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Deuxième de Ligue 1 avec 49 points, l'Olympique de Marseille a réalisé une première partie de championnat historique. Mais le club phocéen est-il capable de tenir la cadence ? Éléments de réponse avec Mélisande Gomez, journaliste à L'Équipe.

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Transcription
00:00 L'OM est reparti sur cette semaine.
00:03 On les avait quittés la semaine dernière, battus au Vélodrome par les Niçois.
00:07 Et on se demandait un peu comment ils allaient rebondir.
00:09 Et bien, ils ont mieux fait que rebondir,
00:10 puisqu'ils ont éliminé le PSG de la Coupe de France au Vélodrome
00:14 sur un match intéressant et d'une intensité folle.
00:17 Et puis, ils ont pris en plus 3 points au PSG.
00:19 Ils ont grappillé 3 points au PSG ce week-end en Ligue 1.
00:22 Ils ont trouvé les ressources de gagner à Clermont.
00:24 Donc, une super semaine pour l'OM.
00:26 Alors, on sait que Tudor a battu les records de points d'un entraîneur de Marseille
00:31 à ce stade de la saison, puisqu'il est 49 points après 23 matchs.
00:35 Mieux que Marcelo Bielsa, qui avait 47 points après 23 matchs.
00:38 Ce ne sont que des chiffres.
00:39 Mais il y a toujours cette petite musique et on a envie un peu de les comparer.
00:43 Alors, au niveau de l'applaudi-maître au Vélodrome,
00:45 c'est incomparable, puisque Bielsa, il y avait toute une mythologie,
00:49 pratiquement, du personnage qui fait que les émotions étaient décuplées.
00:53 Mais quand même, Tudor, c'est intéressant.
00:54 Et du coup, la question qui se pose, c'est est-ce que l'OM peut tenir la distance ?
00:58 Quand on se souvient, pour ceux qui ont de la mémoire,
01:00 que le mois de février avait été très difficile pour l'OM de Bielsa,
01:03 qui n'avait pris que 3 points sur 12 en Ligue 1, 3 matchs nuls, une défaite.
01:08 C'était le début des problèmes.
01:09 Alors, est-ce que Tudor va tenir ?
01:11 Et peut-être bien que oui, justement.
01:13 Et on va vous expliquer pourquoi.
01:23 Alors, au-delà des super débuts qu'ils ont fait l'un et l'autre sur le banc marseillais,
01:27 il y a des similitudes dans les deux styles.
01:28 La première, c'est cette intensité folle qu'ils réclament de leurs joueurs
01:32 et qui nécessite d'avoir des joueurs physiquement hyper affûtés.
01:35 Il faut des athlètes pour Bielsa comme pour Tudor,
01:38 parce qu'on court beaucoup et on ne court pas en trottinant,
01:41 on est toujours au sprint.
01:42 L'un et l'autre veulent un jeu assez vertical quand ils récupèrent le ballon,
01:46 l'un et l'autre veulent un gros pressing,
01:47 l'un et l'autre font un marquage individuel qui était une des marques de fabrique de Bielsa,
01:52 mais lui, jusqu'au boutiste dans ce marquage-là,
01:55 qui a complètement déformé son équipe.
01:57 Et puis l'un et l'autre parlent d'émotions.
02:03 Alors, on sait que les émotions étaient folles avec Marcelo Bielsa,
02:06 mais Tudor aussi l'a dit récemment en conférence de presse,
02:09 il n'y a pas que le résultat, le foot, ça doit être aussi les émotions
02:12 qu'on est capable de partager avec le public.
02:14 Dans ce thème-là, il se rapproche aussi des entraîneurs qui ont compris,
02:18 on a l'impression que le résultat, c'est que ça ne suffit plus,
02:21 il faut aussi du beau jeu dans la lignée des Guardiola et compagnie.
02:25 On voit même aussi en Ligue 1 des promus qui sont capables de jouer très bien au foot
02:29 et qui ont envie de jouer.
02:30 Mais Bielsa, entre les émotions et les résultats,
02:33 on a l'impression qu'il a choisi les émotions.
02:35 Comme s'il fallait opposer un peu les deux,
02:37 d'ailleurs dans les admirateurs de Bielsa, à qui on reproche souvent son palmarès,
02:41 on dit "oui, mais il y a les émotions".
02:42 Et Bielsa, il ne transige sur rien.
02:44 Il veut son football, il veut ses entraînements, il veut ses séances vidéo,
02:48 et il a tendance, en tout cas il a eu tendance à Marseille,
02:51 à perdre un petit peu son vestiaire qui était épuisé à la fin de la saison.
02:56 Tudor, lui, entre les émotions et le résultat,
02:58 eh bien il jongle un petit peu avec les deux, il se dit "c'est bien les émotions,
03:02 mais je veux aussi gagner des matchs".
03:04 On rappelle qu'il a quand même fait la plus grosse partie de sa carrière en Italie.
03:07 Ça veut dire quoi ?
03:08 Ça veut dire que tactiquement, Tudor, c'est beaucoup moins risqué quand même.
03:12 Alors oui, il y a du marquage individuel,
03:14 oui, il y a du gros pressing,
03:16 oui, on laisse parfois pas mal de profondeur dans le dos des défenseurs,
03:18 mais tous les mouvements sont compensés.
03:21 Tous ces déplacements de fonction qu'on voit dans le football de Tudor,
03:24 ils sont compensés par des déplacements, en général de Rongier ou Vertout,
03:28 et puis quand Rongier ou Vertout descend pour compenser,
03:30 c'est Ganduzzi qui vient compenser le déplacement de Rongier ou de Vertout,
03:34 qui fait qu'à chaque fois, les espaces sont couverts en cas de perte du ballon.
03:38 Les joueurs ont moins quand même de courses hyper longues à faire,
03:42 qui étaient parfois, avec Bielsa, intenables.
03:45 Avec Tudor, ça reste physiquement possible,
03:47 même si c'est beaucoup d'énergie dépensée.
03:50 Et puis dans le management, ils sont assez différents.
03:57 Ils sont pas là pour être les amis des joueurs,
03:59 on sait que ce sont deux forts caractères,
04:01 mais Tudor n'est pas de la même génération
04:03 et il sait combien il faut quand même garder ses joueurs avec soi.
04:07 Il a un côté très transparent,
04:09 c'est-à-dire que ce qu'il fait, il le dit, ce qu'il dit, il le fait.
04:11 Les joueurs savent ce qu'ils doivent faire et ce qu'ils ne doivent pas faire.
04:15 Les joueurs savent les efforts qu'ils doivent accomplir
04:17 et le travail qu'ils doivent accomplir.
04:19 Mais les consignes sont beaucoup plus claires
04:21 et sans doute beaucoup plus faciles pour eux à respecter,
04:24 parce qu'il y a une cohérence tactique et une structure d'équipe
04:27 qui se perdait souvent avec Bielsa,
04:29 ce qui nous donnait ce spectacle un peu ébouriffant,
04:32 mais qui pour des joueurs peut être assez stressant sur le terrain,
04:35 de toujours être sur un fil et mentalement, c'est hyper fatigant.
04:39 Alors, Thudor, ça pourrait tenir pour toutes ces raisons-là.
04:44 Son vestiaire est avec lui,
04:45 ils prennent du plaisir à jouer et évidemment à avoir des résultats,
04:48 parce que c'est lié.
04:49 Et ils n'ont plus que la Ligue 1 à jouer et la Coupe de France.
04:52 Ça promet pour la suite et on a hâte de voir ça.
04:54 [Musique]

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