• l’année dernière

Category

📺
TV
Transcription
00:00 J'ai consommé du coup beaucoup de cocaïne.
00:02 À un moment, je me sentais pas très bien.
00:03 Et un ami à moi m'a dit "t'inquiète pas,
00:06 prends un petit peu de kétamine,
00:08 ça va aller mieux".
00:09 Du coup, j'ai pris de la kétamine.
00:11 Et là, je me souviens de rien en fait.
00:14 Un jour, j'ai rencontré un garçon,
00:16 il y a un an de ça environ.
00:18 Il consommait quasiment quotidiennement de la cocaïne.
00:21 Dès notre premier rendez-vous,
00:23 il m'a proposé d'en prendre.
00:25 J'en avais jamais pris.
00:27 Il m'a dit "ça va être cool,
00:28 le date va se passer encore mieux".
00:31 Donc j'en ai pris.
00:32 Et à partir de là,
00:33 vu qu'on se voyait quasiment tous les jours,
00:36 il m'en passait tous les jours en fait.
00:38 Petit à petit, je suis tombée dedans
00:40 et j'ai commencé à acheter moi-même ma propre conso.
00:43 La toute première fois que j'ai pris de la cocaïne,
00:46 j'ai pas trouvé ça extraordinaire,
00:48 bizarrement.
00:49 Ça m'a plu au bout de peut-être 4-5 fois.
00:52 Je me disais "ah ouais, c'est bien quand même,
00:55 je me sens plus énergique,
00:57 plus sociable,
00:58 j'ai l'impression d'être la meilleure version de moi-même".
01:01 Et j'ai commencé à me dire
01:03 "en fait, j'ai tout le temps envie d'être sous cocaïne
01:06 parce que je me sentais tellement mieux,
01:09 tellement plus sociable,
01:11 tellement plus confiante".
01:13 Et c'est là que le piège a commencé à se refermer en fait.
01:17 Pendant un an, j'en ai pris quasiment quotidiennement.
01:21 D'abord, c'était plus les week-ends, en soirée, etc.
01:26 Et un jour, j'ai réalisé que j'en avais besoin
01:28 pour me réveiller le matin.
01:30 En fait, j'étais triste sans la cocaïne.
01:32 J'étais anxieuse
01:34 et je pensais qu'à ça tout le temps en fait.
01:36 La drogue m'a... comment dire ?
01:39 M'a enlevé beaucoup de choses.
01:41 Au tout début, j'étais toujours en études,
01:43 j'avais une alternance à côté.
01:45 Mais avec la drogue,
01:46 j'arrivais plus à être fonctionnelle
01:49 parce que j'étais tout le temps en phase de redescente.
01:51 J'ai dû abandonner mes études et mon alternance.
01:55 Et à cause de ça, je me suis enfermée dans ma consommation,
01:58 dans ce monde des soirées, de la fête.
02:01 Et je vivais que pour consommer en fait.
02:03 Je me suis éloignée beaucoup de mes amis qui ne consomment pas.
02:06 Je m'ennuyais avec eux en fait.
02:07 C'est triste à dire,
02:09 mais sans la drogue,
02:11 j'étais plus intéressée par ma vie d'avant,
02:14 par mes amis qui ne consomment pas.
02:15 Pour payer au début, c'était "facile"
02:18 parce que c'était mon ex-copain qui fournissait.
02:22 Petit à petit, j'ai commencé à me payer mes propres consommations
02:25 avec mon salaire d'alternance.
02:28 Il y a tout mon salaire qui passait là-dedans.
02:30 J'ai commencé à parfois choisir de ne pas me nourrir
02:35 pour payer la consommation.
02:38 Et quand j'ai perdu l'alternance,
02:41 heureusement, j'avais mes parents qui me soutenaient financièrement.
02:44 Tout cet argent passait là-dedans en fait.
02:46 Et parfois, ça ne suffisait pas.
02:47 Et c'était terrible parce que je me retrouvais face à des...
02:51 des dilemmes.
02:52 Il faut que je me mette à vendre moi-même de la drogue
02:55 ou pire, que je me prostitue.
02:57 Je l'ai envisagé.
02:59 Je n'ai jamais sauté le pas, heureusement.
03:01 Mais ça a été des moments durs.
03:02 J'ai arrivé à avoir de la consommation gratuitement
03:05 parce que je suis une fille
03:06 et parce qu'en soirée, tous les garçons
03:09 nous offrent tout ce qu'on veut.
03:11 En plus, le problème, c'est qu'une fois qu'on connaît la drogue dure,
03:15 toutes les autres drogues ne nous font pas peur.
03:17 Une fois que j'avais goûté à la cocaïne,
03:19 je n'avais pas peur de goûter à d'autres drogues en fait.
03:21 La redescente de cocaïne, c'est...
03:25 monstrueux.
03:26 Pour moi, c'était des pensées suicidaires.
03:29 On a l'impression qu'on est nul,
03:32 que la vie est nulle.
03:34 Moi, j'avais juste envie d'en finir.
03:36 J'ai hésité à sauter par la fenêtre,
03:39 à prendre des médicaments.
03:41 Et j'ai passé le pas certaines fois.
03:43 J'ai connu plusieurs tentatives de suicide
03:45 à cause de la redescente.
03:46 Pour moi, c'était très violent psychologiquement.
03:49 Je me suis rendu compte que j'étais addict.
03:52 Je pense après plusieurs overdoses malheureusement.
03:56 J'ai vu mes parents pleurer pour la première fois à cause de moi.
04:00 Et le fait de voir aussi que mes consommations
04:02 ne se limitaient pas aux soirées,
04:04 que je pouvais en avoir envie de cocaïne toute seule,
04:07 ça a joué.
04:08 Une de mes overdoses les plus violentes,
04:10 c'était en soirée techno justement.
04:13 J'avais pas encore fait de cure, de désintox,
04:16 mais j'étais en hôpital de jour.
04:19 Ce soir-là, je m'étais dit, je consomme rien.
04:22 J'ai envie de réussir à profiter d'une soirée sans rien.
04:26 Le problème, c'est qu'autour de moi,
04:28 tout le monde consommait.
04:29 Du coup, j'ai d'abord craqué pour de la 3M.
04:33 Et après, j'ai consommé des Extas.
04:36 Je vais quand même acheter de la cocaïne
04:38 parce que ça me manque.
04:39 Et j'ai consommé du coup beaucoup de cocaïne.
04:41 On m'a proposé aussi de la MDMA.
04:44 Et à un moment, je me sentais pas très bien.
04:47 Et un ami à moi m'a dit, t'inquiète pas,
04:50 prends un petit peu de kétamine,
04:52 ça va aller mieux.
04:53 Du coup, j'ai pris de la kétamine.
04:55 Et là, je me souviens de rien en fait.
04:58 J'ai que des flashs, des bruits.
05:01 J'entends qu'on s'inquiète autour de moi,
05:04 qu'on me met de l'eau sur la tête.
05:07 Et en fait, je me suis réveillée aux urgences.
05:09 Et là, on m'a dit que j'avais fait une overdose.
05:12 Mon pire souvenir avec la cocaïne,
05:15 je pense que c'était quand j'étais toujours avec mon ex
05:18 qui m'a fait découvrir la cocaïne.
05:21 On s'est souvent retrouvés dans des situations
05:25 assez horribles où on avait consommé toute la soirée
05:28 jusqu'à très très très tard.
05:31 Et du coup, on a affronté des redescentes ensemble
05:33 assez violentes.
05:34 Et il devenait assez colérique,
05:37 voire méchant en redescente.
05:39 Et un jour, je lui ai dit
05:42 "Je crois que j'ai un problème avec la cocaïne.
05:44 Je crois que j'ai une addiction."
05:45 Et il s'est énervé et il m'a dit
05:47 "Mais en fait, tu t'inventes des problèmes.
05:51 T'as pas du tout de soucis d'addiction."
05:54 Alors que j'étais au plus mal
05:56 et que tout mon salaire passait dans la cocaïne
05:59 et que sans la cocaïne, j'étais au fond du trou.
06:02 C'est mes parents qui m'ont poussée
06:05 à me sevrer.
06:07 On s'est vite rendu compte que les rendez-vous
06:09 avec les addictologues, ça suffisait pas.
06:12 Du coup, on a découvert qu'il existait
06:15 les hôpitaux de jour.
06:17 C'est comme des cures de désintox,
06:18 sauf que ça ne dure que la journée.
06:20 On rentre à la maison le soir
06:22 et il y a des groupes de parole, des activités.
06:25 On rencontre des soignants.
06:27 Et du coup, j'ai commencé par ça.
06:29 Rapidement, ils m'ont dirigée vers une cure de désintox
06:32 pour faire un sevrage plus fort.
06:36 Et du coup, j'ai fait trois semaines de sevrage.
06:39 La cure de désintox a été le plus gros choc de ma vie.
06:43 On se retrouve dans un monde où
06:46 tous les gens qui sont là ont des vies brisées.
06:49 Et le fait de se dire qu'on en fait partie de ces gens-là,
06:52 c'est très violent.
06:53 Je ne m'étais pas rendu compte que j'étais tombée aussi bas.
06:56 Il y a eu beaucoup de moments difficiles
06:59 où je pleurais, où j'étais très très mal.
07:03 Mais comme la cure, c'est un peu une sorte de bulle,
07:06 c'est plus facile que dans la vie réelle.
07:09 Et c'est surtout le retour à la vie normale
07:12 qui a été très compliqué.
07:13 Même si on a toute la volonté du monde,
07:16 il y a beaucoup de tentations,
07:17 des gens qui nous proposent des after,
07:20 qui nous proposent de la drogue gratuite.
07:22 Malheureusement, j'ai craqué peut-être
07:25 deux semaines après ma sortie de cure,
07:27 alors que j'avais toute la volonté du monde d'arrêter.
07:30 Parce que j'ai reçu un message d'un ami
07:35 qui m'a dit "Ah bah t'es sortie,
07:38 je t'ai attendue, j'ai mis de côté
07:41 2 grammes purs pour toi."
07:43 Et j'ai craqué.
07:44 Après le faux pas que j'ai eu,
07:46 j'ai continué l'hôpital de jour.
07:48 On voit des professionnels toute la journée,
07:51 des infirmiers, des addictologues, des psychiatres.
07:54 Et c'est extraordinaire, ça me sauve la vie.
07:57 L'addiction, c'est une maladie.
07:58 C'est une maladie neurobiologique.
08:00 On a observé grâce aux IRM
08:03 sur les cerveaux des personnes addictes
08:06 que leur cerveau avait été modifié par la consommation.
08:10 Et que du coup, c'est pas que la volonté
08:12 qui peut permettre de s'en sortir.
08:15 Il faut une prise en charge professionnelle,
08:17 voire des traitements.
08:18 C'est pour ça que c'est très compliqué.
08:20 Et c'est la pire chose à faire de dire à un addict
08:23 qu'il a pas le mental, qu'il a pas la volonté.
08:25 Je pense qu'on est addict toute sa vie.
08:28 Même si ça fait 10 ans, 15 ans qu'on a pas consommé,
08:31 il restera toujours un petit truc dans notre cerveau
08:36 qui fait qu'on y repense.
08:38 Il y a des choses qui nous donnent envie de consommer.
08:41 Moi par exemple, quand je bois de l'alcool,
08:43 la consommation d'alcool me donne envie de consommer autre chose.
08:47 Et je pense que ça restera toujours en moi.
08:49 C'est le plus gros combat de toute ma vie.
08:52 Si on souffre d'une addiction
08:54 et qu'on ressent des impacts négatifs sur sa vie,
08:59 je pense que le mieux, c'est de se tourner vers un addictologue
09:03 ou un psychiatre, un psychologue
09:06 qui pourront nous donner des clés, des conseils
09:09 et éventuellement nous orienter vers une cure de désintox.

Recommandations