80 % des gens l'ont eue ou l'auront dans leur vie. C'est l'infection contractée par voie sexuelle la plus répandue… mais ce n'est pas une MST.
On a posé 8 questions très simples sur le papillomavirus à la docteure Julia Maruani, gynécologue médicale et vice-présidente de la Société Française de Colposcopie et de Pathologie Cervico-Vaginale.
On a posé 8 questions très simples sur le papillomavirus à la docteure Julia Maruani, gynécologue médicale et vice-présidente de la Société Française de Colposcopie et de Pathologie Cervico-Vaginale.
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00:00 80% de la population, hommes et femmes, au cours de sa vie,
00:03 va être en contact avec cette infection,
00:05 va être en contact avec un ou plusieurs papillomavirus.
00:08 Mais heureusement, 90%, voire 95%,
00:11 donc des personnes qui l'ont contracté, vont en guérir.
00:13 Alors, je pense qu'il faut commencer par dire
00:24 qu'il n'y a pas un papillomavirus, il y a des papillomavirus.
00:27 En fait, ce sont des virus qui vont avoir un tropisme,
00:29 c'est-à-dire une attirance pour les muqueuses génitales,
00:33 les muqueuses de l'oropharynx et la muqueuse anale.
00:36 Il existe beaucoup de papillomavirus qui sont soit cancérigènes,
00:40 soit non-cancérigènes.
00:41 Alors, tous ces papillomavirus se transmettent,
00:47 en fait, par voie sexuelle uniquement.
00:49 Il n'y a pas de transmission sur les toilettes ou dans la piscine,
00:52 parce que c'est souvent une question qui est posée.
00:54 Donc, il faut un contact, soit par pénétration,
00:57 soit par contact au niveau de la peau,
01:00 par exemple pubis contre pubis.
01:02 Soit ça peut être un virus qui est transporté aussi manuellement,
01:04 lors des caresses, lors des préliminaires.
01:06 Et puis, il y a une transmission aussi qui est oro-génitale.
01:09 Donc, il n'y a pas de symptômes à l'infection HPV,
01:15 donc il va y avoir des rythmes de dépistage.
01:17 Avant 25 ans, le risque de lésions précancéreuses,
01:19 elle est très faible et pas embêtante.
01:20 Donc, à partir de 25 ans, effectivement,
01:22 on fait ce qu'on appelle un prélèvement cervico-utérin.
01:24 C'est un peu ce qu'on appelait avant le mot "frotti",
01:26 c'est-à-dire avec une petite brosse,
01:27 on va récupérer des cellules du col.
01:29 Et selon l'âge de la femme, on va faire deux types de tests.
01:31 Ça, c'est un changement qui a eu lieu depuis 2020.
01:34 Soit avant 30 ans, donc c'est-à-dire entre 25 et 30 ans,
01:37 on va faire une cytologie, c'est-à-dire regarder les cellules
01:40 et regarder s'il y a une conséquence sur ces cellules
01:42 de l'infection au papillomavirus.
01:43 Et à partir de 30 ans,
01:45 c'est là qu'on va mettre en place la recherche directe des papillomavirus,
01:48 le fameux test HPV.
01:49 C'est différent des autres maladies sexuellement transmissibles,
01:51 comme le chlamydia ou le gonocoque,
01:54 où on a l'intérêt de dépister pour proposer un traitement.
01:56 Pour le papillomavirus, l'infection en elle-même,
01:58 on ne cherche pas à la dépister pour la traiter,
02:01 puisqu'il n'existe pas de traitement.
02:03 Par contre, ce qu'on va dépister,
02:04 ce sont les conséquences de l'infection persistante au papillomavirus,
02:08 c'est-à-dire les lésions qui peuvent apparaître,
02:10 notamment chez la femme, au niveau du col de l'utérus,
02:13 du vagin, de la vue.
02:14 Si la patiente est porteuse,
02:15 on va déclencher d'autres examens derrière.
02:17 On va faire la cytologie,
02:18 on va faire une colposcopie s'il y a une anomalie,
02:20 puisque ce n'est pas juste de savoir
02:22 si elle est porteuse qui nous intéresse,
02:24 c'est de savoir si la femme a un risque d'avoir une lésion précancéreuse.
02:26 La colposcopie, c'est un examen du col, sous spéculum,
02:34 avec un instrument qu'on appelle un colposcope,
02:36 qui va grossir visuellement,
02:38 ce n'est pas un microscope,
02:39 mais ça multiplie jusqu'à 30 à peu près.
02:41 Et on va utiliser deux colorants,
02:42 deux colorants qui vont chacun avoir une réaction différente
02:45 pour faire apparaître les lésions précancéreuses.
02:47 Donc ça va guider pour faire une petite biopsie,
02:49 les biopsies c'est un millimètre,
02:50 c'est quasiment un dollar pour toutes les femmes,
02:52 et ça va nous permettre de diagnostiquer les lésions.
02:54 Il n'y a pas une histoire que c'est l'homme qui transmet
03:00 ou la femme qui transmet,
03:01 d'ailleurs quel que soit le mode de sexualité,
03:03 les partenaires sexuels,
03:05 il y a une transmission des papillomavirus.
03:06 Il existe aussi des lésions liées au papillomavirus chez l'homme,
03:09 ça peut toucher les amygdales, la gorge,
03:12 ça peut toucher aussi l'anus.
03:14 Malheureusement aujourd'hui, on ne fait pas de test chez les hommes.
03:16 [Musique]
03:20 Alors il existe des lésions effectivement bénines liées au papillomavirus
03:24 et des lésions précancéreuses.
03:26 On appelle ça les lésions de bas grade ou les lésions de haut grade,
03:28 ce sont des termes que les patientes peuvent voir sur leurs résultats.
03:31 Les lésions de bas grade,
03:32 ce sont des lésions qui ont un très faible potentiel évolutif vers le haut grade,
03:36 c'est moins de 5%.
03:37 Ce qu'il faut vraiment comprendre, c'est que ces lésions bas grade, bénines,
03:40 elles vont régresser toutes seules dans la majorité des cas
03:42 ou rester persistantes,
03:43 mais elles n'auront pas de danger pour la femme.
03:45 Par contre, quand on en passe aux lésions de haut grade,
03:48 qui souvent sont là d'emblée,
03:49 ce n'est pas un précurseur, le bas grade ou le haut grade,
03:51 comme on pourrait l'imaginer.
03:52 Le plus souvent, les lésions de haut grade,
03:53 elles se développent d'emblée chez les patientes.
03:56 Et bien là, il va falloir ou faire une surveillance rapprochée,
03:59 selon les femmes, notamment si elles sont jeunes,
04:01 pour pouvoir éventuellement attendre un petit peu
04:04 de voir si les lésions régressent,
04:05 mais souvent chez les femmes de plus de 30 ans
04:07 qui ont une lésion précancéreuse,
04:08 on va proposer d'enlever cette lésion la plus fréquente
04:11 et celle qu'on fait le plus souvent, c'est la conisation.
04:13 Donc c'est un acte chirurgical où on va réséquer
04:16 un petit morceau à l'extrémité du col de l'utérus.
04:19 En fait, on regarde où sont les lésions précancéreuses
04:22 et sous colposcope, on va faire cette résection,
04:24 enlever la zone précancéreuse pour en arrêter l'évolution.
04:27 Le risque immédiat, ça peut être les saignements
04:29 dans les 15 jours qui suivent suite à l'opération.
04:32 Donc ce n'est pas grand-chose.
04:33 Par contre, c'est les risques au long cours
04:35 pour les femmes qui ont encore un projet d'enfant.
04:37 Puisqu'on va couper un morceau du col,
04:38 le col va être plus court.
04:40 Et donc, c'est des femmes qui vont avoir un risque
04:42 légèrement augmenté par rapport aux femmes non opérées
04:45 d'accouchement prématuré.
04:46 Alors, éviter l'infection papillomavirus,
04:52 elle va être très difficile.
04:53 Le préservatif va protéger à 70% le risque de contamination.
04:58 Donc ça reste quand même à conseiller,
05:00 70%, ce n'est pas négligeable.
05:02 Mais les caresses, le contact de la peau
05:05 va, dans beaucoup de situations aussi,
05:07 entraîner une infection papillomavirus.
05:10 Le vaccin, il va être efficace sur tous les cancers
05:13 qui sont liés au papillomavirus.
05:14 Et donc, je vous rappelle que les hommes,
05:16 on n'a pas de dépistage pour anticiper
05:19 à un stade précancéreux les lésions de la gorge
05:21 ou les lésions du canal anal,
05:23 et aussi chez la femme.
05:24 Donc aujourd'hui, la seule protection vraiment efficace
05:26 qu'on peut proposer pour les hommes reste la vaccination.
05:28 On est à 15 ans du début de la vaccination.
05:31 Il n'y a pas d'effet secondaire grave lié à cette vaccination.
05:35 Notamment, puisque c'est toujours le cas,
05:36 depuis les années 90,
05:37 et la vaccination contre l'hépatite B,
05:39 la sclérose en plaques.
05:40 Quand on prend une population vaccinée et non vaccinée,
05:43 il y a le même nombre de sclérose en plaques.
05:44 Donc si la vaccination changeait quelque chose,
05:46 il y aurait une augmentation.
05:47 Les recommandations aujourd'hui pour la vaccination anti-HPV
05:49 sont de le faire avant 20 ans.
05:51 Tous les jeunes, garçons et filles,
05:53 devraient être vaccinés avant 15 ans
05:55 et en rattrapage si ça n'a pas été fait jusqu'à 20 ans.
05:57 Les hommes qui ont des rapports sexuels avec des hommes
05:59 peuvent se faire vacciner jusqu'à 26 ans.
06:01 Les hommes qui ont des rapports sexuels avec des hommes
06:02 peuvent se faire vacciner jusqu'à 26 ans.
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