Dans le "Face à Face Critique" de cette semaine, Marie Sauvion et Samuel Douhaire ont vu le récit romanesque de Steven Spielberg dévoilant son histoire intime : Une mère « Peter Pan », ses sœurs qu’il filmait à la maison, la séparation de ses parents…. Le cinéaste raconte la genèse de son art dans The Fabelmans. Et se livre comme rarement.
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Court métrageTranscription
00:00 Steven Spielberg aura attendu d'avoir 75 ans pour raconter enfin sa vie au cinéma,
00:05 de la raconter sans filtre, ça valait vraiment le coup d'attendre.
00:27 Le Fable Man, c'est l'histoire d'un petit garçon qui découvre émerveiller le cinéma
00:31 à l'âge de 6 ans et qui va être tellement émerveillé qu'il va en faire son métier.
00:35 Si vous êtes prêts à rencontrer la famille Spielberg, c'est elle sauf qu'elle s'appelle
00:38 ici les Fable Man.
00:39 C'est l'histoire d'un couple qui se délite, celui de ses parents, c'est l'histoire
00:42 d'un secret de famille qui va être révélé par quoi ? Par le cinéma.
00:46 Moi j'ai beaucoup pleuré, je me dis comme ça je ne fais pas de chichi, je ne fais pas
00:49 de mystère.
00:50 On est bouleversé constamment par ce qui se joue à l'écran et par ce que ça signifie
00:56 en réalité et parce que ça implique dans la vie d'un artiste.
01:00 What kind of movie are we going to make ?
01:02 The Fable Man s'ouvre avec la première fois de Steven Spielberg au cinéma quand il découvre
01:16 à l'âge de 6 ans, sous le plus grand chapiteau du monde, de Cecil B. DeMille, un film sur
01:20 l'univers du cirque.
01:21 Le film va tellement marquer le jeune Spielberg qu'il va vraiment le traumatiser.
01:25 Il y a notamment une scène où un train déraille avec un accident très très spectaculaire
01:32 dans le film de Cecil B. DeMille et que le jeune Samy Feynman, Steven Spielberg, va reconstituer
01:37 chez lui avec un train électrique.
01:39 Il y a cette séquence géniale où la mère comprend qu'il a besoin d'avoir le contrôle
01:45 sur sa peur finalement et elle va lui filer la caméra du père, une petite caméra 8
01:49 mm, une petite caméra familiale, avec laquelle il va rejouer l'accident et le rejouer encore
01:54 pour réaliser son premier montage.
01:56 C'est certainement un peu romancé, c'est certainement un peu embelli, mais alors sur
02:01 la naissance d'une vocation, c'est à la fois limpide, bouleversant, beau à l'image.
02:07 Évidemment, ce qui est intéressant, c'est de voir le regard qu'il porte lui sur la
02:23 jeunesse de ses œuvres, puisqu'il apparaît en germe tout au long du film des séquences,
02:29 des scènes dont on a l'impression de les avoir déjà vues chez Spielberg.
02:33 Il veut passer à faire des films de guerre, il a 13-14 ans, et il va dans le désert de
02:38 l'Arizona avec ses copains Boy Scouts pour tourner un film de guerre.
02:41 On a l'impression de voir dans The Fable Mads les débuts d'un cinéaste qui quelques
02:47 années plus tard va faire Fausse Solver le Soldat Ryan.
02:49 The Fable Mads est un vrai régal pour tous les fans de Spielberg de retrouver d'où
02:52 vient telle ou telle idée de film.
02:54 Une petite sœur qui crie en tournant des petits films de famille, tout à coup, mais
02:58 est-ce que ce ne serait pas la Gertie de E.T. ? Et on comprend tout à coup comment finalement
03:03 il a parlé de lui dans toute son œuvre jusqu'ici, et puis là tout à coup c'est au grand jour,
03:08 le voile est tombé et on pénètre l'intimité.
03:11 On sent vraiment un artiste qui, à 75 ans passés, veut faire vraiment un retour sur
03:17 sa vie et s'autorise des libertés créatrices qui ne s'étaient pas forcément autorisées
03:21 jusqu'à présent.
03:22 Steven Spielberg réussit un film qui n'est pas du tout théorique sur le cinéma, qui
03:28 est extrêmement incarné, divertissant, comme il sait toujours faire, il n'est pas the
03:32 king of entertainment pour rien.
03:34 Et en même temps, il réussit, je dirais, un film qui est peut-être ce qu'on a vu
03:40 de plus profond sur le cinéma ces dernières années, sur sa magie, sur son danger aussi.
03:45 Qu'est-ce que c'est que le cinéma quand on est un homme cinéma ?
03:48 Littéralement, c'est-à-dire que c'est quelqu'un qui dans le film a le cinéma
03:51 dans la peau, il projette des images sur la paume de ses mains, dans le petit placard
03:56 qui lui sert de salle de projection.
03:57 Évidemment, le fait d'avoir fait un placard, on a l'impression de se balader dans sa
04:01 psyché tout le temps.
04:02 En un mot commençant, Foncez voir The Fable Man, c'est l'un des trois plus beaux films
04:06 de Steven Spielberg, sinon son plus beau film, un des très très grands films de l'année
04:10 et un des plus beaux hommages qu'il soit au cinéma.
04:12 [Musique]