Les députés débattent de la pénibilité au travail (horaires décalés, de nuit, métiers difficiles, exposition à un ou plusieurs facteurs de risques professionnels pouvant laisser des traces durables sur la santé etc.)Demandé par le groupe écologiste, dans le cadre de la semaine de contrôle de l'action du gouvernement par les parlementaires, ce débat est l'occasion d'évoquer un enjeu central de la réforme des retraites, après vingt jours de discussion et un débat inachevé à l'Assemblée nationale. Retrouvez cette séance sur LCP Assemblée nationale.
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00:00:00 L'ordre du jour appelle le débat sur la réforme des retraites
00:00:02 et la pénibilité.
00:00:04 Ce débat a été demandé par le groupe Ecolone PES.
00:00:07 A la demande de ce dernier, il se tient Sala Martin
00:00:10 afin que des personnalités extérieures
00:00:12 puissent être interrogées.
00:00:13 La conférence des présidents a décidé d'organiser ce débat
00:00:16 en deux parties.
00:00:17 Nous commencerons par une table ronde
00:00:19 en présence de personnalités invitées d'une durée d'une heure.
00:00:22 Nous procéderons, après avoir entendu une intervention liminaire
00:00:26 du gouvernement, à une nouvelle séquence de questions-réponses
00:00:29 et également, la durée des questions et des réponses
00:00:32 sera limitée à deux minutes, sans droit de réplique.
00:00:36 Pour la première phase du débat, je souhaite la bienvenue
00:00:40 à madame Anne Lossègue, aide-soignante.
00:00:44 Madame, bonjour.
00:00:46 M. André Boucher, représentant de la Confédération paysanne,
00:00:49 et madame Catherine Delgoulet,
00:00:51 professeure au Conservatoire national des arts et métiers,
00:00:53 titulaire de la chaire d'ergonomie.
00:00:55 Madame, bonjour.
00:00:57 Je vais donner maintenant la parole à chacun de nos invités
00:01:00 pour une intervention d'environ cinq minutes.
00:01:03 Chacun, la parole est donc à madame Anne Lossègue.
00:01:06 Bonjour à tout le monde.
00:01:13 Je vous remercie pour l'invitation.
00:01:15 Je suis un peu intimidée,
00:01:16 je n'ai pas l'habitude d'intervenir dans ces lieux-là.
00:01:20 Je suis la présidente du collectif
00:01:22 La Force Invisible des Aides à domicile.
00:01:24 Je ne suis pas aide-soignante, mais assistante de vie.
00:01:27 Ce métier a plusieurs appellations.
00:01:31 Assistante de vie, auxiliaire de vie, aide à domicile.
00:01:35 C'est un métier vital à la cohésion sociale,
00:01:38 un métier du prendre soin
00:01:40 qui ne laisse pas la place à la robotique.
00:01:44 C'est un métier où nous sommes 95 % de femmes,
00:01:49 40 % qui ont moins de 30 ans,
00:01:52 60 % qui ont 50 ans.
00:01:54 Nous avons 70 % de temps partiel subi ou choisi.
00:02:02 Nous avons un taux de précarité de 17,5 %,
00:02:08 précarité d'emploi, précarité de logement,
00:02:12 précarité financière, précarité alimentaire.
00:02:16 Nous avons un salaire moyen de moins de 1 000 euros.
00:02:20 Nous avons deux pénibilités.
00:02:25 Nous avons la pénibilité physique
00:02:28 et la pénibilité des risques psychosociaux.
00:02:33 Alors, la pénibilité physique.
00:02:37 Nous sommes le premier secteur accidentogène devant le BTP.
00:02:44 53 % sont dus à la manutention manuelle
00:02:48 parce que nous avons des humains entre nos mains.
00:02:52 Nous les bougeons,
00:02:54 nous les transférons du lit au fauteuil,
00:02:57 nous leur faisons des toilettes.
00:02:59 Nous avons des charges lourdes comme les courses
00:03:07 qu'on peut porter, monter au sixième étage sans ascenseur.
00:03:12 On nous demande de lever un matelas,
00:03:18 on nous demande de bouger les meubles pour faire le ménage.
00:03:22 Et tout ça, souvent, sans matériel adapté.
00:03:30 C'est-à-dire que pour lever une personne,
00:03:33 on le fait avec nos bras.
00:03:35 Alors, que ce soit un corps qui pèse 40 kg
00:03:39 ou un corps qui pèse 80 kg,
00:03:42 on le fait avec nos bras.
00:03:44 On a du matériel adapté,
00:03:47 mais il n'est pas obligatoire au domicile.
00:03:50 Soit il est refusé par la personne aidée,
00:03:52 soit il est refusé par la famille,
00:03:55 soit il y en a, mais on ne sait pas s'en servir
00:03:58 parce qu'on n'est pas formé pour.
00:04:01 Nous avons aussi 35 % de chutes à domicile.
00:04:07 Alors, les chutes sont dues au déplacement,
00:04:11 à la mobilité,
00:04:13 parce qu'il y en a qui vont en vélo,
00:04:19 donc accident de la route,
00:04:21 en trottinette, qui tombent, accident de la route.
00:04:25 On tombe aussi avec les bénéficiaires,
00:04:28 les personnes qu'on prend en charge
00:04:30 pour éviter qu'elles aient encore plus mal.
00:04:34 Donc, c'est nous qui mettons le corps en avant
00:04:37 pour éviter d'avoir plus de blessures.
00:04:42 Nous avons aussi
00:04:44 une charge mentale, émotionnelle,
00:04:52 qui est très importante,
00:04:54 parce que nous allons de domicile en domicile,
00:04:57 et chaque domicile a une pathologie différente.
00:05:01 Nous avons des pathologies
00:05:05 où il y a de l'agressivité,
00:05:08 nous avons des pathologies
00:05:10 où on a une détresse psychologique, voire psychique.
00:05:13 Nous avons...
00:05:17 des situations,
00:05:21 et je vais prendre mon cas personnel,
00:05:24 de fin de vie, où on vient chez la personne,
00:05:27 on ne sait pas que c'est une fin de vie,
00:05:30 et on prend toute la violence que ça peut avoir
00:05:33 pour la professionnelle, pour la famille,
00:05:36 et c'est nous qui la prenons.
00:05:38 On l'accompagne jusqu'au dernier souffle,
00:05:40 et après, on accompagne aussi, parfois,
00:05:44 la famille dans les démarches administratives.
00:05:47 Et quand je vous parle de violence émotionnelle,
00:05:51 c'est qu'on accompagne sans être formé
00:05:55 à la fin de vie, les soins palliatifs.
00:05:58 C'est tout un accompagnement
00:06:00 qui doit être spécifique à la personne,
00:06:04 spécifique à l'aidant, parce que forcément,
00:06:07 quand on est dans un domicile,
00:06:09 et quand il y a un aidant, et quand il y a une fin de vie,
00:06:13 on accompagne aussi l'aidant
00:06:15 pour ses derniers instants
00:06:20 avec la personne.
00:06:22 -Je vais vous demander de conclure.
00:06:24 -Oui. Alors, je vais conclure.
00:06:28 Le maintien à domicile,
00:06:30 on travaille avec de l'humain,
00:06:32 on est une pédélibité énorme,
00:06:35 on est les précaires d'aujourd'hui,
00:06:37 on sera les précaires de demain,
00:06:40 et pour la retraite, à 64 ans,
00:06:43 le corps ne pourra pas suivre.
00:06:46 Voilà. C'est vraiment...
00:06:49 Le corps, on est vraiment...
00:06:51 A 50 ans, une auxiliaire de vie est déjà fatiguée.
00:06:54 -Merci de cette intervention.
00:06:57 La parole est à monsieur André Bouchu.
00:07:00 -Bonjour. Merci de l'invitation.
00:07:04 Je représente la Confédération aux paysannes.
00:07:07 On est en plein salon d'agriculture,
00:07:09 de nombreux responsables nationaux sont appris par le salon.
00:07:12 On va parler des différentes agricultures,
00:07:16 car il y en a plein, différents métiers,
00:07:19 différentes pénibilités.
00:07:20 Je terminerai par deux interpellations
00:07:23 concernant le sujet qui est en débat aujourd'hui.
00:07:27 J'étais, puisque je suis à la retraite,
00:07:30 j'ai bénéficié de la retraite à 60 ans,
00:07:32 j'ai fait partie des gens qui en ont bénéficié.
00:07:35 J'étais paysan dans la Loire, dans les monts du Lyonnais,
00:07:38 producteur de champignons et de myrtilles,
00:07:41 et fils d'éleveur.
00:07:42 Je connais bien les métiers,
00:07:44 j'ai été pendant longtemps responsable national.
00:07:46 L'agriculture ou les agricultures,
00:07:49 il y a des fermes qui sont très petites,
00:07:51 d'autres très grandes,
00:07:52 donc c'est pas la même agriculture.
00:07:54 Il y a une agriculture avec des animaux,
00:07:57 qui génère un certain nombre de risques,
00:07:59 d'autres sans animaux.
00:08:01 Il y a des agricultures robotisées,
00:08:02 d'autres mécanisées, d'autres manuelles.
00:08:05 Chaque fois, on a des métiers très différents.
00:08:07 On a des agriculteurs qui se forment en intérieur,
00:08:10 d'autres en extérieur.
00:08:12 En intérieur, c'est des porcheries,
00:08:14 des choses de ce style-là, ça peut être des serres,
00:08:17 des salles de production de champignons,
00:08:19 et en extérieur, on connaît plus.
00:08:21 Les différents métiers,
00:08:23 c'est là où ça devient compliqué,
00:08:25 au niveau de l'agriculture,
00:08:26 on est producteur en premier,
00:08:28 on est comptable, on est gestionnaire d'entreprise,
00:08:31 on est gestionnaire de salariés,
00:08:33 on a de plus en plus d'informatique,
00:08:35 donc on a plein de métiers à gérer
00:08:37 et ça devient extrêmement, extrêmement complexe.
00:08:40 Et tous ces métiers à gérer,
00:08:41 tous ces différents types de production
00:08:44 génèrent des pénibilités.
00:08:45 Alors, deux types de pénibilités,
00:08:47 c'est comme la personne qui est intervenue avant.
00:08:50 Le premier, c'est les problèmes physiques,
00:08:53 alors ce qu'on appelle les TMS chez nous,
00:08:55 les troubles musculosquelétiques.
00:08:58 Donc, bien entendu, la conduite d'engin
00:09:00 qui provoque souvent des grosses douleurs dans le dos,
00:09:03 l'élevage, ce qu'on disait tout à l'heure, industriel,
00:09:06 quand il faut passer le karcher des journées entières
00:09:09 dans une porcherie, c'est assez pénible,
00:09:11 les bovins qui induisent beaucoup d'accidents,
00:09:14 les ovins qui sont très meurtriers pour le dos,
00:09:17 parce qu'il faut attraper les ovins,
00:09:19 et donc c'est très, très meurtrier, de ce côté-là,
00:09:22 des gestes répétitifs, on a beaucoup de tendinite,
00:09:25 des problèmes du canal carpien.
00:09:27 Moi, j'ai plusieurs salariés qui ont été opérés
00:09:29 du canal carpien, par exemple.
00:09:31 Le dos pour le maraîchage, parce que la terre est toujours basse.
00:09:34 Les travaux forestiers,
00:09:37 qui sont sans doute le métier
00:09:40 qui amène le plus d'accès dans du travail.
00:09:43 Et puis, une remarque particulière sur la question des femmes,
00:09:46 parce que l'ergonomie des matériels n'est pas adaptée aux femmes.
00:09:50 Donc, il y aurait nécessité, peut-être, à modifier la loi
00:09:53 pour faire en sorte que les gens,
00:09:55 pour que les femmes, le matériel soit plus adapté,
00:09:58 qu'on trouve des solutions là-dessus.
00:10:00 Et puis, les autres problèmes sont d'ordre psychologique,
00:10:04 donc les fameux TPS, les troubles psychosociaux.
00:10:07 Alors, ils sont dus à une multitude de choses.
00:10:09 Aujourd'hui, on nous demande de produire toujours plus,
00:10:12 donc d'investir plus, donc de s'endetter plus.
00:10:15 C'est extrêmement lourd.
00:10:16 Donc, le poids de la dette sur les fermes,
00:10:19 c'est extrêmement lourd.
00:10:20 Les risques d'aléas climatiques,
00:10:22 on les voit arriver de plus en plus,
00:10:24 avec la pandémie qu'on vient de vivre,
00:10:26 et l'hiver, avec le problème de l'eau.
00:10:28 Ca met une pression énorme.
00:10:30 J'ai croisé des producteurs de fruits
00:10:32 qui sont inquiets pour l'année à venir.
00:10:34 Les risques au revenu,
00:10:36 parce qu'on sait qu'il y a un tiers des paysans
00:10:38 qui ont un revenu, quand on est à 300 ou 400 euros.
00:10:41 La question des pesticides, parce qu'il y a une pression sociétale.
00:10:45 Il y a le risque de maladie, et le paysan, là, en lui,
00:10:48 en disant, parfois, je crois que j'utilise,
00:10:50 mais il faudrait peut-être pas, ma santé, qu'est-ce que ça va donner ?
00:10:54 Aujourd'hui, on va nous demander de faire des traitements de nuit,
00:10:58 c'est-à-dire qu'on supprime la nuit pour les traiter.
00:11:01 Des durées de journée de travail qui sont très longues.
00:11:04 La complexité administrative,
00:11:06 avec toute la dématérialisation.
00:11:08 Aujourd'hui, 50 % des paysans sont fâchés avec tout ça,
00:11:11 enfin, ils n'y arrivent plus.
00:11:12 J'ai rencontré plusieurs personnes dans la préparation de ce débat
00:11:16 qui m'ont dit, même nous qui sommes jeunes,
00:11:19 même nous qui avons des BTS,
00:11:20 voir des formations d'ingénieurs,
00:11:22 on patine devant toute cette dématérialisation,
00:11:25 toute cette complexité administrative.
00:11:27 Aujourd'hui, sur tous les métiers qui utilisent des saisonniers,
00:11:31 on trouve de moins en moins de saisonniers,
00:11:33 c'est compliqué à gérer.
00:11:35 Et puis, on dit, on va robotiser, on va automatiser.
00:11:38 Oui, pourquoi pas, mais quand on a de l'irrigation
00:11:41 qui est automatisée, pour un domaine que je connais très bien,
00:11:45 il faut surveiller en continu, ça veut dire que ça n'enlève pas
00:11:48 le stress. Donc, il y a énormément de stress
00:11:51 qui existe, et puis la peur de tomber malade.
00:11:54 Donc, toutes ces choses-là génèrent du stress,
00:11:57 de la fatigue, de la dépression,
00:11:58 et malheureusement, dans le milieu agricole,
00:12:01 on détient un triste record des suicides.
00:12:04 C'est très grave. Alors, comment faire ?
00:12:06 J'ai deux questions à vous poser.
00:12:08 Il y en a une qui est pendant le cours de la vie professionnelle.
00:12:12 C'est, il est indispensable de faciliter la reconnaissance
00:12:15 des TMS et des TPS,
00:12:16 parce qu'aujourd'hui, c'est le parcours du combattant.
00:12:20 La médecine du travail, la médecine, la MSA,
00:12:22 ça ne fonctionne pas.
00:12:24 Et le deuxième, c'est sur la question du compte pénibilité,
00:12:27 qui sera difficilement envisageable,
00:12:29 parce que ce serait un compte trop complexe.
00:12:32 Mais peut-être, vous pourriez imaginer
00:12:34 un système de pénibilité par OTEX, par type de production.
00:12:38 Là, il y aura un travail de fond à faire
00:12:40 qui permettrait d'avoir un gain de trimestre.
00:12:43 Faciliter la reconnaissance de maladies, d'accidents du travail,
00:12:46 et aller vers la question de la pénibilité par OTEX
00:12:50 et de dire qu'un céréalier n'a pas les mêmes problèmes
00:12:53 qu'un éleveur, qu'un maraîcher.
00:12:55 -Je vous remercie.
00:12:56 La parole est à madame Catherine Delgoulois.
00:12:59 -Oui, merci.
00:13:02 Bonjour à toutes et à tous.
00:13:04 Merci de cette invitation.
00:13:06 Mon propos liminaire visera à brosser
00:13:09 les facettes de la pénibilité,
00:13:12 dont déjà les deux personnes avant moi ont parlé,
00:13:15 et de voir comment cette approche, finalement,
00:13:19 de la santé au travail, pose un certain nombre de questions.
00:13:22 Et puis, je finirai par discuter sur une notion,
00:13:26 celle de la soutenabilité du travail,
00:13:28 qui me semble être intéressante
00:13:31 pour aborder les enjeux qui nous réunissent aujourd'hui
00:13:34 d'une manière un peu différente.
00:13:36 Quand on s'intéresse aux questions de pénibilité du travail,
00:13:40 les travaux scientifiques précisent
00:13:42 qu'il n'y a pas une pénibilité,
00:13:44 mais des facettes de la pénibilité, au moins quatre.
00:13:47 Il y a des pénibilités objectivables.
00:13:50 Ce sont les pénibilités du travail,
00:13:53 que l'on retrouve notamment à l'occasion
00:13:55 de la réforme des retraites de 2010,
00:13:57 qui a donné une définition toujours en vigueur
00:14:00 d'une pénibilité qui se caractérise
00:14:02 par l'exposition du travailleur
00:14:05 à un ou plusieurs facteurs de risque professionnel
00:14:08 liés à des contraintes physiques marquées,
00:14:10 à un environnement physique agressif,
00:14:12 mais aussi à un certain nombre de rythmes de travail
00:14:16 qui sont susceptibles de laisser des traces durables,
00:14:19 identifiables et irréversibles sur la santé.
00:14:21 Ce décret a donné lieu à l'identification
00:14:24 à une liste de dix facteurs de la pénibilité,
00:14:27 repris dans le compte C3P
00:14:30 et ensuite réduit en 2017
00:14:32 aux seuls six critères qui demeurent aujourd'hui.
00:14:35 Mais à côté d'une partie de cette pénibilité objectivable,
00:14:41 il y a aussi une seconde facette,
00:14:43 celle d'un ensemble de conditions de travail
00:14:45 considérées comme des contraintes connues comme délétères,
00:14:48 que sont notamment les contraintes psychosociales,
00:14:51 dont il a été question juste avant,
00:14:53 ou un certain nombre de contraintes organisationnelles
00:14:56 liées notamment à la pression temporelle,
00:14:58 là aussi qui a été soulignée juste avant,
00:15:01 et qui sont source de troubles infrapathologiques
00:15:05 importants aujourd'hui en France.
00:15:07 À ces deux premières facettes s'ajoutent également
00:15:10 deux autres facettes,
00:15:13 qui sont celles des pénibilités vécues
00:15:16 ou pénibilités au travail,
00:15:18 du fait notamment d'une santé fragilisée,
00:15:21 dont la probabilité augmente avec l'avancée en âge,
00:15:25 mais aussi une pénibilité au travail
00:15:27 du fait de conditions de travail et d'organisation mal vécues,
00:15:31 qui vont avoir une incidence sur le souhait de quitter son travail.
00:15:35 Je renvoie aux difficultés de recrutement
00:15:37 dans un certain nombre de métiers.
00:15:39 Aujourd'hui, la seule partie de la pénibilité objectivable
00:15:44 est considérée dans les éléments réglementaires
00:15:49 au regard des six critères du C2P.
00:15:52 Et cette manière, finalement, de considérer la pénibilité
00:15:56 pose, me semble-t-il, quatre types de questions
00:15:59 que je vais très rapidement évoquer
00:16:01 et sur lesquelles on pourra revenir si vous le souhaitez.
00:16:03 Premièrement, les critères de pénibilité
00:16:06 et leur seuil aujourd'hui très élevé
00:16:09 ne concernent, fort heureusement,
00:16:11 qu'une population réduite et très particulière
00:16:14 soumise à des sollicitations extrêmes
00:16:17 et sur de très longues durées.
00:16:19 Les derniers chiffres de l'assurance-maladie le confirment.
00:16:22 En 2021, cela concernait un peu moins de 650 000 salariés,
00:16:27 la plupart, les trois quarts, étant des hommes,
00:16:30 et 45 % des personnes travaillant
00:16:32 dans le secteur de l'industrie manufacturière.
00:16:36 Deuxième question ou remarque sur cette approche des pénibilités,
00:16:40 c'est que la réforme prévoit, par ailleurs,
00:16:43 d'abaisser le seuil d'exposition de ces six critères
00:16:47 et de supprimer la limite des points cumulables
00:16:50 sur une carrière.
00:16:51 Comme le dit fort justement une collègue,
00:16:54 Annie Jolivet, économiste au Centre d'études de l'emploi du CNAM,
00:16:58 c'est une mesure à double tranchant.
00:17:01 Cela peut renvoyer le message
00:17:02 que la durée, finalement, d'exposition n'est pas grave
00:17:05 puisqu'on peut gagner des points,
00:17:07 mais c'est oublié que lorsqu'on cumule des points,
00:17:10 cela a des conséquences sur la santé.
00:17:13 Le troisième élément,
00:17:15 c'est que la réforme prévoit également
00:17:17 un suivi médical renforcé
00:17:20 pour...
00:17:21 sur un certain nombre de facteurs de risque dits ergonomiques.
00:17:25 Je passerai sur l'oximore, de mon point de vue,
00:17:28 du risque ergonomique.
00:17:30 En tant qu'ergonome, je ne valide pas cette figure de style,
00:17:34 mais je reviendrai également sur la création
00:17:37 de ces visites obligatoires de fin de carrière à 61 ans,
00:17:41 où, au final, l'idée est de repérer
00:17:44 les personnes qui ne sont pas en mesure
00:17:48 de continuer de travailler
00:17:50 pour leur permettre de partir à 62 ans.
00:17:54 Ici, finalement, on décale
00:17:56 et on s'éloigne de la définition légale de la pénibilité
00:18:00 qui mentionne des risques professionnels
00:18:03 et non pas des incapacités déjà avérées.
00:18:06 Enfin, dernier point,
00:18:08 la question du développement des compétences
00:18:11 semble peu traitée,
00:18:12 alors que c'est une question, il me semble, clé
00:18:15 pour pouvoir sortir de ces conditions de travail
00:18:18 forcément délétères.
00:18:19 Mais ce que l'on constate,
00:18:21 c'est que d'enquête en enquête sur le sujet,
00:18:23 on retrouve les mêmes résultats.
00:18:25 L'accès à la formation se fait au détriment des plus âgés
00:18:28 et des catégories socioprofessionnelles
00:18:30 qui sont les plus exposées aux pénibilités.
00:18:32 Les ouvriers et les employés.
00:18:34 Ce sont des populations qui se retrouvent coincées
00:18:37 dans des parcours professionnels
00:18:39 aux conditions de travail difficiles.
00:18:41 Alors, pour finir...
00:18:43 -Merci de conclure rapidement.
00:18:45 -Voilà, je voulais orienter vers une question
00:18:49 qui est que plutôt, finalement, de considérer le travail
00:18:52 comme inévitablement pénible
00:18:55 et d'en définir des critères de pénibilité,
00:18:58 pourquoi pas aborder justement la question
00:19:01 sous l'ambe de la soutenabilité du travail
00:19:03 et en faire un principe fondateur
00:19:05 du travail d'aujourd'hui et de demain ?
00:19:08 Merci.
00:19:10 -Merci, madame Delgoulet. Merci à tous les trois.
00:19:13 L'exercice n'est jamais simple d'intervenir en 5 minutes,
00:19:15 mais vous aurez l'occasion peut-être de compléter
00:19:17 avec les questions.
00:19:19 Nous en venons donc à cette série de questions.
00:19:22 J'invite tous ceux qui le souhaitent
00:19:24 à intervenir dans la table ronde,
00:19:26 à s'inscrire auprès de la direction de la séance.
00:19:29 Chaque question sera immédiatement suivie de sa réponse
00:19:31 pour que le débat soit le plus fluide possible.
00:19:34 Et la première question est posée par madame Sophie Taillé-Pollion
00:19:38 du groupe Écolo-NUPES à l'initiative de ce débat.
00:19:41 -Merci, madame la présidente.
00:19:42 Merci infiniment aux trois intervenants et intervenantes
00:19:46 pour leurs expériences, leurs vécus.
00:19:48 Je pense que quand nous échangeons sur la question
00:19:50 de la pénibilité ou des pénibilités,
00:19:53 nous manquons bien souvent de témoignages
00:19:56 qui donnent à voir le réel de ce qui est vécu,
00:20:00 et notamment d'une diversité de gestes,
00:20:04 de situations de pénibilité
00:20:06 qui sont difficiles à évaluer
00:20:09 et difficiles aussi à comptabiliser.
00:20:11 Et on ne peut pas tout objectiver.
00:20:14 Et c'est bien là aussi l'un des problématiques
00:20:18 très importantes du compte pénibilité,
00:20:20 même dans sa première version,
00:20:22 comment faire pour que l'ensemble des pénibilités
00:20:24 soit pris en compte.
00:20:26 Je reviendrai, madame Delgoulet,
00:20:28 en vous permettant de développer davantage
00:20:30 sur la question de la soutenabilité du travail.
00:20:32 Qu'est-ce qui pourrait permettre, finalement,
00:20:36 à ce que le travail soit vu de manière plus soutenable ?
00:20:38 Est-ce qu'aujourd'hui, la prévention,
00:20:40 de quelle manière elle pourrait être développée ?
00:20:43 Et je pose la question aux deux autres intervenants.
00:20:45 Dans vos métiers, qu'est-ce qu'on devrait faire,
00:20:48 à la base, je dirais,
00:20:49 pour faire en sorte que, eh bien,
00:20:51 cette pénibilité, elle soit la mieux possible évitée,
00:20:55 et puis, quand elle n'est pas évitable,
00:20:57 parce que certains, certaines ont pu parler
00:21:00 d'exosquelettes ou autres formidables inventions technologiques
00:21:04 qui n'arriveront jamais, ou alors, quand nous serons tous décédés,
00:21:07 dans l'intégralité des entreprises françaises,
00:21:10 que peut-on faire pour faire en sorte que certains métiers
00:21:13 qui sont pénibles par définition,
00:21:15 même s'ils sont fort valorisants,
00:21:17 même s'ils sont extraordinaires de lien et d'importance sociale,
00:21:21 que certains métiers puissent être, eh bien,
00:21:24 finalement, comment dirais-je,
00:21:26 travaillés moins longtemps,
00:21:28 et que cela soit, finalement, un acquis commun.
00:21:30 On se dit, voilà, tel ou tel métier,
00:21:33 on pourrait aussi, on aurait pu inviter des égouttiers,
00:21:35 eh bien, voilà, on ne peut pas être égouttier toute sa vie,
00:21:37 par contre, on le paye de son corps,
00:21:39 et peut-être une retraite plus tôt serait ce qu'il y a de mieux.
00:21:43 -Je vous remercie.
00:21:45 Peut-être d'abord la réponse de Mme Delgoulet,
00:21:47 éventuellement complétée par les deux autres intervenants,
00:21:50 s'ils le souhaitent, et réponse étant limitée à deux minutes.
00:21:54 -Oui, alors, je m'excuse, parce qu'étant donné
00:21:57 qu'on me parlait au départ,
00:21:59 j'ai peut-être pas entendu la totalité de votre question,
00:22:02 j'en suis vraiment désolée.
00:22:03 Sur la question de la soutenabilité,
00:22:07 moi, ce qui me semble important,
00:22:09 c'est qu'aujourd'hui, on travaille ces questions de pénibilité
00:22:14 en rentrant par les situations extrêmes.
00:22:17 Les situations qui sont évidemment, bien sûr,
00:22:22 importantes à considérer, mais qui ne représentent finalement
00:22:25 qu'une partie mineure des métiers,
00:22:28 comme vous l'avez souligné.
00:22:31 Et donc, effectivement, qui laissent de côté
00:22:33 un certain nombre des métiers,
00:22:34 notamment tous les métiers de la seconde ligne
00:22:37 dont on a tant parlé durant la crise pandémique,
00:22:41 et également un certain nombre de conditions d'emploi,
00:22:43 notamment le travail à temps partiel ou le travail précaire,
00:22:47 qui ne permettent pas, finalement, d'atteindre
00:22:50 les seuils de critères de pénibilité aujourd'hui.
00:22:52 Et donc, finalement, rentrer par ces conditions extrêmes
00:22:57 laisse de côté tout un tas de situations
00:22:59 qui me semblent importantes à considérer.
00:23:02 Par ailleurs, la question de la pénibilité, aujourd'hui,
00:23:05 est appréhendée sous le mode de la substitution,
00:23:08 c'est-à-dire que, par exemple, on substitue
00:23:11 aux plus âgés les plus jeunes,
00:23:14 et donc, finalement, au risque d'user prématurément
00:23:17 les plus jeunes, voire de les voir exclus
00:23:20 du monde du travail plus rapidement.
00:23:22 On travaille ces questions-là par la compensation,
00:23:26 et donc, ici, l'idée, c'est qu'on capitalise des points,
00:23:30 mais là aussi, au risque, finalement,
00:23:33 d'instrumentaliser la santé.
00:23:34 Et puis, enfin, on travaille ces questions de pénibilité
00:23:38 par une médicalisation de la prévention,
00:23:41 une réparation, grâce à des systèmes d'invalidité
00:23:45 ou de retraite anticipée par incapacité,
00:23:47 telle qu'elle est envisagée dans la prochaine réforme.
00:23:51 Donc, ici, il me semble que l'idée n'est pas seulement
00:23:55 d'améliorer de manière substantielle
00:23:57 ces dispositifs reconnaissant la pénibilité,
00:24:00 mais, finalement, d'attraper les choses autrement,
00:24:03 et de les attraper en s'intéressant, justement,
00:24:07 à la question de cette soutenabilité.
00:24:09 Alors, cette soutenabilité, c'est quoi ?
00:24:12 C'est, notamment, construire des systèmes de travail
00:24:15 qui soient en mesure de, à la fois, reproduire et développer
00:24:19 toutes les ressources et les composantes qu'ils utilisent.
00:24:23 Et donc, là, ici, on n'est plus seulement
00:24:26 dans la substitution, la compensation ou la réparation,
00:24:30 mais dans le prendre soin des choses,
00:24:32 des personnes dans la durée.
00:24:35 Ca veut dire penser à des parcours
00:24:37 et, également, s'intéresser à la question de la transmission
00:24:41 et de l'organisation de la succession.
00:24:43 -Je vous remercie.
00:24:46 Est-ce que M. Bauchu, Mme Leccec, souhaite compléter ?
00:24:50 Oui, M. Bauchu, vous avez la parole.
00:24:52 -Oui, juste quelques points.
00:24:54 Par rapport à votre question,
00:24:57 pour nous, il faut arrêter cette fuite en avant du toujours plus.
00:25:00 Toujours plus de volume, toujours plus d'investissement.
00:25:02 J'en ai parlé, mais c'est très important.
00:25:04 Je vois le député de la circonscription
00:25:06 qui connaît très bien l'élevage à l'étang.
00:25:10 Quand j'ai démarré ma carrière, il y a une quarantaine d'années,
00:25:14 il fallait 40 ou 45 vaches à l'étang pour vivre.
00:25:16 Aujourd'hui, il en faut 80 ou 90.
00:25:18 Il y a toujours un actif. Chaque vache fait un veau.
00:25:21 Chaque fois, c'est l'élevage, c'est le travail de la nuit.
00:25:25 C'est très compliqué.
00:25:26 J'appelle ça une fuite en avant,
00:25:28 car on ne se rend pas compte en disant,
00:25:30 "Aujourd'hui, vous avez 100, achetez du matériel plus gros,
00:25:33 "un ordinateur qui va surveiller vos vaches."
00:25:36 La pression, elle est là.
00:25:37 L'ordinateur verra qu'il y a un vélage,
00:25:39 mais ce n'est pas aussi simple que ça.
00:25:41 Le deuxième point, c'est qu'il faut que l'Etat
00:25:44 arrête de se désengager.
00:25:46 Des exemples.
00:25:48 Je parle des exemples, car c'est plus concret.
00:25:51 Par exemple, quand il a fallu passer à la DSN
00:25:54 au niveau des feuilles de paye,
00:25:56 avant, on pouvait faire des feuilles de paye.
00:25:59 Aujourd'hui, on le file au comptable.
00:26:01 Toutes ces choses-là, c'est-à-dire qu'on cède,
00:26:03 tout est dématérialisé,
00:26:06 demain, toutes les factures devront être par informatique.
00:26:09 On complexifie.
00:26:10 Quand on est paysan,
00:26:12 on n'a pas forcément toutes ses compétences,
00:26:14 on n'a pas les moyens d'être compétent de partout.
00:26:17 Il faut arrêter cette fuite, cette chose-là.
00:26:19 L'Etat se désengage en filant ça à autre chose.
00:26:22 Et puis, le dernier point,
00:26:24 on est exposé au marché à tout vent.
00:26:27 Aujourd'hui, on a une concurrence internationale.
00:26:30 On nous dit qu'on doit être aussi compétitifs
00:26:33 que les Espagnols qui ont un SMIC.
00:26:35 On est ouverts à tous les vents,
00:26:37 toujours en pleine concurrence, surtout avec des règles du jeu
00:26:40 qui sont différentes dans chaque pays, dans chaque coin du monde.
00:26:43 On nous dit de débrouiller, de s'être compétitifs.
00:26:46 Les paysans se demandent comment faire et ils arrêtent.
00:26:49 Les jeunes ne veulent pas reprendre.
00:26:51 Mon fils qui a repris une ferme en fruits
00:26:53 dit qu'il n'y a plus de jeunes qui veulent s'installer.
00:26:56 Il faut se poser des questions.
00:26:58 En fruits, on produit un tiers de ce qu'on consomme en France.
00:27:01 Il faut se poser des questions.
00:27:03 -Je vous remercie.
00:27:05 Mme Losset, vous avez la parole.
00:27:07 -Alors...
00:27:08 Pour nous, la pénibilité,
00:27:11 elle peut être réduite par de la prévention.
00:27:15 C'est-à-dire d'avoir des formations adaptées aux pathologies,
00:27:20 d'avoir...
00:27:21 D'y créer des sas de décompression
00:27:24 quand on est à l'hôpital,
00:27:26 quand il y a une fin de vie ou de l'agressivité,
00:27:30 il y a une cellule psychologique qui est mise en place.
00:27:33 Chez nous, non. Dans le domicile, il n'y en a pas.
00:27:36 C'est aussi de prendre soin des emplois du temps.
00:27:41 Des emplois du temps.
00:27:42 C'est-à-dire éviter de nous les changer tous les matins,
00:27:46 de nous les alourdir dans la journée.
00:27:50 C'est aussi de prendre en compte
00:27:53 les compétences de chaque professionnel,
00:27:56 c'est-à-dire de ne pas nous mettre chez des personnes
00:27:59 avec qui on n'a pas d'affinité,
00:28:03 professionnelle.
00:28:04 C'est-à-dire... Je vais vous prendre un exemple.
00:28:08 Moi, la maladie de Charcot, j'ai du mal.
00:28:10 Et je préfère l'handicap mental.
00:28:16 C'est reconnaître mes compétences dans l'handicap mental
00:28:20 et éviter de me mettre en difficulté
00:28:23 vis-à-vis de la personne aidée,
00:28:25 parce que forcément, je me sentirais beaucoup moins professionnelle.
00:28:29 Et ça, ça aborde la pénibilité.
00:28:32 La violence chez la personne,
00:28:34 parce que je me sens moins professionnelle,
00:28:36 mes gestes seront moins assurés.
00:28:38 Et voilà, c'est de reconnaître la compétence aussi
00:28:41 de la professionnelle et de son avis.
00:28:44 C'est ensuite aussi de donner un peu plus d'autonomie
00:28:48 dans la gestion des emplois du temps aux professionnels
00:28:51 et de respecter aussi la vie privée
00:28:55 des personnes,
00:28:57 qu'on ne soit pas corrévoable à l'employeur.
00:29:03 Ca, c'est très important.
00:29:05 Et surtout qu'on est...
00:29:07 On est très féminin,
00:29:11 95 %,
00:29:13 et la plupart monoparental.
00:29:17 Donc c'est très difficile d'allier
00:29:19 la vie professionnelle avec la vie personnelle.
00:29:22 C'est pour ça qu'il y a des temps partiels choisis,
00:29:26 parce qu'on ne peut pas faire autrement pour élever nos enfants.
00:29:29 Et ça aussi, ça fait partie de la pénibilité,
00:29:32 parce qu'on culpabilise,
00:29:34 on n'a pas de progression professionnelle,
00:29:38 et ça, on devrait prendre ça aussi en compte.
00:29:42 -Je vous remercie.
00:29:46 Pour la prochaine question, la parole est à M. Pierre Darevin,
00:29:49 pour le groupe GDR NUPES.
00:29:51 -Merci, madame la présidente.
00:29:59 Merci de vos interventions
00:30:01 sur ce sujet extrêmement important à nos yeux.
00:30:06 D'abord, je voudrais commencer
00:30:08 par une question assez simple et directe
00:30:13 sur le recours à l'invalidité, au système d'invalidité,
00:30:17 depuis les fenêtres où vous nous parlez.
00:30:20 Comment est-ce que vous regardez ce dispositif,
00:30:23 son usage, ses conséquences,
00:30:25 dans les expériences que vous avez pu faire
00:30:29 et constater autour de vous ?
00:30:30 Deuxième question, peut-être un peu plus vaste,
00:30:34 concernant l'équilibre
00:30:36 entre prévention, réparation et compensation.
00:30:39 Il est évident qu'il y a beaucoup d'efforts à faire
00:30:43 pour traiter le mal à la source,
00:30:45 pour s'attaquer aux maladies éliminables,
00:30:48 et donc la prévention à la matière est décisive.
00:30:51 Je partage ce qui a été dit il y a quelques instants.
00:30:55 Il y a sans doute beaucoup de choses à changer.
00:30:58 Il faut changer de système,
00:31:00 mais au moins beaucoup de choses à changer
00:31:03 pour mieux respecter le travail,
00:31:05 mettre fin à cette course à la rentabilité,
00:31:08 à la concurrence permanente de tous contre tous
00:31:11 et à l'idée que le marché va bien s'occuper de tout ça.
00:31:14 Il y a aussi un deuxième aspect,
00:31:16 celui de mieux respecter les métiers,
00:31:18 les différents métiers qui ont été évoqués.
00:31:22 Ne faut-il pas imaginer, dans un certain nombre de lieux,
00:31:25 de pouvoir donner plus de travail à celles et ceux qui travaillent
00:31:29 sur leurs gestes, sur leur travail,
00:31:31 sur la détermination de l'organisation du travail lui-même ?
00:31:36 Première question.
00:31:37 Et la deuxième, toujours dans le même champ,
00:31:40 parce que je crois que la compensation est nécessaire
00:31:43 et que le risque de ne parler que de prévention
00:31:46 pour éviter d'avoir à parler de compensation,
00:31:48 il faut l'éviter.
00:31:49 Et donc, en termes de compensation,
00:31:53 comment voyez-vous qu'on puisse objectiver les situations
00:31:57 pour établir des droits collectifs ?
00:31:59 Sans droits collectifs, il n'y aura pas de droit individuel.
00:32:02 -Merci beaucoup.
00:32:05 Qui souhaite répondre ?
00:32:07 Monsieur Bouchut.
00:32:11 -La reconnaissance de la validité.
00:32:14 Aujourd'hui, le constat en agriculture,
00:32:16 c'est que c'est très compliqué.
00:32:19 Les médecins généralistes
00:32:21 acceptent très difficilement de rentrer dans ces parcours-là.
00:32:24 Après, la mutualité sociale agricole,
00:32:26 les médecins qui sont censés nous suivre,
00:32:28 ils rentrent encore très difficilement.
00:32:30 Souvent, quand les gens ont ces maladies, ces problèmes,
00:32:33 c'est difficile de le reconnaître.
00:32:35 On a des métiers où il y a une sorte d'omerta,
00:32:38 c'est difficile de reconnaître qu'on va pas bien,
00:32:40 qu'on a des difficultés, qu'on a trop de charges.
00:32:43 Quand on accepte de faire la démarche,
00:32:45 que quelqu'un nous a aidés à la faire,
00:32:47 qu'on va voir le médecin qui dit "oui",
00:32:49 qu'on va voir la médecine du travail, "oui",
00:32:51 je pense que vous, en tant qu'Assemblée nationale,
00:32:54 vous avez à vous saisir de cette question-là,
00:32:57 à faire comment la médecine s'empare de ça
00:32:59 et accepte, quand un paysan ou une paysanne dit "je ne vais pas bien",
00:33:03 de regarder les choses en face.
00:33:04 C'est la première chose.
00:33:06 Je sais pas comment vous pouvez le prendre,
00:33:08 je suis pas député, donc je vais pas vous dire.
00:33:11 Sur la question d'améliorer les gestes,
00:33:13 c'est vrai qu'on court et on prend pas le temps de se former,
00:33:16 pas assez, sans doute.
00:33:18 Mais regardez dans les droits, regardez dans l'anticipation,
00:33:21 regardez dans le montant des aides
00:33:23 qui est attribué au niveau de la PAC,
00:33:25 regardez dans les différentes aides qui existent,
00:33:28 comment on les corrèle à une obligation de formation,
00:33:31 d'amélioration des métiers, des travails.
00:33:33 On est souvent dans la fuite en avant,
00:33:35 on reproduit ce que la génération avant a fait.
00:33:38 Donc là-dessus, il doit y avoir du travail également.
00:33:41 J'ai pas de réponse totalement aboutie.
00:33:43 Et puis, la question des droits collectifs,
00:33:46 il faut aller par type de métier.
00:33:48 Je vous ai dit par "autex",
00:33:49 c'est-à-dire qu'il y a des grandes catégories
00:33:52 qui existent pour définir des choses.
00:33:54 Il faut se mettre autour d'une table
00:33:57 avec tous les gens qui sont dans les différents métiers,
00:34:00 de dire, il y a l'élevage laitier,
00:34:02 l'élevage bovin, laitant,
00:34:04 il y a le maraîchage.
00:34:05 Chaque type de métier génère,
00:34:07 pour au moins une part importante, des risques et des maladies.
00:34:11 Donc il faut les traiter et dire,
00:34:13 si j'ai été maraîcher par exemple,
00:34:15 et si j'ai été maraîcher pendant 30 ans,
00:34:17 ça me donne droit à 6 mois, 1 an, 2 ans de retraite préventive.
00:34:21 Il faut travailler là-dessus,
00:34:23 parce que si on va sur des comptes pénibilités,
00:34:26 ce sera des comptes d'apothicaires,
00:34:28 et ce sera ingérable.
00:34:29 Donc, on sait faire au niveau de l'agriculture.
00:34:32 On a des grandes autex.
00:34:33 -Merci.
00:34:36 Mme Le Seguet.
00:34:38 -En fait, j'ai pas grand-chose à rajouter par rapport à vous.
00:34:43 Nous aussi, c'est la même chose.
00:34:45 Améliorer les gestes,
00:34:47 faudrait que ça soit obligatoire dans notre métier,
00:34:51 parce qu'on se blesse très vite.
00:34:54 Un geste est très vite mal pris
00:34:57 et difficile à l'enlevé.
00:34:59 Donc ça, les formations, elles doivent être obligations,
00:35:03 et des formations en continu.
00:35:05 Le droit collectif,
00:35:08 nous, on a plusieurs conventions collectives.
00:35:11 Il serait bien qu'on n'en ait qu'une
00:35:14 et que la pénibilité soit reconnue dans celle-ci
00:35:17 et pour tous les auxiliaires de vie,
00:35:20 quel que soit le statut juridique dans lequel elles travaillent.
00:35:24 -Merci. Mme Delgoulais, vous souhaitez ajouter un mot ?
00:35:29 -Oui, juste pour dire,
00:35:32 sur cette question, justement, des gestes professionnels.
00:35:36 Ce que l'on constate, c'est que,
00:35:39 dans beaucoup de métiers,
00:35:41 et notamment de métiers pénibles,
00:35:44 cette question des gestes professionnels
00:35:46 est souvent déconsidérée.
00:35:48 Et on considère que, finalement, c'est un attribut,
00:35:51 une qualité des personnes de savoir tenir une pelle,
00:35:56 de savoir faire un soin à une personne, etc.
00:36:00 Et donc, on ne forme pas ou peu,
00:36:03 ou quand on forme, ce n'est pas forcément très bien.
00:36:07 Et donc, cette question, à la fois de la formation,
00:36:11 de la construction du geste professionnel,
00:36:14 de l'évolution de celui-ci,
00:36:16 au fur et à mesure que l'on avance en âge,
00:36:18 que l'on avance en expérience,
00:36:20 tous ces éléments-là sont fondamentaux, me semble-t-il,
00:36:24 et posent la question, justement, de la transmission
00:36:26 et du temps que l'on a pour transmettre.
00:36:29 Aujourd'hui, dans beaucoup de situations,
00:36:31 il n'y en a aucun.
00:36:32 Et celles et ceux qui souhaitent et acceptent
00:36:35 d'endosser le statut de tuteur
00:36:40 et d'accompagnant des novices,
00:36:42 qu'ils soient jeunes ou plus âgés,
00:36:44 le font sur leur temps de travail.
00:36:47 Et donc, en prenant sur d'autres tâches
00:36:51 qu'ils ont à faire en parallèle.
00:36:54 Et donc, ces temps-là sont des temps précieux,
00:36:58 des temps où, justement, on construit l'avenir de demain,
00:37:02 à la fois du point de vue des savoir-faires professionnels,
00:37:07 mais aussi de la santé et du geste efficient,
00:37:10 c'est-à-dire du geste qui permet
00:37:12 à la fois d'atteindre les objectifs de performance,
00:37:16 mais aussi un geste qui permet de préserver sa santé,
00:37:19 mais aussi de la construire.
00:37:20 Donc ça, ça me semble très important.
00:37:23 Merci pour ces réponses.
00:37:26 La parole est à Mme Mastry de Panosian-Bouvet
00:37:29 pour le groupe Renaissance.
00:37:31 Oui, bonjour.
00:37:32 Merci pour vos interventions, M. Médames.
00:37:36 On a l'impression, en entendant les débats
00:37:41 et en écoutant aussi vos interventions,
00:37:44 que le concept de pénibilité
00:37:46 a finalement été d'abord pensé pour le monde industriel
00:37:50 et appréhende très mal
00:37:52 tous ces nouveaux secteurs de l'économie autour des services.
00:37:55 Je pense notamment à votre témoignage,
00:37:57 Mme, le service à la personne.
00:37:59 Et la question...
00:38:02 Donc, appréhender pour, effectivement, des pénibilités
00:38:04 dites "objectivables",
00:38:06 mais moins des pénibilités qui sont vraiment au jour le jour
00:38:09 et qui sont liées à l'expérience et au vécu
00:38:11 tel que vous avez pu très justement les définir, Mme.
00:38:15 Donc, ma question, c'est...
00:38:18 À côté de la soutenabilité qui a été évoquée par Mme,
00:38:23 comment penser aujourd'hui un compte pénibilité
00:38:26 qui prenne aussi en compte ce monde des services,
00:38:29 dans lesquels, par ailleurs, les salariés
00:38:32 sont moins bien représentés, je pense, voilà,
00:38:35 parce que les secteurs sont souvent plus morcelés ?
00:38:39 La deuxième chose, c'est l'importance des gestes professionnels,
00:38:42 parce que quand on discute avec des responsables de ressources humaines
00:38:45 qui ont des activités identiques en France
00:38:48 et dans d'autres pays européens,
00:38:49 il y a un taux d'accident du travail qui est supérieur
00:38:53 pour exactement le même métier.
00:38:55 Et donc, il y a peut-être aussi cette culture
00:38:57 du geste professionnel, de la prévention,
00:39:00 de la sécurité au travail qui est moins bien appréhendée.
00:39:04 Et enfin, là, c'est plutôt une question,
00:39:07 vous parliez de ce concept très intéressant
00:39:09 de soutenabilité, Mme,
00:39:11 est-ce qu'il y a des pays européens
00:39:14 qui ont commencé, en particulier dans la législation
00:39:18 ou dans des bonnes pratiques,
00:39:19 mais peut-être avec la capacité de la loi,
00:39:23 d'avancer sur cette question de la soutenabilité
00:39:26 et qui sont des vrais exemples de parcours
00:39:30 professionnels ou de reconversion professionnelle
00:39:32 pour penser aussi des évolutions sur toute une vie ?
00:39:36 Merci.
00:39:37 -Merci.
00:39:39 Qui souhaite répondre le premier ou la première ?
00:39:44 Mme Delgoulet ?
00:39:47 -Allez.
00:39:48 Merci pour vos questions.
00:39:51 Alors, effectivement, aujourd'hui,
00:39:55 le camp de pénibilité et les critères tels qu'ils sont,
00:39:59 tels qu'ils sont identifiés,
00:40:01 correspondent
00:40:04 au monde de l'industrie
00:40:08 plus particulièrement,
00:40:10 ça, c'est évident.
00:40:11 Comment considérer et prendre en compte
00:40:14 d'autres types de pénibilité ?
00:40:16 Moi, ce qui me semble important
00:40:18 et ce que montrent un certain nombre de travaux,
00:40:22 c'est la dimension, on va dire,
00:40:25 du dialogue social sur ces questions-là.
00:40:28 Et notamment de la manière
00:40:30 dont on donne la possibilité
00:40:33 aux personnes qui travaillent
00:40:35 et à leurs représentants
00:40:37 de parler de ces pénibilités et d'en rendre compte.
00:40:40 Et donc, de construire ensemble,
00:40:45 justement, un certain nombre de repères
00:40:48 qui relèveraient, justement,
00:40:50 de ce secteur des services,
00:40:52 de ces secteurs des services,
00:40:54 et qui pourraient aller au-delà
00:40:57 de ce que l'on peut aujourd'hui
00:40:59 et de ce que l'on sait objectiver.
00:41:01 Ca, ça me semble être important
00:41:03 et être une voie intéressante
00:41:05 pour, justement,
00:41:07 via ce soutien
00:41:11 à la démocratie sociale en entreprise,
00:41:13 eh bien, construire d'autres voies
00:41:17 que celles d'une pénibilité
00:41:19 exclusivement physique.
00:41:22 Et il me semble que les deux témoignages
00:41:24 ont déjà montré un certain nombre d'éléments
00:41:27 là-dessus, fort intéressants,
00:41:28 et qu'il s'agirait de travailler, évidemment,
00:41:32 mais sur lesquels, il me semble,
00:41:34 qu'il y a de quoi réfléchir largement.
00:41:37 Alors, sur le second point,
00:41:44 sur la soutenabilité et la manière
00:41:46 dont cette question-là a été travaillée
00:41:49 dans d'autres pays européens.
00:41:51 Je ne suis pas une spécialiste de ces questions-là.
00:41:54 Ce que je sais, c'est que cette question
00:41:56 de la soutenabilité a été travaillée
00:41:59 dès la moitié des années 90
00:42:01 par un groupe piloté
00:42:05 par des collègues suédois
00:42:07 sur, justement, une approche pluridisciplinaire
00:42:11 de ces questions-là.
00:42:12 Et pour cela, ils se basaient notamment
00:42:15 sur des travaux proposés aux Nations unies
00:42:18 sur le développement durable.
00:42:20 Et c'est à partir de ces travaux-là
00:42:22 que, pendant une dizaine d'années,
00:42:23 ils ont travaillé ces questions-là.
00:42:26 Alors, ça a donné, dans certains pays,
00:42:27 notamment d'Europe du Nord,
00:42:29 des possibilités à, on va dire,
00:42:32 prendre des temps de respiration
00:42:34 dans son parcours professionnel,
00:42:36 et qui me semble être, notamment,
00:42:38 dans ces temps de respiration,
00:42:39 des manières de penser autrement les parcours
00:42:43 que dans la pression
00:42:45 dont il était question juste avant.
00:42:47 -Merci beaucoup. Mme Le Sey.
00:42:51 -Alors, le compte de pénibilité,
00:42:54 dans notre métier, on n'en a pas.
00:42:57 Donc, il faudrait, nous, par contre, en créer,
00:43:01 puisqu'on a une pénibilité physique et émotionnelle
00:43:05 très importante.
00:43:06 Comment les créer ?
00:43:08 Ça, c'est autour d'une table
00:43:13 qu'on doit décider avec des médecins,
00:43:15 avec les organismes sociaux,
00:43:19 avec les auxiliaires, elles-mêmes,
00:43:24 avec les dirigeants de structure.
00:43:27 Il y a la pénibilité physique, émotionnelle,
00:43:33 et il y a aussi la pénibilité de nuit,
00:43:35 parce que, j'en ai pas parlé,
00:43:37 le maintien de domicile, c'est 7 jours sur 7
00:43:39 et 24 heures sur 24,
00:43:40 donc il y a la pénibilité de nuit,
00:43:42 qui n'est pas comptabilisée non plus.
00:43:44 Si le dirigeant ne veut pas nous inscrire sur le compte,
00:43:48 il n'est pas obligé.
00:43:50 Donc, ça, c'est une chose.
00:43:52 Et après, on ne rentre pas non plus
00:43:55 dans les cas de pénibilité.
00:43:57 Les charges lourdes, nous, c'est pas pris en compte.
00:44:01 Donc, tout ça, il faudrait revoir,
00:44:03 parce qu'un corps humain,
00:44:05 qui fasse, comme je vous ai dit,
00:44:07 40 kg ou 80 kg, c'est un poids mort.
00:44:10 Après, je dirais aussi que le compte pénibilité
00:44:16 doit être adapté aussi aux personnes,
00:44:20 si elles ont été formées,
00:44:22 et aussi, il y a sur les gestes et postures,
00:44:27 parce que ça, ça devrait être
00:44:29 une formation obligatoire dans nos métiers.
00:44:32 Une autre obligatoire, qui n'est pas obligatoire,
00:44:35 mais qui, pour nous, est absurde,
00:44:37 c'est les premiers secours.
00:44:39 -Les gestes et postures ne sont pas obligatoires ?
00:44:42 -Les gestes et postures sont plus ou moins obligatoires.
00:44:45 Ils le font parce qu'ils ont un cahier des charges,
00:44:49 mais ils ne peuvent le faire qu'une fois.
00:44:51 Voilà. Ils ne sont pas dans l'obligation
00:44:53 de le faire plusieurs fois.
00:44:55 Nous, on les réclame tous les deux ans,
00:44:57 pour, justement...
00:44:59 Pour réapprendre des gestes.
00:45:02 Voilà. On demande aussi,
00:45:05 pour le compte de pénibilité, d'être vu par des médecins,
00:45:09 et là, on se heurte, comme pour les paysans,
00:45:12 à la médecine du travail,
00:45:14 qui ne reconnaît pas forcément la maladie professionnelle,
00:45:19 et puis il y a aussi la professionnelle,
00:45:21 qui ne veut pas dire aux médecins du travail
00:45:26 dans quelle détresse elle se trouve,
00:45:28 parce qu'elle a peur de perdre son travail.
00:45:31 -Merci beaucoup.
00:45:33 M. Bauchu, vous vouliez ajouter quelque chose ?
00:45:35 -Juste un tout petit point.
00:45:37 La question de tous ces sujets-là, c'est comment on anticipe.
00:45:41 On voit bien que rien n'a anticipé,
00:45:43 et on subit, nos métiers étaient un peu à part.
00:45:46 Je ne suis pas rentré sur le sujet des salariés agricoles,
00:45:49 parce que je n'ai pas forcément la compétence,
00:45:51 donc je n'irai pas.
00:45:52 Par contre, un exemple,
00:45:54 nous, on a une politique énorme,
00:45:56 plus de 9 milliards par an,
00:45:57 la PAC, la politique agricole commune.
00:45:59 Elle met très peu d'argent sur l'anticipation.
00:46:02 On voit bien que le réchauffement climatique,
00:46:05 les problèmes environnementaux,
00:46:06 quelle que soit sa vision des uns et des autres,
00:46:09 ces problèmes-là arrivent très fortement.
00:46:11 Pourquoi la PAC n'ira pas une part de l'argent,
00:46:14 ou que l'argent ne serait pas conditionné
00:46:16 par toute cette prévention, tout ce travail de formation ?
00:46:19 Il y a des moyens.
00:46:21 Nous, on est dans un métier
00:46:22 où beaucoup d'argent public est mis,
00:46:24 ce qui ne veut pas dire que tout le monde a un bon revenu,
00:46:27 mais on pourrait travailler sur cette anticipation
00:46:30 et conditionner l'un à l'autre.
00:46:32 On peut travailler sur les questions médicales,
00:46:35 ce qui a été évoqué plusieurs fois,
00:46:37 mais aussi sur l'anticipation, et ça, on ne le fait pas.
00:46:40 -Merci.
00:46:43 La question suivante est posée par monsieur Roger Chudeau,
00:46:46 du Parlement.
00:46:47 -Merci, madame la présidente.
00:46:49 Mes chers collègues, bienvenue à nos invités.
00:46:52 Madame Lozèg, votre témoignage
00:46:55 rejoint celui que j'ai recueilli
00:46:57 dans ma permanence
00:47:00 pendant la petite trêve parlementaire.
00:47:02 J'ai reçu quatre de vos collègues syndicalistes
00:47:05 de l'ADMR 41, Loire-et-Cher,
00:47:07 pendant plus d'une heure,
00:47:09 et évidemment, vos deux discours sont parfaitement convergents.
00:47:14 Vous êtes les oubliés du Ségur, manifestement.
00:47:17 Ca se voit notamment à la faiblesse de vos rémunérations
00:47:20 et à votre précarité statutaire.
00:47:22 Par contre, vous n'êtes pas oublié par le projet de loi
00:47:25 sur la retraite, qui veut vous faire travailler jusqu'à 64 ans.
00:47:29 J'ai retiré de mon entretien avec vos collègues
00:47:32 le sentiment, la conviction que vous êtes,
00:47:35 par le lien social et l'humanité
00:47:37 que vous apportez à nos anciens et aux invalides,
00:47:40 vous êtes le visage de l'humanité et de la fraternité.
00:47:44 Donc, les questions que je voudrais vous poser,
00:47:47 mais elles s'adresseraient davantage au gouvernement,
00:47:50 concernent votre statut.
00:47:51 Ne croyez-vous pas qu'il serait temps
00:47:53 que le ministère de la Santé et de la Solidarité
00:47:56 organise une table ronde autour du statut des métiers
00:47:59 que vous représentez ici,
00:48:02 pour les unifier, pour les clarifier,
00:48:04 pour les définir et aussi pour les reconnaître
00:48:07 à leur juste valeur ?
00:48:08 Et sur la retraite, je voulais vous demander
00:48:11 à quel âge, selon vous,
00:48:12 quel serait l'âge acceptable de départ à la retraite
00:48:15 pour vos collègues dans les métiers que vous exercez ?
00:48:18 Je vous remercie.
00:48:19 -Merci beaucoup, Mme Locey.
00:48:21 Je vais vous demander de vous restreindre
00:48:24 à une réponse de deux minutes pour qu'on puisse aller jusqu'au bout.
00:48:28 -Alors...
00:48:29 Nous, on dépend pas du ministère de la Santé.
00:48:33 On dépend du ministère des Solidarités
00:48:37 et de l'handicap.
00:48:39 Nous, on est le prendre-soin de la santé,
00:48:43 c'est-à-dire qu'on est la prévention de la santé.
00:48:46 C'est nous, à domicile, qu'alertons les infirmiers.
00:48:49 C'est nous qui allons retomber les médecins.
00:48:53 C'est nous qui allons promener la dame
00:48:57 pendant une demi-heure
00:48:58 et qui va éviter un médicament
00:49:02 ou une visite chez le médecin.
00:49:04 Donc oui, il faudrait que les deux ministères se réunissent
00:49:08 et travaillent.
00:49:09 Je rajouterais un 3e ministère, c'est le ministère du Travail,
00:49:12 qui devrait se réunir sur nos conditions de travail,
00:49:16 sur notre pénibilité
00:49:18 et sur notre statut,
00:49:22 parce qu'on n'a pas de statut.
00:49:24 Sur la retraite, l'âge...
00:49:26 L'âge, c'est difficile,
00:49:30 mais il faut mettre un âge.
00:49:31 Ce serait 60 ans.
00:49:33 Et encore à 60 ans, on est déjà fatigué.
00:49:37 Après, nous, on aimerait une retraite progressive
00:49:41 pour qu'on puisse partir plus tôt
00:49:45 et qu'on ne soit pas pénalisé sur la pension de la retraite.
00:49:49 -Merci beaucoup.
00:49:53 Mme Delgoulet, vous vouliez ajouter quelque chose ?
00:49:56 Non ? Très bien. M. Bouchy, non plus ?
00:49:58 Parfait.
00:49:59 La parole est à Mme Marie-Charlotte Carin
00:50:03 pour le groupe École ONU-PES.
00:50:04 -Merci.
00:50:06 Merci à tous les trois pour vos interventions.
00:50:08 Je vais m'adresser plus particulièrement à vous,
00:50:11 Mme Lozègue,
00:50:12 dans les réponses que vous avez apportées
00:50:15 sur la prévention.
00:50:16 J'entends le besoin de formation, d'accompagnement,
00:50:19 notamment psychologique,
00:50:20 face à ce que vous pouvez rencontrer
00:50:22 dans vos métiers au quotidien.
00:50:24 La question du statut a été évoquée par mes collègues.
00:50:27 J'entends aussi l'amplitude horaire,
00:50:29 qui est une forme de pénibilité sur le temps long
00:50:32 et du nombre de jours et de personnes
00:50:33 que vous voyez dans la même journée
00:50:35 sans pouvoir l'enchaîner.
00:50:37 J'entends aussi la question de la revalorisation salariale,
00:50:40 puisque c'est aussi un aspect qui a un angle mort
00:50:43 pour les métiers du soin.
00:50:44 J'aimerais beaucoup que vous nous détailliez encore
00:50:49 les spécificités de la pénibilité de votre métier,
00:50:52 en donnant quelques exemples,
00:50:53 que ce soit pour la pénibilité physique,
00:50:56 psychologique et émotionnelle,
00:50:58 puisque quand on demande aux gens de travailler plus longtemps,
00:51:01 il faut qu'on ait conscience de ce que ça implique
00:51:04 pour le corps, l'esprit et tout un corps de métier
00:51:07 qui est sous-estimé, sous-valorisé,
00:51:09 et qui est un des piliers de notre société.
00:51:11 Je vous remercie.
00:51:12 -Merci, madame Laussecq,
00:51:14 puisque ça vous était plus particulièrement adressé.
00:51:17 -Oui. Alors, la pénibilité physique,
00:51:19 je vais vous prendre un exemple,
00:51:21 c'est le dos,
00:51:25 les épaules,
00:51:27 les genoux, les chevilles.
00:51:30 Voilà.
00:51:31 Parce que vous comprenez que quand on fait un transfert,
00:51:34 on bascule,
00:51:35 et si on le fait mal, c'est l'épaule qui prend.
00:51:38 Pardon, je fais le geste en même temps.
00:51:41 C'est l'épaule qui prend,
00:51:43 et c'est des blessures qui peuvent durer.
00:51:46 Je vais vous prendre le cas de ma blessure,
00:51:49 de mon accident de travail, 18 mois.
00:51:52 Le dos.
00:51:53 Voilà.
00:51:54 Ensuite, émotionnel,
00:51:57 c'est toute la violence
00:52:00 qu'on peut prendre.
00:52:02 Alors, je vous parle de violence physique,
00:52:05 parce qu'il y a des auxiliaires de vie
00:52:08 qui se prennent des coups
00:52:11 et qui finissent à l'hôpital avec des doigts cassés.
00:52:14 Il y a des agressions physiques,
00:52:17 il y a des agressions sexuelles,
00:52:19 et ça, on le tait, on n'en parle pas.
00:52:22 La fin de vie, comme je vous ai parlé,
00:52:24 c'est-à-dire qu'on prend tout ça dans une journée.
00:52:27 On peut voir, dans une journée,
00:52:29 on se mène 7 personnes
00:52:31 et on week-end 15 personnes.
00:52:33 Dans une journée.
00:52:35 Donc, voilà, on part du 8h, on rentre à 21h.
00:52:38 L'amplitude, ça peut aller jusqu'à 13h d'amplitude.
00:52:42 Donc, voilà, pour toute...
00:52:47 La plus grande...
00:52:49 La plus grande, c'est pendant le Covid, en fait.
00:52:52 Il faut savoir que pendant le Covid,
00:52:55 tout le monde était confiné,
00:52:56 à domicile, on a supprimé toutes les prises en charge à domicile.
00:53:00 Les kinés, les psychologues, les orthophonistes,
00:53:04 et on n'a pas expliqué aux personnes.
00:53:06 Donc, les personnes, ils avaient que nous comme lien.
00:53:09 C'est-à-dire que nous, on est allé au front,
00:53:12 on n'était pas prioritaire pour les masques ni rien,
00:53:15 le premier mois, donc on est allé au front,
00:53:17 et on a pris toute leur angoisse.
00:53:20 Et nous, on était angoissés aussi par la situation.
00:53:24 Et du coup, on n'avait personne, on n'avait pas de sas de décompression.
00:53:28 Il y a quelques entreprises qui ont mis un numéro vert,
00:53:31 mais nous, on a besoin de présentiel,
00:53:34 on en a marre des téléphones.
00:53:36 Euh... Et on n'avait pas ça.
00:53:39 Donc, on faisait tous les jours.
00:53:41 Je vais prendre mon cas personnel.
00:53:43 Je l'ai bien voulu, le mois de mars a été très compliqué.
00:53:46 Mes collègues sont beaucoup en monoparentale,
00:53:50 donc obligés de s'arrêter de travailler.
00:53:53 Et du coup, j'ai travaillé tout le mois de mars.
00:53:55 J'ai pas eu un jour de repos.
00:53:57 Et il m'est arrivé, et c'est pour ça que j'ai créé le collectif,
00:54:01 il m'est arrivé un dimanche où j'ai pris toutes les angoisses.
00:54:04 Euh... Pourquoi...
00:54:06 Pourquoi on sort plus ?
00:54:08 Pourquoi mon seul lien social, c'était d'aller au bar ?
00:54:12 Son seul lien social.
00:54:15 Pourquoi je peux plus y aller ?
00:54:16 Donc là, c'est...
00:54:18 Toutes les affaires qu'elles trouvent, elles les balancent.
00:54:21 Donc là, je me protège, moi.
00:54:24 Je la laisse évacuer, ces angoisses.
00:54:26 C'est pourquoi on doit désinfecter tout.
00:54:32 En fait, toutes ces angoisses.
00:54:34 Et en fait, c'est tous les jours, ces angoisses-là.
00:54:37 C'est tous les jours, c'est répété, c'est répété, c'est répété.
00:54:41 Et en fait, on n'a personne à qui parler.
00:54:44 On est seul. On souffre d'un disolement.
00:54:47 Et ça, c'est une pénibilité aussi.
00:54:49 Le seul...
00:54:51 Pour vous dire, on a maintenant...
00:54:54 Avant, on avait un peu plus nos responsables de secteur
00:54:57 au téléphone ou à l'entreprise.
00:54:59 Maintenant, on a un logiciel.
00:55:02 Et on nous envoie des SMS qui nous disent
00:55:05 "Votre emploi du temps est changé."
00:55:08 "Est-ce que vous êtes disponible ?"
00:55:10 On ne prend plus le temps d'avoir des échanges.
00:55:13 Donc ça, c'est aussi une pénibilité,
00:55:15 parce qu'on est face à une robotique.
00:55:19 Ensuite, l'autre pénibilité, que je ne vous ai pas parlé,
00:55:22 mais elle est très importante,
00:55:24 c'est le stress qui est lié au téléphone portable,
00:55:27 qui est notre pointeuse.
00:55:29 C'est-à-dire que, je vais vous prendre un cas très simple.
00:55:33 J'ai Mme Dupont, j'ai qu'une demi-heure
00:55:36 pour un lever, un petit déjeuner, préparation du repas.
00:55:40 J'arrive chez cette dame,
00:55:43 elle n'est pas encore réveillée.
00:55:46 Je ne vais pas la bosquer.
00:55:47 Pendant ce temps, je sais "tic-tac, tic-tac, tic-tac" qui passe.
00:55:51 Et pendant la demi-heure, je n'ai pas fini, forcément,
00:55:56 parce qu'elle a un corps un peu plus fatigué,
00:55:58 parce qu'elle s'est levée du pied gauche,
00:56:00 parce qu'elle n'a pas envie de déjeuner,
00:56:02 parce que c'est difficile pour elle la déglutition.
00:56:07 Eh bien, j'ai mon téléphone portable,
00:56:10 au bout d'une demi-heure, qui sonne pour me dire "c'est fini".
00:56:15 Mais moi, je n'ai pas fini avec la dame.
00:56:17 Qu'est-ce que je fais ? Je pointe, mais je continue.
00:56:21 Parce que je ne vais pas laisser une personne
00:56:24 en plein milieu du déjeuner.
00:56:26 Et du coup, ça...
00:56:29 ça procure du stress,
00:56:31 parce que j'ai le "tic-tac, tic-tac, tic-tac"
00:56:34 qui est tout le temps là.
00:56:35 Je prends ma voiture, je me dépêche,
00:56:37 parce que je suis déjà en retard chez une autre personne,
00:56:39 risque d'accident de route,
00:56:41 et c'est toute la journée comme ça.
00:56:44 Voilà.
00:56:45 -Merci, madame Lozèg.
00:56:49 Passons à la question suivante.
00:56:51 Elle est posée par monsieur Frédéric Cabrolier,
00:56:54 pour le groupe Rassemblement national.
00:56:56 -D'abord, je suis très content
00:56:58 qu'on puisse parler de la pénibilité,
00:57:01 puisqu'on n'a pas pu, c'était l'article 9
00:57:03 du projet de loi sur les retraites.
00:57:05 Donc merci à vous.
00:57:06 Donc la pénibilité, ça repose sur le compte de prévention...
00:57:13 Professionnel de prévention.
00:57:14 C'est un peu une usine à gaz aujourd'hui,
00:57:17 puisque c'est un système de points et de seuils,
00:57:21 mais qui est plafonné.
00:57:22 Ça vous permet, parmi les trois possibilités,
00:57:25 de partir plus tôt,
00:57:27 par exemple, aujourd'hui, avant 62 ans,
00:57:29 et demain, peut-être 62 ans.
00:57:31 Donc là, il y a une injustice, mais qui est liée à tous les salariés.
00:57:34 Dans la santé, les auxiliaires de vie sont souvent salariés,
00:57:39 soit parce qu'elles travaillent à la DMR,
00:57:41 soit parce qu'elles sont indépendantes,
00:57:42 mais elles se font payer en chèque emploi-service.
00:57:44 Et au régime complémentaire de l'ARCO,
00:57:47 quand vous partez, par exemple, à 62 ans,
00:57:49 il faut le savoir, aujourd'hui,
00:57:50 vous avez pendant 300, les trois années qui suivent,
00:57:53 10 % de décote.
00:57:55 Donc moi, les questions que je vais poser.
00:57:58 En 2017, il y a eu quatre facteurs de pénibilité
00:58:01 qui ont été supprimés par le gouvernement.
00:58:05 Donc, bon, ça ressort un peu,
00:58:07 mais n'est-il pas donc indispensable
00:58:09 de réintégrer les trois facteurs de pénibilité
00:58:12 dits ergonomiques,
00:58:13 porte de charge lourde, donc ça vous concerne,
00:58:16 posture pénible, notamment,
00:58:18 puisque les risques ergonomiques
00:58:20 sont à l'origine des troubles musculosquelétiques
00:58:24 et représentent 90 % des maladies professionnelles
00:58:27 reconnues de l'aveu même de l'étude d'impact de la réforme.
00:58:32 Faut-il pas non plus déplafonner ce C2P,
00:58:34 puisque aujourd'hui, c'est le cas ?
00:58:36 Et donc, là, c'était plutôt quand même
00:58:38 pour la partie santé, madame,
00:58:41 et pour les agriculteurs.
00:58:42 Moi, il se trouve que j'ai rencontré la MSA également.
00:58:45 Il ressort effectivement
00:58:48 qu'il y a un problème avec la médecine du travail,
00:58:51 problème de services de santé.
00:58:53 Il y aurait une première visite médicale à 45 ans
00:58:56 et une deuxième à 61 ans.
00:58:58 Est-ce que vous me confirmez ?
00:58:59 Ça me paraît assez espacé, ça.
00:59:01 Et est-ce qu'il ne faudrait pas tenir compte,
00:59:04 donc pour tous ces métiers pénibles,
00:59:07 des indemnités journalières maladie ou accident,
00:59:11 suite à une maladie ou un accident,
00:59:12 pour les exploitants et les métiers de la santé
00:59:15 dans le calcul de la retraite ? Merci.
00:59:17 -Merci.
00:59:19 Alors, la parole est à monsieur Bouchu, peut-être.
00:59:23 -Allez.
00:59:25 Donc, nous, on n'a pas de compte pénibilité.
00:59:27 C'est simple. Les paysans, on n'en a pas.
00:59:28 Les salariés agricoles, oui. Nous, on n'en a point.
00:59:30 C'est pour ça que je faisais une proposition
00:59:32 en disant de travailler sur ces exotèques
00:59:34 pour qu'on ait des choses qui nous permettent de partir plus tôt.
00:59:36 Je rejoins la personne qui est avant moi.
00:59:39 C'est pas le débat pour l'instant, mais l'âge de la retraite, oui.
00:59:42 Moi, j'avais 43 ans de cotisation.
00:59:45 Je suis parti à 60 ans. Et c'était bien.
00:59:48 Physiquement, je pouvais encore. La pression était très lourde.
00:59:53 Alors, la question de l'espacement des visites,
00:59:55 moi, j'ai eu une vraie visite dans ma carrière.
00:59:58 J'ai été paysan pendant 31 ans.
01:00:00 J'ai eu une vraie visite pendant 31 ans.
01:00:03 Avec ça, vous vous débrouillez comme vous pouvez.
01:00:06 Vous allez voir votre médecin.
01:00:07 Je suis dans une zone où il y a des médecins, donc ça va.
01:00:10 Mais ça veut dire que c'est très compliqué.
01:00:11 Donc, on a besoin réellement de travailler là-dessus,
01:00:14 de faire des visites obligatoires, l'anticipation, le travail.
01:00:17 Le travail de fond qui n'a pas été fait.
01:00:18 Il faut qu'on se mette autour d'une table,
01:00:20 que cette question des retraites
01:00:21 nous permette enfin de traiter ces questions-là.
01:00:24 Je suis d'accord avec vous. Les questions sont très pertinentes.
01:00:27 -Merci. Mme Le Goulet, vous souhaitez compléter ?
01:00:32 -Oui. Quelques éléments peut-être sur...
01:00:36 Alors, effectivement, la réintégration
01:00:39 des quatre facteurs de pénibilité,
01:00:42 ça me semble être quelque chose d'important.
01:00:46 Parce que ces facteurs-là ne sont pas là pour rien
01:00:52 et ont été identifiés clairement depuis de nombreuses années
01:00:55 comme des facteurs importants à ne pas minimiser.
01:01:00 Ceci dit, cela ne réglera pas forcément
01:01:03 la question des pénibilités dans de nombreux métiers.
01:01:06 Donc, il ne faut pas croire qu'en réintégrant ces quatre facteurs,
01:01:09 on aura réglé la question de la pénibilité au travail, loin de là.
01:01:15 Ensuite, sur la question du déplafonnement des points,
01:01:21 comme je l'ai dit dans mon propos au liminaire,
01:01:23 moi, je suis très partagée sur cette question-là
01:01:26 et même plutôt...
01:01:29 Je doute de son intérêt,
01:01:31 parce que ça revient quand même à considérer
01:01:36 que, finalement, la durée d'exposition
01:01:38 à ces pénibilités n'est pas grave
01:01:41 et qu'au final, tant qu'on peut gagner des points,
01:01:44 on gagne 11 ans,
01:01:46 mais au final, c'est au détriment de sa santé.
01:01:49 Donc, ça, il ne faut pas l'oublier.
01:01:51 Et donc, l'idée d'un compte de prévention
01:01:55 qui ne fonctionnerait en, finalement,
01:01:59 abîmant un peu plus les personnes
01:02:01 et en les incitant éventuellement
01:02:03 à transiger entre leur santé
01:02:06 et leur départ en retraite anticipée
01:02:09 me semble être une question qui est largement discutable.
01:02:14 Donc, voilà.
01:02:15 Ça me semble être quelque chose à revoir
01:02:19 et davantage travailler
01:02:22 sur une réelle prévention des risques professionnels
01:02:25 plutôt que sur ces questions-là.
01:02:28 Troisième point,
01:02:30 je l'ai dit également, mais je le redis,
01:02:33 effectivement, accoler risque et ergonomique
01:02:36 est tout à fait étonnant
01:02:39 et témoigne de la méconnaissance de l'ergonomie
01:02:43 de son projet et de ses ambitions,
01:02:46 qui est justement d'améliorer les conditions de travail,
01:02:49 de concevoir un travail adaptable
01:02:51 à la diversité des populations
01:02:53 et non pas de s'intéresser à des risques
01:02:57 qui deviendraient ergonomiques en eux-mêmes et par eux-mêmes.
01:03:00 Voilà.
01:03:02 -Merci beaucoup.
01:03:03 La parole est à M. Sébastien Pétavy pour le groupe...
01:03:08 Non ? Il n'y a pas de questions ?
01:03:11 Très bien.
01:03:13 Alors, M. Gérard Le Seul a la parole.
01:03:16 -Merci, Mme la Présidente.
01:03:18 Merci pour vos témoignages sur les différentes pénibilités
01:03:22 et sur la nécessaire réintégration des critères de pénibilité,
01:03:26 notamment dans le domaine du care et de l'aide à domicile,
01:03:29 dont on sait que les rémunérations restent malheureusement très écrasées.
01:03:34 Vous avez raison.
01:03:35 Avant de parler de retraite, il faut parler des conditions de travail.
01:03:39 Mais vous avez évoqué tout à l'heure une retraite progressive,
01:03:42 ce qui est justement la transition entre le travail et la retraite.
01:03:46 Est-ce que vous pouvez nous en dire un peu plus
01:03:49 sur ce que vous attendriez d'une réforme intelligente,
01:03:54 notamment sur ce point-là ?
01:03:56 Merci par avance.
01:03:58 -Merci beaucoup. Mme Le Seul, allez-y.
01:04:00 -Alors, ce qu'on attend, c'est que, par exemple,
01:04:03 une auxiliaire de vie, que la médecine du travail
01:04:06 dit qu'elle est fatiguée et qu'elle ne peut plus porter des charges,
01:04:10 qu'elle parte progressivement.
01:04:13 Alors, après, c'est à réfléchir,
01:04:16 parce que je ne suis pas spécialiste non plus.
01:04:21 Mais en tout cas, quand il y a un avis médical
01:04:26 pour partir plus tôt et qu'on ne nous répond pas,
01:04:31 "Bah non, madame, vous devez continuer,
01:04:33 "parce que vous n'avez pas vos annuités",
01:04:37 et voilà, c'est vraiment de continuer.
01:04:40 Je voudrais rebondir sur monsieur.
01:04:42 Dans le maintien domicile, il y a quatre secteurs.
01:04:46 Il y a la fonction publique, il y a l'associatif,
01:04:50 il y a l'associatif privé,
01:04:54 les entreprises privées,
01:04:56 et il y a l'employeur-employé.
01:04:58 Voilà. Il n'y a pas que l'ADMR.
01:05:01 On est quatre secteurs,
01:05:03 et c'est pour ça qu'il faudrait une convention collective,
01:05:06 qu'une seule pour travailler sur les conditions de travail,
01:05:11 parce qu'il faut vraiment travailler sur les conditions de travail
01:05:15 avant de parler droit au théâtre.
01:05:17 -Mme Delémoulet, allez-y.
01:05:21 -Juste quelques éléments sur cette question
01:05:24 de la retraite progressive,
01:05:25 parce qu'il me semble que ça fait lien
01:05:28 avec quelque chose qui a été déjà discuté aussi tout à l'heure,
01:05:31 la nécessité d'anticiper.
01:05:34 Et cette retraite progressive
01:05:37 est une manière aussi de travailler
01:05:39 la question de l'anticipation, me semble-t-il.
01:05:41 L'anticipation sur une articulation
01:05:46 entre la vie au travail et la vie hors travail,
01:05:48 la vie professionnelle,
01:05:50 et puis la retraite.
01:05:52 Et donc, cette articulation-là me semble être intéressante
01:05:57 et proposer, justement, des voies importantes
01:06:02 pour un certain nombre de personnes
01:06:04 dont les métiers sont difficiles à tenir
01:06:07 jusqu'à l'âge, aujourd'hui, de la retraite,
01:06:10 voire celui à venir.
01:06:12 Donc, travailler en anticipation,
01:06:16 c'est aussi se donner les moyens de cette anticipation.
01:06:19 Aujourd'hui, on a peu d'outils, en tout cas généralisés,
01:06:24 qui permettent de réfléchir à cette anticipation
01:06:27 et notamment à travailler sur certains points
01:06:30 dont j'ai parlé tout à l'heure,
01:06:31 que sont les troubles infrapathologiques.
01:06:33 Alors, qu'est-ce que sont ces troubles infrapathologiques ?
01:06:35 Ce ne sont pas des pathologies, comme leur nom l'indique,
01:06:38 mais ce sont un certain nombre de difficultés,
01:06:42 de douleurs,
01:06:45 de signaux, finalement, déjà bien installés,
01:06:49 mais qui permettent encore de faire un certain nombre de choses,
01:06:53 notamment si, en évaluant ces...
01:06:58 et en essayant de repérer ces troubles infrapathologiques,
01:07:02 eh bien aussi, on les associe à l'évolution
01:07:04 des conditions de travail
01:07:06 et à l'évolution du travail et du contenu du travail lui-même.
01:07:10 Et donc, travailler notamment sur l'élaboration
01:07:14 d'un certain nombre d'observatoires,
01:07:16 qui permettent justement ce travail en anticipation
01:07:20 des évolutions à la fois du travail,
01:07:22 de ses conditions d'organisation,
01:07:24 de la question de la pression temporelle,
01:07:27 de l'intensification du travail, notamment,
01:07:29 et puis également de l'évolution de la santé des personnes,
01:07:34 me semble être important, justement,
01:07:36 pour réfléchir à cette anticipation
01:07:40 et permettre aussi de travailler potentiellement
01:07:43 la question de la retraite progressive
01:07:45 pour un certain nombre de personnes qui seraient concernées
01:07:47 par ces difficultés de santé infrapathologiques.
01:07:50 Et nous en avons terminé avec les questions.
01:07:54 Je remercie nos invités pour leur participation à nos travaux.
01:07:58 Et avant de passer à la seconde partie de ce débat,
01:08:00 je suspends la séance pour une durée de 3 minutes,
01:08:03 le temps d'accueillir M. le ministre.
01:08:05 La séance est reprise.
01:08:10 La parole est à M. Olivier Dussopt,
01:08:12 ministre du Travail, du Plein emploi et de l'Insertion.
01:08:15 -Merci beaucoup, Mme la présidente.
01:08:17 Mesdames et messieurs les députés,
01:08:18 quelques mots pour introduire ce débat
01:08:21 autour de la pénibilité,
01:08:22 la demande du groupe Europe Écologie-Les Verts.
01:08:26 Pardonnez-moi.
01:08:28 En tout cas, à la demande du groupe des écologistes,
01:08:30 comme ça, je suis sûr de ne pas écorcher
01:08:32 quelque acronyme que ce soit.
01:08:34 Simplement un mot pour vous dire
01:08:35 que la question de la pénibilité est évidemment
01:08:36 un volet central de la réforme des retraites
01:08:39 qui est en cours d'examen, mais au-delà
01:08:41 des questions relatives au travail
01:08:42 et à la qualité des emplois proposés.
01:08:45 C'est un sujet central qui, d'une part,
01:08:48 doit répondre à des attentes nombreuses
01:08:50 exprimées par les différents partenaires sociaux.
01:08:53 Et je crois que les concertations que nous avons menées
01:08:55 dans le cadre de la préparation
01:08:57 du projet de loi de réforme des retraites
01:08:59 ont permis de trouver un certain nombre
01:09:01 de points d'équilibre ou de convergence.
01:09:02 Cela ne signifie pas qu'il y ait un accord
01:09:05 sur la question des retraites, bien loin s'en faut,
01:09:07 c'est même plutôt l'inverse,
01:09:09 mais sur ces questions de pénibilité,
01:09:10 nous avons pu ouvrir un certain nombre de discussions
01:09:12 de manière variable, avec, d'une part,
01:09:14 les organisations patronales,
01:09:16 qui avaient des attentes particulières,
01:09:18 avec les organisations syndicales,
01:09:19 même si de manière très schématique,
01:09:21 peut-être même simpliste,
01:09:22 il y a parmi les organisations syndicales
01:09:25 un certain nombre d'organisations qui,
01:09:27 dès la création du C3P et du C2P,
01:09:30 avaient dit, sinon leur hostilité,
01:09:33 en tout cas, leur manque d'adhésion
01:09:36 à ce projet d'outil,
01:09:38 et puis d'autres qui y croient plus,
01:09:39 si je puis m'autoriser cette expression,
01:09:42 et qui considèrent qu'au-delà des désaccords
01:09:44 exprimés sur les questions d'âge,
01:09:46 sur les questions de modalité,
01:09:48 il peut y avoir, ici ou là,
01:09:49 des convergences et des progrès.
01:09:51 C'est aussi un point central,
01:09:52 car dès lors qu'on est dans une logique
01:09:55 qui consiste à travailler un peu plus longtemps,
01:09:57 cela implique de travailler mieux
01:09:58 et donc de mieux prévenir les questions de pénibilité,
01:10:01 d'usure au travail,
01:10:03 d'améliorer les conditions de travail,
01:10:05 d'éviter l'enfermement dans les métiers difficiles
01:10:08 et de faciliter l'accès aux formations et aux reconversions
01:10:11 qui sont autant de priorités,
01:10:13 à la fois dans le cadre de la réforme examinée
01:10:14 comme dans le reste de ma feuille de route.
01:10:17 Ce débat et cet échange, aujourd'hui,
01:10:20 permet d'aborder ces questions
01:10:21 et d'aborder, peut-être plus précisément
01:10:23 pour ce qui me concerne,
01:10:24 les dispositions que nous prévoyons
01:10:26 dans le cadre du PLFSSR en matière de pénibilité,
01:10:29 puisque c'est un article
01:10:30 que nous avons pu aborder dans l'hémicycle,
01:10:33 et d'une certaine manière,
01:10:34 je remercie le groupe écologiste
01:10:35 de nous proposer ce temps de rattrapage,
01:10:37 ou en tout cas de débat supplémentaire,
01:10:39 pour évoquer ces questions de pénibilité.
01:10:41 La première chose que je veux souligner
01:10:44 est qu'en matière de pénibilité
01:10:45 et de prévention de l'usure professionnelle,
01:10:48 notre premier objectif est de changer d'échelle.
01:10:50 Changer d'échelle, car les précédentes réformes
01:10:53 en matière de retraite ou de prise en compte de la pénibilité
01:10:56 ont permis, évidemment, d'approcher le sujet,
01:10:58 d'améliorer les choses, sans jamais totalement l'épuiser.
01:11:02 La réforme de 2010 portée par Eric Werth
01:11:04 a introduit dans notre droit
01:11:06 la notion de pénibilité sous l'angle de la réparation,
01:11:09 c'est-à-dire d'un départ anticipé
01:11:10 au titre de l'incapacité permanente, j'y reviendrai.
01:11:13 Et la réforme de 2014 a ensuite porté et pensé
01:11:18 un dispositif de compte de pénibilité,
01:11:20 très ambitieux dans son principe,
01:11:22 c'est alors que nous parlions de C3P,
01:11:24 plus difficile à mettre en oeuvre pour les critères ergonomiques,
01:11:26 je reviendrai aussi sur ces critères dits ergonomiques,
01:11:29 ce qui nous a amenés en 2017
01:11:30 à revenir à une version qualifiée de C2P,
01:11:33 compte professionnel de prévention.
01:11:35 Nous souhaitons donc apporter une réponse
01:11:37 à la fois plus ambitieuse, plus complète et plus effective
01:11:41 au travers du texte que je défends devant le Parlement
01:11:43 depuis quelques semaines.
01:11:45 Ambitieuse, car la mise en oeuvre de cette politique
01:11:48 s'accompagne de la création d'un fonds d'investissement
01:11:51 dans la prévention de l'usure professionnelle,
01:11:53 qui sera doté d'un milliard d'euros sur le quinquennat,
01:11:55 sur les quatre années restant.
01:11:57 C'est un véritable changement d'échelle,
01:11:58 puisque lorsque l'on regarde les moyens consacrés
01:12:01 par la branche ATMP à la prévention de la pénibilité,
01:12:04 nous sommes en moyenne autour de 40 millions d'euros par an,
01:12:07 et avec un milliard sur les quatre à cinq ans qui viennent,
01:12:09 le changement d'échelle se perçoit aisément,
01:12:11 au moins d'un point de vue arithmétique.
01:12:14 Notre volonté est que ce fonds de prévention
01:12:16 soit porté par la branche ATMP,
01:12:18 et donc dans le cadre du dialogue social,
01:12:20 puisque ce sont les partenaires sociaux
01:12:22 qui sont principalement à la manœuvre
01:12:24 pour la gestion de cette branche ATMP.
01:12:27 La deuxième caractéristique de la réponse,
01:12:29 telle que nous la pensons en tout cas,
01:12:31 est son caractère plus complet.
01:12:33 C'est la raison pour laquelle, au-delà des six facteurs
01:12:35 qui restent inscrits dans le C2P,
01:12:37 nous souhaitons une approche nouvelle
01:12:39 avec des solutions aussi concrètes que possible
01:12:41 pour permettre de prévenir l'usure
01:12:44 et de la réparer quand c'est nécessaire
01:12:46 pour les métiers les plus exposés aux ports de charges lourdes,
01:12:48 aux vibrations et aux postures pénibles,
01:12:51 ce qui relève des trois critères d'hyperergonomique
01:12:54 et trois critères qui génèrent une écrasante majorité
01:12:57 des troubles musculoskeletiques.
01:12:59 Et enfin, une réponse effective,
01:13:01 car l'un des plus grands écueils lorsqu'on aborde
01:13:03 cette question de pénibilité,
01:13:04 est de penser des dispositifs qui, en réalité,
01:13:06 sont assez éloignés des réalités de l'entreprise,
01:13:09 des réalités du quotidien.
01:13:10 Et donc, notre objectif est d'avoir un dispositif
01:13:13 qui soit le plus opérationnel possible
01:13:14 et le plus concret dans ses résultats.
01:13:17 Quelques mots ensuite, et pour terminer
01:13:18 sur les précisions à apporter autour de ces dispositions.
01:13:23 D'abord, pour dire que, pour ce qui concerne le C2P
01:13:26 tel qu'il existe aujourd'hui, nous voulons l'améliorer,
01:13:28 l'améliorer en levant un certain nombre de verrous
01:13:31 qui existent aujourd'hui, qui peut-être le rendent
01:13:34 moins effectif, moins facile à utiliser
01:13:36 que ce que nous pourrions souhaiter.
01:13:38 C'est la raison pour laquelle nous allons abaisser
01:13:40 plusieurs seuils pour acquérir des droits.
01:13:42 Nous allons renforcer l'acquisition de droits
01:13:44 pour les salariés dits poly-exposés,
01:13:46 et nous allons augmenter la valeur des droits acquis
01:13:48 par les salariés au titre du C2P.
01:13:50 Ainsi, à titre d'illustration, nous allons abaisser
01:13:52 de 120 à 100 le nombre de nuits travaillées par an
01:13:54 pour obtenir des points.
01:13:56 Nous allons supprimer le plafond de 100 points
01:13:57 qui existe aujourd'hui.
01:13:59 Et un point de C2P qui permettait jusqu'à présent
01:14:02 de financer 375 euros de formation
01:14:04 permettra de financer pour 500 euros de formation,
01:14:06 d'où l'augmentation de la valeur des points.
01:14:09 Et je tiens aussi à préciser que les trimestres
01:14:11 d'anticipation de départ à la retraite
01:14:13 seront aussi désormais, si la réforme est adoptée, bien sûr,
01:14:16 intégralement prises en compte dans le calcul
01:14:18 de la pension des assurés.
01:14:20 Il y a une autre nouveauté que je veux souligner
01:14:22 pour ce qui concerne le C2P,
01:14:24 c'est la création d'une nouvelle utilisation possible
01:14:27 à la disposition des travailleurs ayant un C2P,
01:14:30 des points ainsi accumulés,
01:14:32 avec la création d'un congé de reconversion
01:14:34 comme nouvelle utilisation du compte
01:14:35 pour mettre fin à l'enfermement des métiers difficiles.
01:14:37 J'ai pu écouter une partie des intervenants précédents,
01:14:40 je pense notamment à Mme Delgoulet,
01:14:42 qui, comme ergonome auprès du CNAM,
01:14:44 si j'ai bien noté,
01:14:46 a souligné l'importance qu'il y a d'éviter l'enfermement
01:14:49 dans des métiers pénibles,
01:14:50 de façon à permettre aussi les reconversions,
01:14:52 de permettre de nouveaux parcours professionnels
01:14:54 et l'orientation vers des métiers moins exposés
01:14:57 à l'usure professionnelle.
01:14:58 L'objectif est que les travailleurs
01:15:00 qui ont recours à cette nouvelle modalité
01:15:02 de congé de reconversion
01:15:04 puissent bénéficier d'un congé de reconversion professionnel
01:15:06 rémunéré à 100 %
01:15:08 et avec une formation tout aussi financée.
01:15:11 La deuxième chose que nous allons faire
01:15:13 concerne donc les critères ergonomiques.
01:15:15 L'objectif est de faciliter la prévention et la réparation
01:15:18 de l'exposition à la pénibilité.
01:15:20 Et ce que nous proposons, c'est que la branche ATMP,
01:15:22 qui dispose de statistiques et d'outils d'analyse
01:15:25 extrêmement nombreux, je pense
01:15:27 à la prévalence des maladies professionnelles,
01:15:30 au taux d'accidentologie pour les accidents du travail,
01:15:32 mais aussi à l'enquête sommeure sur les conditions de travail,
01:15:35 puisse signifier aux branches professionnelles
01:15:37 la liste des métiers par branche
01:15:39 qui sont, par principe, par hypothèse,
01:15:42 et appuyés sur ces éléments statistiques,
01:15:44 les métiers les plus exposés
01:15:46 à ce risque d'usure professionnelle
01:15:48 et en particulier à ces trois critères dits ergonomiques.
01:15:52 Les branches seront ensuite tenues de négocier
01:15:54 un accord de prévention,
01:15:55 cofinancé par le fonds que j'ai évoqué précédemment,
01:15:58 et de mettre en oeuvre cet accord de prévention
01:16:00 pour justement mettre l'accent sur la prévention de l'usure
01:16:04 et éviter un maximum d'exposition.
01:16:07 Les salariés des métiers ainsi identifiés
01:16:10 seront aussi l'objet d'un suivi médical spécifique,
01:16:13 avec notamment une première visite médicale obligatoire à mi-carrière,
01:16:16 une dernière obligatoire à 61 ans,
01:16:18 pour être tout à fait sûr que celles et ceux qui, malheureusement,
01:16:21 n'auraient pas été suffisamment protégés par la prévention
01:16:23 puissent bénéficier de départs anticipés,
01:16:25 et dans l'intervalle,
01:16:26 chaque branche devra arrêter le rythme des visites
01:16:29 et du suivi médical.
01:16:30 J'ai évoqué tout à l'heure les questions relatives
01:16:33 au départ en retraite pour incapacité permanente.
01:16:35 C'est un départ qui est possible deux ans avant l'âge légal,
01:16:38 avec la possibilité d'un départ à taux plein à 62 ans
01:16:41 que nous maintenons,
01:16:42 et nous voulons simplifier l'accès,
01:16:44 à la fois en assouplissant fortement les conditions
01:16:48 pour les salariés ayant un taux d'incapacité
01:16:49 compris entre 10 et 20 %,
01:16:51 et en rendant automatique le droit à un départ anticipé
01:16:54 pour les salariés qui se voient reconnaître
01:16:55 un taux d'incapacité supérieur à 20 %.
01:16:59 Je fais juste une parenthèse avant de conclure
01:17:01 pour dire que ce départ anticipé sur avis médical
01:17:06 amène de ma part deux observations.
01:17:09 La première observation, c'est qu'il y a là un point de désaccord
01:17:12 avec un certain nombre de partenaires sociaux,
01:17:14 en particulier les organisations syndicales
01:17:16 que j'ai qualifiées tout à l'heure
01:17:18 comme étant assez convaincues par l'utilité du C2P,
01:17:21 ce n'est pas le cas de toutes,
01:17:22 qui auraient préféré que le départ anticipé
01:17:26 soit automatique pour les travailleurs
01:17:28 qui exercent un des métiers listés par la branche ATMP.
01:17:33 Nous ne partageons pas ce point de vue pour une seule raison,
01:17:35 ou en tout cas pour l'explication suivante.
01:17:38 Nous considérons que le départ anticipé
01:17:40 est une réparation lorsque l'usure n'a pas pu être prévenue,
01:17:43 mais nous considérons important l'avis médical individuel
01:17:47 car derrière les codes métiers,
01:17:48 derrière la définition des métiers qui sont concernés,
01:17:51 la réalité des conditions d'exposition à l'usure professionnelle
01:17:54 peut être très différente.
01:17:56 Je ne prends que deux exemples.
01:17:58 Le premier concerne un métier qui est par définition pénible,
01:18:01 il s'agit des aides-soignants dans les EHPAD.
01:18:03 C'est un métier pénible, tout le monde le reconnaîtra facilement,
01:18:07 mais l'exposition à la pénibilité n'est pas la même
01:18:10 selon que l'EHPAD est équipé de rails,
01:18:13 de lèvres malades, d'assistance mécanique
01:18:15 pour la manipulation des patients,
01:18:17 ou si l'intégralité des manipulations
01:18:19 doit être faite par les individus.
01:18:21 C'est un métier pénible,
01:18:22 mais avec deux conditions d'exercice différentes.
01:18:25 De la même manière, vous pouvez être menuisier
01:18:27 avec un même code métier,
01:18:28 mais exercé sur des chantiers à l'extérieur,
01:18:31 exposé à des températures très variables,
01:18:33 ou exercé dans un lieu clos,
01:18:35 parfois avec une température régulée
01:18:37 et des machines à commande numérique,
01:18:39 avec le même code métier.
01:18:41 Vous n'aurez pas le même niveau d'exposition à la pénibilité,
01:18:45 d'où pour nous l'importance du renvoi
01:18:47 à un aspect plus relevant du suivi médical individuel.
01:18:51 Enfin, je termine en disant
01:18:53 que sur cette réforme des retraites,
01:18:56 il y a la volonté de mieux prendre en compte la pénibilité,
01:18:59 et je le vois comme un jalon, une étape supplémentaire.
01:19:02 Une étape qui vient après les questions
01:19:04 relatives à la santé au travail,
01:19:06 notamment à l'accord interprofessionnel
01:19:08 qui a donné lieu à une loi adoptée à l'été 2021,
01:19:12 revoyant les missions des services de santé au travail
01:19:15 et concrétisant des avancées autour de la visite de mi-carrière.
01:19:18 Mais aussi une étape avant d'autres travaux
01:19:21 sur la qualité de vie et les conditions de vie au travail.
01:19:24 C'est là la deuxième remarque que je voulais faire
01:19:27 sur le suivi médical,
01:19:28 qui peut faire l'objet d'un désaccord.
01:19:31 C'est le fait qu'en réalité,
01:19:33 les départs anticipés au titre de la réparation,
01:19:35 puisque c'est ce terme qui est utilisé depuis la loi 2010,
01:19:38 ne sont pas totalement satisfaisants.
01:19:41 C'est un droit, il faut le protéger, en garantir l'accès,
01:19:43 en faciliter et en simplifier l'accès,
01:19:45 mais de manière plus structurelle, plus fondamentale.
01:19:48 Je pense que nous avons tous en commun
01:19:51 la volonté de mieux protéger les travailleurs
01:19:53 de l'exposition à l'usure et à la pénibilité
01:19:55 pour que chacun puisse aller jusqu'à l'âge légal de départ,
01:19:58 quel que soit l'avis qu'on a sur le niveau pertinent
01:20:01 de l'âge légal en bonne santé,
01:20:02 et prendre sa retraite à l'âge légal en bonne santé,
01:20:05 plutôt que de considérer comme satisfaisant
01:20:07 des départs anticipés, mais avec une santé altérée
01:20:10 par l'exposition à l'usure.
01:20:11 Je pense que c'est là la principale justification
01:20:13 et l'intérêt de tout ce que nous pourrons faire
01:20:16 autour de la prévention. Voilà, madame la présidente,
01:20:18 ce que je pourrais dire en ouverture de ce débat.
01:20:20 -Merci, monsieur le ministre.
01:20:22 Nous en venons à la série des questions.
01:20:24 Elles seront de deux minutes, les réponses de deux minutes.
01:20:26 Je vous rappelle qu'il n'y a pas de droit de réplique.
01:20:29 La parole pour le groupe Écolo-Nupes
01:20:31 est à madame Sophie Taillé-Pollian.
01:20:33 -Merci, madame la présidente.
01:20:39 Merci, monsieur le ministre, pour ces éléments.
01:20:42 Nous n'avons certes pas eu le temps formellement
01:20:44 de débat de l'article 9, mais nous avons quand même,
01:20:46 au cours des débats qui ont eu lieu ces dernières semaines,
01:20:49 beaucoup abordé les questions de pénibilité,
01:20:51 même si nous avons souhaité au groupe écologiste
01:20:54 aller plus à fond, et ce débat le permet,
01:20:59 petitement, parce que ce sera très court.
01:21:02 Vous évoquiez le fait que la politique menée
01:21:06 était, je dirais, ambitieuse.
01:21:08 Nous n'avons pas du tout la même vision des choses.
01:21:10 Pour nous, vos propositions ne sont que des mesures d'adaptation
01:21:13 qui sont si faibles au regard de ce qui est demandé
01:21:16 aux salariés de ce pays, c'est-à-dire travailler
01:21:18 deux ans de plus.
01:21:19 Et d'ailleurs, dans les concertations
01:21:21 avec les organisations syndicales, si je ne m'abuse,
01:21:23 toutes demandaient à ce que la question
01:21:25 de l'amélioration des conditions de travail,
01:21:27 l'amélioration de la prévention au travail
01:21:29 était un préalable à toute autre discussion
01:21:32 sur les questions des retraites,
01:21:35 nous considérons que le départ anticipé des salariés,
01:21:39 finalement, devrait éviter l'altération de la santé
01:21:43 et pas forcément venir réparer une santé altérée
01:21:45 et donc une retraite qui ne peut pas être prise
01:21:48 avec toutes les possibilités que l'on peut avoir
01:21:51 pour une retraite quand on est en très bonne santé.
01:21:54 Donc, où est la politique du ministère du Travail
01:21:57 pour développer, redévelopper la médecine du travail,
01:21:59 remettre un petit peu d'allant et de dynamisme
01:22:03 et d'essayer de convaincre des étudiants
01:22:05 de devenir médecins du travail, nous en manquons tant ?
01:22:07 Où est aussi la politique de prévention primaire ?
01:22:10 Où est la grande politique pour faire en sorte
01:22:13 que dans toutes les entreprises se développe
01:22:15 la culture de prévention ?
01:22:16 Où est la politique pour éviter, finalement,
01:22:18 que ce compte professionnel de prévention
01:22:21 n'en soit plus un, puisque, finalement,
01:22:23 comment peut-on parler d'un compte de prévention
01:22:25 quand on déplafonne les seuils ?
01:22:27 C'est-à-dire que, finalement, l'altération est possible
01:22:30 jusqu'au ciel, jusqu'au plus haut,
01:22:33 pour avoir un nombre de points.
01:22:36 Où est la politique également pour limiter la pénibilité
01:22:39 et pour prendre en compte la pénibilité des femmes
01:22:42 qui ne sont toujours pas au coeur du dispositif du C2P
01:22:46 et nous ne voyons pas aucunement comment elle peut être prise en compte
01:22:49 par vos propositions ?
01:22:51 -Merci beaucoup. Monsieur le ministre, vous avez la parole.
01:22:53 -Merci, madame la députée.
01:22:55 Je ne m'attendais pas à ce que vous me félicitiez.
01:22:57 Je ne suis pas surpris,
01:22:59 mais je ne partage pas tout de vos propos,
01:23:01 vous le pensez bien.
01:23:02 Je pense que tout ne peut pas être dans la loi
01:23:04 que je porte en matière de réforme des retraites
01:23:07 et de pénibilité.
01:23:09 D'abord, sur la question de la pénibilité,
01:23:11 il y a des choses qu'on fait dans la loi,
01:23:13 ce sont des améliorations.
01:23:15 Je pense aussi que c'est une étape et que nous aurons d'autres étapes,
01:23:19 notamment un autre texte de loi plus ordinaire,
01:23:21 dans le sens juridique du terme,
01:23:23 permettant d'avancer sur un certain nombre de chantiers.
01:23:26 La revalorisation et le fait de redonner de l'attractivité
01:23:29 à la médecine du travail ne passera pas par des lois,
01:23:32 mais par des plans sectoriels que nous devons travailler
01:23:34 avec mon collègue ministre de la Santé,
01:23:37 parce que la désaffection que l'on peut constater
01:23:39 pour ces services de santé au travail n'est pas nouvelle
01:23:42 et apporte des réponses à l'échelle de toute une filière.
01:23:45 Je précise que la loi santé au travail de 2021
01:23:49 nous donne quelques outils,
01:23:50 notamment un en particulier,
01:23:53 qui est la possibilité d'avoir des infirmiers
01:23:56 en pratique avancée pour un certain nombre d'actes,
01:23:59 sous l'autorité des médecins, comme c'est le cas avec l'IPA.
01:24:02 Le décret d'application de cette disposition a été publié
01:24:05 au début de l'année,
01:24:06 puisque le hasard du calendrier fait qu'il a été publié
01:24:09 au journal officiel le 1er janvier.
01:24:11 Sur un dernier point que vous avez évoqué,
01:24:13 sur lequel je viens rapidement,
01:24:15 mais qui fait peut-être le nœud du désaccord,
01:24:18 je considère que déplafonner le C2P, comme nous le faisons,
01:24:21 n'est pas contradictoire avec la politique de prévention.
01:24:24 La politique de prévention est la clé absolue
01:24:27 en matière de pénibilité.
01:24:28 C'est là qu'on doit mettre tous les efforts
01:24:31 et concentrer l'essentiel de notre énergie
01:24:33 avec un objectif particulièrement utopiste,
01:24:36 car il est à long terme et ne peut pas être parfait,
01:24:38 qui est d'éviter que les salariés soient exposés,
01:24:41 contraints ou conduits à des départs de la réparation,
01:24:44 mais bien permettre les biens-faits, les orientations et la prévention.
01:24:48 Par contre, déplafonner, c'est donner aux salariés
01:24:50 qui sont ou ont été exposés
01:24:52 la possibilité d'avoir autant de points
01:24:54 que leur situation le justifie.
01:24:56 Derrière le nombre de points accumulés et déplafonnés,
01:24:59 il y a plus d'usages possibles,
01:25:01 tant en termes de départs anticipés que de financement
01:25:04 qu'on propose autour du congé de reconversion.
01:25:07 -Je vous remercie.
01:25:08 La parole est à M. Pierre Darréville
01:25:10 pour le groupe GDR NUPES.
01:25:11 -Merci, madame la présidente.
01:25:16 Monsieur le ministre,
01:25:20 je vais me concentrer sur le sujet de la pénibilité
01:25:23 en vous répétant quand même au début de ce propos
01:25:27 que nous pensons qu'il est nécessaire
01:25:29 que le texte que vous avez mis sur la table soit retiré
01:25:32 compte tenu de l'opposition massive qu'il suscite
01:25:36 et de son caractère régressif du point de vue social.
01:25:39 D'ailleurs, il y a une forme d'aveu,
01:25:41 puisque vous avez été contraint de mettre dans ce texte
01:25:44 des mesures qu'on pourrait qualifier d'accompagnement,
01:25:47 qui, évidemment, ne font pas du tout la balance.
01:25:49 Peut-on faire la balance
01:25:51 quand on demande aux gens de travailler 2 ans de plus ?
01:25:54 Donc, parmi ces mesures,
01:25:55 il y a des sujets autour de la pénibilité.
01:25:58 Moi, je voudrais vous poser au moins deux questions.
01:26:01 La première, est-ce qu'il ne serait pas utile
01:26:05 de faire un vrai bilan du CEP ?
01:26:07 Je rappelle que la Cour des comptes a rendu un rapport
01:26:10 en fin 2022 où il était écrit qu'il était voué
01:26:12 à n'exercer qu'un effet réduit sans impact sur la prévention.
01:26:16 Or, le diagnostic que nous faisons
01:26:18 est assez sévère à l'égard de ce CEP et de ses effets.
01:26:22 Donc, vous continuez d'investir dans ce dispositif,
01:26:26 mais en réalité, on sait très bien
01:26:28 qu'il ne pourra pas répondre aux enjeux.
01:26:31 Avec une logique de médicalisation,
01:26:33 que vous avez exposée,
01:26:34 qui va à l'encontre de la logique de droit collectif
01:26:37 que nous défendons.
01:26:39 Deuxième aspect sur l'invalidité,
01:26:41 il doit y avoir des discussions en cours sur ce sujet.
01:26:44 L'invalidité, c'est un coup près qui tombe
01:26:46 et qui n'est pas satisfaisant pour ceux qui sont concernés.
01:26:49 Où en êtes-vous de ce point de vue-là ?
01:26:52 Pouvez-vous nous donner des renseignements complémentaires ?
01:26:55 Enfin, sur le fonds d'investissement,
01:26:57 il y a un problème sur la philosophie de la branche ATMP,
01:27:00 puisqu'elle n'est pas faite pour ça,
01:27:02 et qu'en réalité, là, il y a des fonds
01:27:05 qui vont intervenir là où ce qui est en jeu,
01:27:07 c'est la responsabilité des entreprises.
01:27:10 Donc, je suis un peu étonné
01:27:12 par ce dispositif que vous mettez en place
01:27:15 et la philosophie qui le soutient.
01:27:19 -Merci beaucoup, monsieur le ministre.
01:27:21 Vous avez la parole.
01:27:22 -Merci, madame la présidente.
01:27:24 Je ne reviens pas sur l'introduction,
01:27:26 puisque c'est le rappel d'un désaccord,
01:27:29 mais simplement dire à monsieur le député d'Aréville
01:27:31 que le rapport de la Cour des comptes
01:27:34 que vous évoquez est une des raisons
01:27:36 des modifications que nous apportons au CDP,
01:27:38 pour qu'il puisse se déployer plus facilement,
01:27:41 et le fait que son intérêt soit plus fort
01:27:43 renvoie à la fois à la question du déplafonnement
01:27:46 que j'ai évoqué,
01:27:47 à la question de l'augmentation de la valeur des points,
01:27:50 en termes de formation de chacun des points
01:27:53 pour permettre l'accès à des parcours
01:27:55 qui soient plus forts par rapport à ce qui se fait aujourd'hui,
01:27:58 par la meilleure prise en compte de la polyexposition,
01:28:01 un des points que j'ai évoqués,
01:28:03 mais qui compte, tout comme par l'abaissement des seuils
01:28:06 pour le rendre plus facile à mettre en oeuvre.
01:28:09 Si un CDP est ouvert par un salarié
01:28:12 et que les critères pour obtenir les points
01:28:14 sont trop restrictifs,
01:28:16 on perd l'intérêt même à l'ouvrir.
01:28:18 C'est vraiment ce sens-là que nous recherchons,
01:28:20 et c'est la même chose avec cette nouvelle utilisation
01:28:24 que nous prévoyons autour de la reconversion.
01:28:26 Sur la question de ce que vous avez appelé
01:28:29 la médicalisation et son caractère antagoniste
01:28:33 avec la logique de droit collectif,
01:28:35 je crois au droit collectif pour la prévention,
01:28:38 d'où le renvoi aux branches et au dialogue social.
01:28:40 Par contre, je reste convaincu, j'ai essayé de l'expliquer,
01:28:44 que la logique de réparation et la décision d'un départ anticipé
01:28:47 doivent rester appuyées sur un suivi médical individuel
01:28:51 pour tenir compte de la réalité,
01:28:53 de l'exposition à tel ou tel facteur de pénibilité
01:28:56 et à des conditions de travail particulièrement pénibles.
01:28:59 Sur l'invalidité, je vous reviendrai,
01:29:01 je n'ai pas assez d'éléments pour vous répondre,
01:29:04 donc je préfère ne pas vous dire de bêtises.
01:29:06 Pour justifier la logique qui est la nôtre,
01:29:09 nous considérons que la branche TMP a une situation aujourd'hui,
01:29:12 pour les années qui viennent,
01:29:14 qui amène cette branche à connaître un résultat excédentaire marqué.
01:29:18 Une fois pris en compte les retraitements
01:29:20 au titre des sous-déclarations,
01:29:22 c'est un flux vers la branche maladie,
01:29:25 qui est à peu près de 1 milliard de par an,
01:29:27 selon les exercices budgétaires.
01:29:29 Les prévisions disent qu'une fois ce retraitement effectué,
01:29:33 l'excédent est à 3,3 milliards par an en 2025,
01:29:35 et c'est un financement de dépenses qualifiées de dépenses actives.
01:29:39 -Merci, monsieur le ministre.
01:29:41 La parole est à monsieur Stéphane Le Normand,
01:29:44 pour le groupe Lyott.
01:29:45 -Merci, madame la présidente,
01:29:47 merci, monsieur le ministre, de cet échange.
01:29:49 On aurait aimé avoir plus de temps pour discuter
01:29:52 d'un sujet qui est important.
01:29:54 J'essaierai de faire court et de me concentrer
01:29:57 sur le camp de prévention,
01:29:58 qui, dans sa mutation, a perdu 4 critères de bénévolité.
01:30:02 J'aimerais avoir votre avis sur quelques propositions
01:30:05 qui ont été faites par notre groupe et d'autres.
01:30:08 La première, c'est la réintégration
01:30:10 des trois critères ergonomiques au sein du C2P,
01:30:12 bien naturellement un mécanisme issu du dialogue social
01:30:16 qui pourrait s'appuyer sur la cartographie des métiers.
01:30:19 Quel est votre avis ?
01:30:20 Que pensez-vous de l'idée de bonifier votre texte
01:30:23 et de maintenir les possibilités de départ à 60 ans,
01:30:27 départ anticipé à 60 ans, au titre de ce C2P,
01:30:32 puisqu'on a quand même affaire ici à des gens
01:30:35 qui seront cassés par la pénibilité des métiers
01:30:38 qu'ils auront à exercer ?
01:30:39 Quel est votre avis aussi sur une extension de ce C2P,
01:30:43 par exemple, aux agents contractuels
01:30:46 de la fonction publique qui en sont exclus,
01:30:48 puisque ce procédé est essentiellement destiné
01:30:51 au privé ?
01:30:52 Enfin, que pensez-vous d'élargir les orientations
01:30:55 du Fonds d'investissement dans la prévention
01:30:58 à l'ensemble des 10 facteurs de risque professionnel,
01:31:01 et non pas seulement aux trois critères ergonomiques ?
01:31:04 Ce sont des questions dont j'aimerais avoir votre avis.
01:31:07 Enfin, j'aimerais revenir, comme le collègue d'Ardéville,
01:31:10 sur ce Fonds d'investissement de la prévention
01:31:13 et de l'usure professionnelle.
01:31:14 En termes d'échelle, c'est un montant important,
01:31:17 mais l'utilisation de ces fonds m'interpelle un peu.
01:31:20 J'aimerais peut-être, non pas que vous me donniez
01:31:23 une déclinaison précise sur les 5 années à venir,
01:31:26 mais voir comment le gouvernement voit l'utilisation
01:31:29 de ces crédits, de ces fonds,
01:31:31 et de la direction pour laquelle ils sont destinés.
01:31:33 Merci.
01:31:35 -Merci, monsieur le ministre.
01:31:36 -Beaucoup de questions, pardon pour le style télégraphique,
01:31:40 mais si je l'ai fait par l'ordre inverse ?
01:31:42 -Le Fonds d'investissement,
01:31:44 pour les dépenses éligibles,
01:31:46 nous sommes très ouverts, même, au fruit du dialogue social
01:31:49 et à la nature des accords de prévention,
01:31:52 et ouverts aussi pour le financement
01:31:54 d'équipements, notamment aéronomiques,
01:31:56 qui peuvent être utiles pour assurer une prévention
01:31:59 de la pénibilité, que le financement de formation,
01:32:02 d'information collective ou encore de parcours de reconversion.
01:32:06 La liste n'est pas définitivement arrêtée à dessein,
01:32:09 puisque nous ne pouvons pas renvoyer
01:32:11 au dialogue social de branche la définition des accords
01:32:14 de prévention, et enfermer la liste des actions
01:32:17 qui relèveraient de ces accords, cofinancées par le Fonds.
01:32:20 Nous préférons les centrer sur les 3 critères ergonomiques,
01:32:23 notamment parce qu'un certain nombre de critères
01:32:27 sont appelés, en termes d'actions de prévention,
01:32:29 le travail de nuit, par exemple, ou le travail en 3/8,
01:32:32 et parfois une contrainte en termes d'organisation
01:32:35 des entreprises, mais qui peut être difficile
01:32:38 d'être un accord de prévention ou de financement d'action.
01:32:41 Sur l'extension du C2P aux agents contractuels
01:32:44 de la fonction publique, c'est une piste
01:32:46 que nous n'avons pas retenue à ce stade,
01:32:48 qui a fait l'objet de quelques échanges et de discussions,
01:32:51 mais nous avons considéré que pour la fonction publique,
01:32:55 il faut des outils spécifiques, c'est pourquoi
01:32:57 la fonction publique d'Etat sera mobilisée
01:33:00 et que nous mettrons en place les dispositions nécessaires,
01:33:03 y compris les dispositifs financiers.
01:33:05 Le projet de loi, tel que je vous l'ai présenté,
01:33:08 prévoit la création d'un fonds de prévention de la pénibilité
01:33:12 pour les métiers du soin de l'AFPH et de l'AFPT
01:33:14 pour couvrir les différents statuts,
01:33:17 à hauteur de 100 millions d'euros par an,
01:33:19 et une discussion sera ouverte, ou peut-être a déjà été ouverte,
01:33:23 sur la pénibilité de la fonction publique,
01:33:25 et les représentants des associations d'élus locaux,
01:33:29 car dans le cadre de la liberté de gestion,
01:33:31 il est important de voir comment avancer sur la pénibilité.
01:33:35 Enfin, dernier point, parce que c'est un peu long,
01:33:38 sur la réintégration des trois critères ergonomiques,
01:33:41 nous considérons que le décompte individuel
01:33:44 et presque quotidien de l'exposition
01:33:46 aux postes surpénibles, aux charges lourdes,
01:33:49 aux vibrations, est impossible matériellement.
01:33:52 Cela avait été vu en 2017,
01:33:54 lorsqu'on est passé du C3P au C2P.
01:33:56 C'est pourquoi nous proposons une autre façon
01:33:58 de traiter ces critères par les accords de prévention.
01:34:01 -Merci, monsieur le ministre.
01:34:03 Pour le groupe Renaissance, la parole est à madame Astryp.
01:34:07 -Merci, madame la présidente.
01:34:09 Monsieur le ministre, pour faire référence
01:34:11 au rapport de la Cour des comptes,
01:34:13 auquel le collègue Dariville aussi...
01:34:16 Que le collègue Dariville évoquait,
01:34:18 il y avait aussi une critique sur la fin du principe
01:34:21 de "pollueur-payeur" qui était institué en 2014
01:34:24 et qui avait été levé en 2017.
01:34:26 Je voulais savoir si, dans ce fonds
01:34:28 qui était mis en place,
01:34:30 de l'ordre de 200 millions d'euros par an,
01:34:33 on reprenait ce principe de "pollueur-payeur"
01:34:36 parce que c'est effectivement très puissant
01:34:38 pour lancer aussi les bonnes incitations aux entreprises.
01:34:42 On l'a vu notamment dans la capacité aux Etats-Unis
01:34:45 de réduire massivement les accidents du travail
01:34:48 dans les années 90,
01:34:49 comme l'a relevé l'économiste H.K.Nazi.
01:34:52 Sur la question des critères ergonomiques,
01:34:56 je comprends et j'entends la difficulté
01:34:59 d'intégrer ces trois critères dans le compte pénibilité,
01:35:03 mais il y a quand même des professions
01:35:06 qui sont présumées pénibles.
01:35:08 Un déménageur va porter des charges lourdes.
01:35:11 Quelqu'un qui est plombier-canalisateur,
01:35:15 ça a été dit par la patronne de Veolia elle-même,
01:35:18 il est confronté aussi à des critères ergonomiques
01:35:22 qui font partie, qui sont inhérentes à ce qu'il fait tous les jours,
01:35:26 quand même ça ne peut pas être mesuré tous les jours.
01:35:28 J'ai du mal à comprendre
01:35:31 pourquoi on ne peut pas considérer dans cette liste
01:35:33 des métiers présumés pénibles
01:35:37 à fortes conditions ergonomiques.
01:35:40 Et enfin, est-ce que vous avez, dans vos services,
01:35:43 fait un croisement entre carrières présumées pénibles
01:35:47 et ceux qui commencent tôt, avant 20 ans,
01:35:49 pour savoir s'il y a 100 % de croisement,
01:35:52 50 % de croisement,
01:35:53 ou est-ce que... Voilà.
01:35:55 Savoir aussi si on parle finalement des mêmes personnes
01:35:59 et des mêmes catégories socio-professionnelles.
01:36:01 Merci, monsieur le ministre.
01:36:03 -Merci, monsieur le ministre.
01:36:05 -Merci, madame la présidente. Trois points sur PolyurPayer.
01:36:07 Nous ne souhaitons pas remettre en place
01:36:09 les cotisations pénibilité qui existaient jusqu'en 2017,
01:36:12 qui avaient un effet de bord sur le coût du travail,
01:36:13 mais le financement du fonds,
01:36:15 le fait de financer le fonds d'investissement
01:36:17 dans la prévention sur la branche ATMP
01:36:19 renvoie aux modalités de financement de la branche,
01:36:21 qui elles-mêmes sont inscrites dans ce principe de PolyurPayer,
01:36:25 puisqu'il y a des majorations de taux,
01:36:27 notamment en fonction de l'accidentologie
01:36:29 ou de la prévalence de maladies professionnelles.
01:36:31 Et donc on retrouve cet esprit
01:36:33 dans le cadre du financement général de la branche ATMP,
01:36:36 et c'est la branche ATMP qui est amenée à financer le fonds
01:36:39 que nous vous proposons ainsi de créer.
01:36:43 Sur les critères ergonomiques et un certain nombre de professions
01:36:46 qui, de facto, sont connues pour être pénibles,
01:36:49 quoi qu'il en soit,
01:36:50 parce qu'il n'y a pas nécessairement
01:36:51 de différence d'exposition effective
01:36:54 à des conditions de pénibilité,
01:36:56 contrairement aux exemples que je citais tout à l'heure,
01:36:58 mais qui ont forcément un caractère simpliste,
01:37:00 parce que c'est le rôle des exemples,
01:37:01 les branches professionnelles pourront évidemment
01:37:03 distinguer un certain nombre de professions
01:37:05 comme relevant d'une forme de pénibilité avérée
01:37:08 et acquise beaucoup plus souplement
01:37:10 et beaucoup plus facilement que d'autres.
01:37:12 Mais on ne veut pas trop anticiper sur ce dialogue de branches,
01:37:16 considérant que si on fait confiance aux branches
01:37:18 pour déterminer les accords de prévention
01:37:20 et la nature des réponses apportées
01:37:22 en termes de prévention et de réparation,
01:37:24 il faut leur laisser aussi le temps de discuter autour de cela.
01:37:27 Et enfin, sur le croisement des carrières longues
01:37:32 et des critères de pénibilité,
01:37:34 il n'y a pas de lien statistique
01:37:37 entre ceux qui bénéficient ou bénéficieraient
01:37:40 d'un départ anticipé pour carrière longue
01:37:42 et ceux qui sont exposés à la pénibilité.
01:37:44 Ce ne sont pas les mêmes publics,
01:37:45 d'abord parce qu'un certain nombre de carrières longues
01:37:48 se sont réalisées dans des métiers
01:37:50 qui, par définition, ne sont pas aussi pénibles que d'autres.
01:37:53 Et puis, nous avons statistiquement beaucoup de personnes
01:37:56 qui sont éligibles à un départ anticipé pour carrière longue
01:37:58 pour avoir commencé tôt, parfois dans des métiers pénibles,
01:38:00 mais dont l'évolution professionnelle a été telle ensuite
01:38:03 qu'ils terminent leur carrière et parfois ils atteignent rapidement,
01:38:05 à l'occasion de leur carrière,
01:38:07 des positions qui ne sont plus considérées comme pénibles.
01:38:09 Et d'ailleurs, c'est très statistique et un peu froid comme chiffre,
01:38:14 mais quand on regarde l'espérance de vie à la retraite,
01:38:16 nous sommes en moyenne sur 24 ans en France,
01:38:19 et lorsqu'on regarde l'espérance de vie à la retraite
01:38:21 des personnes qui bénéficient de dispositifs carrière longue,
01:38:23 on est plutôt autour de 25 ans et demi, 26 ans,
01:38:25 ce qui correspond à la durée des départs anticipés,
01:38:27 ce qui signifie que l'espérance de vie globale est la même,
01:38:31 puisque cette différence s'exprime par le départ anticipé.
01:38:35 -Merci, monsieur le ministre.
01:38:37 Le temps file.
01:38:38 Pour le groupe Rassemblement national,
01:38:40 la parole est à monsieur Frédéric Cabronier.
01:38:42 -Bien, merci.
01:38:44 Monsieur le ministre, on réitère notre opposition
01:38:46 à votre réforme des retraites
01:38:49 du fait du recul de l'âge légal de 62 à 64 ans.
01:38:53 Par contre, sur cet article 9 et tout ce qui concerne l'impédibilité,
01:38:56 il y a beaucoup de choses qui nous semblent aller dans le bon sens,
01:38:59 mais il reste quelques injustices.
01:39:01 Alors, j'ai noté, dans ce que vous avez dit,
01:39:04 la création d'un congé de reconversion rémunérée à 100 %
01:39:09 et des droits à la formation avec 500 euros de droit à la formation.
01:39:14 C'est quelque chose, quand on a visité ensemble
01:39:16 l'entreprise Coulon à Albi,
01:39:19 qui nous avait été formulée par les seniors que nous avons rencontrés.
01:39:24 Donc ça, ça va dans le bon sens.
01:39:26 Ensuite, vous avez parlé de tout ce qui est incapacité
01:39:29 et vous parlez d'un départ anticipé à 62 ans, si j'ai bien compris,
01:39:34 ou un peu avant.
01:39:36 Là, il y a quand même une injustice, je l'ai formulée tout à l'heure,
01:39:38 c'est qu'en tout cas, pour les salariés,
01:39:41 dans le régime complémentaire ARCO,
01:39:43 quand on part avant 63 ans,
01:39:45 il y a une décote de 10 % pendant 3 ans.
01:39:48 Donc, que pouvez-vous dire par rapport à ce problème ?
01:39:52 Et enfin, j'ai peut-être pas très bien suivi,
01:39:56 mais sur le passage à temps partiel,
01:40:00 au travers du C2P, qui donnerait des droits supplémentaires
01:40:03 pour passer au temps partiel, est-ce que vous pouvez...
01:40:06 C'est quelque chose également que les Transports Coulon à Albi
01:40:09 nous avaient fortement... dont ils nous avaient fortement parlé.
01:40:12 Est-ce que vous pouvez expliciter et nous en dire un peu plus là-dessus ?
01:40:15 Merci.
01:40:17 -Merci, monsieur le ministre.
01:40:19 -Merci, madame la présidente. Peut-être trois précisions.
01:40:22 La première concerne la question du financement de la formation.
01:40:26 La mesure que nous proposons est de passer la valeur du point
01:40:29 de 375 à 500 euros.
01:40:31 Ce n'est pas 500 euros au global,
01:40:33 c'est 500 euros par point consacré au financement de la formation
01:40:37 et de ces formations qui permettent un reclassement.
01:40:40 C'est d'ailleurs dans cette logique-là
01:40:43 qu'on est sur une idée de déplafonnement.
01:40:45 C'est avec cette même logique que nous sommes sur la volonté
01:40:49 d'accompagner des congés de reconversion de manière plus globale.
01:40:52 Sur la question du temps partiel,
01:40:55 on passe de 3 mois de temps partiel payé à taux plein
01:40:58 à 4 mois pour 10 points.
01:40:59 Avec 10 points de ces 2P,
01:41:01 vous pouvez faire valoir le passage à temps partiel
01:41:04 aujourd'hui pendant 3 mois, demain, ça sera pendant 4 mois.
01:41:07 Ce qui signifie qu'avec 30 points,
01:41:09 vous pourrez avoir un temps partiel pendant un an
01:41:12 avant votre départ à la retraite, alors qu'aujourd'hui,
01:41:14 il faudrait en avoir 40.
01:41:15 C'est aussi une façon d'abaisser les seuils d'acquisition des points,
01:41:19 de faciliter ou de libérer les conditions d'utilisation
01:41:21 de ces points-là.
01:41:23 Enfin, le dernier point que vous avez évoqué
01:41:25 concerne la question de la décote dans le cadre
01:41:27 du régime complémentaire, notamment de la Chircarco.
01:41:30 Cela ne relève pas de l'Etat, mais de l'accord interprofessionnel
01:41:33 entre les partenaires sociaux.
01:41:35 Au-delà de cet exemple, il y a un certain nombre de dispositions
01:41:38 que nous proposons de mettre en oeuvre avec la loi
01:41:41 pour le régime général, qui feront certainement,
01:41:43 mais je ne veux pas m'avancer à la place des partenaires sociaux,
01:41:47 l'objet de discussions dans le cadre de la gouvernance
01:41:50 des régimes complémentaires.
01:41:51 Par exemple, on sort du champ de la pénibilité,
01:41:54 mais nous voulons rendre contributif
01:41:56 à ce que l'emploi de retraite soit créateur de droits.
01:41:58 Il reviendra aux partenaires sociaux s'ils le souhaitent,
01:42:01 de se saisir, de se déballer pour faire en sorte
01:42:04 que le caractère contributif du cumul
01:42:06 ne soit pas réservé au seul régime général,
01:42:09 mais bien prévu pour les régimes complémentaires.
01:42:11 On est dans la même logique pour ce que vous avez évoqué
01:42:14 en matière de décote et de capacité à partir de 1re capacité.
01:42:17 -Merci, M. le ministre.
01:42:19 La parole est à M. Aurélien Saint-Aoul
01:42:21 pour le groupe LFI NUPES.
01:42:22 -Merci, Mme la présidente.
01:42:24 Le tableau de sinistralité des accidents du travail de 2019
01:42:28 que j'ai sous les yeux est absolument sans équivoque.
01:42:31 Les accidents du travail graves et mortels
01:42:33 augmentent constamment avec l'âge.
01:42:35 Les chiffres de fréquence des accidents mortels
01:42:38 sont les suivants. Ils sont en moyenne de 20,5.
01:42:40 Entre 15 et 19 ans, ils sont de 15.
01:42:42 Entre 20 et 29, ils sont de 7,
01:42:44 avec une légère baisse qui signale la vulnérabilité particulière
01:42:48 des apprentis.
01:42:49 Entre 30 et 39 ans, ils sont de 8,8.
01:42:52 Entre 40 et 49 ans, de 19,2.
01:42:54 Entre 50 et 59 ans, de 39,3.
01:42:57 Ils passent donc au-dessus de la moyenne.
01:42:59 Et à partir de 60 ans, ils sont de 54,2.
01:43:03 Dès lors, relever l'âge du départ à la retraite,
01:43:06 c'est indubitablement exposer les personnes
01:43:08 à un risque encore accru de mourir au travail.
01:43:11 Qu'y a-t-il dans votre réforme qui répond à cela ?
01:43:13 -Merci, M. le ministre.
01:43:16 -En réalité, M. le député, les chiffres que vous donnez
01:43:20 sont pas juste quand on les lit en première lecture,
01:43:22 mais vous avez bien fait la borne de temps de 2019.
01:43:27 Or, 2019 correspond à l'année d'une jurisprudence
01:43:29 de la Cour de cassation qui a amené les indicateurs statistiques
01:43:33 de l'Etat à intégrer dans les accidents du travail mortels
01:43:36 sur lieu de travail les malaises.
01:43:38 Quand on regarde les chiffres de manière plus précise,
01:43:41 ça explique le pic d'accidents du travail
01:43:43 constaté en 2019, puis une décrue en 2020
01:43:46 du fait de l'arrêt d'activité,
01:43:48 qui est au moyen sur 21 et 22.
01:43:49 Mais quand on regarde les chiffres dans le détail,
01:43:52 on s'aperçoit que la fréquence des accidents du travail
01:43:55 diminue avec l'âge.
01:43:56 Par contre, la fréquence des malaises au travail,
01:43:59 et ça s'explique par des conditions de santé,
01:44:02 augmente avec l'âge.
01:44:03 Derrière la lecture que je répète,
01:44:05 juste des chiffres bruts que vous avez faits,
01:44:08 il y a des caractéristiques un peu différentes
01:44:10 du fait de l'intégration, depuis 2019 et par jurisprudence,
01:44:14 des malaises dans les accidents mortels.
01:44:16 Au début de l'année, je dis cela.
01:44:18 Ce qui est très frappant dans les accidents du travail mortel
01:44:21 est grave, et j'ai demandé, depuis ma prise de fonction,
01:44:24 à être prévenu de chaque accident mortel sur lieu de travail,
01:44:28 à l'exception des accidents de parcours
01:44:30 entre le domicile et le travail.
01:44:32 Ce qui est frappant, c'est que les deux caractéristiques
01:44:35 que l'on retrouve de manière systématique ou presque
01:44:38 relèvent du caractère récent d'intégration de l'entreprise
01:44:42 ou du lieu de travail.
01:44:43 Ce sont pas seulement des apprentis,
01:44:45 mais de nouveaux embauchés, des salariés intérimaires
01:44:48 et des salariés détachés.
01:44:50 La 2e caractéristique, mais qu'on relève plus spontanément,
01:44:53 plus facilement dans le régime agricole,
01:44:56 relève de l'isolement du travailleur
01:44:58 au moment où intervient un accident.
01:45:00 Sur ces aspects-là, j'ai évoqué un projet de loi qui vient,
01:45:04 mais au-delà de ça, nous avons un plan santé au travail
01:45:07 dont le 4e axe de mémoire est consacré aux accidents graves.
01:45:10 Sur ce 4e axe, j'ai demandé depuis le mois de décembre
01:45:13 au ministère du Travail de se mobiliser
01:45:15 avec les accidents mortels en tête,
01:45:17 parce que 650 par an, c'est trop,
01:45:19 sans compter les accidents de parcours.
01:45:22 En plus des accidents mortels,
01:45:24 9 600 accidents se traduisent par un taux d'incapacité
01:45:27 pour les salariés.
01:45:28 Se dire que 10 000 personnes sont marquées à vie
01:45:31 par un accident de travail relève d'un chiffre plus inquiétant
01:45:34 que les centaines de morts inacceptables.
01:45:37 -Merci, monsieur le ministre.
01:45:39 La parole est à monsieur Stéphane Viry,
01:45:41 pour le groupe Les Républicains.
01:45:43 -Merci, madame la présidente.
01:45:45 Vous avez répondu à mes collègues sur des questions
01:45:48 qui me taraudaient sur les accidents de travail graves ou mortels,
01:45:52 sur la feuille de route qui pourrait être la vôtre
01:45:55 pour les diminuer, pour réparer les victimes.
01:45:57 En fait, le débat qui nous anime aujourd'hui
01:46:00 sur cette question du droit à la retraite anticipée
01:46:03 pour pénibilité, donc basé sur la capacité physique de travail,
01:46:07 est en fait en lien direct avec la question du travail.
01:46:12 Vous avez évoqué tout à l'heure des points de désaccord,
01:46:16 ou des vues divergentes,
01:46:17 sur l'exposition à la pénibilité
01:46:19 et également sur la pénibilité en soi.
01:46:22 Elle a été définie légalement en 2010, vous l'avez dit,
01:46:26 l'exposition à un ou plusieurs facteurs.
01:46:28 Moi, je sens néanmoins dans notre société une évolution.
01:46:32 Est-ce qu'on évoque désormais des conditions de travail
01:46:35 ou des conditions du travail ?
01:46:37 -On a écouté les témoins qui ont été invités à s'exprimer
01:46:40 à la requête de nos collègues écologistes.
01:46:43 On voit bien que ce qui nous anime,
01:46:45 au-delà des mesures techniques à laquelle vous répondez,
01:46:49 c'est le rapport que l'on doit avoir sur le travail,
01:46:52 la santé au travail, mais plus généralement,
01:46:54 le lien de subordination à l'égard d'un employeur
01:46:57 dans un schéma.
01:46:59 On a évoqué tout à l'heure, en tout cas,
01:47:01 la question de la soutenabilité au travail.
01:47:04 Moi, M. le ministre, je voudrais évoquer
01:47:06 cette question.
01:47:07 Cette question, pour moi, elle est centrale.
01:47:10 Dès lors qu'on a une difficulté à admettre
01:47:12 qu'on peut avoir des difficultés en lien avec son travail,
01:47:16 qu'on cherche à régler par de la prévention
01:47:18 ou par des éléments en tenant compte
01:47:21 de l'usure professionnelle,
01:47:22 on sait qu'il faut tenir le coup lorsqu'on bosse,
01:47:25 qu'il faut résister à l'effort, qu'il faut l'endurer.
01:47:29 Ce que je peux constater, c'est que votre projet de loi,
01:47:32 en réalité, il applique des mesures techniques
01:47:35 pour tenter de combler des carences,
01:47:37 mais il ne définit pas un nouveau souffle
01:47:39 par rapport à la pénibilité.
01:47:41 C'est un regret que j'ai.
01:47:42 Ma question est peut-être en lien avec celle du collègue.
01:47:45 Est-ce que vous entendez mettre des critères
01:47:48 de données psychiques ou de santé mentale
01:47:51 sur les critères qui existent d'ores et déjà
01:47:53 en matière de pénibilité ?
01:47:55 -Merci, M. le ministre.
01:47:57 -Sur la question du travail en général,
01:48:00 je pense que c'est à la fois un débat passionnant,
01:48:03 mais qui ne trouve pas forcément de réponse
01:48:05 dans des dispositions législatives.
01:48:07 C'est la place que l'on donne au travail dans une société.
01:48:11 Les discussions en cours dans le cadre des assises du travail
01:48:14 sont passionnantes, mais difficiles aussi.
01:48:17 C'est-à-dire la difficulté à passer d'un constat,
01:48:20 d'un énoncé de principe, à des dispositions
01:48:22 qui peuvent avoir un caractère très technique,
01:48:25 mais qui sont nécessaires pour changer les choses
01:48:28 ou les orienter. On a ce travail à faire.
01:48:31 Il faut que des propositions puissent trouver place
01:48:34 dans les débats qu'on aura au printemps et à l'été
01:48:37 pour faire en sorte que ces questions
01:48:39 relatives à la qualité et aux conditions de vie au travail
01:48:43 puissent être abordées,
01:48:44 en même temps que les conditions de qualité
01:48:47 et de vie au travail, dans un environnement qui a changé,
01:48:50 qui se caractérise souvent par un éclatement
01:48:53 des lieux de travail, avec le recours au télétravail,
01:48:56 ce qui nécessite aussi de changer la possibilité
01:48:59 de faire des échanges syndicaux et à des instances de représentation.
01:49:03 Sur les risques psychosociaux,
01:49:05 puisque vous avez abordé l'incapacité,
01:49:07 d'abord un point pour dire que la part des départs
01:49:11 pour incapacité liée à une situation
01:49:13 de difficulté de santé mentale augmente progressivement
01:49:17 et qu'un certain nombre d'éléments,
01:49:19 notamment de jurisprudence,
01:49:21 permettent de la prendre plus facilement en compte.
01:49:24 La difficulté qu'on a aujourd'hui
01:49:26 est d'objectivation de ce qui relève des risques psychosociaux
01:49:30 pour déterminer un départ.
01:49:32 Aujourd'hui, nous ne sommes pas en capacité,
01:49:35 faute de consensus sur ce sujet,
01:49:37 d'avoir des grilles permettant de faire des risques psychosociaux,
01:49:41 des critères de pénibilité ou de départ anticipé
01:49:44 qui soient mesurables et appliqués de manière collective.
01:49:47 Je fais un lien avec les départs pour incapacité.
01:49:50 Les facilités, c'est faire en sorte
01:49:53 que les salariés qui ont un taux d'incapacité
01:49:56 de 10 à 20 % puissent avoir droit à un droit automatique
01:49:59 au départ anticipé et considérant que l'attribution d'un taux
01:50:03 à 20 % vaut à vie médicale définitive.
01:50:05 Entre 10 et 20 %, nous allons beaucoup simplifier
01:50:08 les process administratifs, mais aussi diminuer,
01:50:11 en passant de 17 à 5 ans, la durée d'exposition
01:50:14 à une situation pénible, telle que prévue par la loi,
01:50:18 pour faciliter des départs en incapacité
01:50:20 pour des personnes malheureusement victimes de l'usure.
01:50:24 -Journaliste. -Merci, madame la présidente.
01:50:27 Monsieur le ministre, chers collègues,
01:50:31 en 2014 a été créé le C3P,
01:50:34 le Compte personnel de prévention de la pénibilité,
01:50:37 un dispositif bien connu permettant aux salariés
01:50:40 exposés à des conditions de travail difficiles
01:50:43 de gagner des points, un temps partiel sans baisse de salaire
01:50:46 ou un départ à la retraite anticipée.
01:50:49 En 2017, votre nouvelle majorité a remplacé ce C3P
01:50:53 par le Compte professionnel de prévention C2P.
01:50:56 En plus de la suppression du mot "pénibilité"
01:50:59 dans la dénomination de ce compte,
01:51:01 au lieu de mieux prendre en compte la pénibilité,
01:51:04 vous avez retiré plusieurs critères,
01:51:07 risque chimique, vibration mécanique, posture pénible,
01:51:10 et port de charges lourdes.
01:51:12 Sous couvert de supprimer une usine à gaz,
01:51:14 vous avez créé une usine à mirage.
01:51:16 Comme l'évoquait ma collègue, la Cour des comptes a indiqué
01:51:20 que le Compte professionnel de prévention
01:51:23 est voué à n'exercer qu'un effet réduit,
01:51:25 sans impact sur la prévention,
01:51:27 et qu'il n'est pas à la hauteur des objectifs
01:51:29 qui lui étaient assignés,
01:51:31 dans un contexte où l'âge de départ en retraite
01:51:34 recule par ailleurs.
01:51:35 Les syndicats sont opposés à cette réforme des retraites
01:51:38 et sont bien conscients que la pénibilité au travail
01:51:41 est loin d'être reconnue et que les dispositifs existants
01:51:45 ont été affaiblis par votre majorité depuis 2017.
01:51:48 A de nombreuses reprises, vous avez répété,
01:51:50 "Votre texte sur les retraites permettrait une amélioration
01:51:54 "de la prise en compte de la pénibilité.
01:51:56 "Il n'en est rien."
01:51:57 Ainsi, dans votre PLFSSR,
01:52:00 vous auriez pu au moins réintégrer
01:52:02 les facteurs de risque supprimés en 2017.
01:52:05 Au lieu de cela, vous avez relancé l'usine à mirage
01:52:08 en évoquant les retraites à 1 200 euros pour tous.
01:52:11 Nous nous opposons à cette réforme
01:52:13 pour préserver des années de vie en bonne santé
01:52:15 pour tous les travailleurs,
01:52:17 et pour ceux qui vivent de la pénibilité au travail.
01:52:20 Alors que l'ensemble des syndicats s'opposent
01:52:22 à cette réforme et demandent la réintégration
01:52:25 des critères de pénibilité,
01:52:26 quand allez-vous ouvrir le dialogue social
01:52:29 sur les retraites et sur les pénibilités
01:52:31 et quand allez-vous réintroduire ces critères supprimés ?
01:52:34 Je vous remercie.
01:52:35 -Je vous remercie. M. le ministre.
01:52:37 -M. le député, vous évoquez la réforme de 2014,
01:52:40 celle qui a augmenté la durée de cotisation requise
01:52:43 pour avoir accès au taux plein.
01:52:45 C'est toujours utile de rappeler
01:52:47 qui a voté cette réforme.
01:52:48 Si c'était à refaire, nous ferions la même chose
01:52:51 que ce que nous avons fait en 2017.
01:52:53 Les 3 critères ergonomiques faisaient,
01:52:55 dans le cadre de cette réforme,
01:52:57 l'objet d'une quantification individuelle.
01:53:00 C'était impossible, notamment pour les entreprises.
01:53:02 Nous avons acté le fait, avec cette réforme
01:53:05 et le PLFSSR que je présente devant vous,
01:53:07 que, en matière de port de charge,
01:53:10 d'exposition aux postes sur pénibles
01:53:12 et d'exposition aux vibrations,
01:53:14 la mesure totalement individuelle n'est pas possible,
01:53:17 un délogue social de branche
01:53:19 et des mesures collectives de prévention
01:53:21 assortie d'un suivi individuel, médical renforcé,
01:53:24 tel que je l'ai défini.
01:53:25 C'est la 1re chose que je voulais souligner.
01:53:28 La 2e, c'est que ce texte ne permet pas
01:53:30 d'améliorer la prise en compte de la pénibilité.
01:53:33 Quand on améliore les possibilités,
01:53:35 qu'on élargit les possibilités d'obtention de points,
01:53:38 qu'on revalorise la valeur des points,
01:53:40 qu'on crée des utilisations nouvelles de droits,
01:53:43 et qu'on fait en sorte que les polis exposés
01:53:46 soient vus comme tels,
01:53:47 et qu'on fait en sorte que les 3 critères ergonomiques
01:53:50 sortis en 2017 soient en nouveau,
01:53:52 avec des accords de prévention
01:53:54 pour 1 milliard d'euros,
01:53:56 et un suivi médical, c'est aussi une amélioration.
01:53:59 Vous pouvez considérer que c'est insuffisant,
01:54:01 mais vous ne pouvez pas dire que ça n'est rien.
01:54:04 Enfin, le dernier critère,
01:54:06 l'exposition au risque chimique,
01:54:08 c'est un parti pris qui peut être à discuter,
01:54:10 mais nous considérons que ça ne relève pas là
01:54:13 de la pénibilité, mais de la sécurité.
01:54:15 L'objectif est de respecter l'intégralité des normes
01:54:18 et de faire en sorte qu'il n'y ait pas d'exposition,
01:54:21 le moins souvent possible,
01:54:23 car il faut être réaliste par rapport à la réalité
01:54:26 des conditions de travail,
01:54:27 mais d'être dans une logique d'interdiction de l'exposition
01:54:30 et de respect des normes plafond,
01:54:32 telles que définies par la France et l'Union européenne.
01:54:36 -Je vous remercie pour la 2e série de questions.
01:54:40 La parole est à M. Jean-Claude Raux,
01:54:42 pour le groupe écologiste NUPES.
01:54:45 -Merci, Mme la présidente.
01:54:46 Dans une société que je n'appelle pas de mes voeux,
01:54:49 où on demanderait sans discernement
01:54:51 à tout le monde de travailler 2 ans de plus,
01:54:54 parmi les questions que cela me pose,
01:54:56 je m'interroge sur les portes de sortie.
01:54:58 Quand ce sera pour incapacité permanente,
01:55:01 il sera déjà trop tard,
01:55:02 et il s'agira d'un échec cuisant de la prévention.
01:55:06 Tout à l'heure a été évoqué
01:55:08 le besoin de temps de respiration dans une carrière,
01:55:11 mais parfois, ce sont des temps de réorientation
01:55:14 qui s'imposent, me semble-t-il.
01:55:16 La pénibilité, ce n'est pas juste avec son corps,
01:55:18 même si souvent, c'est lui qui donne le 1er signal d'alerte.
01:55:22 Dans de nombreux métiers, les risques d'usure
01:55:24 sont peut-être moins flagrants, mais bien réels.
01:55:27 Vous avez apporté des exemples concrets.
01:55:29 Je vais en apporter d'autres.
01:55:31 Un ou une professeure des écoles,
01:55:33 un ou une enseignante au bout du rouleau,
01:55:35 vous en conviendrez, ne sont plus utiles pour personne.
01:55:38 Quelle porte de sortie ?
01:55:40 Une infirmière, une aide-soignante
01:55:42 pour les restructurations, les remplacements
01:55:44 liés au manque de personnel ?
01:55:46 Un maçon, un travailleur de la logistique,
01:55:48 une coiffeuse usée par l'exercice
01:55:50 ou les conditions d'exercice de leur métier ?
01:55:53 Des travailleurs sociaux découragés par la dureté
01:55:56 et l'ampleur de la tâche et le manque de moyens ?
01:55:58 Donc, quelle alternative à ce qui se passe couramment,
01:56:02 c'est-à-dire aux arrêts maladie à répétition
01:56:05 ou au chômage longue durée ?
01:56:06 Vous avez évoqué un congé de reconversion
01:56:09 avec le maintien du salaire à 100 %,
01:56:11 à qui s'adressera-t-il ?
01:56:12 S'agira-t-il d'une liste restrictive ou plutôt ouverte ?
01:56:17 Quand sera-t-il déclenché ?
01:56:18 Combien de fois ?
01:56:20 Et enfin, faut-il en faire un outil central
01:56:23 de la formation tout au long de la vie ?
01:56:25 Et repensez le CET, inopérant et objet de nombreuses dérives.
01:56:28 -Merci, monsieur le ministre.
01:56:30 -Merci, madame la présidente.
01:56:32 Une réponse en trois points,
01:56:33 sur le congé de reconversion.
01:56:35 Nous souhaitons, d'une part,
01:56:37 qu'il soit une utilisation de droits
01:56:39 titulaire d'un C2P et nourri par des points de C2P.
01:56:41 Et dans ce cas-là, y compris du fait du déplafonnement,
01:56:45 il n'y a pas de limite
01:56:46 sinon d'avoir suffisamment de points
01:56:48 pour pouvoir accéder à cet outil de reconversion
01:56:51 avec financement de la formation et maintien de la rémunération.
01:56:54 Ca, ça concerne les salariés titulaires d'un C2P.
01:56:57 Bien évidemment, les branches,
01:56:58 dans le cadre des discussions d'accord de prévention
01:57:01 autour des critères ergonomiques, pourront, si elles le souhaitent,
01:57:05 inscrire ce type de congé de reconversion
01:57:07 dans le cadre de leur utilisation et déboucher possible
01:57:10 de ces accords de prévention.
01:57:12 Ca, c'est la première chose.
01:57:13 Ca peut être un outil central,
01:57:15 mais c'est un outil central de reconversion
01:57:17 pour des salariés exposés à des critères de pénibilité.
01:57:20 Ca ne nous couvre pas, quand je dis cela,
01:57:23 des salariés qui ne sont pas exposés à des critères de pénibilité,
01:57:26 quantifiables, mais qui peuvent, à un moment de leur vie,
01:57:29 avoir besoin d'envisager une reconversion
01:57:32 et pour lesquels on doit aussi faciliter
01:57:34 des dispositifs de transition professionnelle
01:57:37 plutôt que celui de la pénibilité, de la formation tout au long de la vie.
01:57:40 Deuxième chose, c'est que, parmi un certain nombre d'exemples,
01:57:44 il y a des agents publics qui, à la fin de leur carrière,
01:57:47 peuvent être fatigués, et je dis "fatigués" plutôt "cusés",
01:57:50 car ça peut recourir à plein de situations différentes.
01:57:53 Ne plus être en mesure de pouvoir faire face
01:57:55 à une activité à temps plein, telle qu'ils le font aujourd'hui.
01:57:59 Ca nous a amené à prévoir l'ouverture à la fonction publique
01:58:02 du dispositif de retraite progressive,
01:58:05 l'âge d'ouverture des droits, tel qu'il existe dans le privé.
01:58:08 Nous voulons l'assouplir dans le privé et le créer dans le public
01:58:12 pour permettre de décélérer, sans remettre en cause
01:58:15 la capacité à acquérir des durées de cotisation.
01:58:17 Vous avez parlé du compte épargne-temps.
01:58:20 Si c'est ce que vous voulez évoquer, CET, je vous en ai de sûr.
01:58:23 On a un très beau chantier, je crois,
01:58:25 qui doit faire l'objet d'une négociation interprofessionnelle,
01:58:29 ce qui relève de l'article 1 du Code du travail
01:58:31 autour du compte épargne-temps universel
01:58:34 qui soit portable d'un employeur à l'autre
01:58:36 pour que l'utilisation des jours accumulée
01:58:39 puisse être décidée par les salariés tout au long de la vie,
01:58:42 pas uniquement pendant leur période de salariat.
01:58:45 -Merci, monsieur le ministre.
01:58:46 La parole, pour le groupe Les Républicains,
01:58:49 est à monsieur Francis Dubois.
01:58:51 -Oui, monsieur le ministre.
01:58:53 Je souhaite vous interroger sur le statut des secrétaires de mairie
01:58:56 dans les petites communes, notamment en milieu rural.
01:58:59 Maillon essentiel incontournable de la vie communale.
01:59:03 Les secrétaires de mairie sont l'appui technique et juridique
01:59:06 des maires et participent à la mise en oeuvre de politiques
01:59:09 de l'équipe municipale.
01:59:11 C'est un emploi qui nécessite des compétences multiples,
01:59:14 finance, gestion des services, ressources humaines,
01:59:17 urbanisme, état civil, organisation des élections,
01:59:20 accueil du public.
01:59:21 Le secrétaire de mairie doit faire preuve
01:59:24 d'une grande adaptabilité, de polyvalence,
01:59:26 d'organisation, et ce, d'autant en milieu rural
01:59:29 comme en Corrèze, où très souvent,
01:59:31 il est le secrétaire de mairie.
01:59:33 Malgré un profil complet et un rôle décisif
01:59:36 dans la bonne vie de la commune, la reconnaissance de cette fonction
01:59:39 n'est pas en adéquation avec les dispositions statutaires.
01:59:43 Les missions sont mal définies, les agences sur le départ
01:59:46 sont systématiquement remplacées par des adjoints administratifs
01:59:49 de catégorie C, titulaire ou contractuel,
01:59:52 et le protocole parcours professionnel carrière et rémunération,
01:59:56 permettant une refonte des grilles de salaire,
01:59:58 n'a pas pu bénéficier au secrétaire de mairie.
02:00:01 Il faut mieux reconnaître ce métier dans un contexte de tension
02:00:04 sous les effectifs et de vieillissement des agents.
02:00:07 Une récente proposition de loi transpartisane,
02:00:10 initiée par notre collègue Pierre Morel-Aluissier,
02:00:13 visant à revaloriser le métier de secrétaire de mairie,
02:00:16 propose de faire évoluer l'appellation de cette profession
02:00:20 en responsable de l'administration communale
02:00:23 et de créer un statut d'emploi comprenant 2 grilles indiciaires.
02:00:26 Il propose, pour pallier aux difficultés de recrutement,
02:00:30 d'élargir la possibilité pour les communes de recruter
02:00:33 des agents contractuels en relevant le plafond démographique
02:00:36 en-dessous duquel ce recrutement est ouvert de 1 000 à 2 000 habitants.
02:00:40 Il envisage aussi la mise en oeuvre avec le CNFPT
02:00:45 de formations spécifiques dont au titre de la prise de poste.
02:00:49 Ces formations seraient utiles, en particulier pour les contractuels.
02:00:53 En conséquence, je vous demande, monsieur le ministre,
02:00:56 si, en écho à cette initiative parlementaire,
02:00:59 votre ministère entend revoir les statuts de secrétaire de mairie
02:01:02 des petites communes et si ces décisions seront prises en vue
02:01:06 afin d'assurer une reconnaissance à ce métier.
02:01:08 Je vous remercie. -Merci.
02:01:10 Vous avez la parole.
02:01:12 -On s'éloigne du champ de la pénibilité, monsieur le député.
02:01:15 Mais plus sérieusement, cette question des statuts
02:01:18 des agents communaux et notamment des secrétaires de mairie
02:01:22 relève de mon collègue Stanislas Guérini,
02:01:24 en charge de la fonction publique,
02:01:26 et de Dominique Faure, en charge des collectivités.
02:01:29 Je suis en charge de la fonction publique,
02:01:31 mais ça dépasse très largement mon champ de compétences ministérielle.
02:01:35 Je ne connais pas le détail de la proposition transpartisane
02:01:39 que vous avez évoquée, mais c'est impossible pour moi
02:01:42 de me prononcer, même si, comme vous,
02:01:44 élu d'un département rural et d'une circonscription
02:01:47 avec 92 communes, je sais la difficulté
02:01:50 et des mers pour recruter, et des secrétaires de mairie
02:01:53 pour assurer des tâches qui sont souvent multiformes
02:01:56 de temps partiel, parfois dans de petites communes,
02:01:59 et des élus qui comptent beaucoup sur eux,
02:02:01 et sur elles, parce que c'est une profession
02:02:04 extrêmement féminisée.
02:02:05 Mon collègue Stanislas Guérini pourra peut-être vous répondre,
02:02:09 mais je ne peux pas sortir de mon périmètre sur ce sujet.
02:02:12 -Merci, monsieur le ministre.
02:02:14 La parole est à monsieur Sébastien Bétavi
02:02:17 pour le groupe écologiste NUPES.
02:02:19 -Merci, madame la présidente.
02:02:21 Monsieur le ministre.
02:02:22 Il est pénible, finalement, d'avoir...
02:02:25 Enfin, d'entendre, depuis trois semaines,
02:02:28 de renvoyer à chaque fois une future loi de travail
02:02:31 qui arrivera après la loi retraite.
02:02:34 Il y a quand même beaucoup d'éléments là-dedans
02:02:37 qui nous auraient permis d'être éclairés
02:02:39 sur, justement, comment...
02:02:41 envisager les départs anticipés ou pas à la retraite.
02:02:47 Nous avons... Je regrette également
02:02:49 que vous n'ayez pas été présent lors des témoignages...
02:02:55 d'une aide à domicile
02:02:57 et d'un paysan, tout à l'heure.
02:03:00 J'ai cru, tant que vous étiez pas loin,
02:03:03 que vous aviez pu entendre ce qui avait été dit,
02:03:06 mais ça aurait été bien que vous ayez pu être présent là,
02:03:09 à côté,
02:03:10 pour reprendre un petit peu leur témoignage.
02:03:15 Alors, ce qui m'a marqué dans leur témoignage,
02:03:18 c'est que nous avons deux professions
02:03:20 qui sont isolées dans l'exercice de leur profession
02:03:25 et qui se retrouvent avec une grande attente,
02:03:28 que ce soit pour nourrir
02:03:31 tous les citoyens français
02:03:34 et pour pouvoir accompagner des personnes fragiles,
02:03:38 soit parce qu'eux âgés,
02:03:40 soit avec une situation de handicap.
02:03:43 Les deux ont pu relever
02:03:47 que, finalement, la médecine du travail
02:03:49 avait énormément de difficultés
02:03:52 à pouvoir reconnaître
02:03:54 tous les soucis de santé qu'ils peuvent rencontrer.
02:03:58 Il y a quand même, chez les paysans,
02:04:00 un taux de suicide qui est assez terrible
02:04:03 et que l'on entend à chaque fois
02:04:05 et devant lesquels on se retrouve...
02:04:07 Enfin, moi, pour venir d'une circonscription très rurale,
02:04:11 il y a quand même quelque chose qui, à chaque fois,
02:04:14 est terrible d'entendre ces situations.
02:04:17 Pour une aide à domicile,
02:04:19 quand on voit les temps partiels subis
02:04:22 et les amplitudes horaires très importantes,
02:04:25 et avec l'impossibilité,
02:04:28 parce qu'on voit comment est renvoyée à chaque fois cette idée
02:04:32 d'avoir, par exemple, des élèves malades,
02:04:36 et il y a des choses qui ne peuvent pas être mises en place.
02:04:39 Comment ces choses-là, concrètement,
02:04:42 peuvent être mises en place pour ces deux témoignages-là ?
02:04:45 Et ensuite, pour conclure...
02:04:47 -Très vite. -Oui, très vite.
02:04:49 Vous évoquez cette visite médicale autour de 40 ans
02:04:53 pour réfléchir à partir de là une réorientation.
02:04:58 C'est quand même dommage d'attendre que les corps soient abîmés
02:05:01 pour pouvoir leur en trouver un autre usage.
02:05:05 Merci.
02:05:06 -Merci. Pour vous répondre, monsieur Pétavy,
02:05:08 parce que d'autres collègues se sont posé la question,
02:05:11 ça n'a jamais été la pratique que le ministre soit présent
02:05:14 au moment de la table ronde.
02:05:16 Il faut construire en deux faces.
02:05:18 Peut-être qu'il faut faire évoluer, mais c'est la tradition.
02:05:21 Vous avez la parole.
02:05:22 -Merci. Monsieur Pétavy, je m'étais contenté
02:05:25 de le suivre par écran interposé, soit moi directement,
02:05:28 soit mes équipes, et je ne voyais pas de frustration
02:05:31 à parler d'une loi travail qui arrive,
02:05:33 puisque c'est la perspective d'avoir des débats à nouveau
02:05:36 et de vous retrouver les uns les autres
02:05:38 dans l'hémicycle ou en commission.
02:05:40 Sur les deux questions, vous avez raison sur les aides à domicile.
02:05:44 C'est un secteur très particulier.
02:05:46 Comme exemple de différenciation sur l'exposition
02:05:49 aux conditions à l'usure professionnelle
02:05:51 pour les aides-soignants d'EHPAD,
02:05:53 avec ou sans rail, de manière simpliste,
02:05:55 ne vaut pas pour le domicile, ou très rarement,
02:05:58 puisque le niveau d'équipement à domicile
02:06:01 est moins important que dans les établissements.
02:06:04 C'est un énorme travail qu'ils nous font mener
02:06:06 pour voir comment, avec les partenaires sociaux,
02:06:09 les conditions de travail des aides à domicile
02:06:12 peuvent être améliorées.
02:06:13 Dire comment, comme ça, je ne le sais pas.
02:06:16 Si quelqu'un avait la solution la plus magique,
02:06:18 la plus efficace et la plus rapide,
02:06:21 tout le monde serait heureux de le mettre en oeuvre.
02:06:23 Sur les questions relatives à l'agriculture,
02:06:26 vous avez évoqué l'isolement et les suicides.
02:06:29 Une mission est en cours, qui confie à monsieur Lenoir,
02:06:32 et qui doit rendre ses conclusions bientôt,
02:06:35 puisque cette mission a été initiée il y a plus d'un an.
02:06:38 J'imagine qu'elle arrive au bout de ce travail-là.
02:06:41 Il y a quelques préconisations qui sont déjà faites,
02:06:44 et on a signé des sentinelles
02:06:46 pour permettre de prévenir au maximum ce risque de suicide.
02:06:51 Je fais une association d'idées
02:06:53 entre la profession d'agriculteur, les difficultés,
02:06:56 y compris en termes de risques psychosociaux
02:06:58 et d'exposition à l'usure,
02:07:00 pour dire que dans le cadre du texte que je vais présenter
02:07:03 il y a quelques jours,
02:07:05 il y a une disposition qui va permettre d'améliorer
02:07:08 la situation de retraités actuels de l'agriculture,
02:07:11 d'exploitants et d'indépendants, et les futurs retraités.
02:07:14 Les deux lois portées par André Chassaigne
02:07:16 prévoient une garantie de retraite minimum
02:07:19 dès lors que les exploitants agricoles ont une carrière complète.
02:07:23 Mais certains exploitants agricoles ne peuvent pas aller au bout
02:07:26 car l'usure les amène à un départ anticipé pour incapacité.
02:07:30 Les exploitants agricoles qui partent de manière anticipée
02:07:33 sont privés de l'accès à la garantie dite Chassaigne.
02:07:36 Dans le PLFSSR, il y a une disposition
02:07:39 qui dit que sera réputée complète
02:07:41 la carrière d'un exploitant agricole
02:07:43 dite Chassaigne d'une manière anticipée.
02:07:45 Sur les seuls retraités actuels, sans présumer du flux,
02:07:49 ce sont 45 000 retraités actuels
02:07:53 qui ne bénéficient pas de la garantie Chassaigne
02:07:56 et qui vont voir leur situation requalifiée
02:07:58 et disposer de cette garantie avec une amélioration moyenne
02:08:02 de 80 à 85 euros par pension, sachant que l'amélioration moyenne
02:08:05 de la loi Chassaigne dite Chassaigne 1
02:08:08 était autour d'une centaine d'euros,
02:08:10 donc on est dans les mêmes niveaux.
02:08:12 On doit faire un bon ton pour prendre en compte ces situations.
02:08:16 -Merci, monsieur le ministre.
02:08:18 Chers collègues, le débat est maintenant clos.
02:08:20 Je vais suspendre 3 minutes le temps d'installer
02:08:23 la prochaine table ronde pour le débat suivant.
02:08:26 [SILENCE]