Les propos d'une députée Renaissance des Hauts-de-Seine, Claire Guichard, ont déclenché une polémique ce vendredi. Claire Guichard a affirmé que, malgré le statut précaire des AESH, elles le "choisissent pour avoir les mercredis et les vacances scolaires".
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00:00 vous êtes maman d'un enfant en situation de handicap et vous êtes vous-même à ESH.
00:05 Alors quelle est votre réaction aux propos qu'a tenus cette députée, Claire Glichard ?
00:09 Est-ce que c'est un choix, comme elle dit, de vie pour vous ?
00:11 Pas du tout, pas du tout. Je vais vous expliquer un petit peu rapidement l'histoire de Lisa,
00:16 qui est ma fille, qui a un syndrome cérébelleux, handicap connectif et moteur.
00:22 Elle est née en 2011 et dès 2012, je n'étais pas encore à ESH, j'ai dû mettre ma vie entre parenthèses.
00:28 Ce n'était pas un choix, je n'ai pas choisi cette situation-là.
00:32 Je suis maman à 300%, je m'implique dans mon métier à 300%, mais ce qui a été dit là, je ne peux pas laisser passer.
00:39 Je trouve ça aberrant, je trouve ça même choquant pour moi et pour toutes mes collègues de France.
00:44 Je parle des hommes comme des femmes, parce qu'il y a aussi des hommes, on n'en parle pas souvent assez.
00:48 Cette place-là, je l'ai choisie par conviction parce que j'aime aller vers les autres.
00:55 Je me rends disponible par rapport aux enfants, c'est un trait de caractère que j'ai.
01:00 Elle est malheureusement encore aujourd'hui assez mal reconnue.
01:04 On n'a pas de statut, clairement, le statut de fonctionnaire, on ne l'a pas.
01:08 On est des salariés lambda, on a des conditions de travail qui sont parfois à la limite du supportable.
01:14 On les supporte parce que, oui, pour le coup, on n'a pas le choix.
01:17 On tend le dos, on fait notre métier de la meilleure façon qui soit,
01:21 mais il est vrai que ce qui est mis en place actuellement, ce n'est pas bon pour nous.
01:25 Ce n'est pas bon du tout pour nous, ce n'est pas vraiment un choix.
01:28 On n'a pas choisi d'avoir un salaire, moi, pour ma part, donc ça fait 4 ans que j'exerce ce métier-là.
01:33 Je suis dans l'attente d'un CDI, parce qu'il y a une loi qui a été votée récemment à l'Assemblée,
01:37 je suis dans cette attente pour pouvoir enlever cette épée de Damoclès que j'ai au-dessus de la tête,
01:41 parce que sans CDI, pas de crédit, voilà, tout ça.
01:44 C'est important que ça évolue rapidement.
01:47 On veut un statut, on veut ce statut de fonctionnaire, on veut une augmentation de nos salaires,
01:51 parce que cette augmentation-là, elle est nécessaire pour vivre convenablement.
01:54 – Quel est votre salaire ? Vous parliez de votre salaire, il est de combien votre salaire ?
01:57 – 902 euros par mois au bout de 4 ans.
02:00 – Gabrielle Attal, évoquez une augmentation de 10%.
02:05 – J'y crois pas, honnêtement, c'est impossible.
02:08 Je ne sais pas, on nous dit sans arrêt que déjà au niveau des scédulisations, c'est compliqué,
02:13 que quand ça va être mis en place, ça va être compliqué.
02:16 L'éducation nationale, le statut, enfin c'est compliqué.
02:19 Donc cette augmentation de 10%, moi personnellement, j'y crois pas
02:22 et je ne sais pas comment matériellement ça va pouvoir être mis en place.
02:25 Voilà, on nous propose plein de choses, mais c'est de la poudre aux yeux pour moi.
02:29 – Oui, pardonnez-moi, au-delà des difficultés de votre quotidien,
02:37 il y a aussi des difficultés pour scolariser des enfants en situation de handicap,
02:41 c'est le cas de votre fille, expliquez-nous.
02:43 – Alors, concernant Lisa, j'ai lancé il y a quelques mois une médiatisation,
02:50 que ce soit dans les journaux ou par la télévision,
02:53 une petite chaîne, voilà, "France 3 Picardique",
02:56 pour laquelle j'ai été interviewée le 13 octobre dernier.
02:58 J'ai accordé plusieurs interviews dans les journaux,
03:01 pour faire valoir justement cette situation, cette grosse problématique
03:04 que nous avons en France pour la scolarisation de nos enfants en situation de handicap.
03:08 J'ai dit de non, parce que voilà, moi cette battage je l'ai gagnée,
03:12 à la sueur de mon front, je me suis battue, bec zéongle,
03:16 pour que ma fille intègre un IME, ce qui est chose faite depuis la semaine dernière.
03:20 – Un institut médico-éducatif, c'est ça ?
03:22 – C'est ça, un institut médico-éducatif, dans lequel on peut leur offrir des méthodes adaptées,
03:28 donc à leurs besoins, ce qui était le cas de Lisa.
03:31 Lisa, voilà, elle a attendu pratiquement, il faut savoir, 4 ans,
03:35 pour avoir accès à cette structure, je trouve ça totalement, encore une fois, aberrant,
03:41 qu'il fallait attendre autant de temps pour pouvoir, entre guillemets,
03:45 "mettre" nos enfants dans des structures où ils puissent s'épanouir pleinement.
03:49 Dans les écoles, on n'a pas toujours la chance d'avoir des instituteurs
03:53 qui suivent les enfants, qui puissent les porter.
03:57 Moi j'ai eu cette chance-là, une institutrice dans la classe où était ma fille,
04:02 en classe uniste et FM, donc le trouble des fonctions motrices,
04:06 par défaut, puisqu'elle a un handicap cognitif et moteur,
04:08 elle l'a portée, elle lui a permis d'apprendre à lire, à l'âge de 10 ans et demi,
04:13 elle a fait un travail formidable, ce qui a permis ensuite de pouvoir faire le relais avec l'IME.
04:18 Mais il y a quelques mois de ça, j'ai lancé une pétition sur change.org,
04:22 cette pétition, je tiens à en parler parce que ça me tient à cœur,
04:25 elle est en train de stagner à 712 signatures,
04:28 il faut absolument qu'elle soit portée bien au-delà,
04:30 moi j'ai pour projet de l'adresser à la présidence de la République,
04:33 j'ai déjà dénoncé cette situation.
04:35 - Très bien, parce que le temps malheureusement nous est compté,
04:37 que demandez-vous dans cette pétition ?
04:39 - Dans cette pétition, je demande tout simplement à connaître la position exacte du gouvernement,
04:44 à savoir qu'est-ce qu'il compte faire pour les IME.
04:46 Moi je demande que la construction des IME soit relancée,
04:50 pour que les listes d'attentes actuelles soient baisses, ça c'est important,
04:55 et ça doit absolument être remis en place.
04:57 Et là actuellement, moi je ne vois pas du tout ce que veut faire le gouvernement.
05:00 Il y a des IME qui ferment dans le nord de la France,
05:02 il y en a un qui a ouvert récemment du côté de la Seine-sur-Mer,
05:05 mais on ne connaît pas précisément la position du gouvernement face justement à ces IME.
05:11 Moi je pense qu'il faut relancer cette construction,
05:13 dans l'Oise on n'est pas très bien doté,
05:15 on est le département le moins bien doté des Hauts-de-France,
05:19 et c'est pas normal.
05:21 On a une charge mentale exponentielle au quotidien,
05:23 il faut absolument que tout ça cesse.
05:25 tout ça cesse. C'est une malprétence pour nous, pour les enfants.