Julien a créé les premiers noms français des Pokémon

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Julien Bardakoff est l'homme qui a traduit le nom des Pokémon en français. Il nous a parlé de son processus d'imagination et de certains détails cachés dans quelques-uns des 250 Pokémon de la première et de la deuxième génération.

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Transcript
00:00 Alors il y a un Pokémon que tout le monde prononce mal et je suis ici pour rétablir la vérité.
00:03 C'est pas Rookoops, c'est Rookoo.
00:05 C'est un pigeon qui est au début inoffensif, qui est cool.
00:09 Donc c'est Rookool, il se transforme en Rookoo, il met des coups.
00:12 Rookoops, ça veut rien dire.
00:14 Bonjour Néo, je m'appelle Julien Bardacoff
00:16 et j'ai créé le nom français des premiers Pokémon dans les années 90.
00:21 Mon rêve c'était d'être traducteur.
00:23 Et à un moment on m'a proposé d'être traducteur pour Nintendo.
00:26 J'ai commencé par faire des petits jeux.
00:28 Et puis, à un moment, il y a Pokémon qui arrive
00:31 et on m'envoie au Japon pour rencontrer les créateurs
00:33 et essayer de les persuader d'avoir une version française, bien à nous.
00:37 Le processus créatif pour les autres jeux, c'est souvent de garder les mêmes noms que l'original.
00:42 Là, le jeu tournait beaucoup autour de la collection des personnages.
00:48 J'ai un petit peu attisé la haine contre la France et mon travail futur
00:53 en leur disant que tous les noms japonais qui existaient avaient une connotation assez négative.
00:57 C'est-à-dire que Carapuce, Salamèche, en japonais ça se prononce d'une manière où on peut comprendre autre chose.
01:04 Alors dans un premier temps, pour la création des noms français,
01:06 on m'a fait jouer au jeu pour essayer de le connaître par cœur.
01:09 Ensuite, on m'explique toute la philosophie des noms japonais.
01:12 Ensuite, je propose des idées.
01:13 Et c'est accepté par un panel à la The Voice où il y a je ne sais pas combien de créateurs japonais
01:18 qui me disent OK ou non.
01:21 Et à partir du moment où il y a une majorité de oui,
01:24 ça part au département juridique pour le faire déposer,
01:27 pour ensuite faire des t-shirts, des choses, machin.
01:29 En fait, pour la création des noms de Pokémon, il faut un point de départ qui est une réalité physique d'un animal,
01:38 sa sphère élémentaire qui peut être l'électricité, le feu, les ténèbres, et tout comme ça.
01:42 Et ensuite, peut-être une particularité qu'il aura dans le dessin animé.
01:45 Tu fais un micmac, tu essaies d'avoir des syllabes qui sont communes.
01:49 Par exemple, un tigre qui crache du poison, tu l'appelles un fèlle infectée.
01:53 Pikachu, il s'appelle Pikachu parce que c'est l'emblème, disons, de la marque.
01:57 Et on a un peu le modèle de Mickey Mouse.
02:00 Donc celui-là, on n'a pas eu gain de cause,
02:03 il est resté Pikachu dans tous les pays du monde parce qu'il allait être en tête de gondole.
02:07 J'avais proposé des noms pour le traduire, mais ça a été refusé.
02:11 Pour Psycho Quack, c'est une autre histoire aussi.
02:13 C'était mon préféré visuellement.
02:16 Et en plus, il ressemblait à un copain.
02:17 Il était un peu psychotique, ce mec.
02:19 Et le cri du canard, Quack.
02:21 Psycho Quack, je voulais faire une allitération avec les cas.
02:24 Psycho Quack, il se transforme en Aquaquack.
02:26 Le nom de Pokémon dont je suis un peu le plus fier,
02:29 c'est que 20 ans plus tard, même 30 ans plus tard,
02:30 je me rends compte qu'ils n'ont toujours pas compris la majorité des gens,
02:33 c'est que Goopix, qui est un renard avec 6 queues,
02:36 donc le X qui veut dire 6, se transforme en Feunard.
02:40 Tout le monde pense que c'est un renard de feu,
02:42 sauf que Feun, à l'envers, tu le lis, c'est 9.
02:45 Et c'est un renard qui a 9 queues, qui est de feu.
02:48 Et Goopix, I-X en latin, c'est 9.
02:53 Et c'est les 9 queues d'après.
02:55 Il y en a qui sont vraiment premier degré,
02:56 comme Tadmorv et Grotadmorv.
02:59 Bon, moi, ça m'a fait rire à l'époque, j'avais 19 ans,
03:01 mais ça m'a valu d'avoir des lettres de parents outragés,
03:06 bafoués, qui me disaient "mais c'est infernal,
03:08 mon enfant arrête pas de dire Tadmorv, Grotadmorv toute la journée".
03:11 Car un artichaut, l'histoire qu'on me rebalance toujours dans la tronche,
03:13 c'est qu'il tient pas un artichaut, il tient un oignon.
03:16 Je sais ça, je le sais.
03:17 Il y avait un sens pour tous les autres Pokémon.
03:20 Et là, je voulais faire un truc absurde.
03:22 Physiquement, c'est un canard.
03:23 Qu'est-ce qui commence par "art" et qui est végétal ?
03:25 Un artichaut.
03:26 Et là, je me suis dit "tout le monde va se dire,
03:28 est-ce qu'il va se transformer en artichaut, son oignon ?
03:30 Qu'est-ce qui se passe après je sais pas combien d'heures de jeu ?
03:33 Et il se passe rien après je sais pas combien d'heures de jeu,
03:35 ça sera toujours un oignon".
03:36 Qu'un artichaut, c'est une devinette qui n'a pas de solution.
03:41 Au bout de 250 Pokémon, j'ai volé vers d'autres horizons
03:46 et j'ai fait du dessin animé et ensuite encore du jeu vidéo,
03:50 comme aujourd'hui.
03:51 Des années plus tard, maintenant encore,
03:53 j'ai des fans qui me contactent pour me proposer
03:55 des changements de Pokémon et de noms de Pokémon.
04:00 Et il y a des gens qui ont des idées formidables.
04:02 Et dans les dernières générations, je ne sais pas qui les a faites,
04:04 il y a des idées géniales.
04:05 [Générique]

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