Retraites: quelle forme peut prendre la contestation?

  • l’année dernière
La CGT dénombre près de 2 millions de manifestants dans la France entière pour cette journée du 7 février dont 400.000 à Paris, a appris BFMTV auprès de l'organisation syndicale. Une mobilisation contre la réforme des retraites en baisse par rapport à la semaine dernière. Le ministère de l'Intérieur annonce quant à lui 757.000 manifestants dans tout le pays, dont 57.000 à Paris.

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00:00 La mobilisation contre la réforme des retraites, c'était la troisième hier, la quatrième aura lieu samedi.
00:04 Mobilisation, on s'y attendait d'ailleurs, moins forte hier que les précédentes.
00:08 Est-ce que vous pensez que c'est quand même un tournant ?
00:11 Il y a eu moins de monde dans les rues, c'est vrai.
00:13 On l'a dit, 757 000 personnes selon le ministère de l'Intérieur.
00:17 Au milieu de semaine et en pleine période de vacances.
00:18 Exactement. Moins de grévistes aussi.
00:20 Quand même, c'est important de le noter.
00:22 Par exemple, dans la fonction publique, ils étaient 11 % à faire grève contre 19,4 % le 31 janvier
00:28 et 28 % le 19 janvier, même dans les transports.
00:31 Ça a baissé, c'est tombé à 25 contre 36, voire 46 % le 19 janvier.
00:37 Alors, vous l'avez dit, ça s'explique.
00:39 D'abord, la manifestation était rapprochée de la dernière, c'était il y a une semaine.
00:42 Ensuite, il y en a deux cette semaine.
00:44 Et puis, nous sommes dans une période de vacances.
00:46 Et puis, faire grève, ça coûte cher.
00:47 Bref, ça fait beaucoup d'éléments qui expliquent ça.
00:49 Mais il y a une question qui taraude les syndicalistes quand même, c'est
00:51 est-ce qu'on est plutôt dans un scénario à la 1995 ou à la 2010 ?
00:55 Je m'explique.
00:55 1995, c'est les manifs contre le plan Juppé, vous vous en souvenez.
00:59 C'est ce qu'ont espéré les syndicats le matin du 19 janvier, ou plutôt au soir,
01:03 parce qu'il y avait un rejet massif de la réforme dans l'opinion publique,
01:06 une mobilisation massive façon force tranquille dans les rues.
01:09 Et puis, ils espéraient peut-être un blocage du pays.
01:12 C'est ce qu'avait expliqué le succès des manifs contre le plan Juppé.
01:15 Je vous rappelle juste que ça a duré du 24 novembre au 15 décembre.
01:18 Il avait fallu trois semaines pour obtenir le retrait de la réforme des retraites.
01:23 Et puis, il y a le scénario de 2010, grosse mobilisation,
01:26 mais une forme de résignation dans l'opinion publique, comme aujourd'hui.
01:29 Vous savez, quand on interroge les Français,
01:30 une grande majorité pense que la loi sera votée et appliquée.
01:33 Et donc, au final, la loi était passée.
01:36 Et c'est ce qui explique les appels à durcir le mouvement d'ici samedi ?
01:40 Oui, par exemple, Philippe Martinez, le patron de la CGT,
01:42 qui veut des grèves reconductibles plus nombreuses, plus massives, plus dures.
01:46 Écoutez, il était hier l'invité de BFMTV.
01:49 Le gouvernement et le président de la République
01:51 font comme s'il ne se passait rien dans ce pays.
01:53 Les salariés, les citoyens sont lucides.
01:56 Ils disent qu'il va falloir faire beaucoup plus fort
02:01 pour faire céder le gouvernement au président de la République.
02:04 Ça passe par des grèves, et certainement par des grèves reconductibles.
02:09 Donc, après, c'est une question de timing.
02:11 Donc, durcir le mouvement, quelle forme d'abord ?
02:13 En plus de celle énoncée par M. Martinez.
02:15 Et surtout, est-ce que ce n'est pas risqué ?
02:16 Si c'est relativement risqué, il n'y a pas mille façons de durcir un mouvement.
02:20 C'est des grèves reconductibles ou massives.
02:22 Mais là, on voit bien que ça ne prend pas.
02:23 En tout cas, quand on regarde les chiffres et le blocage du pays,
02:26 ça serait diversement peut-être apprécié dans l'opinion.
02:28 L'autre option, c'est de mobiliser la jeunesse.
02:30 Mais là aussi, on voit bien que ça ne prend pas.
02:32 Quand la jeunesse se mobilise, c'est vrai que c'est beaucoup plus compliqué pour le pouvoir.
02:36 Puis enfin, il y a une dernière option qui n'est pas avancée par les syndicalistes,
02:38 qui n'en veulent pas, mais c'est radicaliser le mouvement
02:40 de façon un peu plus violente, des débordements.
02:43 C'est ce qui avait fait perdre la bataille de l'opinion aux Gilets jaunes.
02:45 Dans la durée, vous vous souvenez, c'est assez délétère.
02:47 D'ailleurs, Laurent Berger, le patron de la CFDT, a prévenu hier,
02:50 il sera tout à l'heure l'invité d'Apolline de Malherbe.
02:52 Plus dur, ça veut dire quoi ?
02:53 On ne tombera pas là-dedans.
02:54 Nous, on veut montrer un monde du travail digne.
02:56 Ceux qui manifestent aujourd'hui, c'est le monde du travail normal.
02:58 C'est des gens raisonnables, dit le patron de la CFDT.
03:00 - Comment on va en sortir ?
03:00 Parce que là, à l'instant, on apprend que la grève est reconduite
03:02 chez Total Énergie et dans la plupart des raffineries.
03:04 - Quand vous avez autant de monde dans la rue,
03:06 la moindre des choses, c'est quand même de les écouter
03:08 et sans doute de recevoir leurs représentants.
03:10 Mais ce n'est pas la carte que joue l'exécutif pour l'instant,
03:12 qui table sur l'usure du mouvement.
03:14 Il ferait mieux de tabler sans doute sur le dialogue.

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