PPDA : l'éditrice Isabelle Saporta s'exprime dans TPMP sur C8

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Sortie polémique du livre événement sur PPDA, l'éditrice Isabelle Saporta s'exprime dans TPMP sur C8

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00:00 Ce qu'on voulait faire en soutenant Romain Verlet, parce que c'est une enquête de 18 mois et que c'est vraiment un journaliste qui a dédié ses 18 derniers mois à cette enquête incroyable,
00:09 en ayant une centaine d'entretiens et une omerta qui était incroyable, donc il s'est vraiment battu comme un tigre, c'était de mettre au jour le système PPDA et de montrer à quel point il y avait eu une omerta terrible de la part de TF1,
00:23 que beaucoup savaient et préféraient se taire et parce qu'on ne touchait pas à l'icône du 20 heures, parce que c'était une star incroyable PPDA, non seulement c'était l'icône du 20 heures,
00:32 mais c'était également celui qui défaisait les carrières littéraires parce qu'il tenait les émissions littéraires, donc c'était le chouchou aussi des éditeurs, c'était notre chouchou à nous,
00:42 parce qu'on savait que si un livre était dans une de ses émissions, c'était le succès assuré, donc c'est vrai qu'au fond, il a joui de beaucoup de complaisance de la part du petit monde, des médias, de l'édition, etc.
00:56 C'est vrai que PPDA, on en disait toujours du bien, en fait PPDA c'est un peu l'anti-Anouna, c'est vrai, tout le monde en disait du bien, parce qu'il avait la carte en fait, PPDA il avait la carte,
01:06 tout le monde disait du bien, il était puissant, oui mais il serait puissant de ne pas avoir la carte.
01:12 Il était puissant, il était vénéré, c'est-à-dire qu'il avait la carte.
01:16 Il avait la carte parce que c'était un intellectuel, aussi considéré comme un intellectuel. Est-ce que vous avez hésité à publier le livre ?
01:21 Non, je n'ai pas hésité à publier le livre parce que comme vous me connaissez un peu Cyril, j'hésite rarement quand il s'agit de mettre au jour une vérité.
01:29 Mais par contre, effectivement, si vous voulez me dire est-ce que c'est beaucoup d'emmerdes en perspective, une enquête de ce genre, oui, effectivement,
01:37 parce qu'on sait très bien qu'il va y avoir beaucoup de relectures d'avocats, parce que d'ailleurs on attendait plutôt un procès de PPDA qu'un procès de la part d'une plaignante.
01:47 Pour expliquer à nos téléspectateurs, Gilles, c'est donc deux plaignantes qui ont voulu interdire le livre.
01:53 Oui, parce qu'une seule, qui a attaqué en référé pour faire interdire le livre.
01:58 Elle a perdu et en fait, elle se sentait dépossédée de sa parole, c'est-à-dire qu'elle s'était exprimée,
02:03 mais elle n'avait pas avec l'auteur un accord pour que son témoignage soit publié, etc.
02:09 Donc, en justice française, c'est très rare d'avoir l'interdiction d'un livre et elle a été déboutée.
02:14 Alors, elle n'a pas demandé l'interdiction du livre, elle a demandé la suppression de certains extraits,
02:19 concernant notamment les détails du viol.
02:23 Bernard, une fois qu'un livre est imprimé, demander le retrait de passage, ça veut dire mettre au pilon une quantité invraisemblable,
02:32 donc supprimer toute la sortie du livre, Bernard.
02:35 Il a raison, Gilles.
02:36 Oui, il a raison. Si vous voulez, quand on est attaqué au référé, moi j'ai reçu un coup de fil de lui-ci à 19h30,
02:42 me disant que j'avais jusqu'à 20h pour prendre le référé. Je l'ai pris, j'ai fait face, j'étais là le lendemain à 14h avec mon auteur devant la 17e chambre.
02:50 Bien sûr, quand on vous appelle la veille et que c'est le jour pour le lendemain, on n'a pas 20 000 bouquins dans la nature avec du typex, bouquin par bouquin.
02:57 Donc, effectivement, on ramène tous les bouquins, on les pilonne et entre le prix de faire revenir les bouquins et de les pilonner,
03:03 il est évident que c'est en fait la mise à mort du livre et donc la mise à mort d'une enquête de 18 mois.
03:08 Et moi, je vais vous dire un truc, si elle avait gagné, ça aurait été problématique à deux égards.
03:13 Un, le grand victorieux de cette affaire, ça aurait été PPDA, parce que cette enquête, elle est très forte.
03:19 C'est 400 pages d'enquête pour démonter le système PPDA et toutes les connivences qui ont été faites autour de ce personnage.
03:27 Et par ailleurs, la deuxième grande défaite, ça aurait été pour le journalisme et le journalisme d'investigation.
03:33 Parce que si vous voulez, qu'est-ce que ça veut dire ?
03:35 Ça veut dire aujourd'hui qu'au fond, sous prétexte du respect de la vie privée, puisque c'était ça, les deux heures d'audience,
03:41 du respect de la vie privée, en fait, il n'y a plus de liberté d'investigation.
03:45 Et c'est quand même un vrai problème, parce que là, si vous voulez, le respect de la vie privée, les victimes,
03:52 c'est au fond X témoignages de victimes qui vous racontent leur douleur.
03:57 C'est incroyablement courageux de leur part, mais du coup, ça en fait l'affaire des victimes, comme si ce n'était pas la nôtre, en fait.
04:03 C'est l'affaire des victimes, elles ont été violées, ça doit rester l'affaire des victimes.
04:06 Non, c'est notre affaire, l'affaire PPDA. C'est notre affaire à tous. C'est un système qu'on a tous cautionné.
04:11 On était tous, comme vous l'avez dit très bien, Cyril, admiratifs devant ce prince, puisqu'on l'a appelé le prince noir, le livre express, ce prince du 20 heures.
04:19 On admirait sa vie, on admirait ses incartades, on le regardait, comment dire, tous les soirs, on le voyait en une de Paris Match.
04:26 C'était une star. Tout le monde l'adorait. Il montait les marches de Cannes.
04:30 Voilà, on suivait sa vie intime, en tout cas ce qu'on croyait être sa vie intime, celle qu'il nous donnait à voir.
04:34 Sauf qu'il avait, en fait, une espèce de modus operandi. C'est pour ça qu'on a mis ce témoignage, un modus operandi,
04:41 où les femmes, il les invitait après le 20 heures et il les violait dans son bureau qui fermait à clé.
04:47 Et à chaque fois, c'était la même chose. Elles venaient, elles étaient admiratives face à ce personnage,
04:52 elles arrivaient face à lui et en quelques secondes, il se transformait en prédateur et il les violait.
04:57 Donc, si vous voulez, on ne s'est pas amusé par voyeurisme à mettre au jour ces témoignages.
05:02 On a voulu, en fait, mettre au jour un modus operandi d'un violeur qui a eu, grâce à des connivences, grâce à l'omerta du milieu, au fond, la tranquillité totale pendant des années.
05:14 - Et pourquoi un certain nombre de femmes qui ont subi ces violences, qui sont terribles, qui sont à vie, contestent ce bouquin ?
05:21 - Si vous voulez, ce n'est pas un certain nombre... Oui, vous avez raison, il y a une dizaine de femmes autour d'Hélène Devins.
05:27 - Qui ont parlé pourtant. - D'ailleurs. - À Mediapart, au Monde... - Oui, mais qui contestent ce livre ? Pourquoi ?
05:32 - Alors, la femme qui a tenté de se référer, dont je ne vais pas dire le nom, puisqu'elle voulait justement qu'on ne parle plus d'elle.
05:41 Elle a été au JT de 20h, de TF1, regardée par 6 millions de personnes. Elle a été devant Mediapart en live, regardée par 1,8 million de personnes.
05:50 Elle a signé en son nom une tribune dans Le Monde. On peut dire que c'est lu à peu près par 300 000 personnes.
05:56 Donc, à chaque fois, elle a été en son nom propre, très courageusement, dire "Voilà, j'ai été violée par PPDA".
06:02 Mais elle dit aujourd'hui "Je ne voulais pas que les détails de ce viol soient révélés".
06:07 Il se trouve que Romain Verlet est un journaliste d'investigation, qu'il a eu ce PV d'audition où il y avait les détails cabreux de ce viol.
06:14 Il n'a pas révélé que cela. Il a révélé tout un modus vivendi, opéra indi, d'une vingtaine de femmes qui racontent,
06:20 ou d'une dizaine de femmes qui racontent comment elles ont été violées. Et si vous voulez, c'est l'accumulation des faits.
06:25 Et l'accumulation des faits de la même manière. Elles arrivent, elles sont dans son bureau, elles pensent à la star qu'elles adorent et qu'elles admirent.
06:32 Et en deux secondes, c'est un prédateur, ils se ruent sur elles, ils les violent, elles sont sidérées. Et elles ont honte.
06:38 C'est ce qu'a raconté très courageusement Florence Porcel. La honte.
06:42 Oui, mais quand on raconte des histoires à l'heure insue, vous croyez que ça va inciter les femmes à porter plainte ?
06:47 Est-ce que c'est à l'heure insue alors qu'elles ont eu le courage d'en parler dans les médias ?
06:52 Moi, je ne crois pas que ce soit à l'heure insue. Maintenant, la question qui se pose aujourd'hui, et qui est une vraie question,
06:57 moi j'en parlais avec des journalistes de Mediapart qui me posaient cette question, c'est celle de l'investigation.
07:01 Aujourd'hui, le journalisme, ce n'est pas un journalisme de consentement.
07:04 Quand vous faites une enquête journalistique, quand vous enquêtez par exemple sur les scandales d'Orpea,
07:10 vous ne demandez pas le consentement d'Orpea de pouvoir investiguer. Vous faites l'investigation.
07:15 Là, effectivement, la question qui se pose, c'est ce sont des victimes.
07:18 Donc comme ce sont des victimes, au fond, il devrait y avoir le consentement à chaque fois. J'entends.
07:24 Je vais vous dire même, ça m'a tellement touchée cette séance devant le tribunal, là, que j'ai vu la souffrance de cette victime.
07:33 Elle n'est pas venue au tribunal. Je suis venue, mon auteur est venu, elle n'est pas venue.
07:36 Peut-être qu'elle se sentait trop fragilisée. Mais en tout cas, j'ai entendu sa souffrance.
07:40 Et du coup, pour les prochaines réimpressions de cet ouvrage, j'ai anonymisé son nom.
07:45 C'est pour ça que je ne dis pas son nom aujourd'hui. J'ai anonymisé son nom.
07:48 En justice, la justice m'avait donné raison. Je pouvais conserver son nom.
07:53 - D'ailleurs, il y a d'autres femmes habitées pour le livre. - Isabelle, il y a quoi dans ce livre qu'on ne sait pas déjà ?
07:59 - Il y a tout dans ce livre. - La maison de Solène, sa fille.
08:02 - Il y a quoi, en fait ? - Par exemple, vous avez toutes ces jeunes femmes anorexiques qui, une fois qu'il a fait construire la maison de Solène,
08:07 comme vous le dites très justement, Gérardine, la maison de Solène, c'est sa fille.
08:10 Sa fille, Solène, était anorexique. Elle s'est suicidée alors qu'elle devait retrouver son père pour partir en week-end.
08:15 Elle se suicide. Elle était anorexique. Il décide de créer une maison pour accueillir toutes les anorexiques.
08:20 Les anorexiques, une fois qu'il y a cette maison de Solène, elles vont vers lui.
08:23 Elles lui disent "écoutez, c'est incroyable. Grâce à vous, enfin, on est écoutés, on est respectés. On a un endroit pour être accueillis."
08:29 Il les viole aussi. Voilà. C'est ça, PPDA, en fait. Et ça raconte ça.
08:35 - Alors, il s'appuie sur des témoignages de victimes, de proches. Il a travaillé pendant combien de temps ? 18 mois, vous avez dit ?
08:41 - Oui, 18 mois. - Est-ce que vous avez eu des pressions de PPDA ou de son entourage, ou de TF1 ?
08:47 - Écoutez, Romain Verlet a eu des pressions de tout le monde. Ça, c'est vrai que ça a été très violent.
08:52 Il a tenu le choc, et nous avec. Et j'en suis très fière.
08:55 - Mais comment on sait que dans ce livre, il n'y a pas des... Est-ce que PPDA, peut-être, il va dire "ça, c'est un tissu de connerie, votre enquête ? Il n'y a rien de vrai." ?
09:04 - Écoutez, on attend le référé de PPDA, hein. Maintenant, on est rodé, j'ai envie de vous dire. Non, mais tout a été...
09:10 - Vous pensez qu'il va vous attaquer pour ce livre ou pas ?
09:13 - Écoutez, je sais pas s'il va nous attaquer. Moi, ce que je voudrais, au fond, c'est que...
09:18 Hélas, vous savez, les trois quarts de ces affaires sont prescrites. Si ces femmes sont allées dans les médias, c'est parce que la justice ne pouvait pas passer, parce que les affaires étaient prescrites.
09:26 Donc c'est vrai que je sais qu'ici, souvent, vous n'aimez pas le tribunal de l'opinion, mais parfois, on est obligé d'aller dans les médias, parce que sinon, il n'y a pas d'autres arènes médiatiques.
09:34 Mais là, je pense qu'il faudrait surtout qu'il y ait des cas non prescrits qui soient mis au jour et qu'enfin, cet homme soit jugé. Pour le moment, il est présumé innocent.
09:44 - Alors, on a des extraits du livre qui sont assez incroyables. D'abord, on va parler de la relation toxique entre PPDA et Claire Chazal.
09:51 C'est vrai que moi, j'avais oublié qu'ils étaient ensemble, PPDA et Claire Chazal, à l'époque, les deux stars du JTTF1.
09:57 On découvre une scène incroyable. Alors qu'elle se lasse de sa relation avec PPDA et de ses infidélités, Claire Chazal décide de rompre.
10:03 Par jalousie, il va alors se venger d'une manière incroyable. Je vous lis un extrait du livre.
10:08 "Furieux, Patrick déboule dans le bureau de Claire Chazal, ATF1. Elle est absente. Il déboutonne la braguette de son pantalon, sort son sexe avec fougue et urine sur la moquette et sur le canapé.
10:18 Il souille ce cocon blanc, raffiné et calme. Le week-end, la présentatrice aime se prélasser sur son divan avant d'aller à l'antenne."
10:24 Voilà, c'est ce genre de personnage. C'est-à-dire au fond, quand vous lui échappez, il vous pisse dessus, en fait. Voilà.
10:29 "C'est pas arrêté là. Après avoir maculé le bureau de Claire Chazal, PPDA se rend chez elle, à deux pas de la tour Eiffel. Il a la clé.
10:37 Il entre dans l'appartement, armé d'une paire de ciseaux. Elle est toujours absente. Il fonce dans la suite parentale, ouvre le dressing et lacerce ses vestes de haute couture prêtées par Dior et Chanel pour la présentation."
10:46 Oui, c'est quelqu'un qu'il ne supporte pas qu'on lui résiste, c'est quelqu'un qu'il ne supporte pas qu'on lui échappe. C'est effectivement, typiquement, le prédateur dans toute son horreur.
10:55 "Alors, on apprend aussi, on en a parlé hier, que PPDA avait un carnet noir avec un nombre incalculable de prénoms féminins dedans. Cette personne, je cite alors le livre,
11:03 cette personne qui ne souhaite pas être citée avait repéré que le journaliste portait toujours sur lui ou dans sa sacoche en cuir un mystérieux carnet noir. Curieuse, un soir,
11:11 elle l'avait ouvert et découvert à la fin de ce calepin une liste avec des prénoms de femmes rarement suivis d'un nom de famille, des lignes et des lignes sans commentaire,
11:19 mais avec pour chacune un numéro de portable ou un numéro de fixe avec une adresse, le code d'entrée, le bâtiment, l'étage."
11:25 Oui, mais c'était ça. Et quand Romain Verlet raconte aussi comment, au fond, il y avait tout un système qui faisait semblant de ne pas voir parce qu'en fait, il fallait lui fournir,
11:33 entre guillemets, sa chair fraîche tous les soirs et que parfois, il fallait fournir deux femmes différentes après le 20h et que c'était comme ça et que tout le monde faisait semblant
11:43 de ne pas voir alors que tout le monde savait plus ou moins quand même que ces jeunes femmes allaient à l'abattoir dans ce bureau de sinistre réputation qu'il fermait à clé.
11:53 Et tout ça sous l'œil en plus parce que le détail sordide par excellence, c'est qu'il avait une photo énorme de sa fille anorexique dans son bureau et il violait les femmes
12:01 sous les yeux de sa fille.
12:03 L'une d'elles décrit d'ailleurs un viol sous la grande photo de Solène qui était accrochée dans le bureau de PPDA 15 jours après sa mort. Elle explique "le jour de la mort de sa fille Solène,
12:10 il m'a appelé par téléphone pour m'annoncer sa mort. Il m'a proposé de revenir assister à un second GST si je le voulais. J'ai accepté. Je me suis senti piégé, extrêmement mal à l'aise.
12:18 Je me suis dit qu'il ne pouvait rien m'arriver car j'avais l'âge de sa fille qui venait de mourir." Ce détail sordide est révélé 26 ans plus tard par une femme qui accuse PPDA de l'avoir violé dans son bureau
12:27 sous le portrait de sa fille. Enfin, dans ce livre, vous révélez et vous dénoncez aussi, entre autres, bien sûr, car il y a énormément de choses dans le livre,
12:34 l'omerta qui régnait autour de PPDA. Une des personnes qui témoigne dans le livre explique au sujet de la tour TF1, "cette tour est ronde, immense, imposante,
12:43 elle symbolise la toute-puissance du roi PPDA. C'est aussi la tour de l'omerta. Je suis en colère contre TF1 pour son silence passé, pour son silence aujourd'hui."
12:52 Et Romain Verly explique d'ailleurs aux Parisiens, avoir lui-même fait l'expérience de cette omerta, "je connais beaucoup d'anciens de TF1 qui m'envoient des SMS, mais restent planqués.
12:59 La société ne veut pas s'emparer de l'affaire PPDA car elle nous dérange tous. Ce silence ne contribue pas à ce que d'autres femmes se fassent connaître. En quelque sorte, le silence des anciens protège PPDA."
13:08 Oui, et puis je peux vous dire qu'il y a aussi beaucoup, aujourd'hui, de patrons de presse, de gens très puissants dans les médias, qui ont été formés par PPDA et qui n'ont pas envie d'en dire du mal,
13:16 qui n'ont pas envie de revenir sur cette affaire et qui préfèrent se taire.
13:20 D'accord. Gilles ?
13:22 Il y a des pages passionnantes, justement, sur tous les gens encore vivants, mais de TF1 à l'époque, et leur rôle, ce qu'ils savaient, ce qu'ils ne savaient pas.
13:30 La description très précise du bureau avec ces gens autour, effectivement, en lisant ces pages, on se dit, ce n'est pas possible. Ils savaient et ils se sont tus.
13:40 Moi, c'est ce que j'ai tiré du livre, c'est que le côté narcissique, toute puissance avait déteint sur les autres qui n'ont pas osé dire, mais ils savaient.
13:48 Oui, mais il y avait quelque chose de… on ne touchait pas au roi, il était tout puissant, il choisissait des femmes sur lesquelles il avait un droit de cuissage, comme on disait avant.
13:58 Et en fait, c'était au fond, elles viennent, elles cherchent ça, parce que c'est ça que vous disent une partie, même des femmes, elles cherchaient ça, elles en avaient envie,
14:06 il était tout puissant, etc. Pas une seule seconde, elles se mettent à la place des victimes, pas une seule seconde, elles se disent, elles ont un peu d'empathie pour ces gamines qui arrivent,
14:14 qui sont anorexiques, qui sont jeunes, qui sont éblouies par ce mec. Pas une de ces femmes qui entourent PPDA ne dit attention.
14:23 La seule qui fait attention, c'est l'une des patronnes des stages d'une grande école qui n'envoyait pas de stagiaires femmes à TF1, en disant, non, non, jamais, jamais de femmes auprès de PPDA, c'est trop dangereux.
14:41 Et puis il ne choisissait pas pour lui, autour de lui, pour travailler à TF1, ne prenait pas des femmes trop minces, il les aime, prenait des femmes fortes, c'est surréaliste, c'est pas…
14:49 - Ah non, c'est épouvantable. - C'est incroyable. - Et Romain Verlet s'est aussi plongé dans la lecture de ses propres ouvrages à PPDA, ça qui est glaçant.
14:56 - C'est glaçant aussi. - Parce qu'en fait, on se rend compte qu'il raconte tout, il raconte tous ses fantasmes. D'abord, il raconte ses fantasmes sur les très jeunes femmes.
15:02 - Dans les livres qu'il a écrits. - Dans les romans qu'il a écrits. Il raconte même les fantasmes qu'il a sur sa propre fille qui s'est suicidée, en disant, je regarde ses seins, etc.
15:10 - C'est très gênant. - C'est vrai que c'est une histoire sordide, sa fille s'est suicidée avant de partir en week-end avec lui. - Avec lui.
15:17 - Est-ce que… voilà, est-ce que vous en… ça c'est vrai qu'il y a beaucoup de gens qui disent que c'est parce qu'elle n'avait pas envie de partir en week-end avec lui, peut-être, parce qu'elle n'avait pas envie.
15:25 - Voilà, je ne sais pas, quelle était leur relation ? - Ils avaient une relation fusionnelle, parce qu'à la fois, il adorait sa fille, on ne peut pas lui reprocher, on voit bien d'ailleurs qu'il a été dévasté.
15:34 Et ça, on ne peut rien enlever à la douleur d'un père qui perd un enfant. Mais en même temps, ils avaient une relation incroyablement malsaine et on voit bien dans la façon dont il s'est à la fois justifié, dont il a publié les courriers, etc., etc., les lettres à Solène, qu'il y avait quelque chose de très malsain en eux.
15:48 Mais je vous dis, ce qui était très malsain, c'est notamment dans ses ouvrages, quand il raconte la nudité de sa fille, ses seins, est-ce qu'un jour, elle sera dans les mains d'un autre homme, etc., etc., qu'il avait un rapport au moins avec des visées incestueuses sur lui.
16:03 - Vous le dites dans le livre, la version de PPDA, lui, il dit que tout est faux, que tout ça est un complot contre lui. Et si on suit son raisonnement, ce serait un complot qui émènerait de qui et pourquoi on voudrait l'unir aujourd'hui ?
16:12 - Non, mais je pense que c'est la seule défense qu'il puisse avoir, c'est de dire que c'est un complot, tout à fait d'imagination. Mais c'est vrai, si vous voulez, mais c'est aussi pour ça que c'est important une enquête journalistique.
16:22 Parce que si vous voulez, ça permet de ne pas avoir frontalement les victimes et leurs bourreaux, et donc d'avoir quelqu'un, un homme, c'est aussi ça qui a des plus à certaines déplaignantes, mais c'est un homme, effectivement, qui s'est plongé pendant des mois durant sur tous ces entretiens, qui a montré quel était le système de PPDA et qui l'a mis au jour.
16:40 Mais il n'y a pas que le rapport à la sexualité qui est pathologique, il y a le rapport à l'argent. Il est dans des scandales aristophiles où on voit une espèce de pyramide de Ponzi sur des œuvres d'art et sur des livres anciens.
16:53 Il est d'une radinerie épouvantable. Il y a son bidonnage sur l'interview de Castro. Il y a son plagiat. Il a écrit, il était plagiaire. Donc c'est quand même un personnage incroyablement gênant à tout point de vue et qu'on en s'en sait, c'est ce que vous disiez, Cyril.
17:09 C'est qu'à la fois, on savait qu'il était plagiaire, on savait qu'il avait bidonné ses interviews, on savait qu'il était au moins très limite avec les femmes et pour autant, comme vous le disiez tout à l'heure très justement, il avait la carte.
17:20 - Comment vous expliquez ça ? - Je pense qu'il n'y a pas plus aveugle que celui qui ne veut pas voir. Il était tout puissant. Les gens savaient qu'il était tout puissant. Il pouvait faire et défaire des carrières littéraires, comme je vous le disais.
17:32 - Même pour nous, éditeur, des années durant, il a eu des avaloirs hyper conséquents. - Mais après, il y a des gens très puissants dans les médias et pourtant, les gens les attaquent. C'est vrai.
17:41 - Oui, je pense que par ailleurs, c'était une autre époque aussi. Je pense que ça a changé. Et pourquoi pas lui ? J'en savais en tout cas, grâce aux femmes. L'audience était dingue.
17:50 - Ah non, l'audience était exceptionnelle. Elle était énorme. De loin. - Il y a potentiellement aussi, c'est abordé dans le livre, quand on voit son carnet de rendez-vous.
18:00 C'est-à-dire qu'il avait des déjeuners, des avant-premières, des spectacles et aussi des déjeuners avec des politiques qu'il voyait beaucoup. Donc moi, j'en ai déduit. C'est un peu en filigrane dans le livre.
18:09 Je vous pose la question. N'a-t-il pas bénéficié aussi de protection politique ? Est-ce que certains n'ont pas voulu, avant, dénoncer le système parce qu'ils étaient proches de PPDA ?
18:18 En tout cas, c'est une question qu'on peut tous se poser. C'est au fond, laisser PPDA en place, ça arrangeait beaucoup de gens. Et donc, on l'a laissé en place des années durant.
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