«Nous n'étions pas à ses ordres» : Albert Gemmrich, membre du Comex, défend le management de Le Graët à la FFF

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Transcript

00:00 Bonsoir Albert Guimery.

00:01 Bonsoir Jacques.

00:02 Vous êtes le président de la Ligue Grand Est de football,

00:07 une ligue extrêmement importante,

00:10 et vous êtes surtout aussi, actuellement, membre du COMEX.

00:13 Alors, à l'occasion de ces derniers mois,

00:16 la Fédération Française de Football, via le COMEX,

00:19 a vécu une crise extrêmement importante,

00:24 avec le recul du temps, après les décisions qui ont été prises hier.

00:28 Comment vous pouvez revenir,

00:31 et comment vous avez analysé ce problème,

00:34 ce très mauvais moment pour le football français ?

00:37 Jacques, si je dis que c'était facile,

00:42 ce n'est pas possible.

00:43 C'était un moment très difficile,

00:46 un moment très dur pour tous les membres du COMEX,

00:48 mais également pour le football français.

00:50 Je crois qu'on était vraiment dans une crise,

00:53 qu'on a essayé de gérer au mieux.

00:56 Le football français, depuis dix ans, se porte bien,

01:01 mais cette crise nous a fait réfléchir,

01:05 et je pense que la décision d'arrêter de Noël-la-Grethe,

01:09 c'est une décision sage, réfléchie,

01:12 et je pense qu'il n'avait plus non plus le courage de continuer.

01:15 Est-ce qu'on peut imaginer, avec le recul, etc.,

01:20 qu'on aurait pu gérer le problème différemment,

01:22 avec un départ de Noël-la-Grethe beaucoup plus tôt ?

01:25 Est-ce qu'il y a eu un feuilleton qui, quelque part,

01:27 nous mettait tous mal à l'aise ?

01:28 Jacques, vous connaissez Noël-la-Grethe.

01:31 Noël-la-Grethe, c'est quelqu'un, je dois le dire,

01:34 c'est quelqu'un qui nous a apporté beaucoup

01:35 depuis qu'il est président de la Fédération française de football.

01:39 Juste quelques chiffres.

01:41 La fédération ne s'est jamais aussi bien portée qu'elle l'est actuellement.

01:46 Moi, qui suis président de la Ligue du Grand Est de football,

01:50 la fédération, avec l'apport et les conseils des membres du COMEX,

01:55 n'a jamais été aussi bien dotée,

01:59 en sachant que le football amateur touche aujourd'hui 104 millions d'euros.

02:03 C'est une somme très importante.

02:05 Par rapport à il y a quelques années, ce n'était même pas la moitié.

02:09 Et je pense que le football amateur est très satisfait des services qu'on lui rend,

02:13 parce que, je répète, notre rôle,

02:15 notre rôle à tous les membres du COMEX,

02:17 à tous les présidents de clubs, de districts et de ligues,

02:20 c'est d'être au service des clubs.

02:22 Et je pense que la fédération est au service des clubs.

02:24 Alors, on vous reproche quelque part, vous le savez,

02:27 Noël Legrès de s'en va,

02:29 Diamel Sanjac a démissionné.

02:31 On vous reproche quelque part de ne pas avoir démissionné également

02:35 l'ensemble du COMEX. Comment vous l'analysez ?

02:38 Jacques, depuis dix ans, personnellement, je suis droit dans mes bottes.

02:42 Je suis au service de la fédération, je suis au service des licenciés.

02:46 Et démissionner, ça ne m'est jamais venu à l'esprit.

02:50 Parce que quand je lis par-ci, par-là, que le COMEX,

02:54 c'est une chambre d'enregistrement, je suis désolé, je ne peux pas l'accepter.

02:57 Je ne peux pas l'accepter dans la mesure où tous les points qui passent

03:00 à l'heure du jour, je dis bien tous les points sont étudiés par les services

03:05 qui sont très compétents et par les élus concernés.

03:08 Alors, il n'y avait pas de... Pourquoi démissionner ?

03:11 Mes collègues et moi, on en a discuté ensemble.

03:13 On travaille, on fait notre travail.

03:16 Et je pense que pour l'instant, le travail est bien fait.

03:19 On s'entend bien entre nous, même si sans déjà qu'à démissionner,

03:24 ça le regarde. En tout cas, moi, je me sens bien dans cette équipe.

03:28 Alors justement, quand on parle de vous, Albert Gemmrich,

03:31 ancien joueur emblématique du Racing Club de Strasbourg,

03:34 il ne faut pas l'oublier, champion de France avec un entraîneur hors norme,

03:37 Gilbert Grest, on pourrait en parler pendant des heures.

03:40 Vous avez joué également au Girondins de Bordeaux.

03:43 Vous êtes international. Et quand on parle de vous,

03:48 on dit souvent le puissant Albert Gemmrich.

03:51 Vous avez beaucoup d'influence dans le football, quelque part ?

03:56 J'essaie d'apporter mon expérience d'ancien joueur, d'ancien coach,

04:01 d'ancien dirigeant au service du football.

04:03 Ancien international ?

04:05 Ancien international, cinq sélections.

04:07 Pour moi, c'est dommage, je n'en ai pas plus.

04:09 Mais Jacques, vous le savez, les cinq sélections, à vaincu.

04:13 Je n'ai pas perdu à ma chaîne Équipe de France,

04:15 ça, c'est pour la petite boutade.

04:17 Mais en tout cas, j'ai eu la chance dans ma vie de faire un métier exceptionnel.

04:20 Aimé Jacquet me disait un jour, c'est un des plus beaux métiers au monde.

04:24 Et je pense qu'il a raison.

04:25 Et on doit beaucoup, je dois tout au football.

04:27 C'est pour ça que je me suis inscrit comme dirigeant dans ce milieu associatif.

04:33 Je voudrais rendre au football ce qu'il m'a donné.

04:36 Vous n'avez jamais imaginé, en rentrant chez vous en Alsace,

04:40 après une réunion ici à Paris, vous n'avez jamais imaginé,

04:44 allez, je démissionne, j'en peux plus, c'est trop dur, j'ai fait le maximum.

04:49 Jamais ça vous a effleuré l'esprit ? Jamais ? Jamais.

04:52 Jamais. Jamais. Jamais.

04:54 Parce que je vous dis, je n'ai rien à cacher.

04:56 Je passe entre 6 et 7 heures par jour au service du football,

05:00 pour la Ligue, pour la Fédération et je n'ai jamais regretté quoi que ce soit.

05:03 Au contraire, je suis très motivé pour continuer.

05:06 Alors justement, qu'est ce qui va se passer maintenant ?

05:08 Parce que là, au moment où on parle, ce soir sur Europe 1,

05:12 vous avez un nouveau président qui s'appelle Philippe Diallo,

05:16 président intérimaire, comme ça a été décidé par le COMEX, jusqu'au 10 juin.

05:22 Alors, quelles sont les échéances maintenant ?

05:24 Vous êtes quand même mieux placé quiconque pour nous dire,

05:26 voilà ce qui va se passer, normalement.

05:29 C'est vrai que Philippe Diallo a pris le relais de Noël de Grète,

05:32 c'est marqué dans les statuts.

05:34 C'est le vice-président qui devient président.

05:36 On en a discuté longuement hier avec lui,

05:38 avec tous les autres membres du comité exécutif.

05:41 Chacun a un rôle, comme on l'avait jusqu'à présent.

05:43 Je dirais, ça sera plus collégial que ce qui était prévu avant.

05:51 Mais parce que Noël de Grète, on le connaît tous, c'est un patron.

05:55 C'est un chef d'entreprise, dirigeant aussi, maire de Guingamp.

06:00 C'est quelqu'un qui a apporté beaucoup au football.

06:02 Président de la Ligue de football professionnel, il ne faut pas l'oublier aussi.

06:04 Il ne faut pas l'oublier.

06:05 C'est quelqu'un qui a vécu et je pense, bon, il garde sa place à la FIFA.

06:09 C'est pour moi, c'est une bonne chose.

06:12 La FIFA a besoin aussi de son expérience.

06:15 Mais en disant, j'ai beaucoup appris à son contact et je le remercie.

06:20 Même si nous n'étions pas toujours d'accord, Jacques.

06:22 On n'était pas toujours d'accord, mais on s'expliquait, on se parlait.

06:25 - Parce que vous faites partie, quand on regarde la composition du comex,

06:29 et je le dis parce qu'on se connaît depuis des années,

06:32 vous faites partie un peu des rebelles, si je peux parler comme ça, de ce comex.

06:36 C'est à dire que quand quelque chose ne va pas, vous l'avez carrément dit.

06:40 Vous n'étiez pas aux ordres.

06:41 Un jour, je vous ai dit en rigolant, Albert, tu es aux ordres du comex.

06:45 Et vous êtes mis en colère.

06:46 On peut le dire maintenant.

06:47 - On peut le dire, je me suis un petit peu énervé.

06:48 Oui, c'est mon tempérament, Jacques.

06:50 Depuis tout petit, j'ai mon caractère, un caractère qui n'est pas toujours facile.

06:54 Mon épouse pourra en témoigner, mais j'ai toujours œuvré pour le bien du football.

06:58 - Et donc, jamais vous avez envisagé de partir.

07:03 C'est vrai, mais qu'est ce qui va se passer maintenant?

07:05 C'est quoi le candrier?

07:06 Jusqu'au 10 juin, Philippe Diallo est président, quoi qu'il arrive.

07:09 Qu'est ce qui peut se passer?

07:10 - Qu'est ce qui peut se passer?

07:11 C'est qu'une convocation peut être entrepris par un votant pour l'Assemblée fédérale.

07:18 C'est une convocation.

07:19 Après, il peut y avoir éventuellement une révocation.

07:23 C'est marqué dans les statuts également.

07:26 Alors, on attend les directives.

07:28 Mais pour l'instant, comme vous disiez Jacques, Philippe Diallo, qu'on a appris à connaître,

07:33 c'est quelqu'un de qui est intelligent.

07:35 Et nous avons un très bon contact ensemble avec tous mes collègues.

07:39 Je pense qu'il a la capacité de gérer la fédération.

07:42 Et après, plus il y a finité.

07:44 - Alors, justement, plus il y a infinité.

07:45 Juste pour le moment, au moment où on parle, Philippe Diallo est président jusqu'au 10 juin.

07:51 Après, il y a ce qu'on appelle les élections pour terminer le mandat de Noël de Grete,

07:55 qui serait en décembre 2024.

07:57 Ça veut dire que là, il y a vraiment de nouvelles élections.

08:00 Mais il est possible que Philippe Diallo reste président jusqu'en décembre 2024.

08:05 - C'est possible.

08:06 Mais en attendant, il faut remplacer Noël de Grete au COMEX.

08:10 Il faut remplacer Jamel Sandjak au COMEX.

08:13 Et c'est des personnes qui vont être désignées par le COMEX

08:17 et qui doivent être validées à l'Assemblée fédérale le 10 juin.

08:21 - C'est-à-dire que là, au moment où on parle,

08:23 il y a deux personnes à remplacer.

08:24 Jamel Sandjak a démissionné.

08:26 Noël de Grete qui est parti.

08:29 Et là, ça passe par l'Assemblée fédérale.

08:30 Ça ne peut pas être une réunion du COMEX dans huit jours.

08:32 - Le COMEX peut proposer deux personnes, mais...

08:36 - Il faut l'assentiment là.

08:38 - In fine, c'est l'Assemblée fédérale qui décidera.

08:40 - Est-ce que ça a été l'un des plus durs moments de votre carrière footballistique ?

08:46 Si on mélange votre carrière de joueur d'international,

08:49 de joueur de Bordeaux, de joueur de Strasbourg,

08:52 dirigeant et président maintenant de la Ligue Grand Est,

08:56 qui est l'une des plus grosses ligues.

08:57 Et c'est pour ça qu'on dit souvent "le puissant Albert Ghemmerich".

09:00 C'est que vous représentez une ligue qui est très forte, etc.

09:05 Est-ce que ce que vous venez de vivre là,

09:07 c'était vraiment un des moments de stress les plus épouvantables ?

09:11 - Vous savez, vous avez raison que la Ligue du Grand Est, c'est une grande ligue.

09:14 C'est plus de 200 000 licenciés.

09:15 Ce n'est pas rien.

09:17 La quatrième ligue en France.

09:18 Mais c'est vrai que ces dernières semaines étaient très dures.

09:22 C'était très dur.

09:22 - Vous avez souffert ?

09:24 - Souffert, non.

09:25 Non, pas souffert, mais je me suis posé beaucoup de questions avec mes collègues du COMEX.

09:29 Mais souffert, non.

09:31 Il faut rester serein parce que c'est quand même le COMEX qui dirige le football français.

09:37 Nous n'avons pas le droit à l'erreur.

09:40 Et comme je disais tout à l'heure, nous sommes au service des clubs.

09:43 Parce que je dis souvent, quand dans mes discours, que les bénévoles,

09:47 les bénévoles ont beaucoup plus de mérite que nous.

09:50 Parce que eux, ils sont là du dimanche au lundi, du lundi au dimanche, 7 jours sur 7.

09:54 Moi, je leur tire un grand coup de chapeau, Jacques, si vous permettez.

09:57 C'était aussi, je profite du micro, de vous dire aussi que je les remercie du fond du cœur

10:02 pour ce qu'ils font pour le football français et surtout pour nos jeunes qui arrivent derrière.

10:06 - Vous êtes sur Europe 1. Merci Albert Gemmrich,

10:08 président de la Ligue Grand Est et membre du COMEX.

10:11 Pour la première fois, vous acceptez de parler parce que, en fait,

10:15 vous ne parlez pas beaucoup aux médias ces derniers temps, en tous les cas,

10:18 parce que les circonstances font que vous aviez besoin de prendre un petit peu de recul.

10:22 Mais il y a un élément qui m'a beaucoup plu dans nos propos off au téléphone,

10:27 quand on se parle tous les deux.

10:30 Vous maintenez et vous le dites sur votre honneur, etc.

10:34 Et moi, je vous crois, le COMEX n'est pas une chambre d'enregistrement.

10:39 Et nous n'étions pas, je m'excuse d'en payer le terme, aux ordres de Noël de Grète.

10:43 - On est d'accord. - Voilà, je voudrais qu'on en parle un petit peu,

10:46 parce qu'il y a tellement une rumeur là-dessus que ça devenait même usant et agaçant pour vous.

10:51 - On est d'accord, on est d'accord, Jacques. C'est pour ça que je répète, je répète,

10:55 nous sommes collégialement d'accord sur pratiquement tous les points.

11:01 Et si on n'est pas d'accord, il y a débat. Il y a débat entre nous.

11:04 Et à la fin, c'est le président qui a, c'est pour ça qu'il est président,

11:07 qui aura le dernier mot pour accepter ou désavouer l'avis du COMEX.

11:12 - Alors, vous n'êtes pas sans ignorer qu'à partir de maintenant,

11:17 il va y avoir je ne sais pas combien de candidats pour éventuellement remplacer Philippe Diallo,

11:22 que ce soit au mois de juin, que ce soit justement en décembre 2024.

11:26 Comment vous le vivez ce truc-là ? Vous le savez, vous le savez.

11:29 - Oui, je le vis sereinement. Il n'y a pas de souci de ce côté-là.

11:33 Les personnes qui sont intéressées par ce poste de président dans le futur,

11:37 il faut juste être licencié depuis six mois dans un club pour ne pas être rendre

11:40 à être président de la Fédération française de football.

11:42 - Et vous, vous étiez licencié où, pour l'anecdote ?

11:44 - Moi, je suis licencié à la Ligue du Grand Est de football.

11:47 - Ah non, vous n'avez pas un club ?

11:48 - Non, je n'ai pas de club parce que nous, on est une association.

11:50 - Et vous avez le droit d'être... Vous avez une licence ?

11:52 - J'ai une licence.

11:53 - Je ne vais jamais garder une licence de joueur au cas où.

11:56 - Non, non. Si, j'ai une licence, pardon Jacques, si j'ai une licence au CIF,

12:02 au CIF, au Club des internationaux français.

12:04 Je fais partie des anciens internationaux. Je fais partie du bureau.

12:07 D'ailleurs, je les salue mes collègues ce soir.

12:09 Et franchement, c'est aussi une association qui travaille beaucoup et surtout,

12:13 qui traite beaucoup pour aider les joueurs qui ont peut-être quelques petits soucis.

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