vous jouez le 28 octobre, donc ça c'est à…
04:00 On est quoi là ? Oh ben c'est à la fin de l'année !
04:02 *Rires*
04:04 On est en janvier !
04:06 Vous avez le temps de prendre les places !
04:08 Le 28 octobre, oui vous avez le temps !
04:10 Mais non, c'est pas au jour !
04:12 Ah mais qui m'a… Ah ouais, c'est ce qu'on a écrit Octobre sur ma fiche !
04:15 Je vous prépare, regardez, c'est écrit !
04:17 C'est une enfant, Charline, c'est une enfant !
04:19 C'est un petit janvier !
04:21 C'est un peu rifle, disons aussi !
04:23 C'est demain ! C'est après-demain !
04:25 À Guy, j'espère que ça se dit comme ça, c'est dans le 29, en tout cas, vous me reconnaîtrez.
04:28 Et le 4 février, mais de 2023 !
04:30 Ah c'est ça ! À Anfberhausbergen dans le 67 !
04:34 Ah ben Anfbergen, bien sûr !
04:36 Oh dis donc ! Oh je me suis fait piéger !

Recommandations