Guillaume Pépy : «Il y a une nouvelle génération d'entrepreneurs»
Guillaume Pépy, président d'Initiative France, répond aux questions d'Alexandre Le Mer. Il présente une étude qui révèle que les jeunes patrons conservent le bonheur d'entreprendre.
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Transcript
00:00 Rien n'entame l'optimisme des entrepreneurs, pas même la crise énergétique,
00:03 pas même l'inflation. Les entrepreneurs optimistes, envers et contre tout,
00:07 c'est le résultat d'une étude menée par le réseau Initiative France.
00:10 Près de 2000 patrons ont été consultés.
00:13 Guillaume Pépi, le président d'Initiative France, et ce matin votre invité Alexandre.
00:17 Bonjour Guillaume Pépi.
00:18 Bonjour. On garde bien sûr de vous l'image du patron emblématique de la SNCF,
00:21 mais ça fait déjà plus de deux ans en réalité que vous êtes à la tête d'Initiative France,
00:25 vaste réseau associatif, vous êtes une fédération d'associations locales,
00:30 implantée sur tout le territoire, qui finance et qui accompagne les jeunes entrepreneurs.
00:35 Gratuitement.
00:36 Gratuitement, ça c'est important de préciser.
00:37 Voilà, c'est un réseau associatif d'utilité publique qui est gratuit pour tous ceux qui sonnent à la porte,
00:42 et on fait quatre choses. On solidifie le dossier, parce que ceux qui arrivent
00:47 n'ont pas forcément un plan de trésorerie, un plan commercial.
00:50 Ensuite, on prête à taux zéro. Ensuite, on accompagne pendant trois ans, cinq ans,
00:56 pour que la petite pousse devienne une vraie entreprise.
00:59 Et puis, on met toutes ces entreprises en réseau pour qu'un entrepreneur, une entrepreneuse, ne soit jamais seul.
01:04 Alors, vous allez nous dire si c'est un petit peu grâce à vous, certainement.
01:07 En tout cas, l'étude que vous nous présentez ce matin sur Europe 1, elle est très nette.
01:11 Même bousculée par le contexte qu'on connaît, l'inflation, la crise énergétique,
01:16 les jeunes patrons qui se lancent, en tout cas, conservent le bonheur d'entreprendre.
01:20 C'est ce qu'ils vous ont dit très majoritairement.
01:22 - Oui, et on était honnêtement très surpris, parce qu'on s'attendait à ce que le contexte général
01:27 donne plutôt un coup de mou à la création d'entreprises,
01:30 et que les jeunes patrons soient super anxieux sur l'année 2023.
01:34 À peu près aux deux tiers, ils répondent l'inverse.
01:38 C'est-à-dire qu'au fond, le contexte économique, il est ce qu'il est,
01:41 mais l'envie d'entreprendre, c'est-à-dire l'envie d'aligner ce qu'on est et ce qu'on fait,
01:47 ça c'est la plus belle expression que j'ai trouvée dans l'enquête.
01:49 Quelqu'un dit "moi avant j'étais salarié, maintenant je suis aligné entre ce que je fais et ce que je suis".
01:56 Donc cette envie-là, cette niaque, elle l'emporte sur le contexte un peu déprimant ou un peu incertain,
02:03 et c'est la raison pour laquelle il y a de plus en plus de personnes,
02:07 dans toutes les régions, dans tous les métiers, de tous âges,
02:10 qui se disent "mais et si j'y allais ? Et si je changeais de vie ?
02:14 Et si je devenais capitaine du bateau au lieu d'être un équipier ?"
02:19 - Bon évidemment, tout ça est très encourageant.
02:20 Alors cette niaque, ça ne veut pas dire évidemment qu'ils sont insensibles à la crise énergétique, à l'inflation,
02:25 aux tensions sur l'approvisionnement.
02:28 On le vérifie d'ailleurs régulièrement dans l'interview Éco ici sur Europe 1.
02:32 Dans votre enquête, Guillaume Pépi, vous avez mis en place une sorte d'indice
02:35 pour mesurer l'impact de ce contexte de crise secteur par secteur.
02:40 - Oui, on le sait, c'est super violent.
02:43 Un boulanger disait que le prix du beurre de tourage, qui est utilisé pour faire des croissants ou des gâteaux,
02:49 il est passé en quelques mois de 7 euros le kilo à 10 euros le kilo.
02:53 Donc c'est-à-dire plus 45%.
02:56 Le prix du sucre, qu'il utilise pour faire ses pâtisseries, a doublé.
02:59 Donc c'est extrêmement violent.
03:01 Mais malgré tout, le fait d'être son propre patron...
03:05 Au fond, il y a trois motivations pour y aller.
03:07 La première, c'est le challenge.
03:09 Des gens qui ont envie de se donner un nouveau challenge.
03:11 La deuxième envie, c'est l'envie d'indépendance.
03:16 Je disais tout à l'heure, je suis le capitaine et je suis indépendant.
03:19 Et la troisième envie, c'est le sens.
03:22 Et quand on combine ces trois envies-là, il y a beaucoup de gens
03:25 qui ont fait des plans de départ volontaire après le Covid,
03:29 qui ont été des jeunes qui avaient des propositions pour entrer dans des entreprises,
03:35 mais qui au fond se disaient "mais moi, c'est pas mon truc les grandes entreprises,
03:38 j'ai envie de faire autre chose".
03:39 Bref, des gens de tous âges et dans toutes les situations qui se disent "mais finalement, on se lance".
03:43 Et cette année, en France, on a eu en 2022,
03:48 créé environ 1,5 million d'entreprises.
03:53 Et nous, qui créons des toutes petites entreprises,
03:56 ça a augmenté de 7%.
03:58 C'est vraiment le signe qu'il y a une nouvelle génération d'entrepreneurs.
04:01 - Vous êtes un levier décisif pour aider les jeunes entrepreneurs à se lancer, à sauter le pas.
04:05 Le financement, on en a parlé, prêt à taux zéro, c'est très important.
04:09 L'accompagnement, c'est quelque chose qui est extrêmement important également
04:14 pour toute la démarche juridique, toute la passe-prasse.
04:17 - Si vous démarrez tout seul, vous avez une chance sur deux que ça marche au bout de trois ans.
04:22 Si vous êtes accompagné, et il y a des réseaux qui sont là très mal connus, malheureusement,
04:27 comme Initiatives France ou d'autres, mais on est mal connus,
04:29 on est des réseaux gratuits, associatifs.
04:31 Si vous êtes accompagné, tout d'un coup, vous avez 9 chances sur 10
04:35 d'être encore là au bout de trois ans.
04:36 Toutes les adresses sont sur initiative-france.fr
04:40 et encore une fois, c'est gratuit.
04:42 C'est-à-dire que même le prêt est à taux zéro, on est là pour vous aider
04:47 et donc c'est des opportunités qu'il faut saisir.
04:49 - A destination des jeunes plus particulièrement,
04:51 vous avez lancé un dispositif d'accompagnement renforcé,
04:53 Mon Quit Entrepreneur, Guillaume Pépi.
04:55 - Oui, parce que c'est vrai que vous avez une appli,
04:57 elle aussi gratuite, qui s'appelle Mon Quit Entrepreneur,
04:59 c'est l'application des premiers pas.
05:00 Si vous avez une petite idée qui trotte dans la tête
05:02 et que vous vous dites "mais c'est quoi les bonnes questions à se poser ?"
05:05 il faut aller sur cette appli qui est sur tous les stores
05:07 et qui est encore une fois gratuite.
05:08 Et puis venez nous voir parce qu'on va peut-être vous proposer
05:12 un dispositif d'accompagnement, on va dire plus en amont.
05:15 Un jeune par exemple qui a 19-20 ans et qui ne sait pas trop quoi faire
05:20 mais qui se dit "tiens, il y a quand même un truc qui m'intéresse,
05:22 je ne sais pas quoi, l'escalade, le jus de Goyave, je ne sais pas quoi,
05:26 n'importe quelle idée".
05:27 Il se dit "mais j'ai un truc dans la tête".
05:29 On va essayer de transformer avec cette personne cette idée en projet,
05:33 le projet en entreprise, l'entreprise en emploi.
05:36 Mais pour ça il faut un peu de temps,
05:38 parfois c'est 6 mois, c'est un an, c'est un an et demi
05:40 et cet accompagnement renforcé, ça s'appelle Incube.
05:43 - Incube. On veut se lancer, on veut lancer un projet d'entrepreneuriat,
05:47 on s'adresse à vous, on vient voir l'une de vos associations,
05:50 vous avez un maillage très dense sur tout le territoire,
05:52 Initiatives France. Merci Guillaume Pépy, président d'Initiatives France.
05:56 Le bonheur d'entreprendre, les entrepreneurs optimistes malgré tout.
05:59 C'est l'enseignement de votre étude que vous partagez avec nous.
06:02 - Merci à vous Maropin.