L'invité de RTL Matin du 06 mars 2023

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Regardez L'invité de RTL du 06 mars 2023 avec Amandine Bégot.

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00:00 Vous êtes sur RTL.
00:02 RTL matin
00:06 RTL 7h44, excellente journée à vous tous qui nous écoutez.
00:10 Amandine Bégaud, vous recevez ce matin donc Thierry Cotillard, le patron des mousquetaires.
00:13 Les mousquetaires, on le rappelle pour nos auditeurs, c'est plus de 3000 magasins en France, 150 000 salariés,
00:18 des enseignes qu'on connaît tous, notamment intermarché et netto.
00:21 Thierry Cotillard, on va bien sûr parler inflation et pouvoir d'achat dans un instant,
00:25 mais un mot d'abord de cette mobilisation contre la réforme des retraites.
00:28 Les routiers sont appelés à se mettre à l'arrêt depuis hier soir, 22h, appel pour une durée illimitée.
00:35 Est-ce que vous redoutez tout simplement des problèmes d'approvisionnement dans vos magasins ?
00:40 Écoutez, on ne sait pas ce qui va se passer, mais on a espoir que ça tienne.
00:43 En tout cas, on a du stock en point de vente, donc il n'y a pas d'inquiétude à avoir.
00:46 Les magasins seront ouverts et on devrait être en capacité à fournir tous nos consommateurs.
00:51 Donc pas de sujet, probablement une inquiétude sur l'essence,
00:55 parce qu'on a, comme tous les autres concurrents, le même appro,
00:58 donc si les raffinistes sont bloqués, on pourrait manquer d'essence en fin de semaine.
01:02 Peut-être une pénurie d'essence, pas de pénurie dans les rayons alimentaires.
01:06 Non.
01:06 Si ça devait durer, ce sera ?
01:08 On peut tenir, on a notre propre flotte en plus de transport, donc on tiendra.
01:13 On l'a prouvé pendant le Covid, on l'a prouvé à chaque crise, et donc ce sera encore le cas cette année.
01:17 Les risques de pénurie à la pompe, ça veut dire quoi ?
01:18 Que les auditeurs qui nous écoutent doivent aller faire leur plan là,
01:21 où ça va alimenter la pénurie ? C'est un peu toujours le risque, mais...
01:23 Il faut être serein, et puis appeler au civisme aussi si ça devait arriver.
01:28 J'espère que les comportements seront responsables pour que ça se passe bien,
01:32 et qu'il n'y ait pas d'émeute, comme on a connu certaines fois à chaque crise de ce type.
01:36 À propos de carburant, les magasins Leclerc ont proposé tout le week-end l'essence à prix coûtant.
01:40 Est-ce que vous aussi, dans vos magasins, vous réfléchissez à ce type d'opération ?
01:43 On le fait régulièrement, et on le fera encore cette année, bien évidemment.
01:47 On le fait en général pour les départs en vacances, on sait que c'est une attente des Français,
01:51 et on sait aussi répondre et se mettre margéro pour baisser le prix de ces départs.
01:56 Venons-en au pouvoir d'achat. Après, Systému, il y a un mois,
01:59 Carrefour a annoncé hier un panier anti-inflation.
02:02 Alors, Systému, c'était 150 produits, Carrefour, c'est 200 produits à 2 euros,
02:07 et vous, vous en lancez un autre, 500 produits anti-inflation.
02:10 On a un peu l'impression que chaque enseigne lance son panier,
02:13 et que c'est à celui qui fera le plus gros panier.
02:17 Alors, on était opposé à l'idée qu'on nous impose,
02:20 parce qu'on considère que le commerce ne doit pas être administré en France.
02:24 Et en fait, pourquoi 500 ? Nous, on a voulu chez Intermarché Netto
02:27 avoir une liste suffisamment large pour couvrir tous les besoins de nos consommateurs.
02:31 Ça veut dire que je vais pouvoir faire toutes mes courses, du petit-déjeuner au dîner,
02:34 en passant par les produits ménagers et tout, avec ces 500 produits ?
02:37 On a tout prévu, jusqu'au shampoing, etc.
02:40 À la différence de tous les autres distributeurs, c'est important de le dire,
02:42 on a nos propres usines, on en a 56, qui produisent les marques de distributeurs,
02:47 qui produisent nos marques intermarchées.
02:49 Et donc, on a fait le choix, contrairement aux autres,
02:51 de réduire la marge de l'industrie qu'on possède, mais également dans nos points de vente.
02:55 Et la somme de ça, normalement, c'est 500 produits qui, j'espère, seront les moins chers de France.
02:59 Donc, vous réduisez des marges sur les deux postes,
03:02 le poste industriel et le poste distributeur. De combien ?
03:06 Écoutez, ça va dépendre, mais dans certains cas, si je prends par exemple notre crème dessert,
03:10 notre chocolat, elle était à 90 centimes, elle sera à 73 centimes.
03:13 Donc, c'est de l'ordre de 20 %, donc ça va se voir au ticket de caisse.
03:17 Et c'est ça, la bonne nouvelle.
03:18 Et ce qu'on a considéré aussi, parce qu'on s'est adressé à nos consommateurs,
03:22 la vraie difficulté, c'est d'acheter des produits frais.
03:24 Il y a une vraie récession, le prix a explosé de la viande, du poisson.
03:28 On a la chance d'avoir nos bateaux, on a la chance d'avoir nos propres abattoirs,
03:32 donc on sera les seuls à proposer du poisson à moins de 10 euros, par exemple,
03:35 ce week-end, et ça va faire la différence, je pense, avec nos concurrents.
03:39 - Du poisson à moins de 10 euros, des fruits, des légumes également,
03:43 ce sera des produits français uniquement ?
03:44 - Oui, alors moi, je refais la méthode que j'avais eue pendant le Covid.
03:48 J'étais encore hier au téléphone avec Christiane Lambert, je lui ai dit
03:51 "quels sont tes sujets de surproduction ?"
03:53 Elle m'a parlé bien sûr des pommes, mais aussi des noix.
03:56 Donc, on appelle les coopératives et on fait des opérations à prix coûtant.
03:59 Ça permet de passer beaucoup de volume et d'aider le monde agricole.
04:02 Donc, on recommence dès ce week-end.
04:03 - Et c'est pas moins de revenus pour l'agriculteur, comme certains pouvaient être inquiets ?
04:06 - C'était la garantie qu'on donne, c'était l'inquiétude de la FNSEA.
04:09 Non, on part du prix que veut le producteur, on met marge zéro,
04:12 et ça permet d'être très attractif en prix pour le consommateur.
04:15 - Finalement, Thierry Cotillard, vous faites ce qu'avait demandé Emmanuel Macron,
04:17 c'est-à-dire réduire vos marges, c'est possible ?
04:20 - Oui, alors on est en train de le faire, mais ce qu'a peut-être oublié le Président,
04:24 et Bruno Le Maire est en train de le comprendre,
04:25 et on a des réunions qui sont constructives avec lui, c'est de se dire
04:28 "nous, on présente le ticket final, mais il y a toute une chaîne de responsabilités,
04:32 et il y a des industriels, puisqu'on sort des négociations, je peux vous en parler,
04:34 qui n'ont pas joué le jeu, il faut dire aux Français que les hausses étaient inéluctables,
04:40 produire dans les fermes coûte plus cher, les intrants, l'électricité,
04:44 fabriquer dans les PME coûte plus cher, et nous on a nos usines,
04:47 je vous le redis, on sait que c'est 6-7%...
04:49 - Donc vous savez c'est combien ?
04:50 - 6-7%, les PME sont venues avec des tarifs à 10,
04:54 et en général ça a fini à 8-9, en tout cas c'était raisonnable.
04:58 Là où il y a un problème, et j'allais dire même un scandale,
05:00 c'est des multinationales qui sont venues avec des hausses en moyenne de 17%,
05:04 c'était la première fois qu'il y avait autant d'écarts entre des multinationales et les PME,
05:08 et des industriels qui viennent avec des tarifs de 20-25% d'inflation sans les justifier,
05:13 ça nous a posé un problème, et ça a été des négociations...
05:15 - Quand vous dites multinationales, c'est qui ? C'est Coca-Cola, Procter & Gamble ?
05:19 - Ça fait partie de ces dossiers qui ont été difficiles,
05:22 on peut comprendre l'année dernière que la moutarde elle soit chère,
05:25 parce qu'il n'y a pas de graines de moutarde, il y a eu un problème climatique au Canada,
05:28 quand cette année l'industriel arrive avec des hausses de plus de 50% sur son pot de moutarde,
05:32 c'est inacceptable. - Il abuse !
05:34 - Il abuse, et j'espère que, en tout cas ça va faire l'objet de Réunion à Bercy,
05:39 j'espère qu'au moment où on parle il y a des hausses effectivement réelles,
05:43 mais il y a aussi des baisses, aujourd'hui le blé est à 240€ la tonne contre 420€,
05:48 le conteneur, le fameux conteneur qui ramène les produits d'Asie,
05:51 c'est plus 11 000€, c'est 2 000€, donc les baisses elles sont là,
05:54 donc on espère que le gouvernement va maintenant mettre la pression aux industriels,
05:58 pour que les baisses soient aussi effectives et qu'on renégocie.
06:00 - Mais concrètement qu'est-ce que peut faire le gouvernement ?
06:01 Vous avez rendez-vous à nouveau à Bercy avec les autres patrons de la grande distribution,
06:06 très concrètement qu'est-ce que peut faire Bruno Le Maire ?
06:09 Il peut dire aux industriels, parce que vous, vous ne pouvez pas, par exemple Coca,
06:13 on va prendre un exemple pour ne pas le nommer, il est juste cet exemple Coca abusé ou pas ?
06:17 - Il est juste et j'en ai un autre.
06:18 - Alors attendez, donc si vous vous dites à Coca, ok, bon ben tant pis,
06:21 vous voulez augmenter de 30, 40%, moi je ne trouve pas ça justifié, je ne prends plus de Coca.
06:24 Vous ne pouvez pas ne pas prendre de Coca dans vos magasins, c'est ça le problème.
06:27 - Vous avez raison.
06:28 - C'est pareil pour le Nutella, ça va être pareil pour les Couchpampers, enfin...
06:30 - Il y a des marques qui sont emblématiques et on ne peut pas ne pas les avoir,
06:34 puisqu'à ce moment-là, je vais dire, le consommateur il change de crèmerie
06:37 et il passe à la concurrence, donc le rapport de force n'est pas celui qu'on croit.
06:39 - Donc un ministre peut faire quoi ? Vous disiez, nous on ne veut pas que le gouvernement non plus
06:43 s'occupe de ce qui se passe dans les supermarchés.
06:45 - L'année dernière il y avait des hausses successives,
06:47 le ministre nous a demandé de renégocier, on veut la même chose.
06:51 - Redemander des nouvelles renégociations ?
06:53 - Exactement, il faut donner rendez-vous en juin ou juillet à tous les industriels
06:57 pour faire le point, l'électricité aura certainement baissé,
07:00 la matière première aura baissé, il faudra qu'on ait des baisses.
07:03 L'huile aujourd'hui, l'huile en matière première, elle baisse de 10%,
07:08 les industriels qui nous vendent de l'huile sont arrivés avec des tarifs de hausse de 10%.
07:12 C'est ça qu'on pointe du doigt et c'est ça qu'on veut renégocier, dès juillet, dès août.
07:16 - Ça veut dire que s'il y a des renégociations, les prix rebaisseront ?
07:19 - C'est l'objectif, bien sûr.
07:21 - Vous n'êtes pas complètement sûr ?
07:22 - Non, parce qu'en fait s'il y a un réel blocage, aujourd'hui on a signé le contrat,
07:26 donc pendant 12 mois on est liés, donc on espère que le poids politique,
07:30 et je sais que Bruno Le Maire s'empare du dossier,
07:32 j'espère que ça aboutira parce que les Français en ont besoin.
07:37 Et j'ai envie de vous dire, vous savez le Nesquik à 4,06, on en a une énorme envie,
07:41 à 4,86, je ne pense pas.
07:43 Donc l'industriel, il faut qu'il se méfie à un moment d'une décroissance à venir,
07:47 parce que quand c'est trop cher, les volumes s'arrêtent.
07:48 - Quand on parle grande distribution, course, on pointe souvent du doigt la grande distribution,
07:52 un peu comme le gros méchant.
07:54 Vous, ce que vous nous dites ce matin, le gros méchant ce sont les industriels, les gros industriels.
07:57 - Écoutez, ne mettons pas tous les industriels dans la même enveloppe.
08:02 Beaucoup d'industriels avaient des hausses qui sont justifiées, je vous l'ai dit,
08:05 des PME on a vite signé, quelques multinationales, ça a été dit hier sur un journal à grande écoute,
08:11 les profits de Procter & Gamble, c'est 20 milliards sur 80 milliards de chiffre d'affaires,
08:16 c'est donc 20%, 20% c'est une marge nette, nous ça correspond à peine à notre marge brute,
08:22 alors que payer les salaires, l'électricité, tout le reste,
08:24 et à la fin il nous en reste 1% ou 2%, voilà de quoi on parle.
08:27 - Une dernière question tirée quotidien, on entendait tout à l'heure sur RTL,
08:31 certains français qui disent être obligés de voler aujourd'hui en magasin,
08:36 pour faire face justement à ces augmentations de prises,
08:38 est-ce que c'est ce que vous constatez dans vos magasins ?
08:40 Est-ce que vous avez vu une flambée du nombre des vols à l'étalage ?
08:43 - Écoutez, on suit évidemment ça, ça s'appelle la démarque,
08:46 elle est en légère progression, ça dépend aussi des zones,
08:50 vous savez qu'il y a des zones qui sont certainement plus défavorisées que d'autres,
08:53 mais il ne faut pas en faire une généralité,
08:55 ce n'est pas en tout cas quelque chose qui est flagrant aujourd'hui en France.
08:59 - Merci beaucoup Thierry Cotillard.
09:01 des mousquetaires qui annonce notre...

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