L’avocat, Sébastien Codeço, revient sur l’affaire Pierre Palmade : «Les avocats ne sont pas des monstres froids et sans cœur».
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00:00 Ecoutez, cette question de l'appel du parquet, cette position du parquet depuis le départ à solliciter le placement des tensions provisoires
00:10 me surprend un petit peu. Alors j'entends évidemment le côté dramatique des faits, j'entends tout cela, mais si vous voulez,
00:19 je crois que la première décision qui a été rendue m'a semblé tout de même assez juste dans un sens.
00:27 Équilibré. Équilibré, voilà, plus équilibré que juste, mais surtout très adapté aussi à la situation particulière dans laquelle se trouve M. Palmade.
00:36 Alors évidemment, à chaque fois, vous savez, les avocats ont se fait critiquer parce qu'on vient sur les plateaux dire toujours cette même chose.
00:42 Il faut savoir se délester de toute l'émotion, de toute la dramaturgie qui peut se jouer. On en est conscient. Vous savez, on n'est pas des monstres froids, sans cœur.
00:51 On a conscience de tout ça, mais on a un référentiel. Le référentiel qu'on a, c'est la loi. C'est le code pénal, c'est le code de procédure pénale.
00:59 Et il ne faut pas oublier qu'on est, on reste, quelle que soit la qualité, quelle que soit la célébrité de la personne qui est en cause,
01:07 on reste dans une affaire pénale qui est et qui doit rester comme les autres. Et donc, je crois que mettons toute cette dramaturgie de côté, réfléchissons objectivement,
01:18 concrètement, réfléchissons, prenons les textes. C'est comme ça qu'on travaille. La première chose qu'on fait quand on est avocat, c'est qu'on prend son code.
01:25 Voilà, là, je prends mon code, je regarde l'article 144 du code de procédure pénale dont j'ai parlé tout à l'heure. Je regarde les critères.
01:30 Bon, est-ce que le placement en détention provisoire serait-il justifié pour atteindre au moins l'un des sept critères qui figurent à cet article 144 ?
01:39 Empêcher la concertation entre divers co-auteurs, protéger le mise en examen de lui-même, protéger les victimes, éviter la réitération, etc.
01:48 Moi, je vous le dis très honnêtement, je crois qu'il est dans une situation physique, médicale, qui justifie en tout point cette première décision.
01:57 Il est, attention, il ne faut pas se méprendre, un contrôle judiciaire, ce n'est pas une colonie de vacances.
02:03 Non, il n'est pas libre de ses mouvements.
02:04 Exactement, ça reste une mesure restrictive de liberté et au cas particulier, il n'est même pas chez lui.
02:11 Il a été placé dans un institut médical avec cette visée précise de pouvoir le traiter.
02:18 Donc, si vous voulez, la première décision est parfaitement individualisée à la situation de M. Palmade.
02:24 Et je crois qu'il faut quand même, j'insiste là-dessus et je l'ai dit tout à l'heure aussi, il faut reconsidérer la détention provisoire pour ce qu'elle est.
02:33 Elle n'est pas une sanction préalable.
02:35 Maintenant, j'apporte une petite nuance tout de même à ça.
02:38 Il y a quelque chose qui se joue un petit peu dans l'ombre là et c'est peut-être ce qui justifie aussi que la mise en délibéré soit reportée à lundi.
02:47 Ce qui se joue, c'est déjà ce à quoi pourra ressembler la future sanction, la future peine qui sera prononcée à l'égard de M. Palmade.
02:57 Pourquoi ? Parce que les magistrats qui statuent aujourd'hui ont une responsabilité particulière.
03:02 M. Palmade comparait-il rat libre ou détenu le jour de l'audience ?
03:10 C'est une question qui est importante parce qu'on n'a pas les mêmes chances.
03:14 Ça ne se passe pas de la même manière que l'on comparait détenu ou libre au regard de la présomption d'innocence.
03:19 Ça change même absolument tout.
03:22 Donc peut-être que les magistrats vont prendre le temps de la réflexion pour savoir si dans le fond, il pourrait être prononcé à l'égard de M. Palmade in fine,
03:32 attention, après des mois et des mois d'instruction, d'expertise, de contre-expertise,
03:37 ils vont se demander si in fine, il y a une possibilité qu'une peine d'emprisonnement ferme avec mandat de dépôt soit prononcée.
03:45 Je crois aussi que la décision qui sera rendue lundi le sera au prisme de cette réflexion-là.
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