Sur France Inter, Hugo Clément démonte une chronique de Guillaume Roquette réalisée sur... France Inter

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Transcript
00:00 Il est 7h20 en toute subjectivité ce matin avec le journaliste présentateur de l'émission
00:04 « Sur le front », sur France 5, Hugo Clément, bonjour !
00:07 Bonjour Nicolas !
00:08 Hugo, hier à ce micro, Guillaume Roquette a consacré sa chronique à un pesticide bien
00:13 particulier et vous avez choisi d'y revenir ce matin.
00:16 Oui, et ça va être un retour en toute objectivité Nicolas, parce qu'on va parler uniquement
00:21 de faits pour répondre à Guillaume Roquette qui a relayé des contre-vérités scientifiques
00:26 en prenant la défense des néonicotinoïdes.
00:28 Ces pesticides ultra-toxiques, connus pour tuer les abeilles, étaient utilisés jusqu'à
00:33 l'année dernière dans les champs de betterave pour lutter contre un puceron qui menace les
00:37 récoltes en transmettant une maladie.
00:39 Ils sont désormais totalement interdits en France suite à une décision de la justice
00:43 européenne, au grand dam de certains agriculteurs qui manifestent ce matin à Paris.
00:48 Dans sa chronique, notre confrère accuse les écologistes de manquer de nuances et
00:53 d'exagérer la toxicité des néonicotinoïdes qui ne seraient finalement pas si dangereux
00:58 que ça.
00:59 Alors j'ai interrogé des chercheurs qui font référence sur ce sujet, le biologiste
01:03 Vincent Bretagnol, le chimiste-toxicologue Jean-Marc Bonmatin et l'écologue Philippe
01:08 Grancolat qui travaillent tous les trois au CNRS et ils en sont tombés de leur chaise.
01:12 Car il y a, disent-ils, un consensus scientifique absolu sur l'extrême toxicité des néonicotinoïdes.
01:19 Ils sont dévastateurs pour les abeilles et pour les insectes en général.
01:23 Ils sont même l'une des causes majeures du déclin de ces animaux, c'est pour cela
01:27 qu'ils ont été interdits.
01:28 Mais qu'à cela ne tienne, Guillaume Roquet explique que les abeilles ne peuvent pas être
01:32 contaminées par les néonicotinoïdes dans les champs de betterave puisqu'elles sont
01:35 récoltées avant de fleurir et donc avant de pouvoir être butinées.
01:39 Et ça c'est faux ? Oui car les chercheurs m'ont expliqué que
01:42 ces pesticides, appliqués en enrobage autour de la graine semée, se diffusent dans le
01:47 sol, dans l'eau, bref, dans tout le milieu naturel et qu'ils y restent pendant des années.
01:52 Vincent Bretagnol et ses équipes ont même montré qu'on trouvait des néonicotinoïdes
01:56 dans des parcelles qui n'avaient jamais été traitées avec ces produits, notamment
02:00 des prairies naturelles et des champs de colza qui eux sont butinés.
02:04 Ces pesticides contaminent donc les insectes mais aussi le reste de la chaîne alimentaire,
02:09 les vers de terre, les invertébrés aquatiques, puis par ricochet les oiseaux et les mammifères
02:14 qui s'en nourrissent.
02:15 Dernière chose, Guillaume Roquet met en avant les milliers d'emplois qui dépendent de
02:18 la filière betterave, en oubliant de préciser qu'il est possible de cultiver des betteraves
02:22 sans néonicotinoïdes et surtout en ne disant pas qu'au prétexte de sauver une culture,
02:27 les betteraves, on menace l'existence de dizaines d'autres, notamment les fruits
02:31 et légumes, qui dépendent des insectes pollinisateurs.
02:34 En fait, selon l'écologue Philippe Grancola, notre confrère a repris hier, mot pour mot,
02:39 les arguments du lobby de l'agrochimie au détriment des faits scientifiques.
02:42 Nicolas Demorand : Nico Clément, merci, et à mercredi prochain.

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