• il y a 2 ans
À la suite d'une Assemblée générale de l'Organisation des Nations Unies mercredi soir, la ministre des Affaires Étrangères, Catherine Colonna, s'exprime sur la guerre en Ukraine et sur l'attitude de la Russie, un an après le début du conflit. 

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Transcription
00:00 On va tout de suite rejoindre notre invitée, la ministre de l'Europe et des Affaires étrangères, Catherine Colonna.
00:04 Bonjour, merci d'être avec nous. Vous êtes à New York, vous êtes intervenue hier au nom de la France à l'Assemblée générale des Nations Unies.
00:10 Tout d'abord, votre réaction forcément à cette date triste d'anniversaire ?
00:15 Ça fait un an que la Russie a lancé son invasion de l'Ukraine.
00:19 Oui, merci de votre invitation.
00:22 Tout d'abord, en effet, ça fait 365 jours aujourd'hui que la Russie a agressé l'Ukraine sans aucune raison, sans aucune justification.
00:30 Et 365 jours qu'elle y commet des crimes et des atrocités, qu'elle ne respecte en rien le droit de la guerre.
00:36 La Russie s'en prend aux populations civiles, c'est ignoble.
00:40 Et il faut rappeler que nous devons lutter contre l'impunité et que les responsables de ces crimes seront punis.
00:46 Alors, un an de guerre, évidemment, c'est beaucoup trop.
00:49 Chacun aspire à la paix et je crois qu'il faut que la Russie sache entendre le message clair qui est venu hier de New York.
00:58 L'Assemblée générale des Nations Unies lui a demandé de respecter les principes de la charte des Nations Unies.
01:05 La Russie est membre permanente du Conseil de sécurité.
01:08 Mais elle lui a aussi fait une autre demande, qui est de retirer ses troupes immédiatement, sans condition et complètement.
01:16 Ce message, il faut l'entendre, 141 pays se sont exprimés en ce sens et seuls quelques pays se sont trouvés aux côtés de la Russie, très peu nombreux.
01:24 Et je vais vous citer quelques-uns des noms pour vous montrer que ça n'est pas très glorieux pour elle,
01:28 puisque se retrouver avec la Corée du Nord ou la Biélorussie n'est pas tout à fait le signe que son audience dans le monde ait écouté.
01:38 C'est une défaite pour la Russie, elle est isolée.
01:40 Et c'est une défaite politique, diplomatique, mais aussi morale.
01:43 Alors pour contextualiser pour les personnes qui nous regardent, Madame la Ministre,
01:46 je rappelle donc qu'il y a eu une Assemblée Générale de l'ONU qui a eu lieu hier soir,
01:49 avec ce vote dont vous parlez large majorité pour le retrait immédiat des troupes russes d'Ukraine.
01:55 Très large majorité.
01:56 Très large majorité.
01:57 Mais alors ces textes sont non contraignants, il faut le rappeler aussi.
02:00 Qu'est-ce que ça signifie ? Est-ce que c'est purement symbolique ?
02:03 Ou est-ce que ça peut avoir de vraies conséquences ?
02:05 Ça peut paraître un peu loin pour les personnes qui nous regardent souvent.
02:09 Oui, je comprends tout à fait, mais lorsque vous avez face à une telle agression,
02:17 la quasi-totalité de la communauté internationale qui vous demande de cesser,
02:21 qui condamne l'agression, qui demande à la Russie de mettre un terme à celle-ci,
02:28 je crois qu'il faudra que la Russie sache écouter.
02:30 Parallèlement à ces efforts diplomatiques qui sont indispensables.
02:34 Indispensables, parce que le plan de paix qui est sur la table,
02:37 c'est ni plus ni moins le respect de la Chaire des Nations Unies.
02:40 Parallèlement à cela, nous aidons les uns et les autres de l'Ukraine à se défendre.
02:45 La France le fait, elle le fait résolument.
02:47 Vous avez rappelé il y a quelques instants qu'elle a décidé d'augmenter, de renforcer,
02:51 même d'accélérer son soutien militaire.
02:53 Parce qu'il faut que l'Ukraine soit forte sur le terrain
02:56 pour pouvoir amener la Russie à changer d'attitude
02:59 et envisager une autre phase, une phase qui serait plus diplomatique.
03:03 Voilà les doubles chemins que nous suivons.
03:08 Et il faut que la Russie, maintenant, sache entendre.
03:10 Catherine Colonna, vous dites "la Russie est isolée".
03:14 C'est vrai que le vote est majoritaire et soutient cette résolution.
03:17 Mais on s'aperçoit que depuis le début de la guerre,
03:19 il y a quand même une fracture dans le monde,
03:21 avec la Chine, l'Inde, l'Afrique du Sud,
03:23 une trentaine de pays africains qui s'abstiennent.
03:26 C'est vrai, la Chine n'a pas voté contre, l'Inde non plus.
03:29 Ils se sont abstenus, ces deux pays.
03:31 Mais néanmoins, on voit qu'on n'a pas réussi,
03:33 contrairement à ce que vous dites, à complètement isoler la Russie
03:37 et que la guerre continue.
03:38 Et on dit même que la Chine va livrer des drones,
03:40 des centaines de drones, c'est une information qui est sortie aujourd'hui.
03:43 Et les Américains s'inquiètent de cette livraison d'armes.
03:45 Alors, est-ce que, véritablement, on peut isoler la Russie ?
03:48 Est-ce que les sanctions peuvent être efficaces ?
03:50 En réalité, est-ce que tout cela va permettre, effectivement,
03:53 de changer la donne ?
03:54 Ou est-ce qu'on va rester sur ce statu quo
03:57 et on peut dire c'est un passe, c'est un passe diplomatique ?
04:00 Alors, d'abord, la Russie a été isolée hier.
04:04 Pardonnez-moi de revenir sur ce point,
04:06 mais il ne s'est trouvé que six pays pour être à ses côtés,
04:09 des pays pas tout à fait recommandables.
04:11 Nous avons cité quelques-uns.
04:13 Pour le reste, je crois qu'il faut faire attention
04:16 à ne pas se tromper dans l'analyse.
04:18 Ce n'est pas le nord contre le sud, l'est contre l'ouest,
04:21 puisque hier, 141 pays ont voté clairement pour demander à la Russie
04:25 de cesser ce qu'elle fait, de cesser cette guerre.
04:28 Et il se trouve que ce sont des États de l'ensemble des continents.
04:32 Et donc, il n'y a pas une fausse division qu'il faudrait instaurer.
04:36 Cela étant dit, nous faisons beaucoup d'efforts,
04:38 et nous devons continuer, bien sûr, à les faire,
04:40 pour expliquer que ce qui est en jeu,
04:42 ce n'est pas seulement la sécurité de l'Ukraine.
04:45 Bien sûr, ça concerne l'Ukraine et le peuple ukrainien au premier chef.
04:48 Ça concerne aussi la sécurité de l'Europe,
04:50 mais ça concerne le monde entier.
04:51 Vous comprenez bien que si chacun peut agresser son voisin
04:55 en toute impunité,
04:56 eh bien, c'en est fini de la paix et de la stabilité dans le monde.
04:58 Personne ne sera en sécurité.
05:00 Il est important que l'ensemble des pays soient encore plus nombreux
05:04 à le comprendre, pour se manifester plus clairement encore
05:08 contre l'agression russe, contre cette guerre,
05:11 et demander à la Russie de cesser.
05:13 Vous parlez en train des sanctions.
05:15 La Chine s'est abstenue, comme à chaque fois.
05:18 Vous savez, ce qui est remarquable, c'est qu'au bout d'un an,
05:21 nous avons exactement les mêmes majorités
05:23 pour condamner l'agression russe et pour lui demander
05:26 de retirer ses troupes.
05:27 La Chine, traditionnellement, s'est abstenue.
05:29 Elle s'est abstenue encore hier.
05:31 Ce matin, elle parle de paix.
05:33 Et si nous avons des interrogations sur quelques tentations
05:38 qui pourraient être les siennes,
05:40 de se ranger matériellement aux côtés de la Russie,
05:45 eh bien, ne sont pas avérées.
05:46 C'est aussi pour cela que nous la mettons en garde,
05:49 car ce serait un changement de sa part grave
05:52 de sa position traditionnelle de respect du droit international
05:55 et de respect des principes de la Charte des Nations Unies,
05:57 notamment la souveraineté des États, le respect de leurs frontières.
06:02 Et les sanctions, est-ce qu'elles sont efficaces ?
06:04 On va avoir une dixième vague de sanctions.
06:06 On se demande, finalement, pourquoi il faut tant de temps
06:09 et tant de vagues de sanctions pour un résultat qui n'est pas évident.
06:12 D'une part, elles sont efficaces,
06:15 puisqu'elles ont largement désorganisé l'appareil de production russe.
06:20 Je parle là des efforts qui pèsent désormais sur son industrie,
06:25 sur son industrie de guerre en particulier,
06:28 la fin de l'accès à un certain nombre de technologies de pointe.
06:32 Et puis, nous l'avons aussi privé des financements
06:35 qui revenaient des ressources gazières et pétrolières.
06:40 Au-delà de ça, oui, nous continuons à renforcer les sanctions,
06:42 parce que nous sanctionnons individuellement
06:45 un certain nombre de fauteurs de guerre,
06:47 de responsables de guerre.
06:48 De quoi vous parlez aujourd'hui ?
06:50 Je termine juste là-dessus.
06:52 Nous devons adopter, au niveau européen,
06:54 ce dixième train de sanctions qui va renforcer
06:58 le nombre de personnes de Wagner qui sont sous sanctions,
07:01 qui va également sanctionner la commissaire aux droits de l'homme russe,
07:05 celle qui est responsable de ces odieux enlèvements d'enfants
07:08 qui sont aussi pratiques depuis des mois et des mois.
07:10 Voilà pourquoi nous renforçons la pression,
07:12 et nous continuerons à le faire s'il le faut.
07:14 Ça ne doit faire aucun doute.
07:17 Merci beaucoup Catherine Colonna d'avoir été en direct avec nous depuis New York.

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