L'invité du jour - Florian Zeller

  • l’année dernière
L'écrivain et réalisateur Florian Zeller est l'invité de ce Télématin. Il vient présenter son nouveau film « The son » qui sera dans les salles à partir du 1er mars prochain, après le succès de son premier film « The father » sortie en 2021 doublement oscarisé. 

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Transcript
00:00 Et nous sommes ravis d'accueillir ce matin l'écrivain et réalisateur Florian Zeller.
00:04 Bonjour.
00:04 Bonjour.
00:05 Merci d'être avec nous.
00:06 On va évidemment parler de la sortie de votre film,
00:09 qui est incroyable, qui nous a beaucoup touché.
00:11 Vous le merciez.
00:12 Avec Jean-Baptiste, The Sun, qui sortira le 1er mars.
00:16 C'est votre deuxième réalisation après The Father, qui a été doublement oscarisé.
00:21 Est-ce que le deuxième film fait peur quand le premier a été aussi couronné de succès et primé ?
00:28 Faire un film, de toute façon, ça fait peur.
00:30 Et c'est une peur qui est assez réjouissante, parce que c'est comme un rendez-vous.
00:33 On n'a pas envie de rater.
00:36 Donc il y a une sorte de tension créatrice et joyeuse.
00:40 Mais au fond, non, The Father a eu une histoire très belle,
00:44 et c'était plutôt une sorte d'élan qui m'a permis même de monter ce film-là.
00:48 Donc j'ai plutôt de la gratitude envers le premier film.
00:51 Vous n'auriez pas pu monter The Sun sans l'Oscar, justement, sur The Father.
00:55 C'est très compliqué à monter les financements pour ce genre de film,
00:58 qui font peut-être un peu peur au premier abord.
01:00 Ce sont des films qui tentent d'aborder des sujets qui ne sont pas les plus faciles.
01:05 Mais moi, je crois que même les films un peu durs peuvent donner beaucoup de douceur.
01:08 C'était déjà le cas pour The Father, avec Anthony Hopkins,
01:10 qui explorait la démence hainie, l'Alzheimer.
01:14 Et tous, on est animés de peur quand on évoque ces sujets-là.
01:18 Mais je crois qu'il y a des endroits de catharsis ou de douceur à prendre dans le cinéma.
01:24 Et The Sun, c'est l'histoire d'un père qui accompagne son fils qui traverse une dépression.
01:29 Nicolas, 17 ans, en pleine dérive.
01:32 C'est l'histoire de ce moment étrange de l'adolescence
01:35 où il peut y avoir un rapport à la vie contrarié.
01:41 Et j'ai l'impression que c'est un sujet qui n'épargne personne,
01:45 ou bien pour soi, ou bien pour des gens autour de nous,
01:46 d'avoir des moments de grande déstabilisation, de dépression.
01:50 Et il me semblait que parce qu'on détourne le regard de ces questions-là, de ces sujets-là,
01:54 il était d'autant plus important de tenter de le regarder.
01:57 Et ce père fraîchement divorcé qui effectivement accueille son fils de 17 ans chez lui
02:01 et se retrouve complètement déboussolé, c'est Hugh Jackman qui joue évidemment ce rôle.
02:04 On regarde la bande-annonce et on en parle juste après.
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02:54 Ce film aborde la question de la dépression de manière très crue,
03:04 avec cet ado qui est comme aspiré dans un trou noir.
03:08 Est-ce que d'abord c'est vrai que vous êtes entouré de beaucoup de psys aux États-Unis pour faire le film ?
03:14 Sur le plateau, oui.
03:15 Alors deux choses. D'abord, j'ai rencontré beaucoup de psychiatres américains
03:20 pour être sûr de saisir la réalité américaine, parce que cette histoire se passe à New York.
03:25 Et puis on avait sur le plateau aussi un psy pour aider toutes les équipes,
03:29 parce que l'idée, ce n'était pas de se faire du mal.
03:31 Mais c'est vrai qu'il y avait des émotions qui remontaient pendant le tournage, dans les équipes,
03:36 parce qu'encore une fois, je crois que tout le monde est touché par ça,
03:39 au sens où c'est l'histoire de ces parents qui tentent d'aider leur fils et qui ne savent plus quoi faire.
03:46 Et d'être dans cette position, malgré l'amour qu'on a pour quelqu'un.
03:50 Et l'amour ne suffit pas pour les émotions.
03:52 C'est une des phrases.
03:53 Cette expérience de l'impuissance, qui fait partie de la trajectoire d'être un parent,
03:58 à un moment d'accepter de ne plus savoir quoi faire, je pense que tout le monde peut connaître cette expérience-là.
04:05 On dit que 15 à 20% de la population générale sera un jour touchée par la dépression.
04:09 L'idée de ce film, c'était aussi ça, de faire bouger les lignes, d'attirer la lumière sur cette question-là ?
04:14 En fait, j'ai l'impression qu'il y a tellement de honte, de culpabilité, d'ignorance aussi,
04:20 disons de déni autour de ces questions-là, qu'il me semblait important de raconter cette histoire-là.
04:26 Et vous rappeliez des chiffres, et c'est vraiment quelque chose qui apparaît de façon évidente,
04:31 et surtout depuis le Covid, et surtout dans cette génération-là des adolescents.
04:35 Il y a vraiment comme une sorte d'autre épidémie qui apparaît de santé mentale.
04:39 Et je crois qu'il est urgent d'en parler, d'être à l'aise autour de ces sujets-là,
04:45 d'être à l'aise pour utiliser les bons mots, pour qu'on puisse céder les uns les autres.
04:48 Florence Deller, un mot de vos acteurs, ils sont formidables,
04:50 Hugh Jackman, bien sûr, dans le rôle du père.
04:52 Je voudrais dire un mot de ce jeune comédien qui a 20 ans, qui est australien, qui s'appelle Zed McGrath, je crois.
04:56 Tu le prononces bien, qui joue le rôle du fils.
04:58 Vous l'avez trouvé comment ? En plein confinement, en plus, il faut le rappeler.
05:00 En fait, j'ai commencé par créer cette famille d'acteurs, pour composer cette famille,
05:05 avec Anthony Hopkins, Hugh Jackman, Laura Dern, qui étaient des acteurs qui me passionnaient complètement.
05:10 Et il restait à trouver ce visage inconnu, parce que je savais que c'était un enfant, un adolescent de 17 ans.
05:16 Et j'ai reçu plein de vidéos d'acteurs à travers le monde.
05:19 Et soudain, je l'ai rencontré. Il est venu de Melbourne,
05:23 et j'ai senti en lui une sorte de singularité, de puissance.
05:27 Et vous l'avez casté en visioconférence.
05:29 Voilà, mais c'était la singularité du moment du Covid.
05:32 Et on s'est rencontrés pour la première fois, deux jours avant de commencer à tourner.
05:35 Ah oui, mais il paraît que vous ne faites quasiment pas répéter vos comédiens, de toute façon, d'une manière générale.
05:39 C'est vrai ?
05:40 Oui, en tout cas, pour ce film-là, ça me semblait un processus intéressant.
05:44 Vous savez, les acteurs américains, ils travaillent énormément leur rôle.
05:47 En général, ils font beaucoup de recherches.
05:48 Ils se préparent, parfois même avec des coachs, et ils arrivent sur un plateau
05:51 en ayant une idée très précise de ce qu'ils vont délivrer.
05:55 Et moi, je ne voulais pas aller vers la performance, vers la fabrication des émotions.
06:00 Tous les acteurs qui étaient à mes côtés étaient présents parce que quelque chose en eux,
06:05 au fond d'eux, les reliait à cette histoire-là, en tant que père ou en tant que mère,
06:09 ou parfois en tant que fils.
06:10 Ils savaient de quoi ils étaient question.
06:11 Et donc, je voulais qu'ils soient dans cette position de pouvoir explorer des émotions
06:14 qui soient le plus authentiques possible, le plus honnêtes possible.
06:16 C'est ce qui m'intéressait.
06:17 Florian Zeller, réalisateur, mais aussi, évidemment, avant, écrivain et dramaturge.
06:21 Et on a retrouvé justement une archive en 2005, je crois,
06:24 quand vous parliez un petit peu de ces deux vies, écrivain et dramaturge, regardez.
06:27 Elles sont conjointes, mais ce sont deux vies différentes,
06:30 dans la mesure où la première, effectivement, elle est solitaire,
06:34 et la deuxième est vraiment délivrée de soi.
06:36 C'est vraiment une vie davantage, beaucoup plus collective,
06:38 beaucoup plus joyeuse, et au fond, beaucoup plus matérielle,
06:42 c'est-à-dire avec des enjeux de réflexion, de partage, de débat,
06:45 qui sont des objets beaucoup plus facilement identifiables.
06:48 Le théâtre plus collectif, plus joyeux, matériel.
06:51 Vous diriez la même chose aujourd'hui que ce que vous disiez ?
06:54 Oui. La joie de faire quelque chose avec plusieurs,
06:58 d'être pas simplement avec soi, oui, ça c'est quelque chose que…
07:01 Ça c'est votre passion première, le théâtre, central.
07:03 Oui, mais le cinéma a une sorte d'expérience scénaire.
07:06 Pour l'enjeu, si, oui.
07:07 Il y a une sorte d'intensité quand on fait un film,
07:09 et la chance de pouvoir le faire avec des acteurs, c'est quelque chose de…
07:13 Et puis toute une équipe, enfin, c'est des aventures très collectives.
07:15 très collective.

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