Invité de Radio J, Hervé Marseille, sénateur et président de l’UDI, a accusé les députés de la France Insoumise de « transformer l’Assemblée nationale en camp de gitans ». Puis, sur l'antenne de BFM TV, la journaliste Anna Cabana reprenait l'expression en ajoutant la référence à « un camp de guignols ». Après avoir annoncé porté plainte et signalé ces propos à l'Arcom, William Acker, directeur général de l’association des gens du voyage (ANGVC), revient sur « ces discriminations constantes » dans les médias qui se concrétisent en « actes violents ».
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00:00 transformer l'Assemblée nationale en camp de gitans,
00:03 c'est pas les Saintes-Marie de la Mer.
00:04 On est dans, je sais pas, entre le camp de gitans, le camp de guignols.
00:10 On peut, sans trop se mouiller, penser que c'est un petit peu raciste quand même.
00:14 Voilà, sans trop se mouiller.
00:15 Quand on prononce ce type de propos, derrière,
00:19 il y a des choses très concrètes et très réelles.
00:21 On revient en fait sur l'usage de ces termes
00:24 qui nous paraissent tout à fait discriminatoires
00:27 et relever une expression anti-gygane complètement décomplexée en fait.
00:31 Camp de gitans.
00:32 Cette terminologie-là, elle est assez agressive
00:36 parce que quand on parle de camp,
00:37 on fait référence à des imageries anciennes, des camps volants,
00:41 notamment de Bohémiens et de Romanichels,
00:43 plus tard de nomades, au début du XXe siècle,
00:46 qui désignaient en fait des personnes mobiles qui venaient dans les villes
00:50 et concrémilaient, qu'on désignait aussi comme une forme de délinquance des campagnes à l'époque.
00:56 On ne voit les gens du voyage que sous le prisme de l'illégalité.
00:59 L'ublication d'un article par un média, quel qu'il soit,
01:02 suscite ensuite derrière des dizaines, voire des centaines,
01:05 voire des milliers de commentaires qui eux aussi vont dans un sens négatif.
01:09 C'est comme ça que se construisent les stéréotypes et les clichés
01:12 et qui sont entretenus d'année en année.
01:14 On ne souhaite plus laisser passer ce type de propos
01:17 parce qu'il faut bien comprendre que derrière les termes "la parole anti-gygane",
01:20 il y a des actes qui sont réels.
01:22 Il y a une semaine, il y a eu une descente,
01:25 une centaine de personnes à Villeron, en région parisienne,
01:29 qui sont allées déloger, attaquer une installation indicite pour le coup,
01:34 mais une installation quand même de personnes dites "Roms",
01:37 sous les cris de "Dehors les Roms", "Dégagez les Roms", etc.
01:41 Ceci sans aucun cadre légal, c'était vraiment une pédition punitive.
01:47 On a eu quand même un maire qui a ramené un tractopelle,
01:51 une pelleteuse, pour casser tout,
01:55 casser toute l'installation des personnes qui étaient là
01:57 et des personnes qui se sont enfouies en ayant peur.
02:00 Il y a aussi tous les actes du quotidien,
02:02 c'est-à-dire que les voyageurs sont constamment rejetés,
02:06 rejetés parce qu'ils ne peuvent pas vivre, s'installer dans les communes,
02:10 rejetés parce qu'on ne prévoit pas suffisamment le nombre de places d'accueil
02:16 qui devraient être prévues par la loi n'est pas remplie.
02:18 Aujourd'hui, seuls 26 départements sur l'ensemble des départements français
02:22 respectent leur prescription en matière d'accueil des gens du voyage.
02:25 Des maires refusent des inscriptions d'enfants à l'école
02:29 ou refusent d'accueillir les enfants dans les écoles,
02:31 ce qui est complètement illégal, mais qui arrive encore tous les jours.
02:35 Des rejets au niveau du travail, des rejets au niveau de la santé,
02:38 de l'accès aux hôpitaux, etc.
02:40 Ce sont des discriminations que vivent les familles de voyageurs quotidiennement
02:44 et qui passent complètement sous les radars.
02:46 En France, on amalgame tout, on confond tout.
02:49 Il y a beaucoup de sujets différents, il y a beaucoup de communautés différentes,
02:51 des communautés roumaniennes différentes et des communautés du voyage différentes.
02:55 Si Anna Cabana se permet sur BFM TV de tenir ses propos
02:59 ou si Hervé Marseille se permet sur Radio-G de tenir ses propos,
03:02 c'est bien parce qu'il n'a aucun collègue dans l'hémicycle
03:06 ou aucun collègue ou aucune collègue dans les médias
03:09 qui sont d'origine voyageuse ou en tout cas qui l'affirment.
03:12 Il faut se montrer et il faut qu'on accepte de nous entendre.
03:16 [SILENCE]