Politiques, à table ! - Sandrine Le Feur

  • l’année dernière
Un déjeuner partagé avec Sandrine Le Feur, députée "Renaissance" du Finistère, pour parler des innovations technologiques au service des agriculteurs et des difficultés pour les femmes d'évoluer dans le monde agricole.
Loin des codes classiques de l´interview, LCP a concocté un nouveau programme aux petits oignons pour croquer la politique autrement.
Avec la complicité de Jean-Pierre Montanay, Brigitte Boucher mettra son grain de sel dans cette cuisine pour passer le politique sur le gril.
« Cuisine et Confidences »... Quel rapport l´invité politique entretient-il avec la
gastronomie ? Sa gourmandise, ses talents ? Les orientations culinaires de ce boulimique de la politique ? Mais aussi « Les pieds dans le plat »... pour aborder les sujets d´actualité.
Et enfin « La face cachée de nos assiettes »... ou comment le contenu de nos assiettes en dit long sur notre société face à ses nouveaux enjeux.

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Transcript
00:00 Générique
00:02 ...
00:16 -Bonjour à tous. C'est l'heure de "Politique à table" sur LCP,
00:20 l'émission où on parle agriculture, alimentation, écologie
00:23 et un peu politique.
00:24 Cette semaine, nous recevons Sandrine Lefeur.
00:27 -Bonjour. -Bienvenue avec moi
00:29 pour présenter cette émission. Jean-Pierre Montaner.
00:32 -Bonjour, Brigitte. Bonjour, Sandrine Lefeur.
00:34 -Vous êtes députée Renaissance du Finistère depuis 2017,
00:38 mais vous êtes agricultrice de profession.
00:40 Vous exploitez avec votre compagnon des terres
00:43 du côté de Pleber Christ.
00:44 Vous cultivez des choux, des carottes, des betteraves,
00:47 des pommes de terre, des céréales, mais vous élevez aussi
00:50 des vaches et des moutons. Votre particularité,
00:53 c'est le bio et le local. Vous avez favorisé les circuits courts
00:57 et les conscriptions en fondant en 2013 une épicerie collaborative
01:00 avec une trentaine de producteurs locaux.
01:03 Cet amour de la terre, on la retrouve dans vos combats
01:06 à l'Assemblée nationale. Vous défendez l'interdiction
01:09 dès 2021 du glyphosate en vin et vous combattez
01:12 la réautorisation des néonicotinoïdes,
01:14 ces insecticides tueurs d'abeilles.
01:16 La Cour de justice de l'Union européenne
01:19 vient de vous donner raison. Sans surprise, Jean-Pierre,
01:22 le menu du jour est un menu de qualité et sans pesticides.
01:25 -Couvert avec une côte de bœuf black angus,
01:28 élevé à l'herbe, s'il vous plaît, avec artichaut poivrade
01:31 et en dessert, salade de fruits de saison, pas de banane.
01:34 -Dans le dessous des plats, gros plan sur ces innovations
01:38 technologiques pour une agriculture de demain plus vertueuse.
01:41 -Les agricultrices ont le bourdon, moins bien payées,
01:44 moins bien considérées. Elles ont décidé de se fédérer
01:47 pour s'entraider.
01:48 -Allez, on passe à table.
01:51 Tout de suite, cuisine et confidence.
01:54 Générique
01:55 ...
01:59 -Cendrine Lefeur, votre assiette, cette assiette,
02:02 dit presque tout de ce que vous êtes.
02:04 D'abord, incontestablement agricultrice et éleveuse
02:07 avant d'être députée.
02:09 Votre palais et vos sens vous inspirent davantage
02:11 que le politiquement correct.
02:13 Votre amour du terroir est plus fort que l'air du temps.
02:16 Oui, quelle audace, quelle toupette,
02:18 quelle inconscience, j'allais dire, de demander une côte de bœuf,
02:22 n'importe laquelle, une côte de bœuf premium
02:25 de la race Black Angus, même pas française.
02:27 Le must de l'assiette carnée est diabolisé.
02:30 L'aristocratie de la pièce de vente,
02:32 vouée au braise du barbecue macho,
02:35 mais surtout au feu nourri des écolos de tout poil.
02:38 Vous précisez que la bête doit être nourrie à l'herbe,
02:41 ouf, un peu de verre et un peu de tendresse,
02:44 histoire d'atterrir en douceur sur une formule
02:47 qui, pour le coup, est le mantra de tous les viandards
02:50 qui disent "de la très bonne viande,
02:52 "mais une fois de temps en temps".
02:54 C'est vrai, Sandrine Lefeur ?
02:55 "Une fois de temps en temps, mais de la très bonne".
02:58 -Ce plat reflète mon état d'esprit et mon combat
03:01 depuis que j'ai été élue à l'Assemblée nationale
03:04 et dans ma vie quotidienne en tant qu'agricultrice bio.
03:07 C'est vraiment de dire, oui, effectivement,
03:10 il faut manger moins de viande, mais mieux de viande,
03:13 avec des bovins élevés à l'herbe en extensif.
03:18 Ca représente aussi une partie de mon territoire,
03:20 cette assiette, puisqu'on a la côte de bœuf
03:23 et il y a une partie élevage dans ma circonscription.
03:26 Et à côté de ça, on a les légumes,
03:28 notamment l'artichaut, qui est très représentatif
03:31 de ma circonscription, du léon,
03:33 puisqu'on est l'une des premières zones légumières d'Europe.
03:36 Donc, voilà, elle représente vraiment cette assiette
03:40 et cette envie de valoriser la viande,
03:43 parce que moi, j'aime la viande.
03:45 -Je mange un champignon.
03:47 -C'est une viande qui est écossaise.
03:49 Vous êtes députée de la nation,
03:51 et on n'a pas de bonne viande française.
03:53 -On a de la bonne viande française,
03:55 mais c'est vrai que cette race, comme d'autres races,
03:58 j'ai des Highland cattle, qui est aussi une race écossaise.
04:01 Ce sont des races qui...
04:03 -Qui ont été importées, en France.
04:05 -Oui, oui, mais je pense que je suis favorable à l'échange.
04:08 J'ai aussi des border collies.
04:10 Ce n'est pas des bergers français, mais c'est pas grave.
04:14 L'intérêt, c'est vraiment qu'on puisse valoriser l'herbe
04:17 sur nos territoires, peu importe la race.
04:19 Chacun choisira sa race de bovin,
04:22 mais vraiment valoriser l'herbe sur nos territoires,
04:25 le pâturage, la captation de CO2 par les pâtures
04:30 et l'élevage extensif.
04:31 Donc, mangeons moins de viande, mais mieux de viande.
04:34 -Beaucoup d'éleveurs ont des black angus.
04:37 J'ai vu qu'il y avait quelques éleveurs en Pays de Noire
04:40 qui ont du black angus.
04:42 Cette côte de bœuf, ça ne veut pas que des éleveurs français
04:45 aient du black angus. -On en a de plus en plus.
04:47 Je connais deux élevages, un dans le Finistère
04:50 et un dans les Côtes d'Armor,
04:52 mais je sais qu'il y a beaucoup d'élevages en France
04:55 et c'est une race qui tend à se développer
04:57 parce qu'elle tient très bien,
05:00 elle valorise très bien l'herbe
05:02 et c'est une vache qui est adaptée aux conditions climatiques,
05:07 qui peut rester dehors toute l'année,
05:10 sans besoin d'être en bâtiment.
05:11 -Ca va un peu contre votre métier,
05:14 parce que vous vous dites qu'il faut élever moins de vaches,
05:17 puisqu'il faut en manger moins,
05:19 donc vous allez un peu contre vos intérêts, en disant cela.
05:23 -Pas du tout, parce que justement,
05:25 moi, j'ai pas énormément de bovins ni beaucoup d'ovins
05:28 par rapport à un élevage plus classique,
05:31 donc moi, je produis très peu de viande,
05:34 mais je produis de la bonne viande,
05:36 qui est toute à l'herbe,
05:38 et aussi bien en ovins qu'en bovins,
05:40 mes animaux ont zéro céréale.
05:41 C'est vraiment quelque chose qui me tient à coeur.
05:44 -C'est que de l'herbe. -Et du foin.
05:46 -Avec le réchauffement climatique, la sécheresse qu'on a eue cet été,
05:50 vous avez suffisamment d'herbes, de foin pour les nourrir ?
05:54 -Sur mon exploitation, oui, on a énormément de pâturages,
05:58 parce qu'on est très attachés au modèle herbager,
06:01 donc de toute façon, on adaptera la taille de notre troupeau
06:04 en fonction de la quantité d'herbes qu'on peut avoir,
06:07 pour qu'il soit autonome en hiver.
06:09 -Je vous propose de la goûter.
06:11 Si c'est pour en manger une fois par an,
06:14 je veux bien manger comme ça.
06:15 -On va la goûter, et pendant ce temps-là,
06:18 vous allez nous parler de la black angus,
06:20 cette race écossaise. -Je ne peux pas manger ma viande.
06:23 La black angus, c'est une race de vaches britanniques,
06:27 plus précisément, écossaises, du comté d'Angus,
06:30 issue du croisement entre l'Angus d'Olie,
06:32 je ne sais pas si je parle bien,
06:34 et le Buchan humli,
06:36 une sélection officiellement reconnue,
06:38 en 1835, et c'est black angus,
06:40 comme la couleur noire de sa robe.
06:42 Deux, aujourd'hui, on compte 10 000 vaches
06:44 et 500 taureaux angus en Grande-Bretagne,
06:47 mais grâce à son exportation,
06:49 cette race est très répandue en Amérique du Sud,
06:52 aux Etats-Unis, avec 320 000 bêtes,
06:54 et en France, où on vient de le dire,
06:56 elle fait son trou au milieu des Normandes.
06:59 Trois, c'est une vache de taille moyenne,
07:01 avec une rareté, elle n'a pas de corne,
07:04 vous l'avez dit, pour un élevalage à l'herbe.
07:06 Sa viande, exceptionnellement persillée,
07:09 tendre et juteuse, c'est un must apprécié des viandards,
07:12 et c'est la reine de ce qu'on appelle
07:14 les "steak house" américains.
07:16 Excellente, mais Sandrine Lefeur, pas vraiment donnée.
07:19 -Oui, alors, c'est vrai que la viande,
07:21 ça a aussi un coût, et c'est bien pour ça
07:24 que, dans ce que je peux défendre,
07:26 aussi bien au niveau de la restauration collective
07:29 que pour les familles, d'ailleurs, au quotidien,
07:32 évidemment, consommons moins de viande,
07:34 moi, par exemple, une fois ou deux fois par semaine,
07:37 mais de la viande de qualité.
07:39 Et certes, elle a un prix, elle a un prix, cette viande.
07:42 -C'est cher, quand même. -C'est cher,
07:44 mais ça permet aussi de rémunérer le producteur derrière.
07:48 C'est sûr qu'il faut préférer plutôt l'acheter en local aussi,
07:51 mais c'est une rémunération directe aussi pour le producteur.
07:55 C'est une vache qui met du temps, aussi,
07:57 à devenir mature, plus de temps que les autres,
08:00 qui peuvent être poussées un peu au céréal.
08:02 C'est pour ça aussi qu'elle coûte plus cher.
08:05 -Et vous nous avez demandé aussi des petits artichauts.
08:08 -Oui. -C'est des petits artichauts
08:10 qui viennent de Bretagne ?
08:12 -Ceux-là, spécifiquement, c'est poivrade, donc non.
08:15 Nous, on a plutôt du sud. -C'est plutôt du sud.
08:17 -J'ai dit poivrade, mais c'est peut-être violet,
08:20 je sais pas exactement ce qui a été demandé.
08:23 -Ceux-là, ils viennent du sud de la France.
08:25 -Pas de chez vous. -En tout cas,
08:27 le petit artichaut, de manière générale,
08:29 est très représentatif de la Bretagne
08:32 et de cette ceinture bretonne du Léon.
08:34 -Il y a le gros artichaut breton,
08:36 mais il y a aussi le petit artichaut violet,
08:38 qui ressemble un peu au poivrade.
08:40 -Il peut se cuisiner comme ça. -Et vous, vous diriez
08:43 que c'est du poivrade ? -Je pense que c'est du poivrade,
08:46 car le violet est un peu plus gros.
08:48 Mais voilà, il peut aussi se cuisiner et se manger comme ça,
08:52 comme d'autres variétés d'artichauts.
08:54 C'est vrai qu'on a la chance d'avoir
08:56 énormément de diversités de légumes chez nous.
08:59 -Mais vous n'en avez pas, vous, d'artichauts ?
09:02 -Moi, personnellement, je n'en ai pas,
09:04 mais j'ai fait du chou-fleur,
09:06 je fais aussi des pommes de terre.
09:08 -Exactement. Mais l'artichaut et le chou-fleur
09:10 sont vraiment représentatifs de la zone du Léon,
09:13 la zone légumière, et c'est vrai que ce sont quand même
09:16 des légumes, le chou-fleur, par exemple,
09:19 que l'on peut manger cru, cuit,
09:21 on peut faire énormément de choses avec,
09:23 l'artichaut aussi. C'est vraiment des légumes très qualitatifs,
09:26 et j'incite vraiment...
09:28 Tout le monde a à en consommer, ils sont très riches en fer aussi,
09:32 et pour moi, l'alimentation,
09:36 elle a aussi un côté healthy,
09:38 sain, bonne santé,
09:40 avant de prendre des médicaments.
09:43 Moi, je me soigne d'abord avec l'aliment et les plantes.
09:47 -Je reviens sur la cuisson de la viande,
09:49 on a dit qu'elle était bien cuite.
09:51 Comment vous la faites cuire ?
09:53 J'imagine que la leveuse n'a pas envie de maltraiter
09:56 la viande, la carboniser ou la faire trop cuire.
09:59 Comment vous la faites cuire ? -Au four ou au barbecue.
10:02 J'ai une plante chat à la maison, donc je cuis...
10:04 -Directement crue à la plante chat ?
10:06 -Je masse la viande.
10:08 Je mets de... -Ah, ça, c'est le savoir-faire
10:11 de la japonaise ! -Je mets de l'huile...
10:14 De l'huile d'arachide ou d'olive ?
10:17 Non, d'olive, plutôt. Pas trop forte sur la viande.
10:20 Je la masse de chaque côté.
10:22 Ensuite, je mets du gros sel dessus.
10:25 Je la laisse cuire quelques secondes.
10:29 Je la retourne, je la laisse cuire quelques secondes,
10:32 je la mets à reposer.
10:33 -Combien de temps ? -Quelques minutes.
10:35 Et je la cuis comme il faut, saignante.
10:38 -Il y a tout un ceremony. -C'est quoi ?
10:40 10 minutes de chaque côté ? -Ca dépend comment on l'aime,
10:43 mais ça dépend de la taille aussi.
10:45 Il faut vraiment que... J'hésite pas à ouvrir un peu
10:48 pour vérifier qu'elle soit pas trop cuite.
10:50 -Donc le barbecue, jamais pour les très bonnes viandes ?
10:54 -C'est ce que vous ne préconisez pas.
10:56 -C'est ce que vous laissez entendre.
10:58 -Non, pas du tout, parce qu'on a aussi...
11:00 Ca fait partie de l'anecdote que je pourrais vous raconter.
11:04 J'ai une autre façon de la faire.
11:06 -Vous allez nous raconter ça. -Au moment de l'anecdote.
11:09 -On va passer à présent au vin,
11:12 parce que vous nous avez demandé un malbec.
11:15 C'est un cépage qu'on trouve beaucoup du côté de Cahors,
11:19 qu'on trouve aussi dans des assemblages
11:21 du côté de Bordeaux,
11:23 et c'est surtout le premier cépage en Argentine.
11:26 Je vous ai fait la surprise de prendre un vin argentin,
11:29 qui est un vin de la région de Mendoza,
11:32 c'est vraiment au pied de la Cordillère des Andes,
11:35 mais il y a 900 m d'altitude.
11:37 C'est un millésime 2018.
11:39 On retrouve, je sais pas si vous l'avez goûté,
11:41 mais un peu des arômes de cassis, de mûres, presque pain grillé.
11:45 Le malbec, c'est un cépage
11:47 que vous nous aviez demandé particulièrement.
11:49 Vous nous avez demandé un malbec.
11:52 Pourquoi ?
11:53 -Je vous ai demandé un malbec,
11:55 parce qu'avec le réchauffement climatique,
11:57 il y a de plus en plus d'agriculteurs
12:00 qui plantent des vignes en Bretagne,
12:04 et le malbec est un des cépages
12:06 particulièrement adaptés à la Bretagne,
12:09 qui pourrait résister à l'humidité bretonne.
12:12 C'est un cépage que j'affectionne beaucoup,
12:15 aussi parce que c'est un vin tannique,
12:17 et j'aime beaucoup les vins tanniques.
12:19 C'est pour ça que je trouve que c'est un très bon cépage,
12:22 qui fait un très bon vin,
12:24 et particulièrement adapté à la Bretagne.
12:27 Donc, peut-être un jour, on pourra avoir du vin breton,
12:30 grâce notamment à ce cépage.
12:32 -Vous pourriez vous lancer dans la viticulture ?
12:35 -J'en ai eu l'idée, et c'est une idée
12:37 qui a germé dans ma tête.
12:40 On a des parcelles particulièrement bien exposées,
12:44 et on a travaillé un peu sur ce cépage
12:47 pour voir dans quelles mesures on pourrait en mettre
12:49 sur notre exploitation.
12:51 -C'est tannique, et ça se marie excessivement bien
12:54 avec la viande rouge. Bravo, accord parfait.
12:56 -Et bravo aussi, car les Argentins,
12:58 qui sont des grands viandards,
13:00 qui adorent la viande, mangent beaucoup du black angus.
13:04 Du malbec avec du black angus, on est comme nos frères argentins.
13:07 -Vous savez cuisiner un peu, puisque vous nous avez dit
13:11 que vous saviez faire la viande rouge.
13:13 -Cuisiner et la retourner.
13:15 -Non, mais on masse la viande.
13:16 Je ne suis pas sûre que vous massiez la viande.
13:19 Avez-vous d'autres plats fétiches ?
13:21 Est-ce que vous aimez passer du temps derrière les fourneaux ?
13:25 -C'est vrai que j'accorde une importance
13:29 à pouvoir cuisiner, à garder le temps de cuisiner.
13:32 En tant qu'agricultrice, produisant des légumes,
13:35 j'adore cuisiner, marier les légumes que j'ai chez moi,
13:40 faire plaisir... -C'est circuit court.
13:42 Du jardin aux fourneaux de Sandrine Lefeur.
13:45 -Exactement. -200 m.
13:46 -Voilà. Donc, j'ai un plaisir particulier à cuisiner.
13:49 Mon conjoint aussi, qui cuisine très bien
13:52 quand je suis pas là, quand je suis à Paris.
13:54 On a beaucoup de plaisir. -Ce sont des plats très élaborés
13:57 où vous prenez le produit très brut
14:00 et vous laissez justement les saveurs s'épanouir.
14:03 -Ca dépend.
14:04 Mon conjoint est plus sur une cuisine un peu plus élaborée,
14:08 épicée. Moi, j'aime beaucoup garder les saveurs,
14:12 faire des plats un peu plus simples
14:14 et où on sent vraiment les saveurs.
14:16 -Une petite recette de choux fleurs, là.
14:19 -En choux fleurs, ce que j'aime beaucoup,
14:21 c'est le fer cru en entrée.
14:24 Je le coupe en tout petits morceaux.
14:26 On peut le mettre aussi avec du chou blanc et des pommes.
14:29 Et en fait, avec une petite sauce vinaigre balsamique,
14:33 huile d'olive et quelques graines de sésame,
14:36 on peut faire une très bonne entrée.
14:38 Ca va très bien aussi en apéro,
14:40 avec une petite sauce crème fraîche, persil, ail.
14:43 Voilà, ça, c'est... -Le produit, le produit.
14:46 -Le produit, le produit.
14:47 On va voir si vous êtes incollables.
14:49 C'est le quiz.
14:51 ...
14:54 -Vous êtes éleveuse, donc les vaches n'ont plus de secret.
14:58 A quelle race font référence ces descriptions ?
15:01 Alors A, c'est une robe noire tachetée de blanc.
15:05 A quelle race, je fais allusion ?
15:07 -Alors, il y en a plusieurs.
15:09 Il y a la primogéteigne, la race la plus classique,
15:12 et puis on a aussi la pinoire bretonne, la race bretonne.
15:15 -Bravo. On va la voir, je crois,
15:17 parce que Sophie Mist nous a sorti une petite vache bretonne.
15:21 -Elle est belle. -Noire et blanche. Bravo.
15:24 B, gros gabarit,
15:26 avec robe mouchetée de brun et chair forte en goût.
15:29 J'ai plus de détails.
15:31 De quelle race s'agit-il ? -Mouchetée de brun.
15:34 -Chair forte en goût et gros gabarit.
15:36 Facile.
15:38 -Je pense que ça peut-être était la limousine.
15:41 Mouchetée de brun.
15:42 Pas très loin de la Bretagne, mais...
15:45 -La normande. -Ah, la normande.
15:47 C'est laitier aussi. Je pensais à une race...
15:49 -Les belles autres. -Je pensais à une race viande.
15:52 -La C. AOC depuis 2003, c'est une bonne indication.
15:56 Robe noire profonde, chair rouge et un peu grasse.
15:59 -Noir profond...
16:01 Il n'y a pas de... On ne vous aide pas beaucoup.
16:05 -AOC ?
16:07 -Oui, l'AOC, ça peut être un indice.
16:09 -Noir profond.
16:10 -Oui.
16:11 Chair rouge et un peu grasse.
16:13 -Donc, c'est plutôt viande. -Oui.
16:15 J'imagine. Je ne suis pas spécialiste des vaches.
16:18 -Je vous ai dit la black angus.
16:20 -Je fais les quiz, mais je ne connais pas la black angus.
16:24 -Non, c'est la rachaudibiu. -Ah, je ne connais pas.
16:27 -On a la photo. Il y a des sacrées cordes.
16:29 -Je ne la connais pas. -Et enfin, D.
16:31 Non labellisée, petite taille, bosse sur le garrot.
16:35 Ca, ça doit être une indication, à mon avis.
16:37 Et Rob, fauve ?
16:38 -Je vois la quelsaime, mais je n'ai pas son nom.
16:41 -Un peu exotique. -Oui.
16:42 -C'est la créole. -La créole.
16:44 -Je n'avais pas son nom, mais je l'ai en tête.
16:47 -La compagnie créole et la vache créole.
16:49 -Elle est très belle. -Elle est aussi.
16:52 On a vu des très belles vaches.
16:54 -Je connais mieux les vaches bretonnes, nantaises,
16:57 avec la fromanduleon.
16:58 -Ca aurait été trop facile. Il fallait que je parsème
17:01 quelques pièges. Merci. -C'est pas fini.
17:04 Deuxième quiz. Vous avez développé un concept de ruche,
17:07 donc vous... Non ?
17:08 Vous avez regardé bizarrement. -De ruche.
17:10 -De ruche. De concept de ruche.
17:12 Vérifions si vous êtes un collab sur le miel.
17:15 -Ah, non, c'est... Oui.
17:16 Non, non, c'est pas... J'ai pas développé de ruche miel.
17:20 C'était, en fait, une sorte d'épicerie solidaire.
17:25 La ruche qui dit oui. -La ruche qui dit oui.
17:27 -C'est pas grave. -Petit siège, j'en perds.
17:30 -Mais inculpe pas.
17:31 J'ai lu un article et c'était très mal foutu.
17:33 Je pense que le journaliste a pensé que vous aviez fait des ruches.
17:37 -Du coup, vous avez un coup sur le miel.
17:39 -Je vais essayer d'y répondre.
17:41 -Ce nectar existe aussi dans nos territoires d'outre-mer
17:44 comme la Guyane, les Antilles ou la Réunion.
17:47 Dans cette liste, il y a des miels qui n'existent pas.
17:50 Alors A, le miel de mangrove, existe ou pas.
17:54 B, miel de litchi.
17:56 C, miel de bananier.
17:58 D, miel de campeche.
18:00 Il y en a un qui n'existe pas.
18:02 -Oui, il y en a un ou plusieurs.
18:04 -A France ou territoire d'outre-mer ?
18:06 -Hum...
18:07 J'aurais peut-être dit le miel de campeche,
18:10 parce que je ne sais pas ce que c'est, le campeche.
18:13 Et après, je pense que certaines plantes
18:16 ne viennent peut-être pas en fleur tout de suite.
18:20 Donc il y en a peut-être d'autres,
18:22 mais je dirais le miel de campeche.
18:24 -Campeche, c'est un petit fruit. -C'est un petit fruit.
18:27 -C'est le miel de bananier.
18:29 -Qui ne vient pas en fleur.
18:30 -Qui existe cependant au Mali.
18:32 -Il n'y a pas de miel de bananier dans nos territoires outre-mer,
18:36 mais il y en a au Mali.
18:38 Le miel de litchi, c'est très bon.
18:40 -J'imagine que ça doit être très bon.
18:42 -En France, le repas occupe une large place,
18:45 c'est particulièrement politique.
18:47 C'est souvent là que se nouent les deals politiques.
18:50 C'est la brève de comptoir.
18:52 Bébé qui gurgle
18:55 -On vous a demandé de réfléchir à une petite anecdote
18:59 autour d'un repas, et pourquoi pas en politique ?
19:01 Vous avez une idée ?
19:03 -Oui, il y en a une qui m'est revenue,
19:05 et c'est autour de la Côte de Boeuf.
19:08 En fait, en 2017,
19:09 pendant les élections législatives,
19:12 il y avait beaucoup de journalistes qui souhaitaient venir sur ma ferme,
19:16 me filmer, etc.
19:17 Je me souviens de deux en particulier
19:19 qui voulaient être en immersif,
19:21 qui voulaient me suivre, dormir à la ferme, etc.
19:24 -Caméra au point, comme ça.
19:25 -Et donc, je leur ai dit, à l'époque,
19:28 ma maison n'était pas finie,
19:29 on avait vraiment une toute petite maison,
19:32 mais on avait fait le choix avec mon conjoint
19:34 d'avoir une grande salle de bain,
19:36 parce que comme on est agriculteur, on rentre souvent
19:39 dans la salle de la maison,
19:41 donc on a fait une grande salle de bain.
19:43 J'avais dit aux journalistes,
19:45 "Vous pouvez venir quelques jours,
19:47 "mais vous dormirez dans la salle de bain."
19:50 Ils m'avaient dit, "Il n'y a pas de souci, on est OK."
19:53 -Ils sont venus dormir chez vous.
19:55 -Ils ont passé quelques jours avec nous,
19:57 à la ferme et en campagne législative,
19:59 puisque je faisais les deux.
20:01 Ils ont dormi tous les deux dans la salle de bain.
20:04 -C'est une expression.
20:05 -Votre salle de bain, elle est assez grande,
20:08 parce qu'il y a tous nos placards,
20:10 c'est une grande salle de bain où il y a tout dedans.
20:13 C'est un choix.
20:14 -Il y avait la place pour plusieurs lits ?
20:16 -Pour mettre un matelas par terre.
20:18 -D'accord.
20:19 -Et donc, mon beau-père a un manoir du 15e siècle,
20:24 qui n'est pas habité,
20:25 mais qui est plutôt un repère de chasse,
20:28 juste à côté de notre maison.
20:29 On avait des amis qui étaient là, et on a dit aux journalistes,
20:33 "Vous allez venir passer la soirée avec nous,
20:35 "au menu, c'est la côte de bœuf sur la cheminée."
20:38 C'est pour ça que je vous expliquais
20:40 qu'il y a une autre façon de faire la côte de bœuf,
20:43 qui est la même que sur la plancha,
20:45 mais avec un feu de cheminée, style barbecue.
20:48 Ils ont passé une super soirée au manoir,
20:50 avec nos amis, avec de la bonne viande,
20:53 Highland cattle, justement. -Et ça vous a porté chance.
20:56 -A priori. -Vous avez été élus.
20:58 -Ils étaient ravis, donc ils ont peut-être dormi
21:00 dans la salle de bain, mais ils ont passé une super soirée
21:03 dans un manoir du 15e siècle.
21:05 -Confidence pour une côte de bœuf Highland,
21:08 je dors dans la baignoire.
21:09 -Je suis fier de s'inviter chez vous.
21:11 C'est un autre concept d'émission.
21:13 En tout cas, on va parler de votre métier,
21:16 qui se complexifie, parce qu'outre la production,
21:19 il faut se soucier de son empreinte carbone,
21:22 c'est votre cas, d'ailleurs.
21:23 Heureusement, les innovations volent au secours des agriculteurs,
21:27 et c'est le dessous des plats.
21:29 -Oui, Brigitte, la transition écologique de l'agriculture
21:37 passe par la case innovation, avec de nouvelles technologies,
21:40 au service des agriculteurs.
21:42 Petit inventaire de ces inventions pour réduire l'impact
21:45 environnemental, avec Hélène Bonduelle et Augustin-François Ponsay,
21:49 qui déclinent le salon international des machines agricoles.
21:52 -Ici, ce ne sont pas les bêtes qui sont primées,
21:57 mais les machines, les innovations technologiques
22:00 qui doivent permettre une agriculture plus durable,
22:03 plus vertueuse.
22:04 Comme cette société, spécialisée dans le bien-être animal.
22:08 Elle a conçu un dispositif un peu particulier,
22:11 un sol de confort pour les vaches,
22:14 plus hygiénique aussi, mais pas seulement.
22:17 On lui a donné une pente de 3 % pour faire que,
22:20 quand l'animal urine,
22:22 l'urine passe dans la rainure immédiatement,
22:25 on la sépare, on arrive à l'extraire du bâtiment
22:29 en deux minutes, et ensuite, on la stabilise.
22:32 -En clair, les excréments sont séparés,
22:35 et l'urine, traitée pour être réutilisée
22:38 comme fertilisant.
22:40 Une économie circulaire de la déjection, en quelque sorte.
22:44 -Aujourd'hui, ils achètent des fertilisants chimiques
22:47 pour mettre dans le champ.
22:49 Avec le récent conflit entre la Russie et l'Ukraine,
22:52 le fertilisant, le coût a explosé.
22:55 Donc, quand on parle d'autonomie alimentaire,
22:59 il faut également parler d'autonomie
23:01 au niveau de la fertilisation,
23:03 et conserver le fertilisant qui est déjà disponible à la ferme,
23:07 c'est une évidence.
23:08 -Auto-consommer, c'est aussi le crédo de ce stand.
23:12 Certains agriculteurs produisent déjà du méthane sur leur ferme.
23:16 Ils pourront dorénavant l'utiliser dans ce tracteur,
23:20 nouvelle génération.
23:21 -En fait, pour l'agriculteur,
23:23 il vient prendre tout simplement son système de remplissage,
23:27 il l'incorpore directement dans l'orifice ici,
23:30 et il le remplit.
23:31 Un remplissage, c'est entre 5 et 8 minutes,
23:33 les mêmes temps de chargement qu'un moteur diesel.
23:36 Aujourd'hui, ça a les qualités de performance d'un moteur diesel
23:40 et de réduction de pollution.
23:42 -Un carburant plus propre et plus économique que le diesel,
23:46 le tracteur coûte quand même 20 % de plus à l'achat.
23:49 Ici, c'est un compteur d'abeilles intelligents.
23:52 Installé sur n'importe quelle ruche,
23:54 il permet de contrôler les allées et venues des insectes
23:57 et donc leur mortalité,
23:59 car l'abeille est un bio-indicateur reconnu,
24:03 une sentinelle de l'environnement.
24:05 -Si la vie, l'activité, la santé de l'abeille se dégrade,
24:09 ça veut dire que, finalement, l'environnement, son habitat,
24:12 s'est dégradé et a un impact direct sur elle,
24:15 donc ça veut dire à terme sur nous.
24:17 -Grâce à cette application, l'agriculteur,
24:19 qui s'est équipé de la ruche connectée,
24:22 peut suivre en temps réel la bonne santé des abeilles
24:24 autour de son champ.
24:26 -C'est un petit peu comme si des dizaines de milliers de drones
24:29 allaient venir faire des prélèvements dans la nature
24:33 en continu tous les jours,
24:35 pour tout simplement arriver à guider
24:37 et puis, plus tard, valoriser les efforts qu'ils mettent en oeuvre
24:40 dans le cadre de la transition agroécologique.
24:43 -Une cinquantaine de bio-sentinelles comme celle-ci
24:47 ont déjà été installées.
24:48 -Cendrine Lefeur, vous avez vu toutes ces innovations.
24:51 Ce tapis pour excréments sur les vaches, vous l'avez ?
24:54 On parle de nouvelles technologies numériques,
24:57 mais c'est une invention toute bête.
24:59 C'est un tapis qui permet de... -Un peu incliné.
25:02 -Vous en avez un ? -Moi, pas du tout.
25:04 -Ca vous tente ? -Pas du tout,
25:06 parce que j'ai un modèle agricole qui n'est pas adapté du tout
25:09 à ce qui peut être présenté en termes de nouvelles technologies.
25:13 Mes animaux sont dehors toute l'année.
25:15 -Il n'y a pas de tapis roulant. -Voilà.
25:17 Maintenant, je pense que les technologies
25:21 peuvent être au service du bien-être animal et des éleveurs.
25:25 Il y a certainement des fermes qui doivent être adaptées.
25:28 -Vous n'avez aucune innovation ? Vous n'en cherchez pas ?
25:31 Vous ne pensez pas que ça pourrait vous aider ?
25:34 -J'ai déjà eu des robots de désherbage
25:37 qui sont venus en test sur mon exploitation,
25:40 puisque souvent, on reçoit des commerciaux.
25:42 Voilà. Et non, moi, ça ne m'a pas convaincue du tout.
25:45 Je préfère monter sur ma bineuse
25:48 et biner moi-même mes légumes.
25:51 -Sauf que c'est beaucoup plus fatiguant.
25:53 -Non, on est sur une machine que l'on conduit...
25:56 -C'est au diesel, ça, non ?
25:58 -Oui, mais il ne le fait pas...
26:00 Moi, je n'ai pas été convaincue par la qualité du désherbage.
26:03 Après, ça peut convenir à certaines fermes,
26:06 peut-être si la terre est un peu plus souple,
26:08 mais moi, ça ne m'a pas convenue.
26:10 Après, j'entends que dans certaines fermes,
26:13 ça peut amener des améliorations.
26:15 -Le tracteur qui fonctionne au méthane,
26:17 ça vous ferait faire des économies d'énergie importantes.
26:20 Vous êtes impactée par le coût de l'énergie
26:23 dans votre exploitation ? -Oui, bien sûr.
26:25 Après, moi, j'ai une petite exploitation.
26:28 Donc, je n'ai pas...
26:30 Je ne peux pas investir à ce niveau-là, en fait,
26:33 j'ai pas la volonté d'investir à ce niveau-là.
26:36 -C'est 30 %. Mais vous, vous mâchez un outil,
26:38 vous mâchez un outil à ce moment-là,
26:41 le carburant, à l'essence... -Ils sont attachés derrière
26:44 le tracteur. -Vous consommez,
26:45 c'est pas écolo du tout. -Beaucoup de diesel, oui.
26:48 -Non, mais il faut regarder toutes proportions gardées,
26:51 puisque quand on va, avec le tracteur,
26:54 pulvériser un désherbant ou autre,
26:57 on consomme aussi du diesel, voilà.
27:00 Donc, quand on est avec un tracteur et la bineuse,
27:03 c'est pareil. La qualité du sol n'est pas la même
27:06 que quand il n'y a pas de pesticides et que c'est biné.
27:09 Un binage vaut deux arrosages,
27:11 c'est ce qui est dit, donc en période de forte chaleur,
27:14 notamment l'été.
27:15 Des fois, on n'a pas forcément besoin de biner les choux,
27:18 mais on le fait quand même,
27:20 parce que ça permet de ramener la terre
27:22 et de permettre aux choux de...
27:25 de résister à la sécheresse.
27:27 Donc, voilà. Les innovations,
27:29 je pense que ça convient sur certaines fermes.
27:32 Les innovations, ça convient pas.
27:34 C'est pas des choses qui m'intéressent spécifiquement
27:37 le matériel, la robotique,
27:39 donc je ne souhaite pas en avoir sur mon exploitation,
27:42 mais j'entends que certains agriculteurs
27:44 aiment ça, c'est leur domaine,
27:46 ils veulent investir, améliorer...
27:48 -Pour faire du bio ou réduire son empreinte carbone,
27:51 il n'y a pas besoin, pour vous, des innovations ?
27:53 -Ca peut être...
27:55 Si, si, ça peut aider.
27:57 Ca peut aider, bien sûr, mais moi,
28:00 si on... Enfin, j'ai plusieurs casquettes,
28:02 donc en tant que députée, oui,
28:04 je dis que l'innovation est nécessaire
28:06 pour réduire l'empreinte carbone.
28:08 Je prends, par exemple,
28:10 une grosse entreprise de porc qu'on a en Bretagne,
28:13 la Coperl, qui met en oeuvre des innovations
28:16 extraordinaires pour réduire son empreinte carbone
28:19 et son empreinte azote sur le territoire,
28:22 donc méthaniseur, etc.
28:23 Beaucoup de choses sont faites.
28:25 Ils récupèrent les graisses animales
28:27 de leur abattoir
28:28 pour faire du carburant pour leur flotte des véhicules
28:33 et pour les tracteurs des agriculteurs.
28:35 Beaucoup de choses se font,
28:37 mais en tant qu'agricultrice,
28:38 sur mon exploitation, c'est pas adapté.
28:41 -Vous rêvez pas d'un tracteur électrique ?
28:43 -Pas du tout. -Mais c'est quand même mieux
28:45 qu'un tracteur qui pollue.
28:47 -Non, mais un tracteur électrique,
28:49 déjà, aujourd'hui...
28:50 Non, mais aujourd'hui, il n'y a pas de tracteurs électriques.
28:54 -Non, mais je dis que vous rêvez pas d'un tracteur électrique.
28:58 -Le méthane, c'est quand même mieux en impact environnemental
29:01 que le diesel ou l'essence.
29:03 -Vous voyez, ce sont des gros tracteurs.
29:05 -Vous pourriez avoir un méthaniseur ?
29:07 -Non, je n'ai pas de bâtiment, donc j'ai pas d'effluents d'élevage.
29:11 Par contre, ce sont quand même des gros tracteurs.
29:14 Mon exploitation, c'est une petite exploitation,
29:16 et les gros tracteurs ne sont pas adaptés à la culture du légume.
29:20 J'ai besoin de petits tracteurs avec des fines roues.
29:23 Donc, à ce stade, les constructeurs ne travaillent pas
29:26 sur ces dimensionnements de tracteurs sur de l'électrique ou du méthane.
29:30 Ils vont sur des gros tracteurs.
29:32 -Ca ne vous a pas empêché de faire du bio,
29:34 puisque vous en faites depuis toujours.
29:36 On voit que le bio baisse, que les gens n'en achètent plus.
29:39 Certains disent qu'ils ne peuvent pas se convertir au bio
29:43 car ça coûte plus cher et ils peuvent perdre les récoltes.
29:46 Dites-nous, vous, comment vous vivez avec votre exploitation bio ?
29:50 Est-ce que vous avez des bêtes qui viennent ?
29:52 Comment vous traitez ? Vous vous en sortez financièrement ?
29:55 -J'ai eu la chance, sur mon exploitation,
29:58 de pouvoir m'en sortir financièrement avec mon conjoint
30:01 parce qu'on a une diversité de production.
30:03 On a de la viande bovine, ovines, des céréales,
30:07 des fruits et des légumes.
30:09 Mais c'est vrai qu'aujourd'hui, on voit que c'est compliqué
30:12 pour la bio, pour moi aussi, pour mon exploitation aussi.
30:16 Les légumes se vendent beaucoup moins bien qu'en 2016, 2017.
30:20 -C'est spectaculaire, vous le sentez nettement.
30:23 -Oui, on le sent.
30:24 Maintenant, pourquoi exactement ?
30:26 Pendant le Covid, on a eu... -C'est plus cher, non ?
30:29 -Le bio a toujours été plus cher car c'est plus de travail.
30:32 C'est normal de rémunérer le producteur
30:34 pour le travail qu'il a fait.
30:36 Mais l'alimentation, de manière globale,
30:39 n'est pas à son juste prix.
30:40 Aujourd'hui, le revenu des agriculteurs, c'est la PAC.
30:43 J'aimerais que le revenu des agriculteurs
30:46 soit le prix payé aux agriculteurs et pas la PAC.
30:49 Il y a eu la loi Egalim II,
30:50 qui a justement visé à rééquilibrer
30:53 les relations entre l'éleveur, le producteur,
30:57 le distributeur, le fournisseur.
30:59 Il paraît que les revenus des agriculteurs
31:01 ont augmenté de 18 %.
31:03 Vous avez vu vos revenus augmenter
31:05 dans ces négociations commerciales ?
31:07 -Alors, la loi Egalim,
31:10 elle fonctionne pour toutes les productions,
31:12 sauf les fruits et légumes.
31:14 Ils n'ont pas voulu rentrer dans la loi Egalim.
31:17 Ma production principale reste quand même les légumes.
31:20 Donc, je n'ai pas vu l'impact de la loi Egalim.
31:23 C'est un choix de l'interprofession.
31:26 Ce n'est pas mon choix.
31:27 -La loi n'est pas parfaite pour vous ?
31:29 -Non. C'est d'ailleurs pour ça qu'il y a eu Egalim II
31:32 et Egalim II+, mais les fruits et légumes
31:35 ne sont toujours pas rentrés dans cette loi-là.
31:37 Ils ont fait le choix de rester au marché au cadran.
31:40 Par contre, pour les éleveurs de bovins,
31:43 lait, porc, volaille,
31:45 effectivement, ils ont vu une augmentation.
31:47 Ils ont vu que la loi Egalim a porté ses fruits
31:50 et il y a eu du mieux dans les négociations commerciales.
31:53 La loi a quand même porté ses fruits pour certains secteurs.
31:56 Mais c'est vrai que, globalement,
31:58 on voit que, durant la crise Covid,
32:00 les gens se sont mis à consommer énormément en local,
32:04 du bio, à cuisiner chez eux,
32:06 et suite à la période Covid,
32:08 il y a eu un revirement de situation.
32:10 Les gens en ont eu marre de cuisiner,
32:13 car ça prend un peu de temps. -Moins le temps, aussi.
32:16 -Moins de télétravail. -Tout à fait.
32:18 Et la crise économique que l'on vit aujourd'hui
32:21 nous montre que les gens vont moins vers le bio, aussi.
32:24 Et donc, là...
32:25 -Ils vont moins vers le bio, différemment ?
32:27 On en a parlé dans cette émission.
32:29 Il y a un maquillage, d'autres labels.
32:31 Les gens sont pas un peu perdus ?
32:33 Du coup, ça a pas été préjudiciable, le bio ?
32:36 Il y a beaucoup de nouveaux labels
32:38 et on sait plus bien ce qu'on doit manger.
32:40 Est-ce qu'il y a encore un effort de pédagogie à faire,
32:43 des agricultrices, pour convaincre les gens de manger bio ?
32:46 -Oui, il y a une multitude de labels.
32:49 Je comprends que les gens puissent être fermés.
32:51 -Ou des bio incohérents, qui viennent de Slovénie.
32:54 -C'est important de consommer du bio français.
32:57 -Vous vous battez contre le HVE, par exemple ?
32:59 -Non, parce que... -Haute valeur environnementale.
33:02 -Je me bats pour que les cahiers des charges HVE
33:06 soient plus restrictifs, plus forts et plus ambitieux.
33:11 Maintenant, je trouve que l'HVE, c'est une bonne solution
33:14 pour les agriculteurs qui n'osent pas faire le pas d'aller en bio,
33:17 mais qui produisent de meilleures qualités.
33:20 Il y en a aussi.
33:21 Ils n'avaient aucune reconnaissance.
33:23 Sauf parfois la belle rouge, mais pas dans toutes les productions.
33:27 C'est une forme de reconnaissance des agriculteurs conventionnels
33:30 qui font mieux. Peut-être qu'ils iront vers l'agriculture biologique.
33:34 Par contre, je conçois que ça dilue un petit peu
33:38 le marché qu'avait l'abbé
33:41 vers l'HVE.
33:42 C'est aussi une difficulté dans laquelle le bio est aujourd'hui.
33:46 Je crois qu'il faut un plan gouvernemental
33:48 pour soutenir la filière bio,
33:50 comme il y a eu... -C'est ce que prévoit
33:53 le ministère de l'Agriculture ?
33:54 -Pour moi, c'est pas assez...
33:56 C'est pas à la hauteur, puisqu'on a vu
33:58 que pour soutenir la filière porcine,
34:01 il y a eu énormément d'aides directes aux producteurs
34:04 qui ont été faites.
34:05 Aujourd'hui, en porc bio,
34:07 il n'y a pas du tout d'aides qui sont prévues,
34:10 sauf des aides de filière avec le fonds d'Avenir Bio,
34:13 mais ce n'est pas suffisant.
34:15 Ce ne sont pas des aides directes aux producteurs.
34:18 On a des producteurs qui sont en train d'arrêter.
34:20 En légumes, c'est pareil. Ils ont subi la sécheresse,
34:23 et certains souhaitent arrêter la production.
34:26 -Vous avez vu que la haute cour de justice
34:29 de l'Union européenne a interdit les néonicotinoïdes,
34:32 qui avaient été autorisés en France
34:34 deux années supplémentaires par dérogation.
34:37 Donc ça va s'arrêter en France.
34:38 Vous avez mené ce combat, vous le saluez,
34:41 cette interdiction respectée en France ?
34:43 -Bah, enfin, enfin.
34:46 Moi, j'ai trouvé cette histoire de néonicotinoïdes
34:49 complètement ubuesque, puisque dès 2016,
34:52 les betteraviers savaient qu'il y avait
34:54 une interdiction des néonicotinoïdes
34:57 pour 2018, du coup.
35:00 Donc, voilà, ils ont quand même eu deux, trois ans,
35:03 puisqu'en 2019, ils en ont aussi bénéficié.
35:05 Ils viennent nous voir en nous disant, en 2019,
35:08 "Bah, écoutez, il y a eu l'épiceron,
35:10 "il y a eu la jeunisse,
35:12 "on est dans l'impasse."
35:15 Oui, mais bon, vous avez eu quand même
35:17 deux, trois ans pour essayer de faire quelque chose.
35:20 Ils ont rien fait. -C'est pas ce qu'ils disent.
35:23 -C'est pas ce qu'ils disent, mais qu'est-ce qu'ils ont fait ?
35:26 Ils ont rien fait. -Donc, pour vous,
35:28 il y a des alternatives pour la betterave ?
35:31 -Bien sûr, et c'est pas moi qui le dis,
35:33 c'est l'INRA qui le dit.
35:35 Ils ont établi une liste de solutions.
35:37 Entre-temps, ils ont promis que si on votait la dérogation,
35:40 ils travailleraient les deux, trois ans
35:44 qu'ils arrivent là à trouver des solutions,
35:46 comme par hasard, ils en ont trouvé,
35:48 alors que les deux, trois ans avant, ils n'en ont pas trouvé.
35:52 Je me suis déplacée, parce que j'ai pas de betterave sucrière
35:55 sur ma circonscription, donc je me suis déplacée en Essonne,
35:59 et j'ai vu, ça m'a fait peur,
36:00 c'est des champs entiers de betteraves,
36:03 il n'y a pas un arbre, pas une haie,
36:05 c'est presque de la monoculture,
36:07 en termes de rotation, c'est limite.
36:09 -Il n'y a pas de fleurs dans les betteraves,
36:11 donc il n'y a pas d'abeilles autour ?
36:13 -Non, mais la problématique, c'est que c'est de l'enrobage
36:17 de semences, les néonicotinoïdes, que ça reste dans le sol,
36:20 et qu'après, ils mettent du colza.
36:22 Le colza est très, très, très mélifère,
36:25 donc c'est vraiment catastrophique.
36:27 Il y a un autre sujet, là-bas,
36:29 c'est que les sols étaient complètement craquelés, tassés,
36:32 d'un point de vue agronomique, ça m'a fait peur,
36:35 et je me demande comment ils peuvent continuer à produire
36:38 avec des sols dans un état comme ça.
36:40 -Ca va s'arrêter. Il y a le glyphosate,
36:42 qui devrait être peut-être réautorisé,
36:45 puisque l'Union européenne va se prononcer dans quelques mois.
36:48 Vous mènerez le combat pour l'interdire,
36:50 comme vous l'avez fait dans le précédent mandat ?
36:53 -Sur le glyphosate, c'est vrai qu'en fait,
36:56 il y a... Déjà, le glyphosate,
36:58 c'est pas la molécule la plus dangereuse,
37:00 c'est plutôt un emblème, et c'est pour ça qu'on en fait un combat,
37:04 un emblème contre Monsanto-Bayard.
37:06 Ce qu'il faut savoir, c'est que, dans certains cas,
37:09 l'utilisation peut être justifiée.
37:11 Je pense là aux techniques culturelles simplifiées,
37:14 c'est-à-dire qu'il n'y a pas de travail du sol.
37:17 C'est un peu technique, mais il n'y a pas de travail du sol,
37:20 donc là, ça peut être justifié,
37:22 parce que quand il n'y a pas de travail du sol,
37:25 il y a quand même un respect agronomique,
37:27 un respect des insectes aussi qui sont dans le sol,
37:30 et il n'y a pas de tassement du sol,
37:32 c'est quand même bon pour le sol.
37:34 Ils utilisent un peu de glyphosate pour détruire les cultures.
37:38 Par contre, là où c'est pas admissible d'utiliser du glyphosate,
37:41 j'appelle ça l'utilisation de complaisance,
37:44 c'est après des couverts végétaux,
37:46 où il suffit d'un passage de tracteur pour défaire le couvert,
37:49 ensuite, il pourrit, il gèle... -Complaisance, c'est-à-dire
37:53 la facilité. -La facilité, bien sûr.
37:55 Détruire des prairies. Moi, je détruis des prairies,
37:58 mais en bio, je n'utilise pas de glyphosate.
38:00 Je passe une ou deux fois le couvert propre.
38:03 -Il faut l'interdire ? -Pour moi, oui,
38:05 il faut l'interdire avec quelques dérogations
38:08 pour certaines cultures.
38:09 -Vous savez que beaucoup de femmes travaillent dans l'agriculture,
38:13 vous n'êtes pas la seule, mais pourtant,
38:15 seul un quart des exploitations sont dirigées par des femmes.
38:19 Pourquoi ? On en parle et on met les pieds dans le plat.
38:26 -Pas facile d'être une femme dans le milieu agricole,
38:29 moins bien payée, moins bien considérée.
38:31 Elle joue des coudes pour se faire respecter.
38:34 L'association "Et pourquoi pas elle ?" a développé un réseau
38:37 qui permet aux agricultrices d'échanger
38:40 et surtout de s'entraider.
38:41 Un sujet de Pierre-Michel Carniel et d'André Lafond.
38:44 -En mitouflé dans son manteau bleu,
38:46 Jessie vient de rejoindre le réseau d'entraide Terre de femmes.
38:50 Ce jour-là, elle fait visiter son exploitation à Sandrine,
38:54 animatrice de l'association.
38:56 Depuis 2022, elle produit des cornichons
38:58 et ce n'est pas de tout repos.
39:00 -C'est vraiment une grosse charge de travail sur ce mois et demi.
39:04 On fait vraiment que ça, du lever du jour
39:06 au coucher du jour, presque.
39:08 -On veut mettre en lumière ces femmes-là
39:10 qui existent sur notre territoire,
39:12 qui sont là, près de chez nous, qui produisent des choses,
39:15 qui ont des façons originales de travailler.
39:18 On va croiser les parcours, les expériences,
39:21 on va s'inspirer les unes les autres.
39:23 -Maintenant installée,
39:24 Jessie a envie de partager son expérience.
39:27 Elle participe au premier groupe de parole de l'association.
39:30 Et ici, il n'y a que des femmes.
39:32 -C'est difficile de prendre la parole quand il y a beaucoup d'hommes.
39:36 Et c'est difficile, surtout, de parler de ces problématiques.
39:39 C'est pourquoi on crée un réseau de femmes agricultrices
39:42 pour libérer la parole,
39:44 pour ensuite aussi aider ces femmes à s'entraider et à se soutenir.
39:48 Ce qui se dit ici ne sort pas d'ici.
39:50 Est-ce que c'est OK pour tout le monde ?
39:53 -J'avais ce problème, là, de... Est-ce que je suis légitime ?
39:57 -Pour acheter des terres ? -Pour acheter des terres.
40:00 -Pour dire que je suis agricultrice.
40:03 -Je trouve qu'elle a été courageuse et forte.
40:06 ...
40:09 -C'est comme si ce truc-là de ne pas se sentir légitime,
40:12 je le ressentais moi, dans mon coeur et dans ma pièce.
40:15 Je viens d'ouvrir la pièce et je me dis qu'on est pareilles.
40:18 -En Mayenne, les femmes représentent plus de 30 %
40:21 de l'équipement d'exploitation, des histoires comme celle de Jessie,
40:25 qui inspirent celles qui travailleront la terre.
40:28 -Avoir l'expérience d'autres femmes qui ont vécu cette expérience-là,
40:31 ça donne confiance en soi et de la motivation.
40:34 -C'est un peu catégorisé dans le sens où les femmes, l'élevage,
40:38 les hommes, les grandes cultures.
40:40 Les femmes ne vont pas dans les tracteurs,
40:42 elles vont plus s'occuper des petits veaux.
40:44 Je sais pas comment faire, mais changer cet état d'esprit
40:47 qu'une femme peut faire les grandes cultures,
40:50 que ce soit dans l'élevage ou dans les grandes cultures.
40:53 En France, une chef d'exploitation agricole
40:56 gagne en moyenne 30 % de moins qu'un homme au même poste.
40:59 -Cendrine, pour vous nettoyer ce reportage,
41:03 est-ce que vous, à un moment, vous vous êtes sentie pas légitime
41:06 pour être agricultrice ? -Bah oui, à plusieurs moments.
41:09 Pas au sein de mon exploitation,
41:11 puisque avec mon conjoint, j'ai jamais ressenti ça, évidemment,
41:15 mais lors de mon installation,
41:18 en plus, j'étais enceinte à ce moment-là,
41:20 donc, clairement, on m'a dit qu'il fallait pas
41:23 que je m'installe tout de suite, que ça ne marcherait pas,
41:26 en bio, c'est pas possible, la vente directe, c'est pas possible.
41:29 -Les hommes, j'imagine. -C'était pas des hommes, en plus.
41:33 C'était pas forcément des hommes, mais c'était dans un contexte
41:36 où, effectivement, le bio, la vente directe,
41:39 étaient pas encore pris vraiment au sérieux.
41:43 Moi, j'étais une femme, j'étais pas du milieu agricole, en plus.
41:47 -Vous aviez fait des études d'agriculture ?
41:50 -Oui, du coup, j'en avais fait.
41:52 Et donc, voilà.
41:54 Et donc, déjà, à l'installation, effectivement...
41:58 -Vous n'étiez pas du serail ?
41:59 -Oui, j'étais pas des rails, j'étais enceinte,
42:02 j'étais un peu petite, un peu frêle,
42:05 puis j'allais en bio, en vente directe,
42:08 plein de choses qui n'allaient pas, quoi.
42:10 Donc, ça, c'était pour l'installation,
42:12 et puis, après, c'est vrai qu'au quotidien,
42:15 c'est pas quotidien, mais sur l'exploitation,
42:17 on ressent que, par exemple, quand il y a des commerciaux,
42:21 des hommes qui viennent sur la ferme,
42:23 c'est quelque chose qui est raconté...
42:25 -Ils cherchent votre mari ? -C'est ça.
42:27 -Vous ignorez. -C'est la vérité.
42:29 Par exemple, s'ils tombent sur moi, ils me demandent
42:32 où est le chef d'exploitation.
42:34 -Vous êtes chef d'exploitation.
42:36 -Je suis chef d'exploitation à 50-50 avec mon conjoint.
42:40 -Comme 25 % seulement ? -Oui.
42:41 -C'est quoi ? C'est 20-25 % qui ont des exploitations
42:45 et qui sont femmes ? -Nous, on est en cogérance,
42:47 mais oui, après, il y a très peu de femmes seules.
42:50 -Et ce réseau, là, vous trouvez que c'est une bonne idée ?
42:53 Ces associations où on peut parler, échanger, ça donne confiance ?
42:57 -Bien sûr. J'ai jamais participé à ce genre de réseau,
43:00 mais je pense que c'est essentiel pour des femmes
43:02 qui sentent qu'elles ont des difficultés.
43:05 J'interviens beaucoup dans les écoles,
43:07 particulièrement dans les écoles agricoles,
43:09 et je dis aux jeunes femmes qui sont là
43:12 de croire en ce qu'elles ont envie de faire
43:14 et de ne jamais baisser les bras,
43:16 parce qu'elles y arriveront.
43:18 -Et vous, quand vous avez été à...
43:20 -On va montrer plus de capacités et faire plus nos preuves
43:23 qu'un homme. -Quand vous étiez à l'école,
43:25 est-ce que les garçons se moquaient des filles ?
43:28 Est-ce qu'il y avait autant ?
43:29 Il y a autant de femmes que d'hommes
43:31 qui font des études dans ce milieu agricole.
43:34 A votre époque, c'était pareil ?
43:36 Est-ce que les garçons se moquaient de vous
43:38 ou essayaient de vous dissuader ?
43:40 -C'était un contexte particulier,
43:42 parce que j'étais dans une école
43:44 où les filles qui étaient avec moi
43:46 faisaient l'option équine.
43:48 Donc il n'y avait aucune... Voilà, cheval.
43:50 Donc il n'y avait aucune qui voulait s'installer
43:53 comme moi. Et moi, j'avais déjà, à l'époque,
43:55 l'exploitation de mon conjoint,
43:57 et je savais ce que je voulais faire.
43:59 -Vous étiez la seule ? -Oui.
44:01 Donc je n'ai pas été prise au sérieux.
44:03 Il y a eu beaucoup de moqueries la première année.
44:06 Après, en deuxième année, ils ont vu
44:08 que niveau technicité, agronomie,
44:10 isologie, j'étais à leur niveau.
44:12 Ils ont vu que je racontais pas de bêtises.
44:15 -C'était du sexisme, vous diriez ?
44:17 -Il y avait peut-être un peu de ça.
44:19 En plus, j'étais en bio.
44:20 J'ai jamais réussi à faire la différence
44:23 entre les moqueries parce que je voulais faire du bio
44:26 ou parce que j'étais une femme.
44:27 Peut-être que c'était un tout.
44:29 Mais en tout cas, oui, j'ai senti ça.
44:31 Les commerciaux, souvent, effectivement, disaient
44:34 "Je cherche mon conjoint."
44:36 Et du coup, mon conjoint, lui, disait
44:38 "Non, vous allez voir ma compagne, elle s'occupe de ça."
44:41 -Macho, sexisme, vient de dire Brigitte.
44:44 Faut-il faire un "me too" des champs ?
44:46 -Je sais pas s'il faut faire un "me too" des champs.
44:49 Je pense qu'aujourd'hui, la société tend quand même à évoluer.
44:52 Mais en tant que femme, on doit toujours,
44:55 peu importe le métier ou le milieu,
44:58 on doit toujours montrer plus de capacités qu'un homme
45:02 et prouver plus les choses.
45:03 Est-ce que la loi vous a aidé ?
45:05 On a vu qu'il y avait la reconnaissance
45:08 de leurs métiers dans l'agriculture,
45:10 collaboratrices agricoles, salariés agricoles,
45:12 les retraites pour les conjoints d'agriculteurs
45:15 qui ont été valorisées.
45:17 Déjà, c'est bien.
45:18 Et est-ce qu'il faut aller plus loin ?
45:20 Faut-il relégiférer là-dessus ou ça passe pas par la loi ?
45:24 -Non, je pense que c'est des bonnes choses.
45:26 Marlène Schiappa avait également mis en place
45:29 le congé maternité pour les femmes agricultrices.
45:32 -Donc, le droit commun. -Voilà.
45:34 Mais globalement, je pense que c'est plutôt
45:36 le statut de chef d'exploitation qui est à revoir
45:39 en plus du statut des femmes dans l'agriculture.
45:42 Aujourd'hui, quand on est chef d'exploitation
45:44 et qu'on fait un burn-out,
45:46 on peut avoir la possibilité de se faire remplacer.
45:49 L'AMSA met en place des choses, mais c'est très compliqué.
45:52 C'est très compliqué parce que c'est notre exploitation,
45:56 souvent, on habite sur place,
45:57 et parfois, les agriculteurs ont besoin de prendre des vacances,
46:01 de prendre du repos ou de prendre du recul
46:03 sur ce qui se passe,
46:05 on est souvent dans des situations difficiles.
46:07 Aujourd'hui, le statut ne le permet pas forcément
46:10 parce que la ferme fait partie de notre vie privée, presque aussi,
46:14 surtout quand on est en couple sur une exploitation.
46:17 -Allez, on passe au dessert à présent,
46:19 et c'est le pêché mignon.
46:20 -C'est le temps du sucré, le pêché mignon.
46:25 On se régale avec une salade de fruits de saison.
46:28 On peut imaginer, je n'ai pas regardé mon assiette,
46:31 y voir des pommes, des poires,
46:33 des pommes, des pommes, des pommes, des pommes, des pommes, des pommes.
46:37 -C'est votre dessert préféré ou c'est celui qui vous donne
46:40 le sentiment de vous faire du bien ?
46:42 Vous parliez tout à l'heure d'alimentation healthy, santé,
46:46 ou encore celui qui vous donne bonne conscience ?
46:48 Vous les trois à la fois, c'est pas un quiz.
46:51 -Alors, c'est vrai que... -Les clémentines. Les oranges.
46:54 -Je suis attachée, effectivement, à me faire plaisir dans l'alimentation,
46:58 mais aussi, c'est ce que je vous disais au début de l'émission,
47:02 c'est la santé. La première chose à faire
47:04 quand on se sent pas bien ou quand on a besoin
47:07 de se redonner un petit coup de tonus,
47:10 c'est vraiment de faire un check-up
47:13 sur notre modèle alimentaire et la façon dont on se nourrit.
47:16 Et souvent, je vois beaucoup de compléments alimentaires,
47:20 mais la base, c'est d'avoir une alimentation saine, équilibrée.
47:23 -Et diversifiée. -On peut se faire plaisir
47:25 avec une côte de bœuf, mais on peut aussi se faire plaisir
47:29 avec un repas, un dessert...
47:30 -La pâtisserie, c'est exclu ? -Non, mais je suis pas
47:34 une grande fan de pâtisserie, à part les crêpes bretonnes,
47:37 évidemment. Mais non, globalement,
47:39 j'aime bien manger des desserts plutôt...
47:42 -Light. -Light.
47:43 -Jetez un oeil sur cette salade de fruits.
47:46 Est-ce qu'il y a pas un intrus ? -Je le dis pas.
47:48 -L'ananas. -Oui.
47:50 -L'ananas, effectivement. -Bon, l'ananas.
47:52 -Le kiwi, on a le droit ou pas ? -Le kiwi, il y en a en France.
47:55 -C'est la saison ? -Oui, c'est la saison.
47:58 -C'est peut-être un ananas de Menton, au sud de la France.
48:01 -C'est intéressant qu'il y ait de l'ananas,
48:03 parce que oui, il faut majoritairement manger local,
48:07 de préférence bio, évidemment,
48:09 mais moi, je suis quand même pas contre les échanges
48:12 entre pays, entre continents.
48:14 Enfin, voilà, il y a un moment donné,
48:16 il faut aussi le faire, mais de manière correcte,
48:19 avec du commerce équitable, etc.
48:21 Je suis pas contre avoir de l'ananas dans mon assiette.
48:24 -La banane, qui nous vient du territoire d'Outre-mer.
48:28 -Il faut manger les bananes des Français
48:30 des territoires d'Outre-mer, effectivement.
48:32 -Ils viennent d'un peu plus loin.
48:34 -C'est pour ça qu'il faut avoir toutes proportions gardées
48:38 quand on parle de local.
48:39 On peut avoir aussi des échanges commerciaux
48:42 qui soient de manière raisonnée.
48:44 C'est normal, dans ce cas-là,
48:46 on mangerait plus de chocolat en France.
48:48 Il y aurait plein de choses qu'on ne devrait plus consommer.
48:51 -Vous avez une petite astuce pour doper une salade de fruits
48:55 avec vos petites pommes, votre poire du jardin ?
48:57 -Des fruits secs, de l'alcool...
48:59 -Pas du tout. Moi, c'est très nature.
49:02 -Très nature. -Jamais de sucre, alors ?
49:04 -Non, on consomme très peu de sucre,
49:06 sauf sur les crêpes.
49:07 Là, on met un peu de beurre salé et de sucre.
49:10 -C'est la seule fantaisie. -Voilà.
49:12 Non, mais après, j'aime bien faire des chantilly-maison aussi,
49:16 avec une petite glace, des fois.
49:18 Mais quand même, en dessert,
49:19 j'aime bien avoir quelque chose de plutôt light.
49:22 -On dort dans la baignoire et on mange des salades de fruits
49:25 qu'avec des pommes.
49:27 -C'est un drôle de faire qu'on termine toujours
49:29 cette émission en musique. Vous en avez choisi une.
49:32 On l'écoute ensemble et vous nous dites pourquoi.
49:35 -OK.
49:36 Musique douce
49:38 -Quand ils sont tout neufs, qu'ils sortent de l'oeuf, du cocon,
49:42 tous les jeunes blancs-becs prennent les vieux mecs pour des cons.
49:46 Quand ils sont devenus des têtes genues, des grisons,
49:49 tous les vieux fourneaux prennent les jeunos pour des cons.
49:53 Moi qui balance entre deux âges...
49:57 -Alors, nos téléspectateurs ont peut-être reconnu
49:59 la voix de Georges Brassens.
50:01 "Le temps ne fait rien à l'affaire",
50:03 c'est la chanson que vous avez choisie.
50:05 C'est vrai que c'est pas votre génération,
50:08 Georges Brassens. Pourquoi ? -Non, c'est pas ma génération,
50:11 mais si on était un mercredi soir, cette chanson aurait été adaptée.
50:15 Vous m'avez bien cuisinée sur mes passions, et voilà.
50:19 Mais non, c'est une chanson et surtout un chanteur
50:22 que j'apprécie, qui est intergénérationnel.
50:25 C'est vrai que quand on est, par exemple, au champ,
50:28 nous, à la ferme, en famille, on aime bien mettre Georges Brassens.
50:32 C'est même mon petit garçon qui, à 7 ans,
50:34 chante avec nous les chansons de Georges Brassens.
50:37 -Pas toutes, hein, parce que je suis Brassens.
50:40 -Ah oui, si, si, il les connaît.
50:42 -On les connaît. -On est coquins, à la ferme.
50:44 Donc voilà, c'est un chanteur, voilà,
50:47 qui, je trouve, est intergénérationnel.
50:49 Voilà, nous, on a pris des...
50:51 C'est des bons souvenirs aussi sur ces chansons
50:54 que je peux avoir, notamment, à la ferme.
50:56 Donc voilà, c'était intéressant.
50:59 -Merci, Sandrine Lefeur, d'avoir accepté notre invitation.
51:02 -Je voulais juste dire une petite info pour finir.
51:05 Le terme "agricultrice" est né en France en 1961.
51:08 Donc oui. -Ah.
51:09 -Il va falloir faire des échois pour être acceptée
51:12 en tant qu'agricultrice. -Merci.
51:14 -Merci à vous. -Merci à vous.
51:16 -Merci, évidemment, à chef Françoise,
51:18 qui nous a cuisiné ces bons petits plats,
51:21 à cette très belle black angus de chez Pascal Boutier,
51:24 merci à vous tous de nous avoir suivis.
51:26 On se retrouve la semaine prochaine
51:28 pour un nouveau numéro de "Politique à table".
51:31 SOUS-TITRAGE : RED BEE MEDIA
51:33 "La dernière averse" de Jean-Luc Moulin
51:36 ...
51:41 [SILENCE]

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