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Anna Polina et Nomi représentent 2 générations différentes du porno.
Elles nous racontent aujourd'hui les évolutions de cette industrie, dont elles ont été témoins.
Transcription
00:00 Quand j'ai commencé, c'était quand même un porno très, très masculin,
00:03 fait par des hommes, pour des hommes.
00:05 Et je me souviens d'une scène où je commençais à jouir,
00:08 le réalisateur est arrivé en me disant "non, non, non, non".
00:10 Alors, je m'appelle Nomi.
00:11 J'ai commencé le porno en 1996.
00:15 J'ai tourné ma dernière scène en 2014.
00:17 Bonjour, je m'appelle Anna Paulina.
00:19 Je suis actrice de films X depuis 2009.
00:23 Pour moi, faire du porno n'est pas dégradant, bien au contraire.
00:26 Ceux qui regardent le porno vont très certainement encore aujourd'hui
00:30 voir une image de la femme dégradée à quatre pattes en levrette.
00:34 Même surtout, les femmes de ma génération ne comprennent pas
00:37 qu'on puisse faire ce genre de choses.
00:39 C'est-à-dire que moi, quand j'étais en quatre pattes en levrette,
00:42 je ne me sentais pas l'image d'une femme dégradée, au contraire.
00:46 Quand j'ai commencé, effectivement, c'était un porno très, très masculin,
00:51 fait par des hommes, pour des hommes.
00:53 Nous ne montrons que le fantasme des hommes.
00:55 Je me souviens d'une scène où je commençais à jouir.
00:58 Le réalisateur est arrivé en me disant "non, non, non, non, tu joues pas,
01:01 tu joues pas maintenant".
01:03 En fait, je n'en pensais pas à grand chose.
01:04 On ne montrait pas le plaisir féminin parce que c'était mon...
01:07 Moi, je venais, j'allais au bureau.
01:08 Tu arrives, tu fais une fellation, deux vaginales ou trois vaginales
01:12 et deux anales et les jacques et voilà.
01:14 Les femmes ne se masturbaient pas à mon époque.
01:16 C'était... Enfin voilà, elles n'en parlaient surtout pas.
01:19 Le clitoris, j'ai dû apprendre ce que c'était.
01:22 Je devais avoir 16 ans.
01:22 Aujourd'hui, à 9 ans, elles savent ce que c'est.
01:24 Est-ce qu'à tes yeux, l'évolution du porno,
01:27 entre les moments où tu as commencé et aujourd'hui,
01:31 c'est quelque chose de positif ou au contraire,
01:33 quelque chose qui s'est dégradé ?
01:35 En fait, c'est un peu des deux.
01:37 J'ai connu les débuts du gonzo.
01:41 Effectivement, ça a été un peu brutal.
01:45 Pour nous, actrices de films, de veuves éplorées,
01:49 se faisant sauter par son jardinier.
01:51 Et qu'est-ce que vous appeliez le gonzo à l'époque ?
01:53 En fait, tu rentres directement dans le vif du sujet.
01:56 Tu te donnes un exemple.
01:57 Tu as le plombier qui frappe à la porte.
01:59 En deux secondes, tu lui montres la panne.
02:01 Et dans la minute, tu as son zizi dans ta bouche.
02:05 J'ai apprécié, l'air de rien,
02:07 mais c'est vrai que c'est vraiment du porno différent.
02:11 Je ne peux pas dire que ce soit moins bien ou pire qu'avant.
02:14 C'est juste complètement différent.
02:15 C'est générationnel, les plans, ceci.
02:17 Et toi, quelle est la différence ?
02:19 Qu'est-ce que tu as vu comme évolution ?
02:21 Alors, dans un premier temps,
02:22 lorsque je suis arrivée dans le X,
02:23 il y avait déjà du gonzo.
02:25 Mais j'ai également beaucoup, beaucoup travaillé sur des films scénarisés.
02:29 J'avais envie de te dire qu'on partage plus de choses.
02:31 Oui, à mes tout débuts, on partageait peut-être plus de choses.
02:34 À l'heure d'aujourd'hui, nous avons tous des smartphones.
02:36 Donc, on partage surtout des photos smartphone.
02:39 Quel regret !
02:40 Quel regret pour moi de ne pas en avoir eu un à l'époque.
02:43 Ah bon ? Moi, c'est plutôt d'en avoir eu autant.
02:45 C'est ça.
02:46 Non, mais j'ai plein de souvenirs, justement, dans la tête,
02:49 mais que je n'aurais jamais en dehors des tournages, justement.
02:51 Avant, je crois, si je ne me trompe pas,
02:54 une anal, c'était particulier,
02:56 et une DP, c'était presque une performance.
02:58 C'est ça.
02:59 C'était une performance.
03:00 Voilà, mais c'en est une.
03:02 Aujourd'hui, une DP, c'est la base.
03:05 Oui, c'est ça.
03:06 Néanmoins, je connais plusieurs actrices qui ont très bien vécu
03:10 et qui ont fait que du vaginal.
03:11 Voilà.
03:12 Enfin, ce qui se passe aujourd'hui, c'est qu'il y a la webcam.
03:15 Il y a différents sites qui permettent aux actrices et aux acteurs
03:20 de faire leur propre contenu.
03:21 Les acteurs et actrices ne sont plus dépendants des boîtes de production.
03:24 Puis, il y a les réseaux sociaux,
03:26 donc il y a une communauté qui va les suivre.
03:28 Et là, ça devient intéressant parce qu'on prend un petit peu les rênes
03:32 de ce truc-là et c'est chouette.
03:33 J'ai connu les premières cams en France,
03:36 mais il fallait aller jusqu'à Sedan.
03:38 Oui, je connais cette maison à Sedan.
03:41 Elle est allée jusqu'à Sedan, chez Vécom,
03:44 et y passer le week-end.
03:45 Pour effectivement, tu ne pouvais pas faire ça de chez toi.
03:48 Et si tout ça, c'était à refaire ?
03:49 Je me suis souvent posé la question et je ne suis pas sûre
03:54 que je le referais.
03:54 Alors non pas parce que le porno ne me plaît pas
03:57 ou que le milieu ne me plaît pas, c'est tout simplement
03:59 parce que je ne m'attendais pas, lorsque j'ai commencé ce métier,
04:03 à être, quelques années plus tard, propulsée gratuitement
04:08 à la vue de tous sur Internet.
04:10 Si Internet avait été là,
04:15 je pense que je n'aurais pas déjà osé le faire
04:18 par rapport à mon entourage, à ma famille.
04:21 Et surtout le fait d'être regardée des milliers de fois,
04:26 gratuitement, sans même recevoir un seul centime.
04:28 Enfin voilà, moi quand j'ai commencé le porno,
04:30 c'était l'amusement, mais c'était aussi l'argent.
04:32 Si j'ai fait une carrière pornographique,
04:34 c'était pour gagner ma vie, avant tout.
04:36 En toute franchise, moi je ne regrette pas du tout.
04:39 Ça m'a amenée à tellement d'expériences,
04:42 tellement de rencontres.
04:43 Si je m'imaginais enlever le porno de ma vie,
04:45 ce serait enlever toutes les belles choses,
04:47 les histoires d'amour, des voyages.
04:50 En fait, le porno, c'est la vie.
04:51 Et quelque part, heureusement que ça évolue,
04:53 puisque la vie évolue, les gens évoluent.
04:55 L'évolution, elle est bénéfique, puisqu'il faut vivre dans son temps.
04:59 Mais ne pas oublier de se protéger,
05:01 parce que c'est toujours...
05:03 Non mais ça, c'est important de le dire,
05:05 alors ça fait très cliché et très bateau,
05:07 mais c'est tellement important.
05:08 Il faut se protéger, c'est la base.

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