La parole aux Français Week-End du 25/02/2023

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L'actualité vue par les témoins du quotidien dans #LaParoleAuxFrancaisWE

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00:00:00 Bonjour à tous, bienvenue dans La Parole aux Français, au sommaire de votre émission
00:00:05 aujourd'hui, évidemment, on va revenir sur l'ouverture du Salon international de l'agriculture.
00:00:10 On se rendra bien évidemment sur place, porte de Versailles à Paris. Vous entendrez plusieurs
00:00:15 agriculteurs, qu'est-ce qu'ils attendent de la visite du Président de la République
00:00:20 alors qu'une vague de sécheresse sans précédent s'abat sur l'Europe. 32 jours sans pluie,
00:00:24 le ministre de l'Écologie envisage déjà des mesures de restriction. Les agriculteurs
00:00:29 seront-ils encore une fois pénalisés ? On leur posera la question. Autre actualité,
00:00:35 aujourd'hui, les études d'infirmiers et d'infirmières, 40% des étudiants abandonnent
00:00:40 avant la fin de leur cursus qui doit durer 3 ans. Alors que les hôpitaux ont du mal
00:00:44 à recruter, comment expliquer ce désamour pour ce métier ? On entendra justement le
00:00:49 témoignage d'un élève à ce sujet. Et puis on se rendra en Loire-Atlantique, à Saint-Brévin,
00:00:55 la commune doit accueillir prochainement un centre d'accueil pour demandeurs d'asile,
00:00:59 un projet qui divise la commune. Deux manifestations sont organisées. Aujourd'hui, l'une avait
00:01:04 lieu ce matin en soutien au projet, l'autre en ce moment même pour s'opposer. A ce centre,
00:01:09 mais tout de suite on fait le point sur le reste de l'actualité, c'est avec Mathieu
00:01:14 Deveze. Dans l'affaire Pierre Palmade, l'un des deux hommes en garde à vue dans le cadre
00:01:19 de l'enquête pour détention d'images à caractère pédopornographique sera présenté
00:01:24 aujourd'hui à un juge d'instruction. Le second a été libéré. Les deux hommes étaient
00:01:28 entendus dans le cadre de l'enquête ouverte le 18 février après un signalement effectué
00:01:32 auprès des services de police. L'enquête pour agression sexuelle aggravée visant le
00:01:37 cardinal Jean-Pierre Ricard a été classée sans suite en raison de sa prescription. L'ancien
00:01:41 archevêque de Bordeaux avait reconnu avoir abusé d'une fille de 14 ans il y a plusieurs
00:01:45 décennies. Il avait pris sa retraite en octobre 2019. Un homme de 53 ans et une femme de 24
00:01:51 ans ont été tués par arme à feu cette nuit en Corse. Selon le procureur de la République
00:01:55 de Bastia, les deux victimes étaient a priori en couple. Les faits se sont déroulés au
00:01:59 domicile de la jeune femme et le suspect est activement recherché. Enfin, la nuit du 12
00:02:04 a remporté hier soir pas moins de 6 Césars dont ceux du meilleur film et de la meilleure
00:02:08 réalisation. Le film de Dominique Molle raconte l'investigation de deux policiers de la police
00:02:12 judiciaire. Virginie Effira a été sacrée meilleure actrice et Benoît Magimel a remporté
00:02:17 un deuxième César du meilleur acteur d'affilée.
00:02:20 On va commencer évidemment par le salon de l'agriculture. Il s'ouvre aujourd'hui, inauguré
00:02:27 comme le veut la tradition par Emmanuel Macron. Évidemment, il va passer une grande partie
00:02:32 de la journée sur place entre bains de foule, rencontres avec les agriculteurs et aussi,
00:02:36 il faut bien le dire, quelques pancartes contre la réforme des retraites. On va se rendre
00:02:40 justement au salon où nous attend Jean-Pierre Josselin, éleveur d'Auvin et président
00:02:45 de l'organisation de sélection Auvin Nord. Alors bonjour, merci beaucoup d'être avec
00:02:50 nous. D'abord, une petite question. Comment s'est passé cette première matinée au salon
00:02:54 de l'agriculture ? Dans quel état d'esprit sont les collègues que vous croisez aujourd'hui ?
00:02:58 Eh bien bonjour. Donc oui, Jean-Pierre Josselin, président de l'organisation, mais avant tout
00:03:06 éleveur dans le nord de la France avec une troupe de 500 brebis. Et pour ma 30e année
00:03:12 au salon, nous sommes ravis de retrouver les visiteurs puisque pour cette première journée,
00:03:17 nous n'avons jamais vu autant de monde parcourir les allées du salon.
00:03:21 Est-ce que ça vous remonte un peu le moral ? On a vu cette année la sécheresse, l'inflation,
00:03:26 on a eu beaucoup de témoignages aussi sur cette antenne d'agriculteurs qui était un
00:03:29 petit peu démoralisée. Comment vous trouvez le moral des troupes aujourd'hui ?
00:03:33 Ah oui, l'implication ou l'engouement pour les retrouvailles du salon n'implique pas
00:03:43 non plus un engouement pour l'agriculture. Et effectivement, les dossiers qui sont aujourd'hui
00:03:49 sur le bureau du ministre et en l'occurrence du président, le déficit pluviométrique
00:03:55 dans certaines régions et dans toute la France est un gros problème récurrent. Espérons
00:04:00 qu'il ne soit que conjoncturel, mais il faut absolument trouver dans les années à venir
00:04:05 un nouveau mode de production et surtout une grande directive du président sur l'avenir
00:04:15 de l'agriculture.
00:04:16 Justement ce matin, le président de la République disait que c'était la fin de l'abondance
00:04:19 en parlant de cet épisode de sécheresse. Il y a quelques jours, son ministre de l'écologie,
00:04:24 Christophe Béchut, parlait déjà de restrictions potentiellement en mars. Est-ce que vous avez
00:04:28 l'impression que de nouveau, on va vous imposer des sanctions, des contraintes supplémentaires
00:04:33 alors qu'on imagine évidemment que vous faites déjà suffisamment attention ?
00:04:35 Alors oui, la profession est organisée depuis de nombreuses années sur l'organisation
00:04:43 des chantiers d'irrigation dans les régions où elles sont établies. Mais en dehors de
00:04:48 ça, les propositions doivent être suivies d'actes et une réforme de l'agriculture
00:04:54 doit passer par des grandes orientations sur du long terme et non pas des petites orientations
00:05:01 annuelles sur des phénomènes qu'on pourrait considérer peut-être pédoglimatiques. Espérons-le
00:05:06 que la pluie reviendra et que dans les années à venir, on n'aura pas à reconsidérer cette
00:05:12 problématique sécheresse.
00:05:13 Est-ce que vous avez l'impression que les gouvernements qui se sont succédés ont un
00:05:17 peu perdu de temps, comme vous nous le dites là, juste à l'instant ? À chaque fois,
00:05:21 ce sont des solutions à la petite semaine ou à l'épisode de sécheresse sans qu'il
00:05:25 y ait eu véritablement de grand plan pour, comme vous le disiez tout à l'heure, peut-être
00:05:28 penser à un autre mode d'agriculture qui consomme moins ?
00:05:30 Alors avant tout, il faut évoquer ce qui a précédemment pénalisé un petit peu l'ensemble
00:05:43 des Français. Parlons de la souveraineté énergétique où on est très dépendant de
00:05:48 produits venant des pays de l'Est ou autres et ne tombons pas dans le même panneau avec
00:05:53 la souveraineté alimentaire. C'est ça qu'il nous faut comme clignotant vert, c'est-à-dire
00:05:58 qu'au fin, l'agriculture française doit retrouver ses notes de noblesse en termes
00:06:03 de souveraineté alimentaire. En l'occurrence, la dernière en date, la restriction des NNI
00:06:11 néo-néocolité digne sur la betterave, qui a été très dommageable pour la profession
00:06:18 et la filière dans le sens où on est à la veille des Smith-Betrave. Bien entendu qu'on
00:06:22 doit sortir de ces solutions qui étaient très chimiques et la profession s'y est engagée,
00:06:28 on était prêt à le faire. Aujourd'hui, ce qui est tombé il y a très peu de temps
00:06:32 en termes de directive européenne et de restriction de ses utilisations nous laisse sans solution
00:06:40 alternative et c'est ça le problème. Aujourd'hui, on ne peut pas considérer, on ne peut pas
00:06:44 conduire nos exploitations avec des solutions de ce type-là. C'est impossible.
00:06:48 Mais tout à l'heure, justement, certains de vos collègues agriculteurs ont interpellé
00:06:51 le président de la République en disant qu'ils étaient effectivement face à un certain
00:06:54 nombre de problèmes qui ne se sentaient pas forcément écoutés, qu'ils n'avaient pas
00:06:57 forcément de relais. Est-ce que vous, en tant qu'agriculteur, quand vous parlez aussi
00:07:01 au sein de votre organisation, vous avez l'impression d'être parfois un petit peu les oubliés ?
00:07:05 Alors, je ne sais pas si on est les oubliés. Ce qu'il faut, c'est qu'on ait des filières
00:07:12 fortes qui parlent d'une agriculture, des agricultures, des agricultures, ne tombons
00:07:19 pas dans le piège d'opposer nos agricultures, qu'elles soient biologiques, conventionnelles,
00:07:26 avec des marques de fabrique qui sont les gammes Labelle Rouge ou des choses comme ça.
00:07:34 On a besoin de l'ensemble des acteurs sur le territoire. L'agriculture, c'est des territoires,
00:07:40 c'est des saisons, c'est des modes de production très différents selon où on se trouve.
00:07:43 Et on a besoin de ça pour enrichir notre agriculture.
00:07:46 Pierre Lelouch, qui est avec moi en plateau, voudrait aussi interagir avec vous.
00:07:51 Oui, bonjour monsieur. Je voudrais vous poser une question simple. Après, je reviendrai
00:07:55 sur la question des néonicotinoïdes. Là, je ne suis franchement pas d'accord avec vous
00:08:00 parce que le monde agricole était prévenu. Il y avait même une loi qui a été adoptée
00:08:04 il y a trois ans. Là, ce qui vient de tomber, c'est une décision de justice. Après que
00:08:09 le gouvernement ait contourné sa propre loi. On ne peut pas dire que les gens n'étaient
00:08:13 pas au courant. Et en plus, vous avez vous-même reconnu que c'était une question chimique
00:08:18 extrêmement nocive pour la biodiversité, notamment pour les agriculteurs. Mais je
00:08:23 veux écarter ce problème.
00:08:24 Je n'ai pas dit ça. J'ai dit que c'était une solution chimique dans laquelle on était
00:08:30 d'accord l'ensemble de la profession pour en sortir.
00:08:32 Il faut en sortir.
00:08:33 Aujourd'hui, la décision a été prise à la veille des semis. Il n'y a aucune alternative
00:08:41 qui est proposée.
00:08:42 Je suis bien d'accord avec vous. Je rappelle simplement que cette loi avait été adoptée
00:08:46 il y a trois ans déjà. Ce n'est pas une surprise. Nous étions, comme vous le savez,
00:08:50 en violation des règles européennes. Et comme la PAC est tout à fait inscrite dans
00:08:55 la logique européenne, j'en sais quelque chose par mes propres fonctions dans le passé.
00:09:00 Laissons ça de côté. Je voulais vous interroger sur l'impact des augmentations suite à la
00:09:07 guerre en Ukraine sur votre profession d'éleveur. Concrètement, qu'est-ce qui se passe pour
00:09:14 votre filière à vous, c'est-à-dire les ovins ?
00:09:16 La filière ovine est une filière plutôt aujourd'hui en recherche de création, en
00:09:29 recherche de renouvellement de génération. Et aujourd'hui, l'impact qui est sur cette
00:09:35 filière-là, c'est surtout la filière alimentation animale où les coûts ont été très impactés
00:09:45 depuis ces dernières années, avec un cours de l'agneau qui a suivi, mais pas au même
00:09:50 niveau. Et donc aujourd'hui, la grosse question dans les régions où on a parlé tout à
00:09:54 l'heure de risque climatique avec des sécheresses qui s'annoncent encore cette année, avec
00:09:59 un impact qui fait que ces productions-là seront peut-être aussi demain des productions
00:10:06 en risque.
00:10:07 Une question aussi sur ce qu'on a appelé récemment l'agri-bashing, certains qui critiquent
00:10:13 les agriculteurs qui ne seraient pas assez écolos, qui seraient trop dépensiers en
00:10:17 eau. Qu'est-ce que vous pensez de ça ? Est-ce que ce n'est pas un peu lassant parfois,
00:10:21 ces critiques pas toujours très pertinentes ou constructives ?
00:10:24 On peut comprendre que certaines personnes considèrent que l'agriculture qu'on mène
00:10:32 aujourd'hui n'est pas à leurs yeux celle qu'ils espèrent, mais peut-être qu'il y
00:10:37 a aussi un souci de communication vis-à-vis de ces personnes-là. Et fort de constater
00:10:40 aujourd'hui que l'agriculture, c'est quand même des territoires, des saisons, et l'agriculteur
00:10:46 qui vit avec ça et qui produit par rapport à ça est tout à fait en phase avec l'adéquation
00:10:51 et l'attente des consommateurs de façon générale.
00:10:53 Merci beaucoup Jean-Pierre Josselin d'avoir été avec nous dans la Parole aux Français.
00:10:58 On remercie aussi Thomas Bonnet et Jules Bedot qui ont permis la réalisation de ce duplex.
00:11:03 Messieurs, je voulais vous faire juste réagir à une petite séquence. Justement, c'était
00:11:06 ce matin, Emmanuel Macron qui a été interpellé par des agriculteurs. Regardez cette séquence.
00:11:12 J'ai perdu 274 mètres, il m'en reste deux. Vous avez été informés, tous vos services.
00:11:18 On a rencontré six fois les ministres. Aujourd'hui, la dernière affliction qu'on a eue, c'était
00:11:22 le 13 septembre. On a été insultés carrément parce que M. de Normandie avait avancé. Nous,
00:11:27 on nous dit, circulez, il n'y a rien à voir. Allez voir le GPSE, ils vont vous aider. Moi,
00:11:31 j'ai deux millions d'euros de pertes. J'ai voulu vendre ma ferme, je ne peux pas la vendre
00:11:35 parce qu'elle n'est pas vendable.
00:11:36 Vous êtes au courant de ça M. Macron ?
00:11:37 Je suis au courant.
00:11:38 Moi, je suis de haute loi. Il s'est posé une antenne relais. Il vous a reçu des courriers.
00:11:44 Ce n'est pas de votre sort, ce n'est pas du sort du préfet, c'est du sort de personne.
00:11:49 Il s'est posé une antenne relais, nous, on n'a plus de vaches. On n'a plus de mouches
00:11:53 dans le bâtiment, on n'a plus rien.
00:11:54 Vous vous rendez compte, lui, l'antenne relais se monte, les vaches crèvent. Donc, au tribunal,
00:11:58 il gagne l'arrêt de l'antenne pendant deux mois. L'État, enfin, au Conseil d'État,
00:12:02 pour annuler cette décision-là. Il a vendu toutes ses vaches, toutes crevées.
00:12:05 Pierre Lelouch, ça vous faisait réagir, ce qu'explique cet agriculteur au président
00:12:09 de la République ?
00:12:10 C'est un domaine que je connais un peu parce que je passe beaucoup de temps dans le monde
00:12:14 rural. Ce point est très sérieux. Il est démontré factuellement qu'à chaque fois
00:12:23 que vous posez une antenne relais ou des éoliennes à proximité d'habitation, les humains et
00:12:32 les animaux subissent. Et les animaux, ils meurent. Les vaches, les tiens ne produisent
00:12:36 plus de lait. Les vaches et les veaux meurent. C'est démontré. Le problème, c'est que
00:12:43 la mécanique infernale des... Et au nom de l'écologie, naturellement, on n'arrête
00:12:47 pas les éoliennes. Au nom du confort de chacun, tout le monde a besoin de portable. Et les
00:12:52 gens qui sont en dessous le payent lourdement. Et ça se traduit par des coûts. Les exploitations
00:12:58 sont obligées de fermer. C'est documenté dans de nombreuses régions, notamment dans
00:13:02 l'ouest de la France. Et là, il n'y a pas de réponse de la part de l'État. Donc, ces
00:13:07 agriculteurs, ils ont raison. Moi, ce que je voudrais dire aujourd'hui, puisqu'on va
00:13:10 parler d'un domaine que je connais un peu et qui m'est cher, c'est oui, la souveraineté
00:13:15 alimentaire de la France, c'est fondamental. Oui, l'agriculture française, ça fait partie
00:13:20 de l'embellissement et de l'entretien de nos paysages. Et oui, il est indispensable
00:13:25 de faire en sorte que la transition démographique se fasse bien. Or, là, nous avons perdu
00:13:30 en 10 ans 30% des fermes ont disparu en 10 ans. Il n'y avait pas loin d'un demi-million
00:13:40 de fermes. Aujourd'hui, on est tombé à 389 000 exploitations. Et les petites exploitations
00:13:46 ferment et elles sont rachetées par des plus grosses. Et là, on assiste à un phénomène
00:13:50 qui est celui de la financiarisation de l'agriculteur. Plus les entreprises grossissent et sont soutenues
00:13:58 massivement par les banques et les coopératives, plus le prix du fond s'y augmente, plus il
00:14:02 est très difficile pour un jeune de commencer dans cette carrière qui est fondamentale
00:14:07 pour le pays. C'est pour ça qu'il faut être intelligent dans la façon d'aider
00:14:11 notre agriculture. Je ne suis pas sûr et même je suis même convaincu du contraire.
00:14:15 Le modèle actuel de l'agriculture, des grandes cultures dominées par des grandes
00:14:21 exploitations avec derrière des coopératives qui pèsent des milliards d'euros et le tout
00:14:27 financé naturellement puisque les aides de Bruxelles sont financées vers les lobbies
00:14:32 les plus efficaces, tout ça se fait au détriment d'une agriculture beaucoup plus bio, beaucoup
00:14:37 plus respectueuse et beaucoup plus à taille humaine. Donc ce à quoi nous assistons dans
00:14:43 notre pays est assez grave. C'est une sorte de deuxième démembrement comme celui qui
00:14:48 avait suivi dans les années 60-70, mais cette fois-ci sous le poids de la finance, de la
00:14:53 chimie. Évidemment, du côté des consommateurs, il y a des gens qui se plaignent. Ils n'ont
00:14:57 pas totalement tort. Et donc c'est moins de l'agribashing qu'il faut faire qu'une
00:15:02 réforme intelligente d'un monde agricole dont on a besoin dans notre pays, parce que
00:15:06 c'est une de nos richesses, à condition de savoir le réformer et force est de constater
00:15:11 que c'est très difficile à faire parce que ce monde est divisé en deux grands syndicats
00:15:18 dont l'un n'a pas tellement envie de se faire réformer et le poids des lobbies est très
00:15:24 lourd dans le système. Georges Fenech, effectivement, Emmanuel Macron qui ce matin dit notamment
00:15:29 à la presse qu'il appelle un plan de sobriété sur l'eau, évoquant la fin de l'abondance.
00:15:35 C'était vraiment l'abondance pour les agriculteurs ? On vit une période de sécheresse assez
00:15:40 exceptionnelle puisqu'on en est au 32e jour sans pluie et que nos nappes phréatiques
00:15:47 sont en retard. Je crois qu'on a un manque de réserve d'environ deux mois, ce qui est
00:15:53 énorme. Tout cela, évidemment, est inquiétant et nouveau. On ne peut pas rester comme ça
00:16:00 à attendre que l'événement climatique, météorologique se produise. Il faut anticiper
00:16:06 ce genre de choses. Il faut mieux redistribuer l'eau, il faut plus de rétention collinière.
00:16:11 On sait ce qu'il faut faire en réalité. Il faut aussi sans doute un plan de sobriété,
00:16:16 une meilleure redistribution. Mais on a le sentiment qu'on réagit toujours réactivement
00:16:22 à un phénomène météorologique climatique, alors qu'il faut avoir un plan et anticiper
00:16:27 tout cela. Il y a un vrai sujet sur la destruction des haies, le drainage des champs, les cultures
00:16:36 qui demandent énormément d'eau. Je pense au maïs. Le maïs est indispensable pour
00:16:40 l'agriculture, mais c'est une plante qui, en plein été, a besoin d'énormément
00:16:45 d'eau. Vous allez trouver en pleine sécheresse des canons à eau qui tirent au maximum de
00:16:49 l'eau, qui est en plus mal répandue sur les champs. Tout cela est à repenser complètement.
00:16:56 Maintenant, sur un plan plus général, ce que j'aimerais dire, c'est que ça fait
00:17:00 des années et des années qu'on parle des difficultés de l'agriculture, voire menacées,
00:17:05 voire disparaissent. Et pourtant, notre agriculture est toujours debout. C'est ce qu'il faut
00:17:10 voir en réalité. Je crois qu'on est la première production agricole dans l'Union
00:17:16 Européenne. C'est un million et demi d'emplois. C'est aussi une balance commerciale
00:17:25 excédentaire. Ils sont toujours debout, nos agriculteurs. Et pourtant, ils ont un métier
00:17:32 difficile. Ils sont concurrencés. Ils ont des petites retraites. Ils ont des problèmes
00:17:37 de transmission. Ils ont des problèmes d'attractivité. Et elle tient debout grâce à eux. Je crois
00:17:42 qu'il faut quand même s'en féliciter.
00:17:44 Justement, le problème de transmission, on y reviendra à 14h30 avec un autre agriculteur.
00:17:49 Mais on va changer de sujet et s'intéresser à la notion de légitime défense. Parce
00:17:53 qu'à Maison-Alfort, jeudi soir, deux individus ont tenté de voler un sac à un usager. Une
00:17:59 altercation a alors démarré entre la victime et les voleurs. L'un des voleurs, présumé,
00:18:04 est tombé sur les voies et a été mortellement percuté par un train. Évidemment, les circonstances
00:18:08 de ce drame restent à déterminer. Les explications de Marine Sabourin.
00:18:13 C'est un vol à l'arraché qui vire au drame. Il est 20h à la gare de Maison-Alfort
00:18:17 lorsque deux individus, deux mineurs isolés selon nos sources, tentent de dérober le
00:18:22 sac d'un usager qui attend son train sur le quai. Une altercation d'abord verbale,
00:18:26 puis physique aurait eu lieu entre les trois protagonistes. La victime de la tentative
00:18:30 de vol aurait reçu plusieurs coups de poing de la part d'un des deux voleurs présumés.
00:18:33 Elle aurait alors riposté et l'un de ses agresseurs aurait chuté sur les voies alors
00:18:38 qu'un train traversait la gare. L'individu est mort sur le coup. Le geste de la victime
00:18:43 du vol reste encore à déterminer. Si c'était un geste disproportionné qu'il
00:18:48 aurait poussé pour se défaire en faisant tomber sur les rails, il pourrait effectivement
00:18:52 se voir reprocher un homicide involontaire. Mais encore une fois, il faut attendre les
00:18:56 conclusions de l'enquête. L'homme, un père de famille de 22 ans, a
00:18:59 été placé hier en garde à vue pour violences ayant entraîné la mort sans intention de
00:19:03 la donner. Alors, quelle peut être sa défense ?
00:19:06 On peut parler de légitime défense, on peut parler aussi d'excuse de provocation parce
00:19:11 qu'il a été provoqué dans son geste. C'est-à-dire que si personne ne lui avait rien demandé
00:19:17 à cet individu, si personne n'avait cherché à lui voler son sac, il ne serait rien arrivé
00:19:21 à personne. Le complice du vol, qui serait un Marocain
00:19:23 âgé de 17 ans, était entendu hier pour vol en Réunion.
00:19:26 Et nous sommes en ligne avec Maître Ludovic de Villelle. Vous êtes avocat, vous avez
00:19:32 entendu ce sujet juste à l'instant, avec la notion de légitime défense au cœur de
00:19:38 l'affaire. Comment on peut déterminer de manière certaine qu'on soit bien dans la
00:19:42 légitime défense ? Et comme le disait Georges Fenech à l'instant, que la réaction soit
00:19:45 bien proportionnée ? À ce stade, Madame, il est impossible d'apporter
00:19:50 une réponse à votre question puisque l'enquête est en cours. Et effectivement, Georges Fenech
00:19:55 précise bien que tout est une question d'appréciation des faits. Il y a nécessairement sur ce
00:20:00 quai de gare des caméras de vidéosurveillance, il y avait d'autres personnes qui attendaient
00:20:05 le train. Les témoignages, ces caméras de vidéosurveillance vont permettre d'apprécier
00:20:10 les conditions dans lesquelles cette altercation a eu lieu. Est-ce que ce jeune s'en est
00:20:15 pris uniquement au cartable ou au sac de la personne qui attendait le train ? Ou est-ce
00:20:20 que, comme l'indique votre reportage, il y a eu une altercation des coups ? Dans ce
00:20:24 cas-là, on ne serait pas simplement face à une personne qui défend son sac à main,
00:20:28 son bien, mais qui peut-être cherche à défendre son intégrité physique. Et dans ce cas,
00:20:33 une bagarre et pas simplement vouloir défendre son bien aurait éclaté. Est-ce qu'à l'occasion
00:20:39 de cette bagarre, de manière inopportune et malencontreuse, ce jeune serait tombé
00:20:45 sur la voie ? Tout est une question factuelle et en fonction de ces faits, ça va prendre
00:20:50 quelques jours, voire quelques semaines, nous saurons précisément comment l'attaque
00:20:55 a eu lieu et comment cet homme s'est défendu. Soit, comme l'a dit Georges Fenech, il y
00:21:00 a une disproportion entre défendre un bien et la mort de cet individu, où c'est malheureusement
00:21:05 une conséquence extrêmement dramatique.
00:21:07 Mais ce qu'on entend parfois, les forces de l'ordre ont tendance à dire que quand
00:21:11 on est justement la victime d'un vol, d'une agression, il vaut mieux ne pas réagir pour
00:21:15 éviter justement ce genre de réaction en chaîne. C'est un peu lassant quand même
00:21:19 de se dire qu'aujourd'hui une personne qui à la base a été attaquée se retrouve
00:21:22 en garde à vue, même si une fois de plus elle doit justifier ses actes et que c'est
00:21:25 logique. Mais ça interpelle quand même.
00:21:27 Vous avez parfaitement raison de rappeler cela. Ce monsieur est courageux. D'abord,
00:21:33 je pense à lui parce qu'il a entre guillemets un mort sur la conscience et il doit forcément
00:21:39 être particulièrement meurtri aujourd'hui des conséquences de ce qui s'est passé.
00:21:43 Pour autant, il a été courageux. D'abord, il a sauvé peut-être ou il a tenté de préserver
00:21:48 son bien, son cartable ou son sac. Et encore une fois, peut-être que l'enquête démontrera
00:21:52 qu'il y a eu au-delà d'une tentative de vol, une altercation physique et il a cherché
00:21:57 à se défendre. Certains auraient laissé le vol se perpétuer. Il a été courageux.
00:22:02 Donc, je pense à lui aujourd'hui parce qu'il est dans une situation extrêmement
00:22:06 difficile.
00:22:07 Vous restez en ligne avec nous. Je vais juste faire réagir Georges Fenech et Pierre Lejelouche.
00:22:11 Georges, c'est vrai que cette question de légitime défense, on l'a entendu dans plusieurs
00:22:14 affaires où finalement la personne qui se défend devient aussi un coupable comme un
00:22:18 autre et là, en l'occurrence, malheureusement, effectivement, puisque l'issue est dramatique.
00:22:21 Oui, vous avez raison. C'est une conséquence absolument dramatique et horrible. Ce jeune
00:22:28 qui a essayé de voler un sac a été coupé en deux par un train. Vous vous rendez compte
00:22:33 de la gravité de tout cela pour un sac. La légitime défense, c'est deux critères.
00:22:40 C'est une riposte immédiate. Si vous venez le lendemain, c'est de la vengeance. C'est
00:22:45 une riposte immédiate et deuxième critère, proportionnée. Si on me vole ma voiture,
00:22:50 je descends avec un fusil, je tue le voleur de ma voiture. Il n'y a pas de légitime
00:22:53 défense. On défend son intégrité physique par une agression physique nécessaire et
00:22:57 proportionnée.
00:22:58 On ne peut rien dire de plus. C'est l'enquête qui va déterminer. Peut-être qu'il y aura
00:23:02 une reconstitution. Il y a des caméras vidéo pour savoir est-ce que la victime du vol du
00:23:08 sac a poussé volontairement son agresseur, son voleur sur la voie et donc le mettait
00:23:14 en risque de mourir. Là, il n'y aurait plus de légitime défense. Est-ce que c'est dans
00:23:18 la bousculade qu'il est tombé ? Tout cela mérite effectivement une enquête approfondie.
00:23:23 Mais on ne peut pas exclure ni qu'il y ait légitime défense, ni que peut-être il y
00:23:29 ait un homicide involontaire.
00:23:30 Pierre Lelouch, vous voyez haucher de la tête quand Georges Fenech parlait.
00:23:34 Je respecte beaucoup la compétence juridique de Georges qui est exercée comme juge. Il
00:23:40 a raison sur les critères de la légitime défense. Simplement, je vous rejoins quand
00:23:48 vous réagissez avec beaucoup de bon sens en disant que c'est quand même la victime
00:23:51 qui est la victime de l'agression qui se retrouve aujourd'hui en garde à vue. Point
00:23:57 de savoir s'il a fait ou pas exprès de mettre son agresseur sous le train. Probablement
00:24:02 pas. L'avocat tout à l'heure disait fort justement que si personne n'était venue
00:24:07 l'agresser, tout le monde serait en vie et ce monsieur ne serait pas inquiété.
00:24:12 Donc il y a bien eu une cause au départ qui a provoqué sa réaction. Est-ce qu'il
00:24:16 a vraiment voulu tuer ? Est-ce qu'il avait envisagé que le train arrivait ?
00:24:20 Oui, il y avait beaucoup d'suppositions pour l'instant.
00:24:24 Non, c'est malheureusement les conséquences extrêmement malheureuses et dramatiques d'un
00:24:28 acte d'agression de quelqu'un qui était en situation de guerre en France. C'est
00:24:33 quand même ça la réalité.
00:24:34 On dit la même chose.
00:24:35 On dit la même chose mais quand même, on est dans un pays où le fait de se défendre
00:24:40 d'aujourd'hui est presque un acte d'accusation. Attention, faut pas arriver, si quelqu'un
00:24:45 vous vole la voiture, faut pas arriver trop fort. Si un cambrioleur chez vous se fait
00:24:49 mal en passant par la fenêtre, c'est votre responsabilité. C'est quand même ça le
00:24:53 droit français. Donc à un moment, on peut effectivement comprendre que les gens en
00:24:58 sont un peu marre, comme moi d'ailleurs, quand vous pensez qu'on peut rentrer chez
00:25:01 vous et c'est votre responsabilité. Si le cambrioleur se fait mal, ça fait un peu curieux
00:25:05 quand même.
00:25:06 Merci en tout cas maître Ludovic de Villelle d'avoir été avec nous. On marque une pause
00:25:10 dans La Parole aux Français. On se retrouve dans quelques instants. On sera de nouveau
00:25:13 depuis le Salon de l'Agriculture.
00:25:15 Mais t'es d'accord.
00:25:18 De retour pour la deuxième partie de La Parole aux Français. Évidemment, on va retourner
00:25:24 dans un instant au Salon de l'Agriculture. Mais tout de suite, le reste de l'actualité,
00:25:28 c'est avec vous Mathieu Deveze.
00:25:29 Dans l'affaire Pierre Palmade, l'un des deux hommes en garde à vue dans le cadre
00:25:36 de l'enquête pour détention d'images à caractère pédopornographique sera présenté
00:25:40 aujourd'hui à un juge d'instruction. Le second a été libéré. Les deux hommes étaient
00:25:43 entendus dans le cadre de l'enquête ouverte le 18 février après un signalement effectué
00:25:48 auprès des services de police. Emmanuel Macron appelle à un plan de sobriété pour l'eau.
00:25:53 Le chef de l'Etat s'est exprimé ce matin en marge d'une visite du Salon de l'Agriculture.
00:25:57 Selon lui, c'est la fin de l'abondance. Nous devons tous ensemble faire attention
00:26:01 à notre consommation alors que le pays a enregistré 32 jours sans véritable pluie
00:26:06 entre janvier et février.
00:26:08 Enfin, un pic de bouchon de 349 kilomètres a été enregistré à la mi-journée au niveau
00:26:12 national. Une journée classée orange dans le sens des retours en Auvergne-Rhône-Alpes
00:26:16 et région parisienne. La circulation sur l'Assis devrait être particulièrement dense.
00:26:21 Et en Auvergne-Rhône-Alpes, les axes qui relient les stations de ski sont les plus
00:26:24 encombrés, notamment l'A43 entre Lyon et Chambéry avec plus de 100 kilomètres de
00:26:28 bouchons cumulés.
00:26:29 On va retourner en direction du Salon de l'Agriculture à Paris où nous attend Jean-Luc Berger,
00:26:38 éleveur de brebis. Bonjour à vous et merci beaucoup d'être avec nous dans La Parole
00:26:43 aux Français. Alors racontez-moi, vous êtes éleveur de brebis dans quelle région et je
00:26:47 crois que vous avez construit totalement votre exploitation, c'est bien ça ?
00:26:50 Pardon, je vous ai mal entendu. Alors je suis donc Jean-Luc Berger, agriculteur dans
00:26:57 Lens, à côté de Bourg-en-Bresse. J'avais 320 brebis au plein de mon activité. J'ai
00:27:05 réduit petit à petit pour avoir plus que 100 brebis, mais j'ai aussi une activité
00:27:10 avicole et des céréales. Vous voulez qu'on parle de la problématique de la transmission
00:27:19 des exploitations ? Donc pour vous situer mon cas personnel, nous avons 4 enfants et
00:27:27 aucun enfant ne reprendra l'exploitation. Donc pour l'instant, je continue mon travail
00:27:38 parce que je reste passionné et je suis en santé, je peux continuer mon activité, mais
00:27:47 un jour ou l'autre, il faudra bien songer à transmettre son exploitation et le problème
00:27:54 reste entier. Et pourquoi vos enfants ne souhaitent pas reprendre l'exploitation ? Parce qu'ils
00:27:59 se sont orientés dans d'autres voies ou parce qu'ils se disent qu'aujourd'hui c'est un
00:28:02 travail peut-être trop besogneux ? Non, c'est pas un problème. Oui, c'est un travail besogneux,
00:28:10 c'est certes, mais ils connaissent l'exploitation, ils savent la somme de travail à fournir.
00:28:15 Je pense qu'ils n'ont pas peur du travail. Depuis qu'ils sont jeunes, ils participent
00:28:23 aux travaux de l'exploitation et ils n'ont jamais rechigné. Simplement, ils ont fait
00:28:29 des études supérieures, ils sont allés en université, ils ont découvert d'autres
00:28:36 centres d'intérêt et ils se sont orientés tout simplement vers ce qu'ils aimaient.
00:28:41 Vous me disiez que vous aviez diversifié l'exploitation au fur et à mesure de votre
00:28:46 carrière. Est-ce que c'était pour des raisons d'intérêt personnel ou parce que vous avez
00:28:51 eu des difficultés face par exemple avec l'élevage de vos brebis ?
00:28:56 C'est par choix personnel et pour répartir les risques également. Parce que vous savez
00:29:04 que les produits agricoles fluctuent, donc parfois les volailles se vendent bien, parfois
00:29:10 moins bien. Avoir tous ces oeufs dans le même panier, de mon sens, c'était pas la
00:29:18 sécurité, c'était pas souhaitable. Donc j'ai développé les ovins par goût personnel,
00:29:25 par passion même. Et on va dire que les volailles étaient plus pour assurer la pérennité
00:29:31 de l'exploitation en termes économiques, sachant que j'avais de nombreux intérêts,
00:29:36 de nombreux remboursements d'emprunts et il fallait que je fasse face à cette problématique.
00:29:42 Et quand vous avez eu justement toutes ces difficultés, parce qu'on entend beaucoup
00:29:45 aussi d'agriculteurs qui face à la difficulté se retrouvent un petit peu seuls, est-ce que
00:29:50 vous avez pu compter sur d'autres collègues ou est-ce que vous avez eu des aides au niveau
00:29:53 de l'État, en tout cas des relais qui vous ont permis de trouver des solutions alternatives ?
00:29:57 Oui bien entendu. On ne peut pas dire qu'on ait abandonné des pouvoirs publics parce
00:30:05 qu'on a quand même des aides et puis chaque fois, par exemple, quand il y a eu des problèmes
00:30:09 de sécheresse, on n'a pas été abandonné. Mais bien entendu, les banques étaient là
00:30:18 aussi pour nous. Personnellement, j'ai trouvé un relais au niveau des banques pour faire
00:30:25 face quand on avait des problèmes de trésorerie et avec la confiance qu'ils ont pu nous accorder,
00:30:31 on est toujours sorti du marasme. Je ne sais pas comment définir plus mon sentiment, mais
00:30:41 nous avons pu faire face aux problèmes que nous avons rencontrés en 40 ans de travail.
00:30:46 Vous me disiez que vous étiez encore en santé et que donc pour l'instant vous continuez
00:30:50 à travailler, mais pour vous, quelles sont les perspectives ? Est-ce que vous vous êtes
00:30:54 donné un âge, peut-être, je ne sais pas, maximum pour travailler ? Puisque vos enfants
00:30:58 ne vont pas reprendre l'exploitation, est-ce que vous avez des pistes pour revendre votre
00:31:02 exploitation ? Alors, je dois signaler aussi que j'ai un salarié sur mon exploitation
00:31:09 qui m'épaule beaucoup. Sans lui, je ne pourrais pas continuer l'activité. J'ai cette chance-là
00:31:18 de pouvoir salarier quelqu'un et je peux aborder les années qui viennent avec sérénité
00:31:25 dans la mesure où je ne suis pas complètement à la tâche tous les jours. Je délègue
00:31:34 une partie du travail. Néanmoins, je vais sur 63 ans. Au-delà de, mettons, 2-3 ans,
00:31:44 je ne me suis pas fixé exactement un ultimatum, mais bien sûr qu'il faudra songer à transmettre
00:31:52 l'exploitation. Pourquoi nous ne le faisons pas pour l'instant ? Parce que nous vivons
00:31:58 sur notre exploitation, nous habitons dans notre exploitation et transmettre voudrait
00:32:05 dire quitter le lieu du travail. Nous sommes attachés à cette ferme et pour l'instant,
00:32:12 nous essayons de rester autant que possible sur le lieu. Vous qui êtes agriculteur depuis
00:32:19 de nombreuses années et dans plusieurs domaines différents, est-ce que vous diriez qu'aujourd'hui,
00:32:24 les progrès notamment de la technique aident à votre métier ou que le poids des normes
00:32:30 rend votre métier plus compliqué que quand vous aviez commencé ? Bien entendu, il a
00:32:36 fallu s'adapter. C'est vrai que le poids des contrôles, l'impact que nous a apporté
00:32:45 pas que des... L'administration nous impose un certain nombre de rencontres et forcément,
00:32:57 c'est une grosse contrainte qui peut être sentie comme un poids pesant. Merci beaucoup
00:33:07 d'avoir été avec nous. Merci aussi à Thomas Bonnet et Jules Bedot qui ont assuré ce duplex.
00:33:12 Sur la question de la transmission, Pierre Lelouch, d'après les chiffres de l'INSEE
00:33:17 qui sont parus en octobre 2020, 55% des agriculteurs étaient âgés de 50% et plus, ce qui voudrait
00:33:22 dire que la moitié des agriculteurs pourraient partir à la retraite avant 2030. Comment
00:33:27 on fait quand on entend ce genre d'exemple d'agriculteurs qui disent "je n'ai personne
00:33:31 pour reprendre, ni mes enfants, ni quelqu'un", forcément que ça intéresse autour ? Le
00:33:35 problème, c'est la question que je voulais lui poser, combien d'hectares ? Est-ce que
00:33:39 ces hectares sont à lui ou bien est-ce qu'il est en location ? Et quelles sont les possibilités
00:33:45 de reprise autour de lui ? Parce que ce qui se passe, c'est que son employé, probablement,
00:33:49 il aimerait bien reprendre, mais il faudra que les banques le suivent et apportent l'argent
00:33:55 pour permettre la reprise. Est-ce qu'elles suivent ou pas ? Ça aussi, c'est une politique
00:33:59 gouvernementale qui doit permettre aux jeunes qui s'installent d'être accompagnés et
00:34:04 de favoriser. Sinon, l'autre option, c'est de laisser faire le marché et le marché,
00:34:09 les grosses exploitations qui sont à côté de chez lui, et naturellement, vous cherchez
00:34:12 à s'agrandir, parce qu'eux, ils ont déjà la surface qui rassure les banques et les
00:34:17 coopératives. C'est pour ça que tout à l'heure, je disais qu'il faut travailler
00:34:23 à la réforme de l'agriculture avec un pilotage très fin. Ce qu'il faut faire vraiment,
00:34:27 c'est aider ce monsieur à pouvoir transmettre. Si ses enfants ne veulent pas le faire, à
00:34:32 ce moment-là, l'apprenti qui est là, qui lui a les capacités de le faire, pourra
00:34:37 le faire à condition de l'aider dans la reprise, y compris l'essentiel étant la
00:34:41 charge financière. La transmission, effectivement, Georges Fenech, ça va être la grande question
00:34:45 aussi au sein de l'agriculture quand on voit à quel point il va y avoir un fort départ
00:34:49 à la retraite et que finalement le métier d'agriculteur ne fait plus forcément rêver
00:34:52 pour toutes les contraintes aussi qu'il nous a expliquées. On le disait depuis ce matin,
00:34:58 ce salon d'agriculture nous rappelle que ceux qui sont à même la terre, ce sont ceux
00:35:04 qui sont passionnés par la terre. À partir de là, cette passion, il faut la transmettre
00:35:12 aussi. Il n'y a pas que les questions financières, etc. Il faut transmettre le goût de l'agriculture,
00:35:19 l'intérêt, le plaisir, la fierté, parce qu'on est sur un domaine aussi qui est notre
00:35:26 patrimoine français, notre production française qui rayonne à l'étranger. Il faut évidemment
00:35:33 valoriser le travail d'agriculteur. Mais en même temps, les jeunes couples, ils regardent
00:35:38 aussi. Ils regardent les congés payés, ils regardent les salaires, ils regardent les
00:35:42 retraites. Je comprends que ces enfants qui ont pu faire des études supérieures, etc.,
00:35:47 sont peut-être orientés vers d'autres métiers peut-être plus attractifs. Donc, il ne faut
00:35:52 pas perdre de vue que ces métiers-là sont en danger dans la mesure où ils perdent leur
00:35:57 attractivité auprès des jeunes qui ne sont peut-être plus à même à supporter des conditions
00:36:01 de travail que supporter leurs parents et leurs grands-parents.
00:36:04 Ce que dit Georges est tout à fait fondé. Moi, j'aurais juste à ajouter quand même
00:36:09 qu'on a un problème général d'attractivité des métiers parce que le pays est en train
00:36:15 de changer.
00:36:16 On va parler des infirmières d'un instant, ça sera pareil.
00:36:17 Voilà, on va parler des infirmières. Mais dans les métiers vraiment importants dans
00:36:23 notre économie, hôtellerie, restauration, je rappelle que quand même le tourisme, c'est
00:36:28 10% de notre activité économique, c'est considérable. Là aussi, on ne trouve pas
00:36:32 des jeunes pour aller travailler en restaurant ou en hôtellerie.
00:36:35 Donc, il y a un vrai sujet qui est la charge de travail, le travail en présentiel par
00:36:41 opposition au travail au distanciel, le temps qu'on a pour les loisirs. L'agriculture,
00:36:47 c'est du travail malgré la technologie qui est un travail qui est très astreignant
00:36:51 au niveau du temps. C'est pareil pour l'hôtellerie, restauration, c'est pareil pour les infirmières.
00:36:56 À chaque fois que vous tombez sur un métier où il faut de la passion, c'est vrai, de
00:37:01 la fierté et de la passion, mais aussi beaucoup de nez de soi, on se trouve devant une société
00:37:07 française qui a beaucoup changé. Je ne suis pas sûr que la valeur travail, dont on parle
00:37:11 beaucoup ces temps-ci, avec le programme...
00:37:13 C'est à la mode.
00:37:14 Voilà. La valeur travail, il faut peut-être recommencer tout depuis l'école. Le travail,
00:37:19 ce n'est pas une contrainte. Ce n'est pas ce que raconte Mme Rousseau. Ce n'est pas
00:37:24 le droit à la flemme, le droit à la paresse. Non, la France ne survivra que si les Français
00:37:29 travaillent et trouvent des métiers qui les passionnent. Là, on en a un devant nous.
00:37:34 On en reparlera d'un autre sur les infirmières.
00:37:37 Mais moi, ce qui m'inquiète, c'est la désaffection d'une grosse partie de la jeunesse par rapport
00:37:43 à ces métiers en général.
00:37:44 Georges Fenech, vous vouliez réagir. Est-ce qu'il y a aussi la question, et on l'a dit,
00:37:48 de tout ce qui est apprentissage, ces filières-là qui sont dévalorisées, dont on ne parle
00:37:51 peut-être pas assez, dès le plus jeune âge, école, collège, lycée ? On n'oriente pas
00:37:55 grosso modo les jeunes vers l'agriculture quand même.
00:37:58 On a voulu faire des générations de bacheliers, d'universités.
00:38:01 Merci Jacques Lang.
00:38:02 Oui, à l'époque, le collège unique, enfin voilà.
00:38:05 L'enfant roi, le bac pour tout le monde.
00:38:08 Aujourd'hui, quelques décennies plus tard, on en paye les conséquences, alors qu'il
00:38:13 y a des métiers manuels, techniques, et maintenant technologiques, qui sont absolument…
00:38:20 Gratifiants.
00:38:21 Oui, gratifiants pour l'intelligence, pour le développement, pour la création, pour
00:38:31 l'innovation.
00:38:32 Ce n'est pas forcément toujours d'être universitaire, journaliste, avocat, etc.
00:38:36 Il n'y a pas que ces métiers-là.
00:38:37 Il y a aussi tous ces beaux métiers manuels et techniques dont on a besoin, et qui sont
00:38:48 aussi sans aucun doute des filières pour des jeunes entrepreneurs, qui peuvent ensuite,
00:38:53 par leur métier, leur savoir-faire, créer de l'entreprise.
00:38:55 Et on va regarder justement un autre sujet qui est signé Jules Bédot, Célia Judat
00:39:00 et Mathilde Imbanès, parce que le Centre de l'agriculture, c'est aussi le moment
00:39:02 où on met en avant des produits faits pas loin de chez nous.
00:39:06 Les agriculteurs en sont fiers et espèrent bien que les Français vont retrouver un peu
00:39:10 le goût d'une made in France.
00:39:11 Regardez ce sujet.
00:39:12 Pour ce 59e salon de l'agriculture, les producteurs ont un objectif, convaincre les
00:39:19 Français de consommer local.
00:39:21 Et pour cela, ils misent principalement sur la qualité de leurs produits.
00:39:26 C'est un bleu du Vercors Sassnage, une AOP depuis 1998, qui est sur le plateau du Vercors.
00:39:32 Quand on goûte des produits, des bons produits, je veux dire, en termes de goût, déjà,
00:39:36 il n'y a pas photo, on reconnaît les bons produits gustativement.
00:39:40 Et puis, on parle de notre métier, de ce qu'on fait tous les jours, de ce qu'on donne à
00:39:44 manger à nos animaux.
00:39:46 Et ça, simplement en posant les questions, les gens se rendent bien compte aussi de la
00:39:50 qualité de notre travail.
00:39:52 On est là aussi pour dire à la population aujourd'hui de manger français.
00:39:58 Donc, si on a de la qualité, forcément, les gens mettront aussi le prix.
00:40:02 Le prix, un frein majeur pour de nombreux Français.
00:40:05 J'aimerais beaucoup, mais bon, après, au niveau de l'inflation, la hausse des prix,
00:40:08 c'est vrai que ça m'empêche de consommer français.
00:40:10 Les prix sont un peu plus élevés, donc on fait attention.
00:40:13 Et surtout, le "made in France" est toujours un peu plus cher.
00:40:15 Quel que soit le prix, il faut qu'on paye pour le meilleur goût.
00:40:18 Manger des produits "made in France", c'est favoriser et préserver le savoir-faire français,
00:40:23 tout en s'assurant de consommer en toute confiance.
00:40:26 Il y a à réagir quand il y a des questions de prix, parce qu'effectivement, on est face
00:40:30 à des gens qui, d'un côté, adoreraient pouvoir manger des produits qui sont faits
00:40:33 par des agriculteurs français.
00:40:35 Mais ce que nous ont dit quand même toutes les personnes que Gilles Bédot a rencontrées,
00:40:38 c'est aussi la question du prix qui coince souvent.
00:40:40 Bon, là, on tombe sur l'un des points durs.
00:40:43 Vous savez qu'il y a une grande loi sur la programmation agricole qui est prévue pour
00:40:48 l'été.
00:40:49 Parmi tous les points, la transmission l'a évoqué, l'eau, mais il y a aussi les qualités
00:40:56 de produits.
00:40:57 Le problème que nous avons, c'est que nous vivons dans une Europe qui est fédéralisée
00:41:01 sur l'agriculture.
00:41:02 La PAC, la politique agricole commune, c'est une politique, la seule d'ailleurs, qui est
00:41:09 totalement fédéralisée, c'est-à-dire qui est libre circulation.
00:41:12 Or, il faut savoir que les normes, les fameuses normes dont on entend beaucoup parler et dont
00:41:18 se plaignent nos agriculteurs à juste raison parfois, pas toujours, mais parfois, il y
00:41:23 a des pays qui s'en affranchissent totalement.
00:41:25 Par exemple, tout le maraîchage, tout le maraîchage européen est fabriqué en Espagne
00:41:32 avec des intrants chimiques qui viennent de Hollande.
00:41:35 Le gros pollueur, la chimie, c'est la Hollande et c'est l'Espagne.
00:41:41 Et tout ce que vous allez trouver à bas prix dans les grandes surfaces, surtout les surfaces
00:41:46 les moins chères, ça va être, vous verrez, Espagne, Espagne, Espagne, Espagne, Espagne.
00:41:50 Or, c'est les produits les plus contaminés.
00:41:52 Vous savez que pour une pomme, par exemple, elle est pulvérisée jusqu'à 60 fois.
00:41:58 Vous savez ça ? Énormément de produits qu'on achète quotidiennement.
00:42:03 Plus on va aller vers des prix bas, plus on risque de ce genre de pollution.
00:42:08 Donc, pour avoir la qualité, pas seulement pour les fromages, mais pour les fruits et
00:42:12 légumes et autres, il faut avoir des modes de production qui soient propres.
00:42:18 Et ça, ça coûte de l'argent.
00:42:20 Donc, ça veut dire quoi ? Ça veut dire qu'il faut aider.
00:42:22 Il faut aider les producteurs.
00:42:23 Ça veut dire qu'au niveau de la grande distribution, il faut faire en sorte qu'on valorise la qualité
00:42:28 et pas seulement les coûts bas.
00:42:30 Parce que là, vous empoisonnez en réalité beaucoup de gens qui n'ont pas les moyens
00:42:34 de choisir.
00:42:35 Donc, il y a un vrai sujet aussi de justice sociale.
00:42:37 Il ne faut pas que la santé soit sacrifiée parce que quand on n'a pas beaucoup d'argent,
00:42:41 on est obligé d'acheter ce qui est fabriqué en masse et à grand coût de produits chimiques.
00:42:46 Georges ? Oui, quand on parle de l'agriculture, on
00:42:49 pense tout de suite à l'élevage bovin, on pense à la filière laitière, etc.
00:42:54 Mais je voudrais dire un tout petit mot simplement aussi sur l'excellence française dans tout
00:42:59 ce qui est produit et transformé, qui partent à l'étranger, dans des pays qui sont très
00:43:05 demandeurs.
00:43:06 Moi, j'étais élu d'une circonscription rurale.
00:43:09 Il y a une filière viticole exceptionnelle à la vallée du Rhône, une filière arboricole
00:43:14 exceptionnelle où on fabrique à partir de fruits rouges, etc. à l'exportation.
00:43:19 Et donc c'est ce savoir-faire français, cette excellence française aussi, qui doit
00:43:23 être mise à l'honneur.
00:43:24 On l'oublie assez souvent.
00:43:25 Tout à l'heure, vous m'avez tendu la perche, Pierre, en parlant justement des métiers
00:43:29 qui ont du mal à recruter.
00:43:30 Effectivement, on va parler maintenant des étudiants, infirmiers et infirmières, parce
00:43:34 qu'alors que le secteur manque beaucoup de personnel, on le dit de plus en plus, les
00:43:38 étudiants de plus en plus souvent abandonnent leurs études en cours de cursus.
00:43:42 Regardez ces chiffres et ces explications de Mathilde Ibanez.
00:43:44 Des erreurs d'orientation, des horaires à rallonge, des formations bâclées.
00:43:51 Certains étudiants, infirmiers, rendent leur blouse avant d'être diplômés.
00:43:55 C'est le constat réalisé par la Fédération hospitalière de France.
00:43:59 40% des étudiants abandonnent avant la fin de leur cursus en trois ans.
00:44:04 C'était vraiment très difficile.
00:44:06 Je n'arrivais pas à lier ma vie personnelle et ma vie à l'école.
00:44:11 Je n'arrivais pas, je ne dormais plus.
00:44:14 Un chiffre d'autant plus préoccupant que cette profession manque de bras.
00:44:18 On est stagiaire, mais on fait le travail des gens qui travaillent là-bas.
00:44:23 Parce qu'ils ont un manque de personnel.
00:44:26 J'ai fait des stages où on ne nous considère pas bien, alors qu'il y a des jours où on
00:44:35 fait quand même des 10 heures.
00:44:37 Selon l'enquête, 69% des infirmiers ne recommanderaient même pas leur métier en raison du stress
00:44:42 généré par le manque de moyens humains.
00:44:44 Pourtant, cette profession attire toujours autant d'étudiants.
00:44:48 C'est le métier qui attire le plus de monde sur Parcoursup.
00:44:51 On a énormément de gens qui sont intéressés par le métier.
00:44:54 Néanmoins, 30% des nouveaux diplômés quittent la profession dans les cinq ans.
00:44:58 Aujourd'hui, près de 1500 postes sont toujours vacants dans les hôpitaux.
00:45:02 Nous sommes en ligne justement avec Théo, vous êtes étudiant, infirmier.
00:45:08 Vous souhaitez rester anonyme, on ne vous verra pas à l'image.
00:45:12 Racontez-moi un petit peu, vous vous en êtes où de votre cursus et pourquoi vous êtes
00:45:17 un petit peu désabusé par rapport à vos études ?
00:45:19 Oui, bonjour.
00:45:21 Effectivement, moi je suis actuellement en troisième année et actuellement je viens
00:45:27 d'arrêter un de mes stages qui s'est très mal passé.
00:45:30 Actuellement, je sais qu'en tout cas je ne serai pas diplômé au mois de juillet et
00:45:36 actuellement je suis en pleine réflexion sur le fait que je poursuis mes études ou pas.
00:45:42 Quand vous me dites que votre stage s'est mal passé, est-ce que comme l'étudiante
00:45:46 qu'on a entendu à l'instant, c'est une question peut-être d'horaire, de métier
00:45:49 plus compliqué que vous ne l'auriez pensé ?
00:45:51 Non, moi en tout cas pour ce stage-là, c'était principalement une problématique d'encadrement,
00:45:58 d'encadrement avec des infirmières très rudes, à la limite du harcèlement moral
00:46:05 et du coup derrière je n'ai plus à en référer auprès de mes cadres formateurs et formatrices
00:46:13 et effectivement derrière il n'y a pas eu vraiment d'accompagnement ou d'aide proposée.
00:46:18 Ce qu'on m'a proposé c'est surtout d'arrêter le stage et du coup derrière comme résultat
00:46:22 pour moi, le fait que je ne vais pas être diplômé au mois de juillet et derrière
00:46:26 il n'y a pas grand-chose qui m'est proposé non plus.
00:46:28 Donc actuellement je suis chez moi et voilà.
00:46:31 Vous avez été dégoûté finalement de ce métier parce que malgré cette expérience
00:46:36 négative dans un stage, vous pourriez vous dire j'ai quand même envie de tenter ma chance,
00:46:40 de continuer, de trouver d'autres stages où peut-être les choses se passeront mieux ?
00:46:42 En fait ce n'est pas la première fois que cette situation m'arrive en stage, il y a
00:46:49 d'autres stages aussi qui ont été compliqués mais comme pour tout le monde et effectivement
00:46:53 là j'arrive en fin de cursus et c'était le stage de trop, le tout en fait, c'est un
00:46:58 tout qui a fait que j'ai aussi arrêté ce stage et qui a fait que oui, dégoûter le
00:47:03 mot est fort mais il pourrait presque être employé effectivement parce que c'est un
00:47:07 petit peu actuellement dans la situation dans laquelle je me trouve.
00:47:09 Merci en tout cas Théo d'avoir été avec nous et on espère évidemment que vous allez
00:47:13 trouver une autre voie peut-être qui vous correspondra davantage.
00:47:17 Pierre Lelouch notamment dans le sujet effectivement qu'on a entendu quand on regarde les chiffres,
00:47:22 c'est quand même à la fois quand on regarde l'abandon et le nombre d'infirmiers ou d'infirmières
00:47:26 qui ne recommanderaient pas leur métier on en est à 69%, c'est-à-dire qu'il y a un
00:47:29 désamour total pour le métier alors que c'est un secteur quand même qu'on aimerait embaucher.
00:47:32 Non, ce n'est pas un désamour, c'est une conscience de la dureté du métier.
00:47:36 Il y a beaucoup d'infirmières qui passent en libéral au milieu de leur carrière parce
00:47:42 qu'elles veulent sortir de l'hôpital, d'autres trouvent des moyens de partager, c'est un métier
00:47:46 extrêmement difficile mais là aussi c'est un métier de passion comme disait tout à
00:47:50 l'heure Georges, il faut beaucoup de passion, il faut beaucoup donner de soi-même et c'est
00:47:53 très dur et quand vous êtes sous-effectif dans les services ça augmente la charge de
00:47:58 travail des autres et c'est extrêmement fatigant surtout les horaires de nuit.
00:48:01 Oui avec des stagiaires pas encore formés qui font un vrai travail finalement.
00:48:04 Il faut vraiment que le pays se pose des questions quand même sur les métiers essentiels pour
00:48:09 préserver cette société, il faut des infirmiers qui soient correctement traités, où il n'y
00:48:13 ait pas de "incivilité", moi j'ai vu des gens se comporter vraiment comme des gougnafiers
00:48:21 par rapport aux soignants, les médecins ont fait 10 ans d'études, les infirmières se
00:48:26 cassent le dos à aider toute la journée, sont traités comme des chiens, il n'y a plus
00:48:30 d'éducation, ça joue beaucoup, il y a un sous-effectif.
00:48:35 Alors pourquoi un sous-effectif ? Bien souvent parce que les salaires sont faibles, très
00:48:39 faibles.
00:48:40 Mais le sévure de la santé n'a donc rien changé finalement.
00:48:42 Les logements sont plus prévus.
00:48:43 Dans le temps une ville comme Paris avait des logements pour ses pompiers, pour ses
00:48:48 infirmières, parce que c'est fondamental à la vie en société.
00:48:51 Maintenant si vous avez des horaires de nuit et que derrière il faut vous taper deux heures
00:48:57 de transport, les journées sont interminables et c'est très dur.
00:49:00 Donc il faut mieux les payer, il faut les former.
00:49:03 Alors je ne sais pas si ce jeune homme a lui-même un problème avec les stages, parce qu'apparemment
00:49:07 il avait des problèmes avec différents stages, mais il faut mieux les encadrer, mieux les
00:49:13 former, mieux les payer, il faut aussi avoir un système pour les loger.
00:49:16 Et là vous avez une base de santé sérieuse pour le pays, mais on ne peut pas laisser
00:49:20 se dire "bon voilà les gens n'y vont pas parce qu'ils n'y vont pas".
00:49:24 Non, ils n'y vont pas parce qu'ils ne sont pas respectés, parce qu'ils sont mal payés,
00:49:29 parce que c'est déjà dur et qu'ils ont des problèmes de logement.
00:49:31 Donc un bon gouvernement ça sert à régler ces problèmes-là.
00:49:34 Justement sur la question des salaires, Georges Fenech, le sévure de la santé était censé
00:49:39 régler un certain nombre de choses.
00:49:40 Finalement on va regarder, on va voir quelques chiffres sur ce qui a changé entre avant
00:49:43 et après le sévure de la santé, on voit que pour des infirmiers avant sévure en début
00:49:48 de carrière on est à 1736 euros net par mois, 2026 après le sévure et après 5 ans
00:49:54 de carrière, 1872 euros en début de carrière, 2207 après, ce qui fait que finalement en
00:50:00 5 ans de carrière vous gagnez à peine 200 euros de plus, ce n'est pas forcément très
00:50:03 motivant non plus pour les jeunes.
00:50:04 Il y a eu un rattrapage qui nous a mis à peu près au niveau de la moyenne européenne,
00:50:10 mais je pense qu'on est encore loin du compte pour des métiers de cette importance, de
00:50:14 cette difficulté.
00:50:15 Mais ce qui doit nous interpeller c'est le fait que pratiquement un élève infirmier,
00:50:22 une élève infirmière sur trois quitte la formation.
00:50:25 Donc il y a un problème dans la formation.
00:50:26 Et le ministre l'a d'ailleurs reconnu, M.
00:50:29 Brown, qu'au niveau des stages, notamment, on n'est pas suffisamment précautionneux.
00:50:34 Quand vous envoyez des jeunes qui arrivent, vous les envoyez tout de suite dans les services
00:50:37 les plus durs, comme en gériatrie, dans des EHPAD, où on leur demande de faire des
00:50:41 toilettes comme des aides-soignants et tout, ça peut effectivement décourager des jeunes
00:50:46 qui ne sont pas encore suffisamment formés, voyez-vous.
00:50:49 Et tout cela mérite d'être regardé de très près parce que s'ils ont embrassé
00:50:53 cette carrière, c'est par passion, par vocation.
00:50:55 Il ne faut pas les décourager dès leur arrivée en formation.
00:50:58 On marque une courte pause et on se retrouve avec mes invités pour la dernière partie
00:51:03 de la Parole au français.
00:51:04 Évidemment, on retournera au Salon de l'Agriculture.
00:51:05 De retour pour la dernière partie de la Parole au français.
00:51:12 Dans un instant, on reparlera évidemment du Salon de l'Agriculture qui s'est ouvert
00:51:16 aujourd'hui à Paris.
00:51:17 Mais tout de suite, le reste de l'actualité avec Mathieu Devez.
00:51:20 A peine arrivé au Salon de l'Agriculture à Paris, Emmanuel Macron a réservé sa
00:51:26 première annonce aux pêcheurs.
00:51:28 Le président s'est engagé à prolonger jusqu'en octobre l'aide financière de
00:51:31 20 centimes par litre pour faire face à la hausse des prix du carburant.
00:51:34 Le coût de cette mesure est d'environ 2,5 millions d'euros par mois.
00:51:38 Dans l'affaire Pierre Palmade, l'un des deux hommes en garde à vue dans le cadre
00:51:42 de l'enquête pour détention d'images à caractère pédopornographique sera présenté
00:51:46 aujourd'hui à un juge d'instruction.
00:51:48 Le second a été libéré.
00:51:49 Les deux hommes étaient entendus dans le cadre de l'enquête ouverte le 18 février
00:51:53 après un signalement effectué auprès des services de police.
00:51:56 L'enquête pour agression sexuelle aggravée visant le cardinal Jean-Pierre Ricard a été
00:52:01 classée sans suite en raison de sa prescription.
00:52:04 Un archevêque de Bordeaux avait reconnu avoir abusé d'une jeune fille de 14 ans il y a
00:52:07 plusieurs décennies.
00:52:09 Il avait pris sa retraite en octobre 2019.
00:52:12 Enfin, Périne Laffont est sacrée championne du monde de ski de bosses pour la quatrième
00:52:16 fois.
00:52:17 En Géorgie, la française championne olympique a survolé la concurrence avec quasiment 4
00:52:21 points d'avance sur sa concurrente américaine.
00:52:23 Elle aura l'occasion d'aller chercher un cinquième titre mondial dès demain en bosses
00:52:27 parallèles.
00:52:28 On retourne au salon de l'agriculture où nous attend cette fois Adeline Chariot, éleveuse
00:52:35 de vaches laitières.
00:52:37 Bonjour à vous et merci d'être notre invitée dans La Parole aux Français.
00:52:40 Alors je voulais voir un petit peu avec vous, on a entendu parler d'un certain nombre de
00:52:43 problématiques avec certains de vos collègues.
00:52:46 Je crois que vous, ce qui vous interpelle et de votre problématique, c'est celle du prix
00:52:48 du lait.
00:52:49 C'est bien ça ?
00:52:50 Oui, oui, c'est bien ça.
00:52:53 Effectivement, on en parle à peu près tous les jours entre nous, les éleveurs laitiers.
00:52:57 Et quelles sont vos inquiétudes ? Justement, on le sait, depuis un an, c'est très compliqué
00:53:06 pour vous.
00:53:07 Ce qui est compliqué à gérer aujourd'hui, c'est vraiment le prix.
00:53:13 Combien on va être payé pour le mois qui suit ? Aujourd'hui, une partie du mois, on
00:53:18 produit un lait, on ne sait pas encore combien il va être acheté.
00:53:21 Et donc pour prévoir l'année, c'est vraiment compliqué dans tous nos achats d'aliments
00:53:26 ou dans le gré.
00:53:27 C'est vraiment compliqué pour gérer.
00:53:28 Et comment vous faites ? Vous naviguez un petit peu à vue ? Vous dites, j'estime que
00:53:34 je vais le vendre à peu près à tel prix, j'aurai autant de revenus.
00:53:37 Donc, vous faites des investissements en conséquence.
00:53:40 J'imagine qu'il y a certains mois, les calculs ne sont pas forcément très bons.
00:53:42 Oui, voilà ça.
00:53:45 Après, on essaie vraiment de limiter les investissements quand même, quand on ne sait
00:53:49 pas vraiment le produit et combien on va nous l'acheter.
00:53:52 Le problème, c'est que nous, on fait des contrats pour les six mois à l'avenir,
00:53:56 par exemple pour l'aliment du bétail.
00:53:57 Donc, on n'est pas piégé, mais c'est vrai qu'on est un peu lié à ce contrat, alors
00:54:01 qu'on ne sait pas combien on va vendre notre produit.
00:54:03 On essaye de minimiser nos charges.
00:54:06 C'est comme ça qu'on arrive à maintenir un petit peu un revenu intéressant.
00:54:12 Et vous arrivez à garder le moral et le courage nécessaires malgré cette insécurité, cette
00:54:18 instabilité de votre côté ?
00:54:19 Oui, je garde toujours courage parce que de toute façon, on sait bien que le nombre
00:54:25 d'éleveurs et de producteurs en France, il baisse.
00:54:27 Donc, forcément, à un moment donné, on devrait payer notre produit plus cher.
00:54:31 Quand il n'y a pas de produit, on veut forcément mettre le prix pour en avoir.
00:54:34 Et moi, je suis passionnée par le métier que je fais.
00:54:37 Donc, avec les vaches normandes qu'on a, d'ailleurs, si je suis au salon aujourd'hui, c'est parce
00:54:40 que je suis passionnée par ce que je fais et qu'on travaille en famille.
00:54:44 Donc, c'est quand même aussi un gros avantage.
00:54:46 Donc, je ne les espère pas, mais c'est vrai qu'on est inquiet quand même dans la population
00:54:50 des éleveurs laitiers.
00:54:52 Et parmi les confrères avec qui vous parlez, est-ce que certains se sentent vraiment découragés,
00:54:57 envisagent peut-être soit de quitter le métier, soit de réorienter leur exploitation pour
00:55:01 se dire je veux quelque chose d'un petit peu plus stable ?
00:55:04 On ne peut pas forcément arrêter le métier, mais c'est vrai qu'aujourd'hui, il y a beaucoup
00:55:09 d'éleveurs laitiers qui se tournent vers la transformation de lait pour essayer d'avoir
00:55:12 une plus-value, une valeur ajoutée et d'être devant, d'enlever un certain nombre d'intermédiaires
00:55:18 qui se prennent une bonne marche sur notre dos.
00:55:22 Donc, c'est un peu comme ça qu'on arrive à faire face.
00:55:25 Après, arrêter, je n'en connais pas forcément personnellement, mais c'est vrai qu'il y a
00:55:29 beaucoup de fermes qui arrêtent, que l'éleveur part en retraite et il n'y a pas de succession.
00:55:33 C'est ce qu'on entendait effectivement tout à l'heure avec un autre éleveur.
00:55:37 Merci beaucoup Adeline Chariot d'avoir été avec nous et merci encore à Thomas Bonnet
00:55:41 et à Jules Bédot pour la réalisation de tous ces duplex.
00:55:44 Il y a la question effectivement dont elle a parlé à l'instant des intermédiaires.
00:55:48 On entend beaucoup parler entre, si on caricature, le petit éleveur qui est chez lui et l'intermédiaire
00:55:53 qui se fait un petit peu comme elle le disait, de l'argent sur son dos, Pierre Lelouch.
00:55:56 Oui, mais on voit bien que c'est intenable.
00:55:58 On ne peut pas avoir des céréaliers ou des coopératives qui vont vendre de la nourriture
00:56:07 pour le bétail avec des contrats fixés à l'avance et elle, elle ne sait pas quel prix
00:56:12 elle va vendre son lait la semaine suivante.
00:56:13 Donc il faut bien que quelque part, c'est la question que j'aurais aimé lui poser,
00:56:18 savoir quels sont les intermédiaires qu'elle a elle quand elle sort un litre de lait,
00:56:22 qu'est-ce qui se passe entre le litre de lait produit à la ferme et celui qu'on va
00:56:26 trouver au supermarché, quels sont les intermédiaires et combien ils prennent au passage.
00:56:30 C'est ça le sujet.
00:56:31 Et qui peut garantir à cette dame et à la profession un revenu correct ?
00:56:36 Bon, là aussi la puissance publique doit intervenir, ne pas laisser les règles du
00:56:41 marché taper sur le producteur au niveau des entrants et puis ensuite laisser le produit
00:56:48 être déterminé par l'offre de l'Allemande ou bien par des jeux spéculatifs sur le cours
00:56:54 du produit.
00:56:55 Mais justement, on va écouter le président de la République qui parlait de cette problématique
00:56:58 et qui explique qu'on ne peut plus demander davantage aux agriculteurs.
00:57:01 Écoutez-le, c'était il y a quelques heures justement au salon de l'agriculture.
00:57:04 Là on a besoin d'un effort collectif, d'un engagement.
00:57:06 C'est ça ce que je demande aussi à nos distributeurs aujourd'hui, c'est de participer à l'effort.
00:57:10 Ils font des bénéfices, des profits, j'en suis heureux pour eux et leurs salariés,
00:57:14 j'espère qu'ils le redistribuent.
00:57:15 Mais dans ce moment-là, on ne peut pas demander un effort à nos producteurs parce que nos
00:57:19 agriculteurs, ils payent plus cher l'énergie, ils payent plus cher les entrants divers
00:57:25 pour produire et on a besoin de garantir leur revenu.
00:57:28 Et ils ont des revenus qui sont encore très faibles aujourd'hui.
00:57:31 Donc ce n'est pas eux qui peuvent faire l'effort pour baisser les prix de l'alimentation.
00:57:34 Nos industries agroalimentaires, elles ont fait un effort considérable ces dernières
00:57:38 années.
00:57:39 Ils ont fait un peu partout sur le territoire.
00:57:40 Donc nos distributeurs doivent nous accompagner dans ce moment-là.
00:57:43 Georges, il a raison, président de la République, il faut arrêter de demander plus d'efforts
00:57:47 aux agriculteurs, il faut aller chercher ailleurs les marges de manœuvre, les marges financières
00:57:51 d'ailleurs.
00:57:52 Bien sûr, mais ça suppose qu'il y ait un dialogue et puis peut-être un rapport de
00:57:57 force à un moment donné entre les organisations syndicales, la grande distribution, de façon
00:58:03 à ce qu'il y ait un partage équitable des plus-values.
00:58:05 Il n'y a pas de raison que le distributeur récupère le travail du producteur du laitier.
00:58:13 Mais c'est encore une fois un problème qui n'est pas d'aujourd'hui.
00:58:17 Il y a des années qu'on parle de ces questions.
00:58:20 Et à un certain moment, en dessous d'un certain seuil, l'exploitation s'arrête.
00:58:25 Et un paysan, un agriculteur ne veut pas vivre d'aide.
00:58:29 Il veut vivre de son travail.
00:58:31 Et donc, il faut que son travail soit effectivement rémunéré.
00:58:35 Et ça suppose qu'il y ait un partage équitable entre dans toute la chaîne de production
00:58:41 jusqu'à la distribution.
00:58:42 On voit justement en ce moment ces images en direct du président de la République de
00:58:46 nouveau en bain de foule.
00:58:47 Et justement, une partie de l'opposition critique cette posture du chef de l'État.
00:58:51 On va écouter notamment Sandra Arregol, elle est députée Europe Écologie-Les Verts.
00:58:55 Écoutez ce qu'elle pense de cette visite du chef de l'État.
00:58:57 Ça a l'air d'être un grand concours entre présidents et représentants politiques au
00:59:02 fil des années.
00:59:03 Moi, je préférerais que leur concours ce soit d'assister les paysans dans les transitions
00:59:07 nécessaires aujourd'hui.
00:59:08 On est en pleine sécheresse historique, une sécheresse en plein hiver.
00:59:11 Et donc, on doit repenser l'agriculture parce que l'agriculture aujourd'hui n'est pas
00:59:16 celle d'hier et ne sera pas celle de demain.
00:59:18 Et si on n'agit pas, ça va devenir dramatique pour les personnes concernées.
00:59:21 Est-ce que c'est avant tout un exercice de com' Georges Fenex, à quoi est en train
00:59:25 de se plier le président de la République, de passer une journée au Salon de l'agriculture,
00:59:29 le plus de temps possible ? En général, il y a un petit record qui s'installe chaque
00:59:31 année et le reste du temps, on oublie ces agriculteurs ?
00:59:34 C'est une tradition.
00:59:35 Tous les chefs d'État, depuis le général de Gaulle, chacun se souvient des passages
00:59:41 de Jacques Chirac notamment, au Salon de l'agriculture.
00:59:45 C'est aussi pour le chef de l'État reconnaître l'importance du monde agricole, notre attachement
00:59:51 à tous, tous les Français du monde agricole.
00:59:54 Alors qu'il y ait des messages qui soient distillés par-ci, par-là, là, on est dans
00:59:58 la communication.
00:59:59 Mais la présence et la déambulation au Salon agricole par le chef d'État, c'est vraiment
01:00:04 une tradition française qui a été respectée avec plus ou moins de succès, d'ailleurs,
01:00:08 suivant les présidents de la République.
01:00:10 On s'en souvient également, mais je ne voudrais pas rappeler des souvenirs cruels.
01:00:13 Mais c'est une tradition à laquelle il faut rester attaché.
01:00:16 C'est une tradition.
01:00:17 Casse-toi, Georges !
01:00:18 Non, celui qui a marqué, c'est Jacques Chirac.
01:00:23 J'ai travaillé à ses côtés, j'en ai fait un ou deux avec lui.
01:00:29 C'était un truc incroyable, le Salon d'agriculture avec Jacques Chirac, parce qu'il y avait
01:00:34 une totale empathie, il y avait même une complicité complète avec les agriculteurs
01:00:38 et la terre.
01:00:39 Et une proximité qu'on voit beaucoup moins aujourd'hui, notamment avec les services
01:00:42 de sécurité.
01:00:43 Il aimait ça, il aimait les saucissons.
01:00:45 Par rapport à certains autres que j'ai connus également et qui fuyaient de ça, difficile
01:00:53 d'avoir l'air d'être en empathie avec le monde agricole quand on sort des grandes
01:00:57 écoles du type ENA, quand on est surtout un techno.
01:01:00 Chirac est un protégant aussi.
01:01:02 Oui, mais lui, il venait du sel.
01:01:05 Pas franchement pareil.
01:01:06 Bon, Macron s'y colle et il est en train de battre tous les records de longévité
01:01:12 en ce moment.
01:01:13 C'est extrêmement fatigant.
01:01:14 J'ai pas mal d'admiration pour sa résistance physique, puis alimentaire, parce qu'à
01:01:19 chaque fois, il faut manger quelque chose.
01:01:20 Il faut manger, les bois.
01:01:21 Bon, il y a un grand rendez-vous cet été avec la loi d'orientation agricole.
01:01:25 Je crois que le moment est venu parce que les contraintes climatiques, les contraintes
01:01:30 environnementales et l'attente des Français, parce qu'on n'a pas tous envie de mourir
01:01:33 de cancer.
01:01:34 Donc, il faut faire attention à ce qu'on met dans les intrants.
01:01:37 Il y a la guerre en Ukraine par-dessus le marché.
01:01:40 Il y a un certain nombre de pays au niveau de la PAC qui posent des questions sur le
01:01:44 devenir de cette PAC.
01:01:45 Donc, c'est le moment de prendre vraiment à bras-le-corps ce sujet, surtout si demain,
01:01:50 on laisse rentrer l'Ukraine dans l'Union européenne.
01:01:52 Je peux vous dire qu'il va y avoir quelques changements sur la politique agricole.
01:01:56 On va changer de sujet maintenant.
01:01:58 On va s'intéresser à ce qui se passe à Saint-Brévin-les-Pins.
01:02:00 Ça se situe en Loire-Atlantique.
01:02:02 En décembre 2023, un centre d'accueil pour demandeurs d'asile sera ouvert.
01:02:06 60 logements qui pourront accueillir jusqu'à 110 personnes.
01:02:09 Il faut savoir que depuis 2016, des migrants séjournent sur la commune.
01:02:13 Mais c'est le lieu même d'implantation qui fait polémique parce qu'il sera installé
01:02:17 près de l'école maternelle.
01:02:18 Donc, certains habitants disent avoir peur.
01:02:21 Deux manifestations ont donc été organisées.
01:02:23 Aujourd'hui, l'une s'est tenue ce matin.
01:02:25 Selon notre équipe sur place, elle a rassemblé 900 manifestants.
01:02:29 On va justement écouter certaines des réactions et d'abord celle de cet habitant de la commune.
01:02:33 Écoutez-le.
01:02:34 Je suis là pour défendre des gens qui malheureusement n'ont pas choisi là où ils sont actuellement.
01:02:40 Je pense qu'ils préféraient certainement être restés dans leur famille, auprès de
01:02:44 leurs proches.
01:02:45 Et malheureusement, ils vivent des choses abominables.
01:02:46 La moindre des choses, c'est de soutenir et dire qu'on est là avec eux et qu'on
01:02:52 est fiers de les accueillir.
01:02:53 Vraiment.
01:02:54 Alors, Georges, il y a eu plusieurs manifestations.
01:02:56 C'est la troisième de suite où à chaque fois, on a les pros et les contres.
01:02:59 Et ce qui semble poser le problème, c'est surtout le lieu d'implantation, même si
01:03:03 c'est toujours pareil.
01:03:04 On veut bien que des migrants s'installent dans la commune, mais jamais trop près de
01:03:06 chez nous.
01:03:07 C'est un peu la mentalité.
01:03:08 Oui.
01:03:09 Mais qu'ils règlent leurs problèmes dans cette commune.
01:03:11 Moi, je trouve ça assez déplorable.
01:03:12 Ça donne une mauvaise image, en fait.
01:03:15 La commune ne donne pas une bonne image, en réalité.
01:03:17 Il y a des migrants qui sont en situation régulière, j'imagine.
01:03:21 Il faut donc les accueillir dignement.
01:03:24 Voilà.
01:03:25 Je veux dire, ces manifestations, moi, me posent un problème.
01:03:29 Maintenant, sur un plan plus général, ça reflète quoi ?
01:03:32 Ça reflète ce sentiment aujourd'hui que nous associons à juste titre, d'ailleurs,
01:03:37 l'immigration et l'insécurité.
01:03:38 On le sait, même le président de la République l'a reconnu maintenant.
01:03:42 Et que donc, les Français ont peur.
01:03:45 Dès lors qu'il y a un regroupement de migrants, ils ont peur parce qu'effectivement, on a
01:03:51 assisté ces derniers temps, ces dernières décennies, à une explosion de la violence,
01:03:56 de la délinquance d'origine immigrée.
01:03:58 C'est ça.
01:03:59 Mais attention, quand on a dit ça, ça ne veut pas dire que ces immigrés-là, ce sont
01:04:03 des délinquants.
01:04:04 Il y a donc une réaction un peu épidermique aujourd'hui d'un certain nombre de nos concitoyens
01:04:09 qui ont peur.
01:04:10 Voilà.
01:04:11 Ils ont peur, mais cette peur, elle n'est pas non plus totalement irrationnelle.
01:04:14 Elle repose sur quelque chose de malheureusement tangible.
01:04:17 Il n'y a qu'à voir nos prisons françaises.
01:04:18 Comment elles sont peuplées à 25 % d'étrangers et beaucoup d'origines étrangères.
01:04:24 80 %.
01:04:25 Voilà.
01:04:26 Donc, si vous voulez, difficile de blâmer, mais en même temps, moi, je ne prends pas
01:04:31 position, mais je suis un petit peu gêné par rapport à cette situation, de voir qu'on
01:04:36 arrive comme ça à exclure d'emblée une population uniquement parce qu'elle est d'origine
01:04:42 immigrée.
01:04:43 Justement, vous parliez de jouer sur les peurs.
01:04:44 Je vais vous faire réagir à cet extrait.
01:04:45 Pierre Lelouch, il s'agit de Philippe Croce, le président du collectif des Brévinois
01:04:50 attentifs et solidaires, justement, qui sont pour l'installation de ce centre.
01:04:53 Écoutez ce qu'il disait.
01:04:54 Je vous fais réagir, Pierre Lelouch.
01:04:55 C'est très, très important d'être là pour nous, pour montrer que Saint-Brévin est
01:04:59 une terre d'accueil et doit le rester et qu'on ne peut pas supporter les menaces et
01:05:04 les intimidations des opposants.
01:05:06 Depuis 2016, il y a 400 migrants qui sont passés dans le centre d'accueil de Saint-Brévin,
01:05:13 mais en fait, ils sont environ entre 50 et 60 de façon permanente.
01:05:19 On est très content du nombre de personnes qui ont répondu à notre appel.
01:05:25 On a de nombreux soutiens d'ONG, de partis, de syndicats et d'associations diverses et
01:05:31 variées de toutes origines.
01:05:32 Ce qu'on voit aussi, Pierre Lelouch, c'est en fait deux conceptions qui s'opposent dans
01:05:37 la même commune, des manifestations qui sont là, semaine après semaine, la police qui
01:05:40 intervient, qui ne sont pas les éléments les plus "violents".
01:05:44 C'est vrai que c'est ce que disait Georges Pénic.
01:05:47 Il faut qu'à un moment donné, la commune tranche.
01:05:49 Il faut peut-être avoir un peu plus d'autorité sur le fait que oui, de toute façon, ce centre
01:05:53 sera ouvert.
01:05:54 Oui, la commune, elle arrive en bout de course.
01:05:57 Le problème, il est fondamentalement celui de la transition démographique en Afrique.
01:06:02 Il est arrivé en masse, mais on est en train de parler de cette année, il y est rentré
01:06:07 plusieurs centaines de milliers de personnes en Europe par différents bouts.
01:06:10 On est en train de battre tous les records de demandes d'asile en France et ailleurs.
01:06:14 La question, c'est combien de temps ça peut continuer, sachant que les systèmes d'accueil
01:06:20 sont totalement saturés dans les grandes villes.
01:06:22 Alors, comme c'est saturé dans les grandes villes et que vous avez des gens qui campent
01:06:25 à longueur d'année sous le métro à Paris, on les met en province.
01:06:30 Une fois qu'ils sont en province, il n'y a pas de travail ni de transport.
01:06:33 Donc, il y a des problèmes de fixation de problèmes dans certaines communes qui ne
01:06:39 sont pas du tout équipées pour ça.
01:06:40 Alors, des fois, ça se passe bien, des fois moins bien.
01:06:43 Par définition, bon, ça peut se passer dans l'indifférence aussi, mais le pays est en
01:06:49 face d'un immense défi et on ne peut pas continuer à faire comme si c'est juste un
01:06:55 problème local.
01:06:56 C'est un problème national et européen.
01:06:57 Il y a un problème Schengen.
01:06:59 Qu'est-ce que c'est l'avenir de ce système de libre circulation ? Est-ce qu'on peut
01:07:02 continuer à laisser les associations faire du taxi et amener des gens au milieu de la
01:07:06 Méditerranée en France et considérer que c'est le problème des Français ou que,
01:07:11 au nom des droits de l'homme, l'Europe et la France ont pour vocation d'accueillir
01:07:16 des centaines de milliers de...
01:07:17 Il y a des dizaines de millions de gens qui sont aujourd'hui en mouvement en Afrique.
01:07:22 On va en faire quoi ?
01:07:23 On va en faire quoi ?
01:07:24 Vous avez encore le prochain projet de loi ?
01:07:26 Voilà.
01:07:27 On est au 12e ou au 14e ?
01:07:29 Plus que ça.
01:07:30 On est au 20e depuis 30 ans ?
01:07:33 Depuis 30 ans, oui.
01:07:34 Depuis 30 ans ?
01:07:35 Oui, c'est ça.
01:07:36 Tant que la France n'aura pas véritablement repris le contrôle de ses frontières sérieusement,
01:07:40 on aura droit à ça.
01:07:42 Moi, je trouve ça épouvantable.
01:07:44 Le droit d'asile, c'est un droit...
01:07:46 C'est un droit contre des Français.
01:07:47 Auquel nous sommes très attachés.
01:07:49 Oui, mais enfin, il est complètement dévié.
01:07:50 Sauf qu'il est dévoyé.
01:07:51 Ce droit d'asile est dévoyé.
01:07:52 Oui, avec ce que dit Pierre Lelouch aussi, le côté, comme on l'a vu en Tibre récemment,
01:07:56 où le maire en bout de course se retrouve à gérer des situations comme celle-ci.
01:07:59 Ça n'a rien à voir.
01:08:00 On n'est plus dans le droit d'asile.
01:08:02 J'ai vu une pancarte disant "ils fuient la guerre", etc.
01:08:05 Ils fuient la guerre.
01:08:06 On voit les images.
01:08:07 Ils fuient surtout la misère.
01:08:08 Ils veulent une autre vie.
01:08:09 C'est leur droit.
01:08:10 Mais enfin, nous aussi, on a une responsabilité.
01:08:13 C'est nos concitoyens.
01:08:14 Monsieur Michel Rocard disait il y a 30 ans "on ne peut pas accueillir toute la misère
01:08:17 du monde".
01:08:18 On ne peut qu'y prendre sa part.
01:08:20 Il faut y prendre sa part.
01:08:21 On est d'accord.
01:08:22 30 ans plus tard, on en est toujours là.
01:08:23 On accueille malheureusement toute la misère du monde par le dévoiement d'un droit d'asile
01:08:28 qu'on n'a jamais pu réguler.
01:08:30 Vous savez ce que fait en ce moment le président tunisien ?
01:08:34 Il a lancé une campagne d'exclusion des Noirs sud-sahariens qui passent par la Tunisie
01:08:40 ou qui veulent s'y installer.
01:08:41 Et qui se font lancher d'ailleurs dans le pays.
01:08:42 Et qui utilisent des termes qui ne seraient même pas audibles en Europe.
01:08:45 Et qui disent "c'est l'insécurité, c'est la violence, on n'en veut pas".
01:08:48 Et vous savez ce que font les Algériens avec les immigrés africains ?
01:08:51 Ils parlent de remplacement carrément.
01:08:52 Ils les remettent dans le désert.
01:08:54 Ils les mettent dans des bus, ils les renvoient dans le désert.
01:08:56 Voilà ce qui est en train d'être fait par nos voisins du Maghreb qui par ailleurs nous
01:09:00 envoient leur jeunesse en France parce qu'on considère que nous sommes la terre d'accueil
01:09:04 de tout le monde.
01:09:05 Il y a un moment où il faut que ça s'arrête.
01:09:06 Je le dis sérieusement parce que ce genre de choses va continuer et risque de dériver
01:09:11 dans des choses tout à fait déplaisantes.
01:09:13 Donc il ne faut pas faire semblant que si tout va bien, tout ne va pas bien du tout
01:09:17 dans ce domaine.
01:09:18 On va changer de sujet avec une histoire qui se termine bien.
01:09:21 Vous allez entendre cet extrait audio.
01:09:23 C'est une maman très inquiète qui a son nourrisson qui ne respire plus.
01:09:27 Elle appelle les pompiers.
01:09:28 Vous allez voir, elle tombe sur un pompier formidable qui arrive à aider cette maman.
01:09:32 Alors vous l'entendrez le début de cet extrait.
01:09:35 Il est un petit peu douloureux à écouter, mais écoutez-le quand même en entier.
01:09:39 - Bonsoir monsieur, c'est une petite garçon de moins de 7 ou plus qui commence à faire
01:09:43 des respirations.
01:09:44 - Madame, écoutez-moi, qui respire ?
01:09:46 - Non, il respire plus, il est tout bleu.
01:09:49 - Madame, madame, écoutez-moi, il est en train de manger quelque chose ou pas du tout ?
01:09:52 - Non, il est tout bleu.
01:09:53 - Bon, on va appeler la réanimation madame.
01:09:55 L'enfant, il est mis sur une table ?
01:09:57 - Non, il est sur mon genou.
01:09:58 - Il est sur vos genoux.
01:09:59 Est-ce que vous pouvez possible le poser sur une table à hauteur madame ?
01:10:01 - Euh, oui.
01:10:03 - Alors madame, on va faire des compressions.
01:10:05 Je vais vous aider, d'accord ?
01:10:06 C'est très important.
01:10:07 - D'accord.
01:10:08 - Voilà, vous allez imaginer madame, un trait entre ces deux petits fessons.
01:10:11 - Oui.
01:10:12 - D'accord, vous allez les mettre entre les deux.
01:10:13 Et bien, sur ce qu'il manque, vous allez venir mettre deux doigts sur sa cage thoracique.
01:10:17 - D'accord.
01:10:18 - D'accord ? Vous êtes prête ?
01:10:19 - Oui.
01:10:20 - Et au moment où je vais vous dire "top", vous allez appuyer sur la cage thoracique,
01:10:24 sur la poitrine, vers la table.
01:10:26 Vous êtes prête madame, on y va ?
01:10:28 - Oui.
01:10:29 - Allez, on y va.
01:10:30 - Top, top, top, top, top, top, top, top, top, top, top, top, top, top, top, top, top,
01:10:40 - Et ça y est ? Ça y est, vous vous plaisez ?
01:10:42 - Ça y est, vous voulez que je le tellez ?
01:10:44 - Oui.
01:10:45 - D'accord, prenez-le dans vos bras, prenez-le dans vos bras.
01:10:48 C'est bon madame ?
01:10:51 - Ça y est.
01:10:52 - Voilà, c'est super.
01:10:53 Maintenant vous le gèrez dans vos bras tranquillement, c'est très bien ce que vous faites madame.
01:10:56 - Vous avez réagi tous les deux.
01:10:58 - Ça donne la chair de poule.
01:10:59 - C'était incroyable, Pierre Louch qui applaudit parce qu'effectivement...
01:11:01 - Ça donne la chair de poule.
01:11:02 - Ce pompier, oui, qui à distance a pu sauver ce nourrisson.
01:11:05 Et on va parler justement de l'importance aussi des premiers gestes de secours.
01:11:08 Nous sommes en ligne avec Patrick Chavada, vous faites partie de la commission secouriste
01:11:12 de la Fédération Nationale des Stapeurs-Pompiers de France.
01:11:15 On vient effectivement d'entendre cette histoire qui se termine bien grâce à l'un de vos collègues
01:11:20 qui peut aider cette main.
01:11:22 C'est vrai que cette affaire, ça remet aussi sur le devant de la scène le besoin qu'ont peut-être
01:11:26 certains Français, les Français en général, de se former aussi aux gestes de premiers secours
01:11:30 parce qu'on le sent, elle ne sait absolument pas quoi faire au début de cet appel avec son nourrisson.
01:11:34 - Oui, bonjour, tout à fait.
01:11:36 Il faut savoir qu'on a une chaîne de secours, le dernier maillon c'est le milieu hospitalier,
01:11:40 mais le premier maillon c'est le premier témoin.
01:11:42 Dans le premier témoin, on a également bien évidemment les jeunes qui vont porter secours,
01:11:46 mais on a également les collègues stapeurs-pompiers qui sont dans les centres de traitement d'appels d'urgence
01:11:51 et qui donc vont produire, comme on l'a entendu très justement,
01:11:54 et on peut saluer d'abord le sang-froid de la maman et le professionnalisme du stapeur-pompier
01:11:59 parce que ce sont des situations extrêmement délicates, la maman ne s'est pas affolée
01:12:03 et donc on a nos collègues stapeurs-pompiers au téléphone qui donnent les gestes de premiers secours,
01:12:07 qui guident les gens.
01:12:08 Et effectivement, la formation, la démocratisation des gestes de premiers secours à la population
01:12:15 est un élément primordial pour que nous, stapeurs-pompiers et autres acteurs du secours,
01:12:19 puissons prendre les victimes dans de bonnes conditions
01:12:21 parce qu'on a trois situations où il faut intervenir immédiatement,
01:12:24 c'est la personne qui s'étouffe, la personne qui s'enlève en demain et l'arrêt cardiaque
01:12:28 où les premières minutes sont essentielles pour sauver quelqu'un.
01:12:30 Et justement sur le fait de cette formation, est-ce qu'il faut faire plus de pédagogie
01:12:34 pour attirer davantage les Français vers cette formation ?
01:12:37 Est-ce qu'il faut envisager des formations obligatoires dans le cadre du travail ?
01:12:42 Il y a des formations volontaires mais qui ne sont pas obligatoires.
01:12:44 Comment on peut faire pour que les Français soient vraiment mieux formés aux premiers secours ?
01:12:48 L'État met en place des dispositifs pour la formation de la population.
01:12:52 Il faut savoir que dans le milieu professionnel, le sauvetage secouriste du travail est imposé.
01:12:56 Il faut savoir qu'il y a des circulaires qui sont sortis,
01:12:59 qui imposent aux collectivités territoriales et à la fonction publique
01:13:02 de former ces agents aux gestes de premiers secours.
01:13:04 L'éducation nationale également se met en place et depuis de nombreuses années
01:13:08 essaie de former tous nos troisièmes aux gestes de premiers secours
01:13:12 et nos sixièmes aux gestes qui sauvent.
01:13:14 Tout ceci prend du temps, il faut que les dispositifs se mettent en place.
01:13:19 On s'améliore, ça va mieux, on forme de plus en plus de personnes.
01:13:23 Mais je pense que ce qui est important pour les gens, c'est de comprendre que
01:13:27 les gestes de premiers secours sont vraiment des gestes inoffensifs,
01:13:31 qui sont à la portée de n'importe qui.
01:13:34 Même les gens qui sont en situation de handicap peuvent faire des gestes de premiers secours.
01:13:39 C'est hyper important et donc c'est un geste à la portée de tout le monde.
01:13:44 Ce qui est important, il ne faut pas que les gens aillent s'inscrire
01:13:46 ou poussent des portes de casernes ou des associations qui ont des agréments de formation
01:13:50 pour aller se former.
01:13:51 Ça dure, c'est très rapide, c'est une journée de formation.
01:13:55 On voit un petit peu tout l'espectre des choses qui sont importantes à savoir.
01:13:59 Mais ce qui est hyper important, c'est que la population comprenne
01:14:03 que le premier maillon, c'est le citoyen.
01:14:05 Le citoyen doit être acteur de sa propre sécurité
01:14:07 et doit être le premier survoteur.
01:14:09 Mais justement, si on fait une seule journée de formation,
01:14:12 est-ce qu'il faut envisager de refaire des formations de temps en temps
01:14:16 pour ne pas perdre la main ?
01:14:18 Ou une seule journée peut suffire et après on est prêt à secourir quiconque
01:14:22 pendant de nombreuses années ?
01:14:25 Alors effectivement, si tous les trois ans on fait une petite mise à niveau,
01:14:28 c'est intéressant et ça ne pose pas de problème.
01:14:31 Mais il faut vraiment que les gens comprennent que les gestes de premiers secours,
01:14:34 ce sont des gestes simples.
01:14:36 Un saignement abondant, il faut appuyer où ça saigne.
01:14:38 Quelqu'un qui est inconscient, qui ne respire pas,
01:14:40 on appuie au centre de la poitrine.
01:14:41 Quelqu'un qui sait tout, on tape dans le dos.
01:14:43 Quelqu'un qui sait brûler, on va le mettre sous l'eau.
01:14:45 Si déjà les gens ont ces associations-là à l'esprit, on aura fait un grand pas.
01:14:49 Merci en tout cas d'avoir été avec nous.
01:14:52 Alors en un mot, parce qu'on a très peu de temps,
01:14:54 effectivement on voulait terminer sur cette histoire.
01:14:56 Aussi pour saluer le sang-froid de ce pompier qui arrive à sauver
01:15:00 quand même un nourrisson à distance, Pierre Luchon.
01:15:02 On entend cet appel, il est incroyable.
01:15:04 C'est la bonne nouvelle de la journée, de cette émission.
01:15:07 On a parlé de choses qui n'étaient quand même pas très gaies,
01:15:10 problèmes dans tous les sens, pour les agriculteurs, les infirmières et autres.
01:15:14 Et là on voit un pompier qui sauve une vie avec une maman, c'est merveilleux.
01:15:18 C'est un signe d'espoir.
01:15:20 Je le vis comme ça.
01:15:22 Ce garçon mérite une médaille.
01:15:24 Depuis les attentats de 2015, il y a eu vraiment une recrudescence de formation.
01:15:30 Les gens spontanément se forment.
01:15:32 Moi je l'ai fait moi-même, c'est vrai que c'est en quelques heures,
01:15:35 on apprend beaucoup de choses.
01:15:37 Et puis n'oubliez pas aussi les défibrillateurs, c'est quelque chose de très important.
01:15:41 Il m'est arrivé d'en subventionner beaucoup dans la circonscription où j'étais élu.
01:15:45 Notamment dans les salles de sport ou dans des bâtiments scolaires, etc.
01:15:49 Ça peut aussi sauver beaucoup de vies.
01:15:51 Mais il faut savoir l'utiliser, ça suppose aussi une formation.
01:15:54 Merci à tous les deux d'avoir été mes invités.
01:15:57 Évidemment les débats et l'info continuent sur CNews.
01:16:00 Dans un instant, c'est 90 minutes info avec Lionel Rousseau et ses invités.
01:16:04 ♪ ♪ ♪

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