• l’année dernière
Transcription
00:00 Ils font le nom des grands médecins,
00:03 mais les grands médecins n'ont pas reçu de conseils
00:08 de la Société Soviétique.
00:12 Juif polonais, étudiant en médecine à Varsovie,
00:20 en 1939, Klingberg a fui les nazis pour rejoindre l'Union Soviétique.
00:24 Engagé dans le service médical de l'armée rouge,
00:29 il est devenu un épidémiologiste remarqué par les plus hautes autorités soviétiques.
00:33 Après guerre, il a émigré en Israël,
00:36 où il a dirigé le programme clandestin d'armes bactériologiques.
00:40 Les services israéliens ont fini par découvrir
00:42 que le professeur Klingberg livrait toutes ses recherches à l'URSS.
00:46 C'est un homme du XXe siècle, qui a traversé le XXe siècle,
00:59 qui a traversé tous les tourments du XXe siècle.
01:02 Comment le juger ?
01:03 Qu'est-ce qu'on aurait fait à sa place ?
01:05 Quand il passe du côté soviétique,
01:07 c'est qu'il a la mort aux trousses, il est nazi, il est juif.
01:10 Donc tout ça fait qu'il y a ensuite un enchaînement,
01:13 il décide d'être fidèle au régime soviétique,
01:16 qui lui sauve la vie d'une part,
01:18 et qui en plus lui permet d'accéder à un niveau d'études,
01:20 de connaissances très important.
01:22 Qui reste fidèle à ce régime ?
01:23 Ça peut se comprendre, ça peut s'entendre.
01:25 Qu'ensuite, il y a la création d'Israël,
01:28 qui s'y reconnaisse parce qu'encore une fois,
01:30 on sait d'où il vient, de la Pologne d'avant-guerre,
01:32 avec tous les pogroms qu'on a connus,
01:34 qu'il trouve sa place là, c'est logique.
01:37 Qui d'entre nous n'a jamais été confronté à un conflit de loyauté ?
01:39 Et je crois que Klingberg, il faut le ramener à ça,
01:42 au conflit de loyauté.
01:43 Et lui, il a géré ça comme un équilibriste.
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02:29 S'il livre des secrets à l'Union soviétique,
02:31 c'est encore une fois l'époque de la guerre froide,
02:33 il y a deux blocs,
02:34 il considère que la science doit être au-dessus des deux blocs,
02:37 au-dessus des enjeux mondiaux,
02:38 et que la science doit être partagée par tous.
02:40 Les connaissances scientifiques doivent être partagées par tous.
02:43 C'est pour lui la garantie, une garantie de paix.
02:45 C'est-à-dire qu'à partir du moment où on sait ce que les autres savent,
02:48 il y a un équilibre.
02:49 Bon, c'est l'équilibre de la terreur,
02:51 c'est aussi toutes ces histoires des missiles d'un côté,
02:54 les mêmes missiles de l'autre.
02:55 C'est ce qui permet effectivement d'établir un équilibre
02:58 et de garantir la paix.
02:59 Marcus Klingberg s'inscrivait dans ce courant-là.
03:01 Lui, il ne s'était pas du tout considéré en tant que traître.
03:04 Pour lui, il y avait une conviction
03:07 que ce qu'il a livré aux soviétiques
03:10 n'a pas mis en danger l'État d'Israël.
03:12 C'est aussi très curieux, cette démarche.
03:14 Il était quelqu'un qui appartenait à l'appareil sécuritaire de l'État israélien
03:20 et qui le défendait,
03:21 et continuerait de défendre bien longtemps,
03:25 même après le dévoilement de toute son histoire.
03:29 Donc voilà, pour lui, ce n'était pas de la trahison.
03:34 Il y a des cas où tu préfères,
03:39 à cause de la sensibilité du sujet,
03:42 faire ce qu'on appelle une "silence" dans les manifestations.
03:46 Regarde, je ne peux pas entrer dans les détails,
03:48 mais je peux te dire que celui qui était
03:50 le secrétaire général de la machine biologique
03:53 connaissait les secrets de l'État d'Israël
04:01 dans le domaine de la développement de l'arme,
04:04 dans le domaine des développements de l'arme biologique et chimique.
04:08 Cette histoire, sans encore le souffre,
04:26 on n'a jamais su exactement la teneur des secrets
04:28 que Marcus Klingberg a livrés aux soviétiques.
04:30 Donc c'est encore une histoire qui est...
04:32 Il n'y a plus d'enjeux majeurs en Israël aujourd'hui.
04:36 Malgré tout, Klingberg, je le rappelle,
04:38 a été balancé par un transfuge, un agent double.
04:40 Et l'identité de cet agent double relève toujours du secret défense.
04:44 Vous n'avez pas le droit de le citer.
04:46 Nous connaissons, il y a elle et moi, le nom de cette personne.
04:49 C'est un type très fortuné qui est établi en Israël,
04:52 quelqu'un de l'establishment.
04:53 Et puis on s'arrête là, on ne peut pas en dire plus.
04:55 Cette expérience qui était extrêmement riche
04:57 nous a confrontés effectivement à un terrain de tournage
05:01 en tout cas assez délicat.
05:03 On sentait bien qu'on marchait sur un terrain très fragile.
05:09 Il fallait vraiment calculer à qui on adresse la parole,
05:12 où on tient les entretiens,
05:14 qui est au courant de notre présence,
05:17 est-ce qu'on a le droit de filmer des institutions de l'État ou pas ?
05:23 La réponse est non.
05:24 Ce n'est pas que l'homme a révélé sa faute,
05:28 et ce n'est pas qu'il a dit « j'ai fait un erreur et je n'aurais pas dû faire ça ».
05:34 À un certain niveau, j'ai ressenti une sorte d'appréciation,
05:42 si je peux dire ainsi,
05:44 à l'homme qui a suivi son idéologie.
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