Kimono gate : quel est ce conflit qui oppose la Fédération du judo à Clarisse Agbegnenou ?

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Transcript
00:00 Vous allez pouvoir écouter une experte, une championne du judo et la présentatrice d'Europe 1 Sport aussi le mardi, le mercredi et le jeudi.
00:05 C'est Céline Giraud. Bonsoir Céline !
00:07 - Salut Lionel, bonsoir à tous !
00:08 - Merci d'être avec nous. Vous êtes en studio exceptionnellement ce soir avec nous car il y a une affaire qui est en train de faire trembler
00:15 le monde du judo, plus exactement les judokas français. C'est ce que l'on appelle déjà le Kimono Gate.
00:22 Et au centre de cette affaire du Kimono Gate, Clarisse Agbeneniu qui est une très grande championne,
00:28 qui a été championne olympique et c'est une fois championne du monde. Que se passe-t-il ?
00:31 - Alors ça s'est passé ce week-end au Grand Slam de Tel Aviv, petite piqûre de rappel.
00:37 Vendredi dernier, donc 8 mois après la naissance de son premier enfant, la superstar du judo féminin faisait effectivement son grand retour sur les tatamis.
00:45 Un retour particulièrement mouvementé car on a plus parlé finalement de son kimono, de son judoji pour les puristes que de son judo.
00:52 La championne olympique n'est pas parvenue à trouver un accord, il faut le rappeler, pour pouvoir combattre avec son kimono qui est celui de l'ancien équipementier de la Fédération,
01:01 en l'occurrence Mizuno, avec qui elle avait signé un contrat de partenariat individuel avant sa maternité.
01:07 Et donc avant que la Fédération ne décide de changer d'équipementier, les kimonos d'équipe de France de judo sont désormais des kimonos adidas. Voilà pour le décor.
01:15 Quelques semaines avant sa compétition, la Fédération lui demande de signer la convention d'athlètes, comme le font tous les athlètes, pour l'année 2023.
01:22 Mais la communication, il faut le dire, aussi n'est pas très fluide entre elle et la Fédération, le timing est un peu serré.
01:28 Deuxième point de tension, son kimono de compétition ne lui est livré que deux jours avant son départ.
01:33 Elle n'a pas véritablement le temps de le tester, d'aller sur le tatami, c'est important quand on fait du judo, surtout quand on revient,
01:38 de transpirer dans son kimono, de le laver, entre guillemets, de se l'approprier. Et du coup c'est la deuxième fracture.
01:44 Deuxième fracture, et vendredi à Tel Aviv, elle refuse de porter ce kimono adidas, qui est le sponsor officiel de l'équipe de France de judo, de la Fédération,
01:52 parce que son sponsor particulier ne figure pas sur ce kimono. Donc du coup, sanction ou décision de la DTL, le directeur technique national,
02:00 lui dit "tu ne seras pas assisté d'un coach pour la compétition", tout simplement.
02:04 - Oui, parce qu'elle ne respecte pas le contrat, tout simplement, qui est en vigueur au sein de l'équipe de France pour son grand retour.
02:10 Alors, ce qui veut dire qu'elle n'a pas bénéficié finalement des conseils techniques du coach, qui assiste, vous savez, à chaque combat,
02:16 vous voyez, dans la petite boîte à Kodi de tatami, il délivre des conseils qui sont souvent précieux.
02:20 Alors c'est une situation qui était difficile, regrettable pour elle. Pourquoi ? Parce qu'elle faisait son grand retour,
02:26 elle n'avait pas énormément de judo en tout cas dans les pattes. Alors elle a perdu Clarisse pour son retour en quart de finale, puis en repêchage,
02:32 elle finit 7ème, mais elle peut compter sur le soutien de la ministre des Sports Amélie Oudéa Castera, qui a réagi à cette polémique au micro d'Axel May.
02:41 - Je pense qu'on a une très très grande championne, je pense qu'on a aussi une très belle fédération de judo, il faut absolument renouer le dialogue, vraiment.
02:49 Et en tout cas, elle sait, Clarisse, qu'elle peut compter sur mon soutien, j'ai aussi pu échanger avec Stéphane Nomi.
02:55 Je recevrai Clarisse le 27 février prochain, c'est un rendez-vous qui était déjà prévu, mais il sera évidemment l'occasion de revenir sur tout ça,
03:03 même si j'espère que c'est dès les prochains jours que ce dialogue va pouvoir se renouer harmonieusement.
03:08 On a vraiment besoin que cette championne, elle soit heureuse de porter ce kimono, qu'elle s'y sente bien.
03:14 Mais là aussi j'ai confiance et je pense qu'on va trouver la solution dans les jours à venir.
03:22 - En attendant, Clarisse, vous l'avez compris, il ne compte pas en rester là, elle a le soutien de la Fédération Internationale,
03:27 elle va tenter de trouver un accord ou un compromis avec l'aide d'un médiateur.
03:30 Des précisions malgré tout, il faut savoir que chaque année, généralement dans les deux premiers mois de l'année,
03:35 les athlètes signent une convention avec leur fédération, c'est finalement une obligation pour toutes les fédérations qui sont sous la délégation du ministère des Sports,
03:41 qui versent pour mémoire à chacune de ces fédérations une somme conséquente pour le haut niveau.
03:46 La fédération de judo ne déroge donc pas à la règle.
03:48 Je précise aussi que le budget du haut niveau pour le judo est en grande partie financé par la fédération elle-même,
03:54 et des sommes qui sont allouées par le ministère sont versées directement aux athlètes.
03:57 Des chiffres justement, le budget de la fédération aujourd'hui c'est 6 millions d'euros,
04:00 dont 2 millions d'euros de fonds propres.
04:02 Il faut savoir également que le haut niveau c'est 1,7 millions,
04:06 et c'est une des rares fédérations dont les budgets sont exactement équivalents pour les hommes et pour les femmes,
04:11 850 000 euros en l'occurrence.
04:13 - Un budget généré notamment pour le haut niveau par Adidas.
04:16 - Par les partenariats et notamment l'équipementier.
04:18 Je précise que c'est Frédérique Jossinet en plus qui elle est garante de cette équité,
04:22 de cette sérénité au sein du collectif, qui s'est battue justement pour cette parité.
04:26 Alors la convention en question, elle établit des règles et des devoirs entre les deux parties,
04:31 c'est-à-dire la planification des compétitions, le suivi médical,
04:34 la formation professionnelle mais aussi le droit à l'image et l'équipementier.
04:38 Clarisse avait signé cette convention en 2021 quand elle a été championne olympique à Tokyo,
04:44 à l'époque c'était Mizuno le partenaire et après elle a signé un contrat individuel qui a continué.
04:50 En 2022 elle était en congé maternité donc elle n'a pas signé de convention de façon mécanique
04:55 et pour 2023 à ce jour 95% des athlètes de l'équipe de France ont signé cette convention,
05:01 il n'y a pas d'urgence, généralement c'est signé dans les premières semaines de l'année.
05:05 La fédération et son président Stéphane Nomi souhaitent évidemment renouer le dialogue sereinement.
05:09 Écoutez Frédérique Jossinet pour quelques précisions intéressantes
05:12 qui est vice-présidente en charge du haut niveau et de la performance.
05:15 Oui aujourd'hui la situation est compliquée, j'ai envie de vous dire même que la situation finalement
05:21 elle est intenable, elle est intenable aussi pour la fédération et je pense qu'elle doit en effet
05:26 cesser dans les plus brefs délais et qu'aujourd'hui je sens que ce qui est en train de se passer
05:31 ça peut avoir un impact et pas positif sur l'ensemble du collectif féminin et masculin
05:37 mais encore plus évidemment féminin.
05:38 Si on dit qu'on donne à Clarisse un accompagnement qui correspond quasiment à un tiers du budget du haut niveau féminin,
05:45 dedans il y a des stages, stages spécifiques, une voiture mise à disposition de Clarisse,
05:52 on a les surclassements en business pour accompagner Clarisse avec sa petite fille sur ses déplacements,
05:57 des frais de garde, des intervenants spécifiques à la performance et au retour au plus haut niveau, etc.
06:03 Elle a un statut, c'est vrai, tu vois on reconnaît qu'elle a un statut,
06:07 on va la mettre dans les meilleures dispositions psychologiques pour qu'elle engage aussi une grosse préparation
06:13 en vue des championnats du monde, on la sélectionne direct.
06:15 Mais regarde ce qui s'est passé aujourd'hui, on voit qu'elle n'est pas au niveau encore.
06:18 Alors il reste quelques semaines, voire même il reste on va dire deux mois,
06:25 on sait qu'elle doit faire des efforts, qu'elle doit retravailler, qu'elle doit retrouver son niveau
06:29 mais est-ce que tu crois pas qu'avec tous les résultats qu'il y a eu aujourd'hui en équipe de France
06:33 sur le grand chelem de Paris, sur le grand chelem de ce week-end à Tel Aviv,
06:38 d'autres ne méritent pas aussi une place en équipe de France.
06:40 C'est une marque de respect cette sélection, personne n'en a parlé.
06:44 Ce que je peux vous dire aujourd'hui c'est qu'en effet il faut qu'on se remette autour de la table,
06:47 qu'il y a une convention qui doit être signée, qu'on doit trouver des accords en effet avec toutes les parties.
06:53 Le kimono de l'équipe de France, encore une fois c'est le maillot de l'équipe de France,
06:58 c'est la représentation de la France dans toutes les compétitions
07:02 et à partir de là on a un partenaire aujourd'hui qui est Adidas.
07:07 Bon, ces clarifications étaient essentielles, nécessaires pour remettre un peu l'église au milieu du village,
07:15 aussi pour comprendre les efforts qui sont faits par la fédération
07:18 et aussi cette situation qui est regrettable pour une championne comme Clarisse
07:21 qui mérite évidemment un accompagnement sur mesure et c'est ce que fait la fédération,
07:25 il y a juste ce point de tension sur l'équipementier.
07:28 Alors lundi prochain, Clarisse va donc rencontrer la ministre des sports,
07:31 une rencontre qui était prévue au préalable mais il est sûr que ce sujet sera sur la table
07:35 et d'ici là on l'espère repris ses échanges avec la fédération
07:39 en espérant que ce bras de fer puisse trouver une issue avant les championnats du monde
07:42 qui sont à doigt je le rappelle du 7 au 14 mai prochain.
07:44 - Bien sûr, parce que Céline Giraud, Clarisse Agbenenou est prête à porter cette affaire devant les tribunaux
07:49 si j'en juge par ses déclarations notamment sur les réseaux sociaux.
07:52 Elle s'en est prise également à David Douillet,
07:55 c'est un champion olympique, grand champion de judo s'il en est,
07:58 bien sûr qui a émis quelques critiques à son endroit,
08:03 qui résument un petit peu d'ailleurs ce que vient de dire Frédéric Jossinet,
08:06 et sur les réseaux sociaux Clarisse Agbenenou a dit que déjà c'était un petit peu déplacé
08:09 puisqu'il a déjà eu des propos qui étaient assez sexistes si j'ai bien compris,
08:14 et surtout qu'il était salarié d'Adidas, David Douillet.
08:19 - Alors on va aussi préciser qu'effectivement David Douillet a lancé en 94
08:24 avec son ami et coéquipier Cédric Dermet une marque qui s'appelle Double D,
08:29 qui est tout simplement la société qui a racheté la licence Adidas
08:32 pour produire tous les équipements arts martiaux, notamment le judo, le MMA et des sports de pli et point.
08:38 Il est sorti de cette société David Douillet il y a trois ans déjà,
08:43 donc aujourd'hui à l'heure où on se parle il n'en fait plus partie.
08:45 Donc effectivement ses déclarations n'engagent que lui,
08:48 et absolument pas Double D,
08:50 et donc la société Adidas qui a la licence des kimonos de l'équipe de France.
08:55 Après effectivement il prend position pour la fédération en disant qu'il y a un engagement,
08:59 que Clarisse effectivement a pu grâce à la fédération progresser, se construire,
09:04 mais qu'aujourd'hui voilà elle devrait être devable et respecter les règles.
09:08 Elle fait aussi Clarisse référence évidemment à Teddy Riner,
09:12 qui lui a pu bénéficier d'une dérogation,
09:14 puisqu'on s'en souvient il avait pu à l'époque,
09:18 avant que Adidas n'arrive, à l'époque où Mizuno était partenaire négocié avec Under Armour,
09:23 qui était son partenaire équipementier de sportswear,
09:26 de porter un kimono Under Armour.
09:28 Mais c'était une négociation qui s'était faite avec la fédération internationale entre Avocat et la fédération française,
09:32 et à l'époque Under Armour n'était pas un concurrent direct de Mizuno,
09:36 puisqu'il y avait un seul kimono qui était produit pour Teddy Riner.
09:39 Le cas s'est reproduit aux Jeux Olympiques, juste avant les Jeux de Tokyo,
09:44 puisque Teddy est monté sur le tatami avec un kimono,
09:46 la licence est Fight Art, mais c'est un kimono avec un R comme Riner.
09:50 - C'est sa marque. - C'est sa marque.
09:51 Et là aussi c'est une toute petite franchise qui ne vient absolument pas concurrencer ni Adidas,
09:56 ni Mizuno, ni le marché du kimono, puisque ce sont des kimonos qui ont été produits à 10 exemplaires.
10:00 Donc voilà, c'est pour ça que cet accord a pu se trouver.
10:04 Aujourd'hui Clarisse, effectivement, elle s'appuie sur cette jurisprudence,
10:08 mais le contexte est différent, puisque là on est sur deux superpuissances du marché de l'équipement,
10:13 en tout cas des kimonos, Mizuno et Adidas,
10:15 et ça va se... à mon avis la conciliation est possible,
10:18 parce que toutes les parties ont envie que ça se finisse bien,
10:21 l'image du judo est écornée, on parle plus de ça que vraiment du combat.
10:25 On en oublie presque qu'il y a eu trois médailles d'or ce week-end à Tel Aviv,
10:28 Margot Pinot, Meike Tse et la petite Blandine Pond,
10:31 qui d'ailleurs a décroché le dernier ticket pour les championnats du monde ce soir lors de la commission de sélection.
10:35 - Avec des kimonos Adidas. - Avec des kimonos Adidas.
10:37 Donc voilà, il serait bien qu'on reparle de judo,
10:39 mais en tout cas c'est vrai que la jurisprudence Teddy Riner, elle fait...
10:42 - Oui parce qu'on a la...

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