Edouard Baer fait le show dans C à vous
Venu parler de sa dernière pièce dans C à vous, Edouard Baer a rendu un hommage bien à lui au théâtre de boulevard.
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00:00 - Et c'est l'occasion de vous moquer un peu des codes du boulevard.
00:03 - Oui, mais je suis obsédé par le boulevard, tous les effets du boulevard.
00:07 - Par exemple ?
00:08 - Quand il n'y a rien, vous en faites quelque chose.
00:09 "Couac de mouillage !"
00:11 À la télé, ça devient un cauchemar.
00:13 Tout devient un truc, un coup de tour, vous savez ?
00:15 Tous les trucs.
00:16 Clavier, quand il entrait sur scène à l'époque du boulevard,
00:18 pour qu'il existe, il doublait chaque phrase.
00:20 Au lieu de dire "me voilà", il dit "coucou, me voilà, me voilà, coucou".
00:24 Les gens, forcément, ça attire l'attention.
00:27 - Mais bien sûr !
00:28 - Il avait une telle énergie, les gens, ils perdaient 15 kilos par soir.
00:31 Ils se battaient pour des phrases qui n'ont pas d'intérêt.
00:33 Par exemple, j'ai reçu des pièces effarantes à jouer.
00:36 Vous avez des scènes de dialogue.
00:38 Alors là, à un moment, mon personnage, il doit dire
00:40 "Quoi ? Elle est enceinte ? Elle a six mois de la retraite."
00:42 T'es sûr de cette phrase ?
00:44 "Coucou, elle ne dit rien, mais bats-toi pour cette phrase."
00:47 Alors vous allez chercher avec le metteur en scène.
00:48 "Quoi ? Elle est enceinte ? Elle a six mois de la retraite."
00:51 Donc à la télé, c'est un cauchemar.
00:53 On a vu mes dents, mes machins.
00:55 - Mais non, c'est formidable.
00:56 - En scène, tout à coup, les gens sont transportés.
00:59 Vous savez, il y a des acteurs habitués.
01:00 J'adore les grands acteurs de boulevard.
01:01 Il y avait Michel Roux, Jean-Jacques.
01:03 Vous voyez qui était Jean-Jacques ?
01:04 Jean-Jacques, il était plutôt public.
01:05 Par exemple, il dit "Bonsoir, Adamo."
01:07 "Mais qu'est-ce qu'il a ? Pourquoi il me dit bonsoir ?"
01:09 Après, il lâche complètement l'autre.
01:11 "Mais qu'est-ce qu'il a ? Il me dit bonsoir, c'est bizarre."
01:13 Après, il ne voit plus ses partenaires.
01:14 Tout au public.
01:15 "Vous avez passé une bonne soirée ? Moi, moyen. J'étais assez amouilleux."
01:18 Il commande tout.
01:20 Les grands acteurs de boulevard, ils habitent sur scène.
01:22 - Et puis il y a Jean Poiret qui ouvre les portes de façon...
01:25 - Oui, il y avait la démarche de Jean Poiret.
01:27 Vous savez, il y avait des démarches de boulevard comme ça.
01:29 Vous avez des choses...
01:31 Tout doit être habité.
01:32 - Attends, vous ne l'avez pas bien vu.
01:33 - Non, mais tout doit être habité.
01:36 Vous ne pouvez pas juste vivre...
01:38 C'est le contraire du réalisme, un peu.
01:39 - D'accord.
01:40 - Tout doit être forcé un tout petit peu.
01:41 Si tu vas de là à là, quel ennui.
01:43 Alors, au boulevard, vous savez...
01:44 "J'y vais, j'arrive ! L'escure m'appelle !"
01:47 (rires)
01:50 - Genre, je suis vraiment une vieille pub.