Olivier Dussopt: "Se faire injurier, c'est fait pour blesser (...) ça ne dit pas de belles choses de la démocratie"

  • l’année dernière
Olivier Dussopt, ministre du Travail, du Plein emploi et de l'Insertion, est l'invité de BFMTV-RMC ce vendredi.
Transcript
00:00 -Vous savez, quand on se fait injurier,
00:02 quand on voit des images qui sont violentes,
00:05 s'il n'y a pas d'autres mots, ce n'est pas agréable.
00:07 Et d'ailleurs, ça n'est pas fait pour être agréable.
00:09 C'est fait pour blesser, c'est fait pour déstabiliser.
00:11 Ça réveille aussi les fous, parfois.
00:14 Ça réveille les haines,
00:16 ça réveille les mauvais sentiments sur les réseaux sociaux ou ailleurs.
00:20 C'est pas ma conception du débat public.
00:22 Mais finalement, que ce soit moi ou quelqu'un d'autre.
00:24 Ce qui compte, c'est ce que ça dit de la démocratie.
00:27 Et ça ne dit pas des très belles choses de la démocratie.
00:30 Que ce soit mon visage ou celui d'un collègue,
00:32 ça n'est pas très important.
00:34 Mais ça ne dit pas de belles choses de la démocratie,
00:36 ça ne dit pas de belles choses de la manière
00:37 dont ceux qui se prêtent à ces mots et à ces images
00:40 considèrent la démocratie.
00:41 -Ça a des conséquences, puisque vous êtes sous protection policière renforcée.
00:44 C'est-à-dire que désormais, même dans vos temps libres,
00:47 vous êtes accompagné, même dans vos moments de vie privée,
00:50 de trois officiers, donc en permanence.
00:52 Il y a eu des messages de menaces, vous le disiez.
00:55 Vous disiez que ça réveillait des fous, des menaces de mort,
00:58 des images de guillotine,
00:59 y compris des messages à caractère homophobe.
01:02 Vous vous attendiez à ça ?
01:03 -Je m'attendais à ce que le débat soit difficile.
01:05 Après, je l'ai dit,
01:07 chaque insulte succède à une autre insulte.
01:10 C'est malheureusement, en réalité,
01:12 c'est pas une question personnelle.
01:14 Je dis, c'est malheureusement très représentatif
01:17 de la manière dont la démocratie peut être abîmée.
01:19 Lorsque des députés, des représentants de la nation,
01:23 qui siègent dans un lieu aussi chargé d'histoire,
01:25 aussi chargé de symboles que l'Assemblée,
01:27 se prêtent à cela,
01:29 lorsqu'ils encouragent, finalement, par des mots,
01:32 les manifestations les plus outrancières
01:34 sur les réseaux sociaux ou dans la rue,
01:35 ça abîme.
01:36 Et c'est peut-être une volonté, d'ailleurs, d'abîmer.
01:38 Ce n'est pas la mienne, ce n'est pas ma conception de la politique.
01:41 Moi, je ne suis pas satisfait, je ne suis pas heureux.
01:46 Pas pour moi, mais de manière générale.
01:48 Je ne suis pas heureux qu'un ministre soit obligé d'être sous protection.
01:51 Ça veut dire beaucoup et ça veut dire du mal.
01:54 Donc, ce qui compte aujourd'hui,
01:56 ce n'est pas ça, même si je trouve tout ça consternant,
01:59 c'est que le débat puisse aller à son terme,
02:01 c'est que la France insoumise arrête enfin l'obstruction.
02:03 Ça fait des jours et des jours qu'on nous parle de tout sauf du texte.
02:07 Ça fait des jours et des jours qu'ils nous inventent
02:09 des taxes sur les caisses de supermarché,
02:11 qu'ils nous font des débats qui n'ont ni queue ni tête,
02:13 juste pour une chose, ne pas parler de la réforme.
02:16 Parce qu'en réalité,
02:17 la coalition autour de la France insoumise
02:20 est totalement divisée autour de la réforme.
02:22 Mais nous, nous en parlons, pas dans l'hémicycle.
02:24 -La balle de la responsabilité du fond.
02:27 Mais si on reste quand même un instant sur ces menaces,
02:28 vous dites "ça abîme la démocratie".
02:30 Est-ce que vous vous sentez abîmé ?
02:32 Est-ce que vous vous êtes affecté ?
02:34 Est-ce que vous êtes triste, inquiet ?
02:36 -Je vous l'ai dit, ça n'est jamais agréable d'être insulté ni menacé.
02:39 Et donc dire qu'on est totalement imperméable, non,
02:41 parce qu'on est tous humains.
02:43 Mais c'est vraiment, vraiment pas ma priorité.
02:45 -Ce mot d'assassin, c'était le mot de trop ?
02:46 -Certainement, oui,
02:48 mais il est plus consternant pour l'auteur que pour moi.
02:51 -D'ailleurs, sur le fond, vous l'avez peut-être entendu,
02:53 il y a eu en effet une condamnation, il y a eu des excuses.
02:57 Vous avez dit de ne pas les accepter,
02:59 même si vous les entendiez, mais vous ne les pardonniez pas.
03:03 Je le vois même dans votre regard.
03:05 Là-dessus, vous êtes... -Je pardonne peu.
03:09 -Est-ce qu'il... -C'est un trait de caractère.
03:11 -Donc vous faites bloc, mais vous ne pardonnez pas.
03:14 -J'entends ce député s'excuser.
03:17 Il a bien fait de le faire.
03:18 Mais il y a des mots qu'on ne me pardonne pas.
03:20 L'incident est clos pour moi,
03:22 mais pas parce qu'il est clos qu'il est pardonné.
03:23 -Vous avez peut-être entendu que Manuel Bompard,
03:25 de La France Insoumise, disait que sur le fond, c'était juste.
03:26 -Mais M. Mélenchon a dit hier soir qu'il y avait une part de vrai.
03:29 Donc c'est aussi significatif
03:31 d'une violence non pas personnelle, mais d'un mouvement.
03:33 -Ca veut dire que les excuses n'étaient pas sincères ?
03:34 -Je n'en sais rien, c'est pas à moi qu'il faut poser la question.

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