• l’année dernière
A quatre jours du Paris Grand Slam, Romane Dicko était l'invitée de « L'Équipe du Soir ». La championne du monde en titre (+78 kg) est revenue sur son parcours avant de faire part de ses ambitions.

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Sport
Transcription
00:00 -Le champion du monde, c'est le grand chelem de Paris,
00:02 c'est du judo, et une ceinture noire
00:04 étant directe dans l'équipe du soir.
00:06 Nous allons nous connecter avec Romane Dicot.
00:09 Romane, êtes-vous là ? Bonsoir.
00:11 -Bonsoir.
00:12 -On va se faire une présentation express,
00:14 ma chère Romane. Vous me corrigez si je dis une petite bêtise.
00:18 Vous avez 23 ans. -Ca marche.
00:20 -Vous tirez dans la catégorie ultime des plus de 78 kg.
00:23 Vous êtes championne olympique en équipe mixte
00:25 au JO de Tokyo en 2021.
00:27 Vous êtes championne du monde en titre
00:29 et vous êtes l'une des têtes d'affiche français
00:32 du tournoi de Paris que vous avez déjà remporté en 2020.
00:35 On va commencer par une première question.
00:37 Votre carrière a été influencée par Teddy,
00:40 mais c'est pas le Teddy que l'on croit,
00:42 c'est pas Teddy Rayner, c'est Teddy Tango,
00:44 le triple sauteur. Vous allez nous expliquer votre lien,
00:47 car les téléspectateurs qui regardent l'équipe du soir
00:50 sont fans de sport. Voilà Teddy.
00:52 Expliquez-nous quel lien avez-vous avec ce grand champion français.
00:58 -C'est mon cousin, tout simplement.
01:00 -Voilà.
01:01 Et lui, il faisait pas de judo, il faisait du triple saut.
01:04 Et il vous a conseillé ?
01:06 -Forcément, quand j'étais jeune, au début de ma jeune carrière,
01:11 j'avais besoin de conseils.
01:12 C'est pas facile, quand on arrive, c'est un milieu compliqué.
01:16 Et Teddy était là pour me donner des conseils et m'aiguiller.
01:19 Ca m'a beaucoup aidée.
01:20 -Quand vous étiez jeune, vous êtes pas très âgée, Romane,
01:24 vous avez 23 ans, quand même.
01:26 Voilà. En préparant notre discussion...
01:28 -Vous commencez tôt. -Justement.
01:30 En préparant notre discussion, j'ai découvert
01:32 votre trajectoire fulgurante. A 13 ans, vous commencez le judo,
01:36 et je vous cite comme une blague. On est en 2012,
01:39 vous avez 13 ans, et vous faites votre premier cours.
01:42 Je vais saluer le club, c'est le Randory Club de Villeneuve-le-Roi,
01:45 c'est en région parisienne, Val-de-Marne, si je suis bon.
01:48 Là, le coach vous met directement chez les adultes
01:51 en raison de votre gabarit.
01:53 Vous racontez la suite, c'est sur une interview
01:56 que j'ai trouvée sur le site Abloc,
01:58 réalisée par Sophie Danger, je salue.
02:00 Je vous cite, vous racontez.
02:02 "Je suis allé dans le cours adulte,
02:04 "et mon premier coach m'a dit tout de suite
02:06 "qu'il fallait qu'il rencontre mes parents
02:09 "car il pensait qu'il y avait quelque chose à faire avec moi."
02:12 Romane, vous racontez ce qui s'est passé
02:14 dans ce premier cours avec les adultes,
02:17 pour que votre coach dise qu'il faut absolument que je voie.
02:20 Racontez-nous.
02:21 -Bah, écoutez, j'avais 13 ans,
02:23 donc j'étais déjà très grande pour mon âge,
02:25 et je pense que c'est mon gabarit surtout qui l'a surpris.
02:29 Frédéric Occari m'a dit tout de suite
02:31 "Romane, il faut faire un truc avec toi
02:33 "car tu as le corps pour faire du haut niveau."
02:36 À l'époque, il était sparring-partner de David Douillet,
02:39 donc il avait déjà vu les gabarits cheap.
02:41 Quand il m'a vu, il m'a dit "le haut niveau, c'est pour toi."
02:44 -Vous avez posé vos mains de manière un peu naturelle ?
02:47 Il y avait quelque chose de l'ordre du don ?
02:50 -J'étais nulle au début, on va pas se le mentir,
02:52 mais c'est vrai que physiquement,
02:54 je compensais beaucoup parce que j'étais très grande,
02:57 j'avais beaucoup de force,
02:59 donc la technique était compensée par le physique,
03:02 et tout de suite, ça m'a beaucoup plu de me dire
03:04 que c'était un sport de combat, et je pense que j'étais une combattante.
03:08 -Vous mesurez 1,80 m, à 13 ans, vous faisiez combien ?
03:11 -75, au moins, déjà, je pense, j'ai grandi très vite.
03:14 -Alors, trajectoire fulgurante,
03:16 puisque vous allez devenir championne de France à 17 ans,
03:19 alors que vous n'êtes pas encore ceinture noire,
03:22 et seulement 5 ans de judo derrière vous.
03:24 Ascension Express, mais pas sans réelle difficulté,
03:27 puisque nous sommes en février 2017,
03:29 donc on est 5 ou 6 ans avant, le temps passe,
03:32 vous faites le tournoi de Paris, et mon petit doigt m'a dit
03:35 que vous aviez mal vécu ce premier tournoi de Paris en 2017,
03:38 est-ce que c'est vrai ou c'est faux ? Expliquez-nous.
03:41 -C'est vrai que c'est un peu compliqué pour moi
03:43 parce qu'on me comparait à l'autre Teddy, à M. Riner,
03:46 et quand j'avais 17 ans, j'étais pas prête pour ça,
03:49 j'avais pas les épaules, et j'arrivais dans le circuit
03:52 à 17 ans, tout allait très vite au début,
03:54 et je pense que j'ai pas supporté cette pression, ce stress,
03:58 et j'ai mal vécu Paris, mais après, les années plus tard,
04:01 j'ai grandi, j'ai appris à gérer cette pression,
04:03 et aujourd'hui, je l'adjire beaucoup mieux.
04:06 -Je vais préciser, parce que ce que j'ai appris,
04:08 mon petit doigt m'a dit également qu'après ce tournoi de Paris,
04:12 vous avez tout de suite consulté, je sais pas si c'est un prépa
04:15 psychologique ou psychologue, je sais pas comment,
04:18 mais c'est un préparateur mental.
04:20 Donc, vous me le confirmez.
04:22 C'était quoi la teneur de vos discussions,
04:24 et finalement, qu'est-ce que vous avez conservé
04:27 de cette discussion aujourd'hui ?
04:29 -J'ai conservé beaucoup de choses.
04:31 C'est vrai que c'était une méthode de concentration.
04:34 Souvent, on néglige la partie mentale,
04:36 alors que c'est hyper important pour moi,
04:38 autant que le physique, la technique, la tactique.
04:41 C'est vrai qu'à l'époque, mon entraîneur m'avait dit
04:44 "Romane, tu es très forte, mais il faut que tu gères
04:47 "ce que la préparation mentale est obligatoire dans le haut niveau."
04:50 C'est vrai que c'est des mots-clés qu'on apprend,
04:53 c'est des techniques qu'on va pas bien se recentrer sur soi-même.
04:57 Tout ça dépend vraiment de mon besoin à l'instant T.
04:59 -Donc, c'est quelque chose qui est systématique
05:02 un peu dans votre sport, parce que souvent,
05:04 on fait des débats sur le foot, et d'aller consulter
05:07 un prépa mental, on a l'impression que les gens veulent pas,
05:10 parce que c'est considéré, "Je suis pas fou."
05:13 Vous aviez aussi ce genre de réaction ou pas du tout ?
05:17 -Pas du tout, parce que c'est vrai que, dès le début,
05:19 pour moi, c'était pas un tabou d'aller voir
05:21 un préparateur mental ou un psychologue,
05:24 parce que souvent, on pense qu'on a un problème,
05:26 alors que pas du tout, des fois, tout va bien,
05:29 mais c'est important de garder cette rigueur,
05:31 parce que c'est de l'entraînement.
05:33 On entraîne le corps, le physique, le cerveau et le mental.
05:37 -Et la dernière consultation, c'était récent ou non ?
05:39 -Si, j'en suis encore, forcément.
05:41 Ca dépend des périodes.
05:43 Il y a des moments où j'en vois plus souvent,
05:45 toutes les semaines, toutes les deux semaines.
05:48 Ca dépend de mon besoin. Et là, c'était il y a deux semaines.
05:51 -Votre carrière est fulgurante, mais extrêmement dense.
05:54 En 10 ans de judo, vous avez connu des succès,
05:57 des défaites, c'est normal, c'est le sport de judo,
06:00 mais il y a deux blessures graves à l'épaule et au genou.
06:03 Conséquence, il y a deux championnats du monde
06:05 que vous avez pas faits en 2008-2019.
06:07 Et c'est là où revient le cousin Teddy Tango.
06:10 Teddy Tango, c'est votre cousin.
06:12 Il a une carrière de très haut niveau,
06:14 mais il paraît qu'il vous a conseillé
06:16 dans ses moments clés et il a été assez cash.
06:19 Alors, moi, d'après ce que j'ai lu,
06:21 j'en déduis ce qu'il a pu vous dire.
06:23 Je vais jouer votre cousin, si vous permettez.
06:25 On dirait que vous n'avez plus le choix.
06:27 -Je vous en prie. -Voilà.
06:29 Vous êtes au fond du baco, vous êtes blessé.
06:32 Est-ce qu'il vous a dit ça ? "Romane, calme-toi.
06:34 "Tu vas te faire opérer, tu vas louper les mondiaux,
06:37 "mais t'inquiète pas, t'es jeune, t'en feras d'autres.
06:40 "T'inquiète pas sur toi. Concentre-toi.
06:43 "Concentre-toi sur toi seul et arrête de regarder les autres.
06:46 "Et arrête de regarder tes coéquipières de l'INSEP.
06:49 "Trace ton chemin et surtout trace ton propre chemin."
06:52 Est-ce que c'est à peu chose près
06:54 sur ces choses-là qu'il a appuyé, Teddy ?
06:56 -Très belle imitation, vraiment, j'applaudis.
06:59 Rires
07:00 Non, c'est vrai que c'était...
07:02 C'était vraiment compliqué parce que j'étais jeune, en fait,
07:05 et j'ai parti me mettre très tôt.
07:07 Je voulais tout vite, gagner les mondes,
07:10 tout vite préparer, mais mon corps n'a pas suivi.
07:12 Teddy a eu beaucoup de blessures dans sa carrière, malheureusement.
07:16 Pendant ces moments-là, ces années d'arrêt,
07:18 il m'a beaucoup aidée pour me dire, Romane,
07:21 t'es jeune, tu as le temps, tu veux tout avoir vite,
07:24 mais quand ton corps dit "stop", il faut savoir l'écouter.
07:27 T'as de belles années devant toi à avoir dans le judo,
07:30 donc prends le temps de t'opérer, refais-toi un bon corps.
07:33 -Sans Teddy Tango,
07:35 est-ce que vous seriez encore judocate, aujourd'hui ?
07:38 -Je pense que je serais judocate,
07:39 mais pas la judocate que je suis aujourd'hui,
07:42 parce que Teddy m'a beaucoup aidée.
07:44 Depuis mes débuts, il est là, il s'occupe de mes préparations.
07:47 Teddy est un point-clé de ma carrière.
07:50 -Merci de votre réponse, je fais toujours la faute,
07:52 je dis "judocate", et vous dites "judocat".
07:55 -Oui, on dit "judocat".
07:56 -C'est bien sur les doigts. Merci beaucoup, ça fait mal.
08:00 A propos de Teddy, j'ai eu l'autre soir dans l'équipe du soir,
08:03 c'était lundi, on a été d'Iriner, lui aussi,
08:06 du tournoi de Paris. Je lui ai demandé
08:08 "C'est les objectifs ?"
08:09 Il me dit "Oui, les objectifs, pour moi, c'est la victoire",
08:12 mais il a précisé, c'est important pour lui,
08:15 de savoir où il en est dans son judo.
08:17 Est-ce que pour vous, c'est pareil ou différent ?
08:20 Je vous laisse la main.
08:21 -Forcément, les objectifs, c'est les mêmes, c'est de gagner.
08:25 On est à la maison, on est à Paris,
08:27 devant notre public, donc on veut la victoire.
08:30 Après, on va dire qu'après les Championnats du monde,
08:33 c'est plus pour confirmer ma position de leader de la catégorie.
08:36 Je suis numéro 1 mondial,
08:38 donc j'ai à coeur d'enfoncer le clou,
08:40 de rester leader de ma catégorie,
08:42 et un an après les JO, de marquer son territoire.
08:44 -C'est pas un facteur de stress ?
08:46 Vous avez dit à votre préparatrice mentale, la psy,
08:49 de supporter la pression ?
08:51 Ca, c'est réglé ?
08:52 -C'est réglé, je suis devenue plus forte mentalement,
08:55 mais je sais que j'ai des objectifs,
08:57 et je vais tout faire pour y arriver.
08:59 -On sera devant notre poste, dimanche,
09:02 c'est le tournoi de Paris,
09:03 avec, on le souhaite, une deuxième victoire dans cette épreuve.
09:07 La conversation était magnifique, on croise les doigts,
09:10 on vous dit "merde", et on vous dit "allez au lit,
09:12 "vous avez besoin de vous reposer,
09:14 "il y en a qui vous attendent."

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