Depuis décembre 2022, le Pérou s’embrase. Pourquoi la destitution du président de gauche radicale Pedro Castillo, et l’investiture de sa vice-présidente, ont-ils à ce point mis le feu aux poudres ? Explications en vidéo sur l’origine de cette crise politique de grande ampleur.
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00:00 Depuis décembre 2022, le Pérou s'embrase.
00:06 Et la colère ne faiblit pas.
00:08 Le 5 février a eu lieu la plus grande manifestation
00:11 depuis le début de la mobilisation, deux mois plus tôt.
00:14 On vous explique les raisons de la colère des Péruviens.
00:17 Tout a commencé le 7 décembre dernier.
00:20 Ce jour-là, le président Pedro Castillo a été destitué.
00:23 En cause, sa tentative de dissolution du Congrès,
00:26 pratique interdite par la Constitution.
00:29 Ancien instituteur, cet homme de gauche radicale
00:32 est issu d'une famille très pauvre de paysans cholos,
00:34 peuple métis péruvien.
00:35 Son élection en juin 2021 a été porteuse d'espoir
00:39 pour la population amérindienne, qui subit une grande précarité.
00:42 Mais en l'espace d'un an et demi de présidence,
00:50 il a été visé par six enquêtes pour corruption.
00:52 Il a aussi eu cinq premiers ministres différents,
00:55 signe de ses difficultés à gouverner un pays très divisé.
00:58 Quand les députés ont organisé une séance pour proposer sa destitution,
01:02 Pedro Castillo a voulu prendre les devants et dissoudre le Congrès.
01:05 L'ensemble de la classe politique et la majorité des médias péruviens
01:09 ont condamné cet autocoup d'État qui a entraîné sa chute et son arrestation.
01:13 C'est alors sa vice-présidente, Dina Boluarte,
01:16 qui est investie à la tête du pays.
01:18 Et c'est là que la situation s'envenime,
01:21 parce que cette haute fonctionnaire est fortement rejetée
01:23 par la population péruvienne.
01:25 D'après un sondage Cid Gallup publié fin janvier,
01:28 83 % des Péruviens ne se sentent pas représentés par leur nouvelle présidente.
01:32 Aux côtés de Pedro Castillo au début de son mandat,
01:35 Dina Boluarte s'est ensuite ralliée à l'opposition de droite.
01:38 Pedro Castillo, en prison depuis le 7 décembre,
01:41 a écrit une lettre dans laquelle il la traite d'usurpatrice.
01:44 Et depuis lors, les Péruviens réclament à grands cris
01:47 le départ de Dina Boluarte et la tenue de nouvelles élections en octobre 2023.
01:52 La population amérindienne est particulièrement mobilisée
01:55 contre la nouvelle présidente.
01:56 Or, les forces de l'ordre répriment violemment le mouvement.
01:59 Fin janvier, 48 personnes avaient été tuées dans le cadre des manifestations
02:03 et des dizaines d'autres blessées.
02:05 Le bain de sang a eu lieu en grande majorité dans les régions indignes
02:08 du sud du pays où vivent des populations défavorisées.
02:11 Au point que le 10 janvier, la justice péruvienne a ouvert une enquête
02:15 pour génocide et homicide visant la présidente et plusieurs de ses ministres.
02:20 Le gouvernement a eu des mots très durs et méprisants
02:23 contre les populations andines qui se soulèvent,
02:25 qualifiées de terroristes ou même de hordes violentes.
02:28 Nos héros, avec le uniforme de la patrie, qui sont nos policiers,
02:32 ont défendu adéquatement Lima
02:34 et ont évité que ces hordes criminels puissent agir sur notre capitale.
02:37 Ce discours illustre la division profonde au Pérou,
02:40 avec d'une part les campagnes andines, au sud du pays,
02:43 très pauvres et marginalisées,
02:45 et de l'autre, les élites de Lima, la capitale.
02:48 Le Pérou a enregistré ces dernières années une très forte croissance économique,
02:52 grâce aux ressources en métaux dont dispose le pays.
02:55 Pourtant, les inégalités y sont très fortes.
02:58 Près d'un Pérouvien sur quatre vit sous le seuil de pauvreté.
03:01 Au-delà du départ de Dina Boluarte,
03:03 les Pérouviens demandent aussi plus de justice sociale.
03:06 Et la crise semble partie pour durer.
03:08 Le 5 février, le gouvernement a prolongé et élargi l'état d'urgence
03:12 qui concerne désormais sept nouvelles régions du sud du Pérou.
03:17 Sous-titrage ST' 501
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