- Grand témoin : Louise Aubery « MyBetterSelf », influenceuse et autrice de « Miroir miroir : dis-moi ce que je vaux vraiment » (Editions Leduc)
LE GRAND DÉBAT / Influenceurs : une loi pour mettre fin aux arnaques sur les réseaux sociaux ?
« Le chrono de Blako » par Stéphane Blakowski
Les influenceurs ont la côte, à tel point que le sujet a atteint le palais Bourbon. À travers une proposition de loi transpartisane, le socialiste Arthur Delaporte et le député de la majorité Stéphane Vojetta souhaitent réguler le marché de l'influence. Entre interdiction de promotion sur les réseaux sociaux de produits médicaux et définition dans la loi du statut d'influenceur, les députés étudieront le texte lors de la niche parlementaire réservée aux socialistes le 9 février 2023. En parallèle, le Ministère de l'Economie a lancé en janvier une consultation publique sur le sujet. Le rappeur Booba les appelle les « influvoleurs » ; Magali Berdah, l'agente d'influenceurs, se défend. Faut-il forcément passer par une loi pour éviter les dérives sur les réseaux sociaux ?
Invités :
- Magali Berdah, fondatrice de « Shauna Events »
- Stéphane Vojetta, député Renaissance des Français établis hors de France
- Arthur Delaporte, député PS du Calvados
- Aurélie Siou, directrice influence, communication et relations publiques de « Cision France » et enseignante MBADMB de l'EFAP
LE GRAND ENTRETIEN / Louise Aubery « MyBetterSelf » : ma conception du féminisme
À travers « Miroir miroir : dis-moi ce que je vaux vraiment » (Editions Leduc), Louise Aubery raconte sa propre histoire, ses traumatismes quotidiens et sa charge mentale pour pousser les femmes à s'émanciper des diktats du patriarcat. Prêtresse du « body positive », elle en est convaincue : « le corps est un instrument, pas un ornement ».
- Grand témoin : Louise Aubery « MyBetterSelf », influenceuse et auteur de « Miroir miroir : dis-moi ce que je vaux vraiment » (Editions Leduc)
BOURBON EXPRESS : Elsa Mondin-Gava, journaliste à LCP
LES AFFRANCHIS :
- Mariette Darrigrand, sémiologue
- Bertrand Périer, avocat
Ça vous regarde, votre rendez-vous quotidien qui prend le pouls de la société : un débat, animé par Myriam Encaoua, en prise directe avec l'actualité politique, parlementaire, sociale ou économique.
Un carrefour d'opinions où ministres, députés, élus locaux, experts et personnalités de la société civile font entendre leur voix.
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LE GRAND DÉBAT / Influenceurs : une loi pour mettre fin aux arnaques sur les réseaux sociaux ?
« Le chrono de Blako » par Stéphane Blakowski
Les influenceurs ont la côte, à tel point que le sujet a atteint le palais Bourbon. À travers une proposition de loi transpartisane, le socialiste Arthur Delaporte et le député de la majorité Stéphane Vojetta souhaitent réguler le marché de l'influence. Entre interdiction de promotion sur les réseaux sociaux de produits médicaux et définition dans la loi du statut d'influenceur, les députés étudieront le texte lors de la niche parlementaire réservée aux socialistes le 9 février 2023. En parallèle, le Ministère de l'Economie a lancé en janvier une consultation publique sur le sujet. Le rappeur Booba les appelle les « influvoleurs » ; Magali Berdah, l'agente d'influenceurs, se défend. Faut-il forcément passer par une loi pour éviter les dérives sur les réseaux sociaux ?
Invités :
- Magali Berdah, fondatrice de « Shauna Events »
- Stéphane Vojetta, député Renaissance des Français établis hors de France
- Arthur Delaporte, député PS du Calvados
- Aurélie Siou, directrice influence, communication et relations publiques de « Cision France » et enseignante MBADMB de l'EFAP
LE GRAND ENTRETIEN / Louise Aubery « MyBetterSelf » : ma conception du féminisme
À travers « Miroir miroir : dis-moi ce que je vaux vraiment » (Editions Leduc), Louise Aubery raconte sa propre histoire, ses traumatismes quotidiens et sa charge mentale pour pousser les femmes à s'émanciper des diktats du patriarcat. Prêtresse du « body positive », elle en est convaincue : « le corps est un instrument, pas un ornement ».
- Grand témoin : Louise Aubery « MyBetterSelf », influenceuse et auteur de « Miroir miroir : dis-moi ce que je vaux vraiment » (Editions Leduc)
BOURBON EXPRESS : Elsa Mondin-Gava, journaliste à LCP
LES AFFRANCHIS :
- Mariette Darrigrand, sémiologue
- Bertrand Périer, avocat
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NewsTranscription
00:00 (Générique)
00:06 -Bonsoir et bienvenue dans "Ça vous regarde",
00:08 une émission sur le poids des influenceurs.
00:10 Ce soir, avec notre grand témoin, la féministe Louise Obery.
00:14 -Bonsoir. -Bonsoir.
00:15 -Alias "My better self" sur les réseaux.
00:17 Vous avez 25 ans, 700 000 followers,
00:19 et un message que vous répétez en permanence,
00:22 "Soyez vous-même, libérez-vous des injonctions,
00:25 "assumez-vous sans phare."
00:27 On va en parler toutes les deux tout à l'heure,
00:30 mais on va commencer avec la phase plus sombre des réseaux,
00:33 les dérives des influenceurs.
00:35 Certains les appellent les "influx voleurs".
00:38 Placement de produits, machine à cash,
00:40 dropshipping, jusqu'où peut-on monnayer son influence
00:44 sur les réseaux sociaux ?
00:45 Les députés s'emparent du sujet à l'Assemblée.
00:48 C'est notre grand débat avec nos invités,
00:50 avant de retrouver à 20h15 nos affranchis
00:53 et leur parti pris.
00:54 Bourbon expresse l'histoire du jour à l'Assemblée.
00:57 Vous êtes prêtes ? -Je suis prête.
00:59 -On y va.
01:00 Musique rythmée
01:01 ...
01:12 Qui aurait pu imaginer qu'ils allaient générer
01:14 un si gros business ?
01:16 On va débattre des influenceurs ce soir.
01:19 Et comme toujours, il y a du bon et du mauvais.
01:21 Les députés ont décidé de faire tous ensemble le ménage,
01:25 de poser des règles, un cadre juridique,
01:27 et pour une fois, ils sont tous d'accord pour le faire.
01:30 Bonsoir, Arthur Delaporte. -Bonsoir.
01:32 -Vous êtes député socialiste du Calvados
01:35 et vous êtes le coauteur d'une proposition de loi
01:38 adoptée cette semaine à l'unanimité à l'Assemblée nationale,
01:41 proposition pour réguler ce métier d'influenceur,
01:44 dont vous êtes également à l'initiative,
01:46 une fois n'est pas coutume, Stéphane Vogeta.
01:49 Vous êtes député Renaissance,
01:51 des Français qui habitent en Espagne,
01:54 et au Portugal, et vous avez fait conférence de presse commune,
01:57 on vous a mis à côté majorité et opposition.
02:00 Voilà, c'est assez rare pour être souligné.
02:02 Bonsoir, Magali Berda. -Bonsoir.
02:04 -Merci d'avoir accepté notre invitation.
02:07 Vous êtes souvent présentée comme la patronne,
02:09 la papesse des influenceurs.
02:12 Vous dirigez l'agence Shona Events,
02:15 qui fait beaucoup, beaucoup couler d'encre.
02:18 40 millions de chiffres d'affaires, ça, c'était 2020.
02:21 Un portefeuille d'une centaine d'influenceurs,
02:24 qui sont venus d'un téléréalité,
02:25 et vous faites l'objet d'un cyberharcèlement,
02:28 d'une violence inouïe, cyberharcèlement massif,
02:31 initié par le rappeur Booba, on va en parler tout à l'heure.
02:34 Bonsoir, Aurélie Sioux. -Bonsoir.
02:36 -Vous êtes experte des réseaux sociaux,
02:38 directrice Influence et Communication de Cision France.
02:41 Voilà pour la présentation.
02:43 Louise Oberé, évidemment, votre regard nous intéresse.
02:46 N'hésitez pas à intervenir.
02:47 On va commencer par le billet de Stéphane Blakowski,
02:50 comme chaque soir. On connaît Nabila et ses placements,
02:53 et beaucoup d'autres influenceurs dérivent de 100 en seconde.
02:56 Pour nous raconter tout cela, c'est le chrono de Blakowski.
03:00 (Bruit de clavier)
03:01 On se retourne, comme chaque soir, pour vous accueillir.
03:04 Stéphane, bonsoir. -Bonsoir à toutes,
03:06 bonsoir à tous. -Quel regard vous portez
03:09 sur ce monde-là ? -Il faut bien reconnaître
03:11 qu'aujourd'hui, la télévision, c'est plutôt un truc de vieux.
03:14 L'âge moyen du public de Arte France 5,
03:17 c'est un peu notre cible, 63 ans.
03:19 Il n'y a pas de raison que notre public soit plus jeune.
03:23 En revanche, les jeunes, pas du tout.
03:25 Ils ont d'autres manières. Les sondages nous en parlent.
03:28 Ils s'informent majoritairement sur les réseaux sociaux,
03:31 sur Internet. Il y en a à peine un quart qui regarde des JT.
03:34 Quant au fait de lire la presse, on voit bien
03:36 que ce n'est pas tout à fait leur truc.
03:39 Forcément, ça change un peu ce qu'ils ont en tête,
03:41 puisqu'ils s'informent différemment de nous.
03:44 On arrive à des moments où les croyances sont assez répandues
03:47 chez les moins de 25 ans. Un tiers pensent que les vaccins
03:51 et le réchauffement climatique n'ont pas de liens
03:53 avec l'activité humaine.
03:55 On a quand même un petit 20 % pour les pyramides
03:58 construites par des extraterrestres.
04:00 Quant à l'idée que la Terre est plate,
04:02 plus de 15 % pensent que c'est une hypothèse.
04:05 Alors, nous, sur LCP, en tant qu'amoureux de la connaissance,
04:08 on est un peu consternés.
04:10 Il y a une autre manière de voir les choses.
04:12 Mettons que vous soyez homme d'affaires
04:15 ou femme d'affaires. Les jeunes doivent croire n'importe quoi.
04:18 Vous allez pouvoir leur vendre n'importe quoi.
04:21 Mais évidemment... On va prendre un exemple.
04:23 Vous connaissez Nabila, je dis ça pour notre public.
04:26 Vous vous souvenez ? Souvenez-vous.
04:28 En 2018, elle nous donnait des conseils
04:31 pour investir dans la crypto-monnaie, le bitcoin.
04:34 On écoute.
04:35 -Même si vous y connaissez rien,
04:37 ça vous permet de gagner de l'argent sans investir beaucoup.
04:40 J'ai dû mettre à peu près 1 000 euros.
04:43 J'ai déjà gagné 800 euros.
04:45 C'est vraiment sûr, c'est vraiment cool.
04:47 Si ça vous intéresse, vous pouvez y aller les yeux fermés.
04:50 -Les yeux fermés.
04:52 C'est d'ailleurs ce qu'a fait Elon Musk,
04:54 qui n'a pas du tout à le regretter,
04:56 puisqu'il a juste perdu 140 millions dans l'affaire.
04:59 Pour Nabila, elle a quand même été condamnée
05:02 à 20 000 euros pour publicité mensongère.
05:04 On ne va pas résumer les influenceurs à ces quelques dérives.
05:08 C'est un secteur qui joue un rôle important dans l'économie.
05:11 On va prendre une belle histoire.
05:13 Une marque qui s'appelle Jennifer,
05:15 qui était en perte de visage, en train de devenir ringarde,
05:18 une équipe s'est installée.
05:20 Si on veut parler aux jeunes, ça passe par les influenceurs.
05:23 Ils ont choisi cette jeune femme, Lena Situation,
05:26 comme égérie, et ça a fait redémarrer la marque.
05:29 Je sais que nous avons de grands lecteurs parmi Néo.
05:32 Quand elle a publié son livre, Lena Situation,
05:35 au classement, elle était devant Marc Lévy,
05:37 devant Guillaume Musso.
05:39 Vous voyez qu'il y a une très grosse influence.
05:42 On en a parlé aussi, ce qui fait que le débat
05:44 arrive à la ligne des journaux,
05:46 c'est qu'il y a eu une grosse polémique
05:49 lancée par quelqu'un que vous connaissez,
05:51 quelqu'un qui est du 9-2, un mauvais garçon,
05:54 il s'appelle Bouba.
05:55 Au cas où tout le monde ne connaît pas Bouba,
05:58 c'est un peu Johnny Duraf,
05:59 un gars qui remplit le stade de France.
06:02 Quand il dit un truc,
06:03 ça a un gros impact sur la jeunesse et sur le public.
06:06 Il s'est engagé dans une polémique avec Magali Berda,
06:09 en l'accusant de soutenir des influenceurs peu scrupuleux.
06:13 J'imagine qu'on va en parler juste avant le débat.
06:16 Je ne veux pas entendre "oui, mais vous savez,
06:18 "la majorité des influenceurs sont des gens honnêtes".
06:22 Non, la majorité ne sont pas honnêtes.
06:24 Pourquoi ? Parce que la direction générale
06:26 d'Effraud a mené une enquête cette année
06:29 et que 60 % des influenceurs visés par cette enquête
06:32 étaient en anomalie, notamment sur le respect des règles
06:35 vis-à-vis des jeunes.
06:37 Je comprends que Bruno Le Maire, notre shérif,
06:39 décide de mettre un peu d'ordre dans ce Far West.
06:42 Si vous pouvez l'aider, tant mieux.
06:44 -Les députés l'aideront sans doute.
06:47 Merci pour ce billet piquant, mordant, comme chaque soir.
06:50 Je vous propose une chose.
06:52 On va venir sur les dérives, mais je voudrais parler
06:55 de ce qui vous arrive.
06:56 Est-ce toujours le cauchemar ?
06:58 Vous êtes toujours soumise à ce cyberharcèlement
07:01 initié par Booba ? -Déjà.
07:03 -Ca ne s'est pas calmé ? -Non.
07:04 -Il faut expliquer ce qui s'est passé.
07:07 Le rappeur Booba vous a ciblé directement
07:09 et a envoyé sa communauté...
07:11 -C'est ça. Ca a duré pendant un mois et demi
07:14 sur mon physique, sur ma famille, sur ma religion, sur ma fille.
07:17 J'ai déposé une plainte, une enquête a été ouverte.
07:20 -Il y a eu des arrestations ? -23 arrestations en tout.
07:23 L'enquête est encore en cours.
07:25 Ca a placé ce dossier dans un cadre de cyberharcèlement
07:29 assez violent.
07:30 -Vous avez dû même déménager, je crois,
07:33 vos bureaux, votre domicile privé.
07:35 -On m'a humiliée tous les jours.
07:37 Et en fait, un mois et demi après,
07:41 quand il a su qu'il y avait une enquête ouverte
07:44 contre lui pour cyberharcèlement aggravé,
07:46 eh bien, il a cherché des failles.
07:48 Les failles, c'était de parler de la téléralité,
07:51 ça n'a pas pris, après, parler d'autre chose,
07:54 puis parler d'emplacement de produits.
07:56 Quand il a vu que ça a pris,
07:58 il s'est enfoncé là-dedans en faisant un appel à témoignage,
08:01 mais sans demander de précision.
08:03 Il a dit que si vous avez été victime d'un flux en surf,
08:06 d'un flux voleur, écrivez-moi,
08:09 mais sans que les gens précisent,
08:10 est-ce que ça dépend de ma galiberda ou pas ?
08:13 Donc, voilà.
08:14 -Alors, parce que c'est pas le sujet de notre débat,
08:17 mais j'aimerais vraiment...
08:19 Vous avez fait voir des plaintes,
08:21 c'est vraiment des injures, et même des menaces de mort,
08:24 des appels au viol, c'est vraiment totalement inacceptable.
08:27 Sur ce point-là, il y a pas d'autre discussion ?
08:30 Vous condamnez ?
08:31 -On a eu l'occasion d'en parler, mercredi dernier,
08:34 dans la commission des affaires économiques,
08:37 et on a demandé "qu'est-ce que vous pensez de cette affaire ?"
08:40 Nous, on est absolument clairs.
08:42 Déjà, la première chose, c'est que personne, personne,
08:45 ne mérite, ne doit être cyberharcelé.
08:47 Aujourd'hui, ma galiberda,
08:49 mais aussi beaucoup d'influenceurs et surtout d'influenceuses
08:53 font l'objet de cyberharcèlement.
08:55 Ca n'est pas acceptable, mais ça, on le condamne, évidemment,
08:58 pour ce que vous subissez, ce que vous vivez,
09:01 mais on le condamne aussi dans l'absolu et de manière générale.
09:05 -Qu'est-ce que nous souhaitons dire ?
09:07 -J'ajouterais volontiers qu'effectivement,
09:09 et moi-même, j'ai mentionné à quelques reprises
09:12 le nom de Bouba au cours de cette instruction,
09:14 on va dire, de ce processus législatif,
09:17 et je le reconnais et je l'assume,
09:18 mais j'ai mentionné le nom de Bouba
09:20 comme celui d'un lanceur d'alerte.
09:22 C'est un lanceur d'alerte qui m'a alerté sur le sujet,
09:25 qui m'a incité à me pencher sur le sujet,
09:28 à écouter des victimes.
09:29 Certaines de ces victimes ou représentants de victimes
09:32 ont été liées à ce que leur nom ne soit pas révélé,
09:35 parce que ces mêmes victimes sont sujettes à des pressions,
09:38 à des menaces de violence, et je crois qu'il faut
09:41 lancer un appel collectif à ce que tout le monde,
09:44 pendant ce processus, où on va tous faire un effort
09:46 pour travailler de manière sereine,
09:48 pour mettre des règles du jeu sur ce sujet,
09:51 tout le monde essaye de calmer les esprits
09:53 et d'arrêter de mettre fin aux intimidations.
09:56 -On peut lancer une alerte sur un sujet précis,
09:58 mais de là à ce que des numéros privés
10:01 se retrouvent sur les réseaux, il y a une nuance.
10:03 Ceci étant posé, Magali Berda,
10:05 on voudrait comprendre comment fonctionne votre business.
10:08 Vous êtes une pionnière.
10:10 Comment fonctionne votre agence ?
10:12 Vous mettez en relation des marques avec des influenceurs ?
10:15 -On reçoit des demandes de partenariat,
10:17 on les traite, on valide les sites, on les regarde,
10:20 on regarde si l'objet du site est légal,
10:22 on regarde comment est fait le site,
10:25 et une fois validé, on le propose à l'influenceur.
10:27 L'influenceur reçoit une demande de partenariat,
10:30 il doit demander d'abord de recevoir le produit,
10:33 et il nous dit oui ou non.
10:34 Donc, il valide lui-même son placement de produit,
10:37 c'est-à-dire qu'on n'a aucune obligation.
10:40 On ne peut pas obliger un influenceur
10:42 à faire un poste qu'il ne veut pas.
10:44 -Il y a un tarif ?
10:45 Comment vous décidez des prix à payer pour une vidéo
10:48 en fonction de l'influenceur ?
10:50 -En fonction de l'influenceur, c'est très varié.
10:53 Aujourd'hui, le nombre de followers ne veut plus rien dire.
10:56 Ce qu'on parle, c'est en taux d'engagement,
10:59 c'est la qualité de l'influenceur.
11:01 Des influenceurs ont 100 000 ou 200 000 abonnés,
11:03 qui sont plus vendeurs que certains qui ont 1 million.
11:06 Aujourd'hui, il n'y a plus de règle à ce niveau-là.
11:09 Le prix se fait en fonction de la valeur de l'influenceur.
11:12 -10 000 euros pour la vidéo éphémère de 24 heures de Nabila,
11:16 c'est le maximum ?
11:17 C'est sorti, ce chiffre ?
11:18 -Je n'ai pas vu où est sortie cette vidéo.
11:21 Désolée. -Ca peut aller...
11:23 -Pour avoir des ordres de grandeur.
11:25 -J'ai un contrat de confidentialité,
11:27 donc je ne peux pas dévoiler ces tarifs,
11:29 mais ça peut aller à plusieurs milliers d'euros,
11:32 comme ça peut être quelques centaines d'euros,
11:34 mais ça reste très accessible par rapport à la télévision.
11:37 Aujourd'hui, une pub à la télé,
11:39 quand vous voulez toucher 1,5 million de personnes,
11:42 vous payez 50 000 ou 70 000 euros,
11:44 ce qui n'est pas accessible aux petites entreprises.
11:47 -Vous travaillez principalement
11:49 avec des influenceurs venus de la télé-réalité ?
11:51 -C'est l'étiquette qu'on m'a donnée,
11:53 que j'ai voulu prendre, que j'ai acceptée,
11:56 mais déjà, on a plusieurs structures,
11:58 on a Sean Evans, et puis on a plusieurs filiales
12:01 qui ne représentent pas forcément des candidats de télé-réalité,
12:04 on a un peu de tout, sauf que je suis très proche
12:07 de mes candidats de télé-réalité, et on a créé des liens,
12:10 et j'ai été animatrice d'une émission de télé-réalité.
12:13 -Ca a été racheté, vous dirigez Sean Evans,
12:15 mais qui maintenant fait partie du groupe Band-Aid.
12:18 -J'ai vendu Sean Evans en 2018,
12:20 100 % des parts, je suis restée directrice commerciale,
12:25 et j'ai racheté Sean Evans il y a un mois.
12:27 -Donc, et donc Band-Aid, c'est toujours...
12:29 -Non. -Non ? C'est fini ?
12:31 -C'est fini, je leur ai racheté leur part.
12:33 -Vous êtes sortie de l'écosystème qu'on fait,
12:36 il faut expliquer ça aux gens,
12:37 Band-Aid, c'est la télé-réalité, les anges de la réalité...
12:41 -C'est les Marseillais. -Pardon, les Marseillais.
12:43 Et c'est Anouna aussi, TPMP. -C'est beaucoup de production,
12:47 il y a aussi Nagui, Alexia Laroche-Joubert.
12:49 -Il y a une forme d'écosystème qui s'entretient
12:52 entre les stars de la télé-réalité
12:54 et ensuite deviennent influenceurs. -C'est indépendant.
12:57 Quand j'étais banilier,
12:59 chaque production était complètement indépendante
13:02 de chacune, et c'est vraiment leur valeur.
13:04 Voilà, bon.
13:05 Aurélie Sioux, pour bien comprendre,
13:07 c'est un secteur en plein boom,
13:09 est-ce que quand on est influenceur,
13:11 au sens large, on monneille forcément son influence ou pas ?
13:15 -Pas du tout. En fait, il faut savoir
13:17 que le marché de l'influence,
13:19 c'est un marché qui est protéiforme,
13:24 et il faut distinguer deux influences,
13:26 pour commencer, l'influence qui est effectivement
13:29 modétisée, qu'on peut appeler influence commerciale,
13:32 mercantile, qui est un business,
13:34 et de l'autre côté,
13:35 qui représente 1 % du marché de l'influence,
13:38 et ensuite les 99 % restants,
13:41 qui est une influence qui est organique,
13:44 naturelle.
13:45 Les temporalités sont très différentes.
13:48 La temporalité est beaucoup plus longue
13:50 sur l'influence organique. -Par exemple ?
13:53 -Euh... -Des exemples d'influence...
13:57 Très, très gros influenceurs,
13:59 qui ne seraient pas non-mercantiles,
14:01 sans placement de produits.
14:03 -Il y en a énormément,
14:04 parce qu'il y a énormément de typologies d'influenceurs,
14:08 mais en termes de... -Hugo Clément, par exemple.
14:11 -Hugo Clément, on peut parler d'Hugo Décrypte,
14:14 voilà, on peut aussi parler de chefs d'entreprise...
14:17 -Pas de placement de produits. -Hugo Décrypte fait
14:19 des collaborations, mais c'est pas le même type,
14:22 et d'ailleurs, ce que je trouve,
14:24 on n'entend pas assez sur les plateaux,
14:26 c'est que c'est très bien de mettre l'accent
14:29 sur les dérives qui existent dans l'influence,
14:32 mais pour pas mal de personnes qui ne maîtrisent pas
14:35 les appositions de ce secteur, ça donne l'impression
14:38 qu'influence = escroquerie.
14:39 Non, escroquerie !
14:41 C'est pas le problème, c'est le cas des plateaux télé,
14:44 des médias, de toutes les entreprises
14:46 qui cherchent à développer leur entreprise,
14:49 et ça, on peut pas leur reprocher,
14:51 mais par contre, ce côté escroquerie,
14:53 je pense que c'est aujourd'hui...
14:55 On met l'accent uniquement là-dessus,
14:57 sans préciser que Hugo, son but, c'est d'informer les gens.
15:00 Camille Étienne, qui est une activiste
15:03 qui a quand même permis l'interdiction
15:05 de l'exploitation des fonds marins,
15:07 elle l'a fait grâce à l'influence.
15:09 -L'influence et l'argent, c'est pas forcément lié.
15:12 On veut avoir beaucoup d'influence.
15:14 -C'est pas tellement influence et argent la différence.
15:17 C'est pas un problème de vouloir gagner de l'argent.
15:21 -Le problème, c'est d'escroquer.
15:22 -Tout le monde n'a pas de son influence à un métier.
15:25 Arthur Delaporte.
15:27 C'est le Far West, aujourd'hui, ce métier ?
15:29 -C'est la loi de la jungle.
15:31 Il y a très peu de réglementation,
15:33 c'est beaucoup d'auto-régulation,
15:35 c'est-à-dire qu'il y a des règles fixées
15:37 par l'autorité de régulation de la publicité,
15:40 mais elles sont pas forcément partagées.
15:42 -Exemple. Quand vous faites de la publicité,
15:45 vous êtes influenceur sur votre page Insta,
15:47 vous n'êtes pas obligé de dire que c'est de la publicité,
15:51 vous êtes obligé.
15:52 -Les règles du métier, normalement,
15:54 et dans les règles générales,
15:56 c'est de la publicité.
15:57 Mais ça doit être dans les hashtags.
15:59 -On est censé le mettre dans le hashtag sponsorisé
16:02 en début de...
16:03 Maintenant, on nous a signalé ça il y a très peu de temps.
16:07 On mettait le hashtag sponsorisé
16:08 au moment de mettre le code promo.
16:10 Il faut le mettre au début.
16:12 C'est comme les photos Instagram,
16:14 il faut le mettre en début de texte.
16:16 Il faut pas mettre #ad,
16:18 les influenceurs mettent #ad, ça fait plus discret.
16:20 Les Français ne comprennent pas ce que c'est,
16:23 donc il faut rester dans le hashtag.
16:25 -Ca, c'est de la réglementation interne
16:27 liée à l'ARPP ? -Non,
16:29 parce qu'il y a des condamnations de la DGCCRF.
16:31 -Voilà. On peut s'appuyer dessus,
16:33 mais c'est un règlement qui évolue,
16:35 mais qui n'est pas de nature législative.
16:38 Nous, on veut aller plus loin.
16:39 Comme vous le disiez, il faut recréer...
16:42 C'est pas de nature législative,
16:44 ce n'est pas la loi qui l'a déterminée.
16:46 -Le consommateur d'une promotion est rémunéré ?
16:48 -Ce que je dis, c'est que le niveau...
16:51 -La source de l'obligation.
16:52 -Est-ce que c'est ad, sponsorisé,
16:54 dans le premier ou le troisième hashtag ?
16:56 Par contre, nous, ce qu'on veut,
16:58 c'est faire en sorte, notamment dans la proposition de loi
17:02 que nous avons déposée et qui est amenée à devenir la règle,
17:05 c'est redonner de la confiance.
17:07 On ne dit pas que faire de l'argent, c'est mal,
17:09 c'est juste faire de l'argent de manière malhonnête
17:12 ou en abusant des gens.
17:14 -On va essayer d'expliquer
17:15 quels sont les dérives possibles,
17:18 et on va venir à vos propositions très concrètes.
17:20 On peut tout moneiller sur les réseaux sociaux.
17:23 Stéphane Vegetta, j'ai vu des influenceurs
17:25 moneiller l'eau de leur bain
17:27 ou les petites culottes qu'ils ont portées.
17:30 Tout le monde a vu ces vidéos, j'en suis sûre.
17:32 Il n'y a pas de règle pour empêcher ça ?
17:34 -J'ai pas vu ces storylines,
17:36 mais il n'y a pas de règle spécifique
17:38 qui s'applique au champ de l'influence,
17:41 de l'influence commerciale.
17:42 Je pense qu'effectivement, l'influence en ligne,
17:45 l'influence marketing, c'est un canal légitime
17:48 pour les annonceurs, les entreprises,
17:50 qui veulent donner une certaine publicité
17:52 à leurs produits et à leurs services.
17:54 Il y a la manière de laquelle cette influence s'exerce.
17:57 Et le fait que, comme le dit mon collègue Arthur Delaporte,
18:01 la régulation et la législation actuelles
18:03 sont insuffisantes, notamment parce qu'elles ne sont pas adaptées
18:07 à l'évolution d'un monde qui avance à toute vitesse.
18:10 Je vous rappelle ceci dit, que Mme Nabila avait été condamnée...
18:13 -20 000 euros, oui, pour la vidéo qu'on a vue.
18:16 -Aux codes de la consommation.
18:18 Défaut de publicité sur une campagne qui était sponsorisée,
18:21 mais sur laquelle il n'y avait pas de révélation
18:24 ou de transparence quant au caractère sponsorisé
18:26 de cette publication.
18:28 -On va venir à ce que vous proposez,
18:30 les dérives et ce qu'on appelle le dropshipping.
18:32 J'ai découvert ce mot personnellement.
18:35 Il y a aussi une question morale, en tout cas, une question de société.
18:39 -C'est le problème.
18:40 -Est-ce que c'est ça qu'on veut montrer
18:42 aux jeunes générations,
18:44 des femmes qui vivent à Dubaï,
18:46 souvent botoxées, qui vendent des produits de luxe ?
18:49 Est-ce que c'est pas aussi une question importante
18:52 de se dire qu'un modèle est véhiculé avec ça ?
18:54 -Si elles vivent à Dubaï,
18:56 ça relève même plus vraiment de la législation française.
18:59 -C'est une question morale que je vous pose.
19:02 -C'est un modèle que j'encourage.
19:04 Il est pas propre aux influenceurs.
19:06 Il y a des acteurs qui se barrent à Dubaï,
19:08 des hommes d'affaires qui sont des évadés fiscaux en Suisse.
19:12 Je trouve que la lumière qui est mise sur les influenceurs,
19:15 oui, elle est nécessaire.
19:16 Je trouve que là, c'est de l'acharnement.
19:19 Tout le monde est d'accord pour dire qu'il faut réguler
19:22 le système de l'influence.
19:23 -Il faut réguler une partie du marché de l'influence.
19:26 En fait, là, le débat tourne autour de l'influence marketing,
19:31 mais dans l'influence, il n'y a pas que l'influence marketing.
19:34 Il y a les affaires publiques, le lobbying,
19:37 les stratégies d'influence.
19:39 L'influence, c'est avant tout une méthodologie.
19:43 Le fait de mettre en place une stratégie d'influence
19:46 avec un message véhiculé, c'est pas qu'un messager, l'influence.
19:50 C'est d'abord un message.
19:51 On ne peut pas résumer l'influence à l'influenceur marketing.
19:55 -Sauf que là, on parle de dérive.
19:57 Sur la question morale,
19:58 parce qu'il s'agit aussi de dessiner une société,
20:01 et là, c'est peut-être pas forcément le législateur,
20:04 mais on est tous dans cette société.
20:06 -La moralité... Pardon, je vous ai coupé.
20:08 -Je suis assez surpris.
20:10 Notre enjeu, c'est pas de dire ce qui est moral ou pas,
20:13 quels doivent être les normes comportementales,
20:15 mais ce que je constate et ce que constatent
20:18 la plupart des experts, c'est que l'influence va véhiculer
20:21 des normes dites hypersexualisées, où il faut forcément avoir,
20:25 à ce que vous disiez, un corps botoxé.
20:27 Ca peut donner ce type de modèle à des jeunes.
20:30 Aujourd'hui, quand on va dans les classes,
20:32 moi, j'étais ce matin dans une classe de collège
20:35 et j'étais au cours de camp.
20:37 Quand on discute avec les jeunes, on voit à quel point
20:40 les stéréotypes, les modes de vie véhiculés
20:42 par les influenceurs peuvent générer des souhaits.
20:45 Après, c'est pas nouveau, c'est juste une évolution de la société.
20:49 -J'ai une question à vous poser.
20:51 Vous dites que vous êtes complètement adepte
20:53 de la communauté de Booba, puisque vous êtes pirate,
20:56 c'est marqué dans votre bio, la communauté de Booba,
20:59 qui est à mes trousses avec plus de 100 000 menaces de mort.
21:03 Vous faites partie de cette communauté, ouvertement.
21:05 Vous préférez, en termes d'exemples,
21:08 moralité, adhérer aux paroles des chansons de Booba
21:10 qui sont sexistes et ignobles,
21:12 qui encouragent la haine, la violence et le meurtre,
21:15 ou préférez une personne comme moi, qui vous a jamais rien fait,
21:19 et je ne véhicule jamais de haine et de violence sur mes réseaux,
21:22 et peut-être je suis botoxée, mais mes valeurs, c'est pas la violence.
21:26 -En fait, je pense que... Vous prenez le problème à l'envers.
21:30 Cette communauté est venue me chercher
21:32 parce que j'avais, effectivement, cette biographie de pirate.
21:35 Je me définis comme pirate parce que j'ai été expulsé
21:38 par mon parti politique lors des dernières élections,
21:41 parce que je me suis élevé contre mon parti politique,
21:44 qui préférait présenter Van Uylvals à ma place.
21:46 Je me suis présenté face à lui, j'ai gagné,
21:49 c'est resté dans ma bio, c'est peut-être pour ça
21:52 qu'ils sont venus me chercher, ou qu'ils cherchaient
21:54 quelqu'un qui allait jusqu'au bout de ces combats.
21:57 Moi, j'accepte d'écouter les personnes qui m'interpellent,
22:00 je suis allé au fond du problème,
22:02 j'ai trouvé, effectivement, l'évidence
22:05 de certaines arnaques, de certaines victimes qui existaient.
22:08 Je ne veux surtout pas pipoliser.
22:10 -Il s'agit de faire le procès de personne,
22:12 tout les jours, en retweetant les tweets de Booba.
22:15 -Je retweete... -Je les ai.
22:17 Vous avez fait des commentaires, je peux vous les lire.
22:20 C'est le débat, puisque j'ai la chance d'être en face de vous,
22:23 et vous avez eu l'occasion de beaucoup m'interpeller
22:26 sur les réseaux sociaux.
22:27 Je vous les donnerai après, si vous voulez.
22:30 Je pense que... Voilà.
22:31 -Vous condamnez le cyberharcèlement
22:33 initié par Booba, vous l'avez dit,
22:35 en retweetant... -C'est M. Delaporte
22:38 qui l'a dit. -Vous le condamnez,
22:39 ce cyberharcèlement ? -Je condamne
22:41 tous les cyberharcèlements. -En retweetant
22:44 les tweets de Booba, vous le faites pourquoi ?
22:46 C'est depuis, ce cyberharcèlement ?
22:48 -Oui, bien sûr.
22:50 Vous avez participé à un live, aussi, de Booba,
22:52 avec des personnes dedans,
22:54 d'une personne qui sort de prison, pour escroquerie,
22:57 en disant que j'étais protégée par l'Elysée.
22:59 Vous avez sous-entendu ça, vous avez dit qu'on vous l'avait dit,
23:03 et que vous avez véhiculé ça.
23:05 Or, j'ai été protégée par l'Elysée en rien,
23:07 car si j'étais protégée par qui que ce soit,
23:09 je ne serais pas dans ma situation.
23:12 -On va revenir à notre sujet sur les dérives
23:14 et sur la régulation.
23:15 -Je ne me rappelle pas avoir retweeté,
23:18 de messages agressifs de cette personne
23:20 ni d'autres personnes,
23:21 lors d'un conversation
23:23 que j'ai eue avec lui.
23:24 J'ai reconnu, et je lui ai dit, que je l'avais utilisée,
23:27 tout comme cette communauté m'utilisait, moi,
23:30 en tant que parlementaire, pour essayer de faire porter
23:33 un message, de faire changer les choses sur un sujet,
23:36 un problème réel. A partir de là,
23:38 je vous le répète, madame Berda,
23:40 je n'ai rien contre vous.
23:41 Le but, ce n'est pas de faire le procès de Booba versus Berda.
23:45 -C'est dit, c'est dit.
23:46 On va voir tout de suite, avec Clément Perreault,
23:49 ce que vous proposez, très concrètement,
23:51 quelle régulation, et puis, quelle régulation
23:54 peut-être contre le dropshipping ?
23:56 Qu'est-ce que c'est ? Et est-ce qu'il faut l'empêcher ?
23:59 La réponse avec ce sujet.
24:01 ...
24:04 -La proposition de loi vise d'abord à interdire
24:07 aux influenceurs la promotion de certains produits.
24:10 Sont concernés en premier lieu les actes de chirurgie,
24:13 dispositifs médicaux et produits pharmaceutiques.
24:16 -C'est une machine qui a comme une petite aiguille au bout.
24:19 -De nombreux abus ont été constatés dans ce domaine
24:22 avec des promotions d'articles proches du n'importe quoi.
24:25 -Même les mecs, si vous voyez ma story,
24:27 et que vos meufs vous saoulent pendant leurs règles
24:30 parce qu'elles ont les hormones en feu, achetez-leur ça.
24:33 -Ca rajeunit le vagin, c'est trop bien.
24:35 Il fait plein de choses.
24:37 -Plus grave encore, l'influenceur Dylan a fait en novembre
24:41 la promotion de pilules censées soigner le cancer.
24:45 -C'est-à-dire que si t'as des cellules cancérigeuses
24:48 dans ton corps, ce produit-là les tue.
24:50 C'est pas vendu en France ni en Europe,
24:52 parce que c'est interdit.
24:54 -La proposition de loi interdit également aux influenceurs
24:57 de promouvoir des placements financiers
25:00 ainsi que des actifs numériques, comme les cryptomonnaies.
25:03 Des placements douteux sont promus par des influenceurs
25:07 qui ne sont pas franchement des experts en économie.
25:10 -30 000 dollars.
25:12 -Basically, anything can happen at this point.
25:15 -Three.
25:16 -We're gonna take Dogecoin to the moon.
25:19 -Je vais passer cette année à investir dans la cryptomonnaie
25:23 et à vous éduquer.
25:24 -Le texte encadre aussi la promotion des paris sportifs,
25:28 compte de formation professionnel et jeux d'argent.
25:31 -On va prendre ça, on va déposer là.
25:33 -Concrètement, les promotions de ces produits
25:35 devront s'accompagner en permanence d'un bandeau
25:38 indiquant que l'usage est interdit aux mineurs.
25:41 -Vous aurez un rabais de -20 %.
25:43 -Toutes vidéos à caractère promotionnel
25:45 devront être indiquées comme telles.
25:47 Cette obligation existe déjà via une directive européenne,
25:50 mais elle n'est pas toujours respectée.
25:53 Enfin, la proposition de loi oblige l'influenceur
25:57 à informer l'acheteur du fournisseur d'un produit.
26:00 L'objectif est de lutter contre le dropshipping.
26:03 Cette pratique consiste à vendre à des abonnés
26:05 des produits que l'influenceur achète
26:08 sur des plateformes de vente en ligne,
26:10 en prenant au passage une commission substantielle.
26:13 Ce texte est présenté comme une première réponse
26:16 pour réguler un nouveau business
26:19 qui s'apparente aujourd'hui au Far West.
26:22 -Arthur Delaporte, le dropshipping.
26:25 Je fais la promotion d'un sèche-cheveux à 100 euros,
26:29 alors que vous le trouvez sur Internet sur un site à 30.
26:33 Qu'allez-vous faire contre ça ?
26:35 -C'est même plus que ça.
26:36 Vous faites la promotion d'un sèche-cheveux
26:39 en venant, mais via un site, une plateforme,
26:41 qui va faire de la commande sur des sèches-cheveux
26:44 qui valent 5 euros, qui sont sur Aliexpress,
26:47 des plateformes de...
26:48 Pas forcément de bonne qualité,
26:50 mais vous allez dire que ce sèche-cheveux est génial
26:53 et avec mon code promo, vous avez en plus 20 %,
26:56 au lieu de l'avoir à 70 euros, vous l'avez à 50 euros,
26:59 ça dure 24 heures, et vous mettez le code Delaporte sèche-cheveux.
27:02 C'est un exemple.
27:04 -Ca, aujourd'hui, c'est pas illégal.
27:06 -C'est pas illégal en soi,
27:08 mais ça peut s'apparenter à des pratiques commerciales trompeuses.
27:11 Souvent, c'est des sites vitrines
27:13 qui sont créés spécifiquement pour vendre ce produit.
27:16 Les gens se rendent compte que soit le produit,
27:19 il n'arrive pas, soit c'est de la mauvaise qualité,
27:22 et ils se rendent compte qu'ils auraient pu avoir le même
27:25 à 4 euros. Ils se sentent souvent floués
27:27 et ils ont eu confiance dans les influenceurs
27:29 qui font de la pub pour ces produits-là.
27:32 Parfois, moi, j'ai vu l'exemple de Pierre et des Pinatoires,
27:35 qui rendaient la peau rouge alors que l'influenceuse avait dit
27:39 "Regardez, cette super Pierre, elle est géniale."
27:41 -C'est dangereux. -Et parfois,
27:43 c'est dangereux. -Il y a des arnaques au CPF,
27:46 des arnaques et des dérives, il y en a énormément.
27:49 -Il y a plein de sujets. Le reportage faisait balayer...
27:52 -Sur le dropshipping,
27:53 qu'est-ce qui va permettre de l'encadrer ?
27:55 Ca sera pas complètement interdit, vous pouvez pas.
27:58 -C'est l'économie d'une certaine façon.
28:00 -C'est des pratiques commerciales,
28:03 mais on veut restaurer la confiance.
28:05 -C'est mettre en place de la transparence,
28:07 c'est dire qui est le fournisseur et s'assurer
28:10 que les sites par lesquels on passe correspondent
28:12 à des vraies entreprises et pas à des choses
28:15 qui se sont créées de manière éphémère
28:17 pour faire un site vitrine.
28:19 -Plus de transparence sur le fournisseur.
28:21 -Je salue cette initiative et je pense qu'elle est nécessaire
28:25 pour restaurer ce lien de confiance,
28:27 mais c'est pas propre au monde de l'influence.
28:30 Le dropshipping existe depuis l'émergence d'Internet.
28:33 Il y a beaucoup, j'en connais, des personnes qui,
28:36 pour gagner de l'argent, que ce soit des étudiants
28:38 ou d'autres personnes qui cherchent à rendir leur fin de mois,
28:42 vont créer des business automatisés,
28:44 où ils vont faire des pubs sur Internet
28:46 justement pour du dropshipping,
28:48 et en soit, la mécanique est exactement la même.
28:51 -Si vous encadrez que les influenceurs,
28:53 ce sera pas constitutionnel.
28:55 -Uniquement condamner le messager, comme disait Aurélie,
28:58 c'est une bonne chose, mais pour moi,
29:00 la manipulation sur ce rapport commercial,
29:03 qui est de l'arnaque, au final, quand même,
29:05 frauduleux, je trouve ça dommage.
29:07 -Mahgali Berdavou, vous en faites ?
29:09 -Nous, on en a fait, et je m'en suis jamais cachée.
29:12 Le dropshipping, c'est un phénomène pour nous
29:15 qui a été un peu nouveau, on va dire, vers 2018.
29:18 On s'est fait envahir de sites qui sont arrivés.
29:20 Personne ne maîtrisait vraiment bien le dropshipping
29:23 et on n'a pas trop compris.
29:25 Quand on a vu tous ces sites Instagram lanceurs d'alerte,
29:28 parce qu'il y en a des qualitatifs qui sont dans la prévention,
29:32 ça nous a aidés, même nous, à apprendre, en fait,
29:35 et à pouvoir balayer plus vite après ce genre de site
29:38 et à réguler en interne le dropshipping.
29:40 Aujourd'hui, le dropshipping, ça représente peut-être 5 %
29:43 de notre chiffre de répercussions, c'est vraiment minime.
29:46 C'est du dropshipping correct,
29:48 parce qu'il y a du bon dropshipping,
29:50 il y en a très peu, malheureusement.
29:52 Le dropshipping est envahi par des gens malhonnêtes,
29:55 c'est de 15 à 90 %, où c'est effectivement pourri.
29:58 -Le dropshipping honnête, c'est quoi ?
30:00 -Ce sont des gens qui sont corrects,
30:02 qui ont un site propre.
30:04 Le dropshipping, il y en a sur Amazon,
30:06 il y en a même à Téléshopping, à TF1.
30:08 -Il y a des marges énormes.
30:10 -Il y a des gens qui ne livrent pas les colis,
30:12 parce qu'ils ont un fournisseur en Chine
30:14 et ils font livrer le colis directement au consommateur.
30:18 Le site encaisse l'argent du consommateur,
30:20 mais ne paye pas le fabricant, donc le fabricant ne livre pas.
30:24 Ceux qu'on doit taper, c'est ces gens-là,
30:26 qui vont vite dans l'arnaque.
30:28 -Les influenceurs peuvent être victimes d'arnaques
30:31 dans le dropshipping.
30:32 Vous allez interdire la publicité sur certains produits ?
30:35 -L'idée, c'est qu'on a commencé à faire la liste
30:38 de ce qu'on souhaitait réguler de manière forte.
30:41 Il y a, par exemple, les placements de produits
30:44 pour des cryptomonnaies, pour des NFT,
30:47 et ça, c'est vraiment des choses qui ont généré des dérives énormes.
30:50 On voit aujourd'hui avec l'affaire Blatta,
30:53 notamment avec le copy-trading,
30:55 donc des personnes qui ont des canals télégrammes
30:58 sur lesquels on va copier des placements,
31:01 enfin, des ordres de placements financiers,
31:04 et derrière, elles vont perdre jusqu'à 1 500 euros en moyenne,
31:07 et même 50 000 euros.
31:09 -Sur la chirurgie esthétique,
31:10 on pourra toujours vanter les mérites de son chirurgien
31:14 ou c'est plus possible ?
31:15 Si ça votait, bien sûr.
31:16 -Ca, pour le coup, c'est vrai que c'est des activités
31:19 qui sont assez fréquentes,
31:21 notamment chez des influenceuses qui ont pu passer par votre agence
31:25 ou ont fait de la pub...
31:27 -Je m'excuse.
31:28 -Mahéva Ghedam, je sais pas si elle travaille avec vous,
31:31 mais, par exemple, moi, je pense...
31:33 Elle a fait un certain nombre de pubs,
31:35 et on en a vu tout à l'heure, pour cette chirurgie.
31:38 -C'est pas de la pub qu'elle a fait.
31:40 Le problème, dans ce milieu...
31:41 -Cette vidéo qui a beaucoup été donnée...
31:44 -C'est les amalgames.
31:45 Tout le monde mélange tout et dit tout et n'importe quoi
31:48 à son interprétation.
31:50 -Mahéva Ghedam, quand elle a parlé de sa consultation
31:52 chez son gynéco, c'est quelque chose de privé.
31:55 Peut-être qu'elle n'aurait pas dû le faire.
31:57 On en a parlé, elle s'en est excusée sur ses réseaux sociaux.
32:01 Mais à aucun moment, c'était un partenariat.
32:03 Y a pas eu de promotion.
32:05 -Elle a eu, par exemple, un avantage en nature ?
32:07 -Comment ? Non, elle a payé sa consultation.
32:10 -Elle a payé sa consultation.
32:12 -C'est quelque chose de privé.
32:13 -C'est la parole que vous engagez.
32:15 -Aujourd'hui...
32:17 -On peut pas en être certain.
32:18 -J'étais pas là. -Vous voulez dire
32:20 que c'est pas elle la responsabilité ?
32:23 -Mahéva Ghedam, qui a fait de la pub au CPF...
32:25 -Si vous parlez de mon agence,
32:27 des influenceuses parlent de chirurgie esthétique,
32:30 il y en a énormément, agence ou pas.
32:32 On n'est pas responsable de ça.
32:34 Faire la promotion de chirurgie esthétique, c'est interdit.
32:37 La réglementation est déjà faite.
32:39 On n'a pas le droit de le faire.
32:41 A aucun moment, vous trouverez un contrat
32:43 avec un chirurgien ou un hôpital et Shona Evans
32:46 qui va faire de la promotion de chirurgie.
32:48 -Tant mieux.
32:49 On a encore beaucoup d'influenceurs
32:51 qui font de la pub pour des injections.
32:54 -Vous avez raison. -Aujourd'hui,
32:56 on veut, avec notre loi, rappeler ce cadre,
32:58 faire de la pédagogie et mettre des sanctions.
33:01 -Je voudrais qu'on parle du représentant légal.
33:03 Il y a beaucoup d'influenceurs
33:05 qui n'ont pas de représentant ou qui ont un à l'étranger.
33:09 Ca va créer un statut juridique de l'influenceur ?
33:11 -Effectivement. Un des objectifs de cette loi,
33:14 c'est de faire des interdictions,
33:16 et ensuite, de mettre en place l'encadrement
33:19 qui s'assure que ces lois vont être respectées.
33:21 D'abord, par les influenceurs eux-mêmes et leur agence,
33:25 en s'assurant d'une représentation légale en France
33:28 de l'agence ou de l'influenceur,
33:30 qui permet ainsi de le ramener à portée de la justice française,
33:33 même s'il réside à l'étranger.
33:35 Deuxièmement, on va aussi s'assurer,
33:37 ou en tout cas, l'essayer,
33:39 que les plateformes, les réseaux sociaux,
33:41 soient responsables pour les messages et les contenus
33:44 que diffusent les influenceurs.
33:46 En particulier, si, soit, il y a des notifications suffisantes,
33:49 soit les réseaux sont capables d'identifier,
33:52 dans certains contenus, dans certains posts,
33:55 des produits qui sont désormais définis comme étant illégaux,
33:58 des produits ou services,
34:00 on veut que les plateformes se responsabilisent
34:02 et prennent sur elles de débrancher ces contenus,
34:05 ces histoires et ces promotions.
34:07 -C'est important, la responsabilité des plateformes,
34:10 qui sont derrière Aurelisio.
34:12 Un représentant légal, pour créer un statut juridique,
34:15 ça va dans le bon sens ?
34:16 -Bien sûr, mais...
34:18 Evidemment que tout ce qui est dit aujourd'hui est très important.
34:21 On a une toute petite partie immergée de l'iceberg,
34:26 dont on parle aujourd'hui,
34:28 et encore une fois, les 99 % dont on ne parle pas.
34:31 C'est-à-dire qu'on résume l'influence à la téléréalité,
34:34 on résume l'influence au marketing d'influence.
34:36 -C'est la proposition de Ouest qui a laissé un peu de visée.
34:40 -Il faut quand même...
34:41 Il y a un moment donné, il faut le dire,
34:43 parce que le fait qu'on surmédiatise et on surexpose
34:46 toujours les mêmes éléments...
34:48 -Quand on entendait Stéphane Blakowski
34:50 sur les 60 % d'anomalies... -Ce ne veut rien dire.
34:53 De quel influenceur on parle ?
34:55 -C'est un chiffre qui montre qu'il y a des dérives.
34:58 -Vous avez des créateurs de contenus,
35:00 des leaders d'opinion, des prescripteurs de tendance,
35:03 vous avez des stars de la téléréalité.
35:06 De quel 60 % ne veut rien dire ?
35:08 -Avez-vous le sentiment que ce qui est proposé par les députés
35:12 va permettre de réduire le nombre d'arnaques ?
35:14 -De toute façon, ce marché a besoin d'être assaini,
35:17 c'est une évidence.
35:19 Ensuite, il y a plusieurs conflits d'intérêts
35:22 et plusieurs problématiques.
35:23 Il faut poser le statut de l'influenceur,
35:26 celui d'agent d'influenceur.
35:27 La question que j'ai, est-ce que vous avez pensé
35:30 au conflit d'intérêts entre le fait d'être une agence
35:33 de conseil en marketing d'influence
35:35 et en même temps agent d'influenceur ?
35:38 -Ecoutez, ce n'est pas encore dans la version actuelle du texte,
35:41 mais le texte, tel que nous l'avons pensé,
35:44 c'est un canevas qui est proposé
35:46 au reste de la représentation nationale.
35:48 -Qui sera discuté jeudi prochain.
35:50 -Bercy va pouvoir amender ce texte
35:52 sur la base des résultats de leurs consultations.
35:55 -On va s'arrêter là. Je vais vous donner le mot de la fin.
35:58 Bruno Le Maire a ouvert une grande consultation,
36:01 "J'ai besoin de vous", et pas seulement des influenceurs.
36:04 Vous, pour vous, vous êtes souvent ciblé de ce cadre,
36:07 il est bienvenu ? -Bien sûr, il est bienvenu.
36:10 Je vais vous amener un message que j'avais envoyé à Bruno Le Maire
36:13 en 2021, où j'avais demandé un rendez-vous
36:16 pour réguler, parce qu'on ne peut pas le faire seul,
36:19 on s'autorégule trop et on a besoin d'aide.
36:21 On a besoin d'être encadrés. -Merci.
36:23 On va suivre ça dans l'hémicycle.
36:25 Merci beaucoup d'avoir accepté ce débat.
36:28 Vous restez avec moi, Louise Aubéry.
36:30 Dans une dizaine de minutes,
36:31 nous affranchirons leur parti pris ce soir.
36:34 C'est le mot de la semaine de notre sémiologue
36:37 Juliette Darigrand, le regard de Bertrand Perrier
36:39 sur le phénomène Tchadjibiti.
36:41 Et Bourbon Express, Elisabeth Mondagava
36:43 nous dévoile la feuille de match de lundi prochain.
36:46 Mais d'abord, "my better self", c'est vous, Louise Aubéry.
36:50 Qu'est-ce que ça veut dire exactement ?
36:52 Qu'est-ce que le body positive ?
36:54 Et pourquoi ça n'a pas été si facile de vous accepter
36:57 au tout début, comme vous y étiez déjà,
36:59 mais vous avez changé aussi ?
37:01 On en parle juste après l'invitation signée ce soir
37:04 par Thibault Hénocque.
37:05 Si on vous invite, Louise Aubéry,
37:07 c'est que Forbes vous classe dans le top 10
37:10 des influenceuses françaises
37:12 et qu'avec 800 000 followers,
37:14 vous auriez pu vous endormir sur vos lauriers,
37:17 mais que vous avez fait un autre choix, militer.
37:19 Je suis ravie de t'annoncer que tu es féministe.
37:22 Dans votre sphère d'influence,
37:24 les femmes et dans votre viseur,
37:26 les chaînes qu'on leur impose ou qu'elles s'imposent elles-mêmes.
37:29 Tu fais quoi, là ?
37:30 Je retouche juste un peu ma peau, personne le verra.
37:32 Et tu penses que ça avait aidé qui de faire ça ?
37:35 Louise Aubéry, vous êtes donc influenceuse et entrepreneuse,
37:38 un titre loin d'être usurpé.
37:40 Car à 25 ans, on peut dire que vous avez beaucoup entrepris.
37:44 En 2015, encore étudiante en communication,
37:47 vous débutez sur Instagram sous le pseudonyme
37:49 "My Better Self", "Mon meilleur moi".
37:52 Trois ans plus tard, vous lancez vos premiers podcasts
37:54 et vidéos féministes baptisés "Empower".
37:57 Enfin, en 2021, vous laissez de côté les anglicismes
38:01 et lancez votre marque de lingerie inclusive
38:04 pour coroner tout l'an dernier, vous publiez un livre
38:07 "Opération de démolition de tous les préjugés
38:09 que vous voulez déconstruire".
38:11 On ne peut pas déconstruire des années de ce qu'on appelle
38:14 de la propagande, du brainwashing,
38:18 où pendant des années, les féminins ont matraqué
38:21 comment avoir une belle peau, comment éliminer sa cellulite,
38:23 comment perdre ses kilos, voilà, entre autres.
38:26 En 2019, vous lancez ainsi le hashtag "On veut du vrai",
38:30 un slogan qui est devenu votre marque de fabrique.
38:33 Vous êtes ainsi l'une des fers de lance en France
38:36 du mouvement "Body positive",
38:38 une philosophie venue des Etats-Unis
38:39 et qui consiste à montrer qu'il n'existe pas de normes corporelles.
38:43 Pour avoir une taille maximum de bras,
38:44 pour avoir le droit de poster sur les réseaux ?
38:47 Ben non.
38:48 Dans vos contenus, vous parlez aussi des inégalités économiques,
38:51 de la précarité menstruelle ou des violences faites aux femmes.
38:54 Vous faites enfin la pédagogie des théories féministes.
38:58 C'est clairement une facile.
38:59 Elle couche avec un mec différent tous les week-ends.
39:01 Je sais comme elle ne prend pas soin d'elle.
39:03 Vous avez peut-être déjà entendu ces phrases de la bouche de certaines femmes.
39:05 C'est ce qu'on appelle la misogynie intériorisée.
39:07 C'est le fait d'avoir tellement bien intégré
39:09 les injonctions de la féminité et du patriarcat
39:12 que l'on s'assure que les autres s'y plient aussi.
39:14 Se libérer des injonctions, des comparaisons, Louise Oberi,
39:17 c'est, selon vous, l'étape que doivent maintenant franchir les femmes
39:20 et la définition d'un nouveau féminisme.
39:23 Un combat reste à mener, celui pour la liberté.
39:27 Liberté de porter ce que nous voulons.
39:29 Liberté de choisir la carrière que nous souhaitons.
39:31 Liberté de choisir d'avoir des enfants ou de ne pas en avoir.
39:34 Au fond, la liberté d'exister,
39:36 en dehors du rôle que l'on nous a assigné.
39:39 -Alors, Louise Oberi, une question pour finir.
39:41 Vous qui avez déconstruit tous ces discours,
39:44 tous ces reflets déformés,
39:46 que vous dit désormais votre miroir quand vous vous y regardez ?
39:49 -Alors, réponse.
39:52 C'est un peu le livre, d'ailleurs, que vous avez écrit,
39:54 "Miroir, miroir". Qu'est-ce que vous voyez aujourd'hui ?
39:57 -C'est une très bonne question.
39:59 En fait, c'est plutôt ce que je ne vois plus,
40:02 et c'est du jugement.
40:03 J'arrive aujourd'hui à regarder mon miroir sans me juger
40:06 ce que j'ai fait pendant des années
40:08 et ce que, notamment, les femmes, sont encouragées,
40:11 consciemment ou non, à faire toute leur vie.
40:14 -Parce que ça n'a pas toujours été facile,
40:16 parce que vous êtes passée par une phase de maigreur extrême,
40:19 assez obsédée par votre apparence, je vais l'admettre.
40:22 Ca a été longtemps, comme ça,
40:25 des dictates esthétiques
40:27 que vous acceptiez, en fait.
40:30 -En fait, je pense que toutes les jeunes femmes
40:33 sont soumises à des injonctions,
40:36 sont préoccupées par leur apparence physique,
40:38 et ce qui est plutôt problématique,
40:41 c'est que c'est socialement accepté.
40:43 Et donc, c'est qu'on ne va pas voir les dangers qu'il y a derrière.
40:47 Et j'en ai fait les frais, en effet, avec les troubles alimentaires.
40:51 Une femme sur trois victime de troubles alimentaires,
40:54 et comme c'est un trouble invisible,
40:56 on ne le voit pas forcément par définition, par essence.
40:59 Ce que je dénonce dans mon livre, et la réflexion que j'ai eue,
41:02 c'est qu'au final, c'est une éducation
41:05 qu'on reçoit, non pas forcément par nos parents.
41:08 -Qui, quoi, comment ?
41:09 Qui apprend que les femmes ne donnent pas aimer leur corps ?
41:12 -Principalement les médias, j'ai envie de dire,
41:15 et l'industrie cosmétique,
41:18 et les deux sont d'ailleurs étroitement liées.
41:21 Aujourd'hui, je crois, j'ai plus exactement les budgets en tête,
41:24 je sais que c'est en centaines de milliards d'euros
41:27 que pèse l'industrie de la beauté destinée aux femmes.
41:30 En fait, si on s'émet,
41:32 cette industrie s'effondrerait.
41:34 Donc, en fait, il y a un intérêt fondamental,
41:37 il y a un réel intérêt pour certaines entreprises
41:40 à ce que les femmes continuent à avoir des complexes.
41:43 -Quel a été le déclic pour vous,
41:44 pour vous déprendre de toutes ces injonctions ?
41:47 C'est progressif ou il y a eu un événement ?
41:49 -Il n'y a pas de déclic. Pour 90 % d'entre nous,
41:52 du jour au lendemain, on réalise qu'en fait,
41:54 tout ça est une mascarade et qu'on est victime.
41:57 C'est très progressif,
41:58 c'est des prises de conscience petit à petit.
42:01 Je pense qu'il y a aussi beaucoup de...
42:03 En anglais, on dirait "fake it until you make it",
42:06 c'est-à-dire "fais semblant jusqu'à ce que tu y arrives".
42:09 Moi-même, j'ai commencé à parler d'acceptation de soi
42:12 sur les réseaux avant même de réellement m'accepter.
42:14 À force d'en parler, à force de voir le bien que ça a créé
42:18 autour de moi, ça m'a poussée à continuer.
42:20 Je ne sais pas quand j'ai fini par m'accepter,
42:23 mais je dirais que ça a fait au moins un an, deux,
42:26 que je n'ai plus de complexe et que je m'accepte comme je suis.
42:30 -Aujourd'hui, vous ne planquez plus rien
42:32 sur vos différents réseaux, on le voit bien.
42:35 Les boutons, les bourrelets, vous assumez tout.
42:38 On veut du vrai.
42:40 Ca, c'est votre hashtag.
42:42 -C'est le hashtag que j'ai lancé en 2019,
42:46 parce que les réseaux sociaux, notamment Instagram,
42:49 c'est quand même une plateforme où on va beaucoup mettre en scène.
42:53 Je pense que ça peut être nocif,
42:55 non seulement pour la confiance en soi des femmes,
43:00 mais c'est aussi quelque chose dont je me rends compte
43:02 plus récemment pour la santé mentale des autres.
43:05 Donc là, je sors juste...
43:07 Il y a le prise de l'apparence physique,
43:09 vu qu'on se compare à d'autres, et c'est notamment retouché,
43:12 mais il y a aussi ce concours à la vie parfaite
43:15 que je trouve extrêmement nocif pour tout un chacun.
43:19 J'essaie de montrer mes réussites comme mes échecs,
43:22 mes bons moments comme mes moins bons moments,
43:25 parce que c'est tout simplement normal,
43:27 et que pour moi, le normal ne devrait pas être hiérarchisé
43:30 par rapport à la mise en scène.
43:32 -Il ne devrait pas être évité absolument.
43:34 On va regarder cette vidéo qui a beaucoup tourné.
43:37 Vous avez osé ça avec l'une de vos copines.
43:41 ...
43:51 -Vous en pensez quoi, cette vitrine ?
43:54 -Bah écoutez, ça change un petit peu.
43:56 Il y a la variété, elles sont très jolies.
43:58 -C'est génial, il faut que tout le monde soit représenté.
44:01 -C'est très bien, ça montre qu'on est toutes différentes
44:04 et qu'on ne s'habille pas que en 34, en 36,
44:07 et qu'il faut habiller tout le monde.
44:10 -C'est un peu compliqué, justement, qu'on voit plus...
44:13 -Par exemple, moi, j'ai un petit bidon.
44:15 -C'est leur mère qui les a nourries quand elles étaient petites,
44:18 elle leur a trop donné de sucre.
44:20 -C'est drôle, quand même, que ce soit la vieille dame
44:23 qui vous renvoie à faire un régime.
44:25 Dans l'ensemble, c'est bienveillant et même bienvenu.
44:28 Qu'est-ce que vous tirez de cette expérience-là ?
44:31 -En fait, c'est plus un message à transmettre, là,
44:34 en l'occurrence, par rapport à l'industrie de la mode,
44:37 j'ai aussi une marque de sous-vêtements,
44:39 et c'est dramatique de voir que dans la lingerie,
44:42 on ne représente que des femmes qui font du 34.
44:44 -Vous avez eu beaucoup de mal à trouver des mannequins
44:47 grande taille pour faire la promotion de cette collection.
44:50 -C'est parce qu'on voulait une mannequin grande taille
44:53 pour notre boutique éphémère,
44:55 et donc un mannequin plastique, ça n'existe pas.
44:58 En fait, ça n'existe pas.
44:59 Le plus grand, c'est 42, et ça coûte beaucoup plus cher
45:02 qu'un mannequin de petite taille,
45:04 donc on s'est dit qu'on allait le faire nous-mêmes.
45:07 Je me doutais que les gens allaient saluer l'initiative.
45:10 C'est justement pour dire aux marques,
45:12 "Regardez, les gens savent bien que les femmes font du 38, du 40,
45:16 "du 46, donc pourquoi vous vous acharnez
45:18 "à n'en représenter qu'une petite partie ?"
45:20 -L'agrosophobie, ça existe encore, aujourd'hui ?
45:23 -Oui, ça existe encore, et c'est très insidieux.
45:26 Souvent, on me sort l'excuse de la santé,
45:28 et ça, c'est de tout âge, que ce soit la dame âgée
45:31 qu'on a vue, qui a hérite d'une époque
45:33 dans laquelle elle a vécu, mais même des jeunes vont me dire,
45:36 "Non, mais après, oui, je suis d'accord,
45:38 "il faut s'accepter, mais pas quand c'est dangereux pour sa santé."
45:42 Ils pensent tout de suite au surpoids, mais le sous-poids.
45:45 L'anorexie, c'est la maladie mentale qui tue le plus de femmes
45:48 dans le monde, et on n'en parle jamais.
45:51 On n'a jamais fait une de magazine sur les troubles alimentaires,
45:54 sur les dangers de l'anorexie.
45:56 -Dans votre livre, et particulièrement
45:58 sur ces chapitres, sur le corps en particulier,
46:01 et on comprend bien votre engagement féministe,
46:04 finalement, c'est un acte féministe. Vous avez cette phrase,
46:07 "L'acte de rébellion le plus puissant que vous pouvez mener
46:10 "pour dire à la société patriarcale d'aller se faire foutre,
46:13 "c'est de manger votre putain de gâteau et de kiffer
46:16 "sans culpabiliser." C'est un acte féministe, de manger ?
46:19 -En fait, pour moi, l'acte féministe,
46:21 c'est de reconnaître qu'on a de l'appétit.
46:24 J'en parle aussi dans le livre, c'est marrant,
46:26 mais les termes "appétit", "gourmandise"
46:29 ont forcément une connotation sexuelle.
46:31 Vu que la femme n'est pas censée avoir un appétit sexuel,
46:34 elle va aussi l'associer à l'appétit alimentaire,
46:37 donc elle va toujours être dans l'espèce de restriction
46:40 qu'on lui impose, mais c'est aussi pour dire
46:42 "je m'en fiche de ce que le regard de l'homme recherche,
46:45 "je le fais pour moi", et je trouve ça extrêmement dommage.
46:49 Personnellement, je le dis toujours sur mes réseaux,
46:51 moi, j'aime manger, et c'est pas une invitation à l'excès,
46:55 je suis une bonne vivante, comme beaucoup d'hommes.
46:57 -Merci pour ce message.
46:59 -Je suis une femme qui est censée...
47:01 -Je vis beaucoup mieux depuis. -Petite question pour terminer.
47:05 Vous êtes une féministe qui pensez aussi aux hommes,
47:08 vous avez vu cette étude du Haut conseil à l'égalité
47:10 sur le sexisme, le backlash, cette jeune génération
47:13 qui, au fond, aura un retour de bâton réactionnaire
47:17 contre le MeToo, qui serait censée être une forme d'agression
47:20 pour ces jeunes, vous le voyez, vous ?
47:22 -En fait, ça ne m'étonne pas,
47:24 parce que les réseaux sociaux, aujourd'hui, sont très communautaires
47:28 et donc nous permettent de chercher l'information qu'on veut avoir.
47:31 Il y a énormément d'hommes qui se sentent menacés par le féminisme
47:35 parce qu'ils ont décidé de le voir comme une menace,
47:38 parce que vous m'avez présentée comme une féministe
47:41 qui ne déteste pas les hommes, c'est le cas de 99 % des féministes,
47:44 et aujourd'hui, ils se sentent menacés par ça,
47:47 ils se sentent émasculés par notre position,
47:49 et ils vont suivre des masculinistes,
47:52 des personnes qui ne parlent que de ça,
47:54 et c'est l'engrenage un peu malsain.
47:56 -C'est une minorité, mais elle existe,
47:58 et les réseaux ne nous incitent pas à suivre des personnes
48:01 qui ne pensent pas comme nous.
48:03 -Miroir, miroir, c'est aux éditions Le Duc,
48:05 dis-moi ce que je vaux vraiment.
48:07 Louise Oberry, vous restez avec moi, c'est l'heure d'accueillir
48:11 nos affranchies.
48:12 Bonsoir, les amis.
48:13 Marianne Darré-Grand, installez-vous.
48:16 Et son mot de la semaine, maître Bertrand Perrier, bonsoir.
48:19 Votre regard sur cette société
48:21 dont tout le monde parle, ce petit micro dans un instant,
48:25 le HGPT. Bienvenue, les amis.
48:27 On commence, évidemment, par Bourbon Express.
48:29 Elsa Mondingava, l'histoire du jour à l'Assemblée.
48:32 Bonsoir, Elsa. -Bonsoir.
48:33 Je vais vous faire la feuille de match,
48:36 qui va avoir lieu dès la semaine prochaine dans l'hémicycle,
48:39 celui sur la réforme des retraites.
48:41 Le gardien de but, ce sera le ministre,
48:43 Aubin-Olivier Dussopt, ministre du Travail.
48:46 Il est chargé de ne pas prendre de but,
48:48 comprenez, de vote contre l'avis du gouvernement.
48:51 Il va falloir surveiller les oppositions,
48:54 le but contre son camp.
48:55 Olivier Dussopt, il est passé du PS à En Marche
48:58 lors du Mercato en 2017.
49:00 Ses anciens coéquipiers n'ont pas trop apprécié.
49:03 Il devrait lui rappeler sur le terrain.
49:05 On va aussi voir les capitaines d'équipes,
49:07 les présidents de groupes, trois présidentes,
49:10 Aurore Berger pour Renaissance, Marine Le Pen pour RN,
49:13 Mathilde Panot pour les Insoumis.
49:15 Dans l'équipe de la majorité,
49:17 on va retrouver des personnages centraux.
49:19 Stéphanie Rist, c'est la rapporteure du texte,
49:22 Pierre Maillard est le responsable du texte pour Renaissance,
49:26 Philippe Vigier pour le Modem.
49:27 Ils vont s'assurer de la bonne mobilisation de leurs équipes.
49:31 On peut s'attendre à des causeries
49:33 pour demander à leurs joueurs de muscler leur jeu.
49:36 -Ca, c'est pour la majorité, les défenseurs de la réforme.
49:39 Il va y avoir beaucoup d'attaques.
49:41 Sur le banc des attaquants, beaucoup de monde.
49:43 -Beaucoup de monde, les latéraux à gauche,
49:46 prêts à tacler la majorité.
49:48 François Ruffin pour les Insoumis, il adore le foot.
49:51 Il a un peu de tendresse, on verra s'il en a sur l'hémicycle.
49:54 Arthur Delaporte, vous le receviez il y a un instant.
49:57 Sandrine Rousseau, celle qui se rend vendique,
49:59 portera la parole des écolos.
50:01 On va passer côté droit, les ailiers droits.
50:05 Stéphane Viry, chef de file du groupe Les Républicains,
50:08 il va devoir manier le grand écart pour réconcilier son groupe.
50:11 Aurélien Pradié est encore dans l'équipe,
50:14 mais il n'est pas d'accord sur la tactique.
50:16 Il joue un peu perso.
50:17 Les ailiers droits pourraient revenir dans l'axe
50:20 et aider la majorité à obtenir une majorité absolue.
50:23 Encore plus à droite, il y a le RC Rassemblement national
50:27 avec les joueurs Lors-Lavalette, Thomas Ménager.
50:30 Dernier joueur, Myriam.
50:32 On ne va pas oublier Charles de Courson.
50:35 -Comment l'oublier ? -Député depuis près de 30 ans.
50:38 Il connaît bien les règles du foot et de l'Assemblée.
50:41 Donc, il sera aussi sur le terrain.
50:43 On ajoute à tout cela les arbitres.
50:46 Ce sont les présidents de séance, ceux qui peuvent sortir
50:49 les cartons jaunes et les cartons rouges.
50:51 Yael Brounepivet, présidente de l'Assemblée,
50:54 devrait beaucoup présider.
50:55 Même sans perchoir, elle restera dans le coin.
50:58 -Côté ambiance, on a compris.
51:00 Fair play, non. Beaucoup de tacles, j'imagine.
51:03 -On aimerait tous que ce soit un beau match
51:06 avec des frappes enroulées, des petits ponts,
51:08 panenka, mais on a bien peur que ce soit plutôt des tacles
51:12 du hors-jeu, voire même de l'anti-jeu.
51:14 Je le rappelle, le match, c'est pas sur canal,
51:17 mais sur LCP, qui va se jouer.
51:19 -Absolument. L'intégralité du débat retraite,
51:22 dès lundi matin, sur LCP, en direct.
51:24 On sera tous au poste. Merci beaucoup, Elsa,
51:27 et merci à Pauline Lessard pour toutes ces infographies.
51:30 On va continuer sur les retraites,
51:32 car c'est lié. Votre mot de la semaine, Mariette ?
51:35 -Seigneur. -Expliquez-nous.
51:37 -Seigneur, c'est un mot que j'ai trouvé
51:39 un peu surprenant d'avoir dans le débat politique,
51:42 parce que dans la vraie vie, il est en train d'être
51:45 un peu... -Les sciences avancées,
51:47 on l'entend plus beaucoup. -Ah bon ?
51:49 -Il est remplacé par deux mots. Un mot négatif, bien sûr,
51:52 vous pensez, Myriam, au "boomer".
51:55 OK, "boomer", le nouveau seigneur, c'est le "boomer",
51:58 c'est l'invariant du vieux ringard,
52:02 il y a pas de souci. On voit ce que c'est.
52:04 Simplement, le problème, c'est qu'il efface
52:07 la valeur positive qu'avait le mot "seigneur",
52:10 et qui était certes liée à sa naissance,
52:12 "senex" en latin, "séguinité", etc.,
52:14 mais aussi à la souveraineté.
52:16 Le "seigneur", le "sir", il y avait quelque chose d'intéressant.
52:20 -Pourtant, en entreprise, on est vieux, quoi,
52:22 à partir de quel âge ?
52:24 -Alors, le... -45 ans, disons.
52:26 -Voilà. En entreprise, oui,
52:28 alors après, en sport, on est vieux à 20 ans.
52:31 Le seigneur, dans certains sports, c'est 19 ans, 20 ans,
52:34 après, on est vétéran. Tout est relatif.
52:37 En entreprise, on est vieux à 45 ans,
52:39 parce qu'on a moins de valeur sur le marché du travail.
52:42 Là, il y a un mot qui remplace "seigneur" en entreprise,
52:45 qui est très à la mode, c'est le "mentor".
52:47 Il y a quelque chose d'intéressant qui se crée entre les générations,
52:51 parce que les jeunes, avec l'alternance,
52:54 avec l'apprentissage, ont envie d'entrer,
52:56 d'être un peu cadrés, et les plus âgés donnent quelque chose.
53:00 Mais je crois que ce racisme anti-45 ans et plus
53:04 de l'entreprise ou de notre société,
53:06 qui est très jeuniste, va cesser, Myriam,
53:08 parce qu'on est devant un phénomène de société très important
53:12 - pas tellement - qui est la révolution démographique.
53:15 Qu'est-ce qui se passe ?
53:16 50 ans, c'est, pour les gens qui ont de la chance,
53:19 la moitié de la vie, si on vit jusqu'à 100.
53:21 Il y a une espèce de tranche de vie nouvelle,
53:24 50 ans, 80 ans, avant la vieillesse.
53:28 Comment ça s'appelle ?
53:29 Ca ne peut pas s'appeler "seigneuritude",
53:31 comme "décrépitude".
53:33 Nous n'avons pas encore de nom pour nos vies.
53:35 - Vous avez des noms ?
53:37 - On m'a posé la question, j'ai pas réussi,
53:40 mais parce qu'on m'a dit, il y a les "millennials".
53:42 Qu'est-ce qu'on pourrait faire ?
53:44 - Je me permets de rebondir.
53:46 J'ai fait une table ronde il y a deux jours
53:48 sur la vieillesse.
53:50 J'ai reçu Perla Servan-Schreiber, qui va avoir 80 ans,
53:53 et qui réhabilite le terme de vieillesse.
53:55 Il n'est pas négatif, mais c'est un peu comme le terme "gros".
53:59 Elle est très heureuse de vieillir.
54:01 - On pourrait dire "les vieux" ?
54:02 - Les vieux pour les vrais vieux,
54:04 mais entre 50 ans et par là.
54:06 - Ceux qui désespérément
54:08 voudraient rester dans l'entreprise, 50-60.
54:10 - Voilà, mais ce qui est intéressant...
54:12 - Pourquoi est-ce qu'on doit les nommer ?
54:15 - Il ne faut pas les nommer,
54:17 il faut laisser le corps social nous dire quelque chose.
54:20 Il nous dit "64 ans, personne n'en veut",
54:22 parce que soit les politiques pensent ou disent,
54:25 ou les syndicalistes, "on est trop vieux pour travailler",
54:28 mais je me demande si le corps social
54:30 nous dit pas l'inverse. C'est l'âge, au contraire,
54:33 d'une manière de faire, différente, nouvelle,
54:36 de la liberté. Petit détail du marketing,
54:39 mais les cartes seniors, vous savez, du train,
54:41 ça s'appelle plus "carte senior", mais "carte liberté".
54:44 C'est quand même amusant.
54:46 Pour finir... - Est-ce que le gouvernement
54:48 a pris conscience de ça ? - Il n'a pas pris conscience.
54:51 - L'absence de termes, la difficulté...
54:54 - J'ai pas l'impression, parce qu'avoir repris
54:57 cette employabilité des seniors,
54:58 je crois qu'il n'a pas assez regardé,
55:01 il a trop regardé, mais c'est un défaut des politiques,
55:04 les opinions, et pas assez les pratiques.
55:06 Quand on regarde les pratiques, on voit une chose intéressante
55:10 qui me fait penser que le nouveau mot,
55:12 un des nouveaux mots pour dire "senior",
55:14 va être du côté de l'activité nouvelle.
55:17 Comment les gens vont faire ?
55:19 Ils font déjà des pratiques de loisir,
55:21 le sport, mais aussi des pratiques engagées
55:23 dans la cité et même de l'entreprise.
55:26 Si on regarde ce qui est en expansion aujourd'hui,
55:29 l'auto-entrepreneur ou le micro-entrepreneur,
55:32 comme il faut dire, je me demande si c'est pas ça,
55:35 le nom du senior, parce qu'on a un pic à moins de 30 ans
55:38 et un autre pic d'auto-entrepreneur à plus de 60.
55:41 J'ai l'impression qu'il y a quelque chose
55:43 à se jouer du côté de l'activité entrepreneuriale,
55:46 mais revisité, évidemment.
55:48 - Bon, écoutez, c'est des pistes, en tous les cas.
55:50 On va enchaîner avec vous, Bertrand, pour terminer.
55:53 Bluffé ou pas par ce petit robot dont tout le monde parle,
55:57 Chatsy Petit ?
55:58 - C'est plus que bluffé, je suis sidéré.
56:00 Il y a quelque chose de surnaturel.
56:03 D'ailleurs, ça a un succès fou,
56:04 il y a plus de 100 millions de nouveaux utilisateurs
56:07 au mois de janvier.
56:08 J'ai essayé, comme tout le monde,
56:10 cet agent conversationnel avec lequel on peut dialoguer.
56:13 C'est de l'intelligence artificielle,
56:16 mais on a vraiment l'impression de dialoguer avec un humain.
56:19 On peut tout lui demander.
56:20 Vous pouvez lui demander le scénario d'une comédie romantique,
56:24 un poème à la gloire de votre maman,
56:26 tout ce que vous voulez, il le fait.
56:28 La chronologie de "L'Aganistan" depuis 2001, il vous le sort.
56:32 C'est incroyable. -C'est des petits textes.
56:34 -Oui, mais c'est bien construit, bien résonné.
56:37 -Impressionnant. -C'est vraiment impressionnant.
56:40 C'est de la compilation de langage,
56:41 mais on a l'impression d'un raisonnement.
56:44 On peut vraiment engager un dialogue.
56:46 J'ai essayé, par exemple, de lui dire
56:48 "Est-ce que tu peux me raconter un mensonge ?"
56:51 Et il m'a écrit "L'hélicorne existe vraiment."
56:54 Je lui ai dit "Oui, c'est pas un mensonge,
56:56 "en économie, l'hélicorne existe."
56:58 Il m'a répondu "Oui, tout à fait,
57:01 "une licorne désigne une entreprise valorisée à 1 milliard de dollars."
57:04 Il s'agit d'une vérité dans ce domaine.
57:07 J'ai pu engager un dialogue avec une intelligence artificielle.
57:10 -Est-ce qu'il pourrait s'engager,
57:12 prendre parti du chat GPT sur des questions de société ?
57:15 -Je lui ai demandé de prendre parti
57:18 sur le thème de l'émission d'aujourd'hui,
57:20 à savoir la question de l'encadrement du travail des influenceurs.
57:24 Je vous lis la réponse en quelques secondes.
57:26 Ca prend moins de 5 secondes. Il m'a dit
57:29 "Certains considèrent qu'il faut encadrer ce secteur
57:31 "pour garantir la transparence, la responsabilité
57:34 "et la protection des consommateurs.
57:36 "L'encadrement pourrait inclure des règles
57:39 "sur la divulgation des relations d'affaires
57:41 "et la publicité déguisée, ainsi que des normes éthiques."
57:44 -Il peut venir débattre, on l'empoche !
57:47 -Il pourrait limiter la liberté d'expression
57:49 et la créativité des influenceurs.
57:51 C'est une vraie dissertation, assez stéréotypée,
57:54 mais construite, écrite et argumentée.
57:56 -On peut s'attendre à ce qu'il y ait des détournements.
57:59 -Cette semaine, une sénatrice a avoué avoir fait écrire
58:02 une question au gouvernement par Chadjipiti.
58:05 Un panel de scientifiques s'est fait berner
58:08 par des fausses études rédigées par Chadjipiti.
58:10 Et puis, surtout, c'est le cauchemar des enseignants,
58:13 parce que tout le monde fait ses dissertations par Chadjipiti.
58:17 Il est entré dans une université américaine,
58:20 il a passé le test et il l'a réussi.
58:22 -Sciences Po l'a interdit, je crois.
58:24 -Sciences Po l'a interdit assez brutalement,
58:26 parce qu'il aurait été plus intéressant
58:28 d'éduquer les étudiants à l'employé,
58:31 mais comme on ne sait pas le faire,
58:33 on préfère l'interdire sous peine de sanction.
58:35 Stanford a mis au point des systèmes de détection
58:38 des copies générées par Chadjipiti.
58:40 -Il y a aussi des enjeux géopolitiques.
58:43 -Oui, évidemment. C'est la Silicon Valley,
58:45 et on a accusé cette application...
58:47 Ce n'est pas une application, d'ailleurs.
58:49 -Ce robot. -Ce robot d'être démocrate,
58:52 parce qu'il y a eu un test, on a dit,
58:54 il peut faire un poème à la gloire de Joe Biden,
58:57 mais pas de Donald Trump.
58:58 En conclusion, Chadjipiti est un modèle de langage remarquable
59:02 qui a déjà fait ses preuves dans de nombreux domaines,
59:05 avec les progrès dans l'intelligence artificielle.
59:08 Il y a de fortes chances que Chadjipiti continue
59:10 de jouer un rôle clé dans l'avenir de la technologie.
59:13 -J'avais compris. -Je lui ai demandé
59:15 d'écrire ma chronique. -Non, je ne vous crois pas.
59:18 Vous avez trop de talent pour ça.
59:20 Ça, oui, mais pas le reste. Merci, Bertrand,
59:23 merci, Mariette, et merci à la semaine prochaine.
59:26 Un film prête pour les retraites.
59:28 -On vous demandait à Chadjipiti comment ça allait.
59:30 -J'aimerais bien savoir la suite.
59:32 Pas sûr qu'il ait la réponse.
59:34 Merci, Louise Aubéry, d'être venue sur le plateau.
59:37 Profitez bien, très belle soirée, et à lundi.
59:40 SOUS-TITRAGE : RED BEE MEDIA
59:42 Générique
59:44 ...
59:53 [Générique de fin]