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00:00 -Il y a eu un moment, moi, j'avais fait une petite réunion,
00:03 et il y avait une espèce de caisse de ravitaillement secours,
00:07 moi, qui me convenait, moyennement,
00:10 donc c'est pour ça que... -Qui a compris ?
00:13 -C'est quoi, la caisse de ravitaillement ?
00:15 -Ah, si, il y avait une caisse, et les restos gardaient
00:18 de l'argent, donc c'était...
00:20 Pour moi, je voulais suivre ce qu'avait fait Coluche.
00:24 Coluche, quand il y a eu de l'argent en trop,
00:28 à la fin, il en restait, il allait voir l'abbé Pierre
00:31 et il lui a fait un chèque de 7 millions de francs,
00:34 un truc comme ça, pour dire qu'on ne garde rien
00:37 de chaque saison et tout l'argent est reversé.
00:40 Et comme il y avait une caisse de secours,
00:42 je trouvais pas ça bien, donc c'est tout.
00:45 -C'est un fonds de roulement ? -Non, non, non.
00:48 Oui, c'est une espèce de fonds de roulement.
00:51 Et voilà. Bon, à l'époque, ça s'est passé comme ça,
00:55 et puis ils étaient suffisamment nombreux,
00:57 vous disiez que ce fonds n'était pas totalement transparent,
01:01 que vous auriez voulu qu'il soit converti en repas.
01:04 -Non, je n'avais pas de problème,
01:06 je n'avais pas de problème, sauf sur l'idée
01:09 de ne pas respecter la volonté de Coluche,
01:11 qui était de tout donner.
01:13 -C'était à quoi, l'argent ?
01:15 -C'est à quoi ? -C'est à quoi ?
01:17 -En fait, il y a un reliquat, visiblement, à la fin.
01:20 -De quoi ? -Une espèce de somme d'argent
01:24 conservée pour l'année d'après.
01:27 -Après les ventes de DVD ou après le concert ?
01:31 -Après les ventes de DVD, visiblement.
01:33 -Après tout. Une fois que tous les comptes sont faits,
01:36 il y avait une somme qui était conservée,
01:38 une somme de secours.
01:40 -Pour faire tourner l'association pendant un an,
01:43 les restos, les prêts ?
01:44 -C'est pas pour l'association, là, ce qu'il dit,
01:47 c'est pour les artistes. -Non, non.
01:49 -Moi, l'année où Coluche, malheureusement,
01:52 l'a fait qu'une fois, a fait ça,
01:54 ce reliquat, en plus, il l'a été directement,
01:58 voire l'abbé Pierre, et il lui a fait le chèque
02:01 de tout ce qui restait comme argent.
02:03 -Et les fois d'après, qu'est-il advenu de cette somme ?
02:06 -Elle était remise dans le panier pour la saison suivante
02:09 ou pour entretenir ce qu'il fallait entretenir,
02:12 parce que les restos, maintenant, c'est devenu un truc énorme.
02:16 -De guerre, oui. -Ce qui est extraordinaire
02:18 dans les restos, c'est tous les gens qui travaillent
02:22 au resto. Ca a sauvé leur vie à eux, déjà.
02:24 -Mais quelle était la somme, Jean-Marie ?
02:26 Quelle était la somme dont vous considérez
02:29 qu'elle aurait dû être employée autrement ?
02:31 Quel était le montant lors de la réunion ?
02:34 -Je sais pas, parce que c'était en ancien fond,
02:37 je vais me mélanger... -On va faire la cour d'erreur.
02:39 -Fois six, on sait faire. -Hein ?
02:42 -Fois six, facile. -Oui, oui.
02:43 -Et tu étais le seul à pas vouloir de cette caisse ?
02:46 -J'ai compris. -Tout le monde était OK,
02:49 finalement. -C'est-à-dire, personne
02:51 ne connaissait trop l'existence de cette caisse.
02:53 -Ah, donc c'était opaque, quand même.
02:55 -Non, non, non. -Une caisse noire.
02:57 -C'était inscrit. -Non, pas une caisse noire.
03:00 -C'est une histoire de ouf. -Elle commence pas à parler
03:03 de caisse noire. -C'était opaque, Jean-Marie.
03:06 -Non, il y avait rien d'opaque. -C'était pas opaque ?
03:09 -Euh... Voilà. Il y a beaucoup de sociétés
03:11 qui tournent sur les restos, bien entendu.
03:14 Tu vois, la société... -Il faut qu'elle s'y mette.
03:17 -Quelle société va produire le truc ?
03:19 Et quelle société va en tirer quelque chose ?
03:22 Même si c'est pas un bénéfice direct,
03:24 c'est en tout cas d'avoir la glorieuse de dire
03:27 "c'est moi qui organise ça".
03:28 La même chose, c'est-à-dire on va chez TF1
03:31 parce qu'ils vont donner moins d'argent à M6 qu'à TF1.
03:35 TF1, c'est la plus grosse offre, si tu veux.
03:37 -Pour comprendre, qu'est-ce qui te fâchait
03:40 avec le principe de garder cette caisse ?
03:42 Quel était ton problème, en fait, avec ça ?
03:44 -Il veut que ce soit à zéro.
03:46 -Si c'était 1 million de francs,
03:48 il aurait pu en reverser à une autre association.
03:51 -Si ça reste dans l'association, c'est bien aussi.
03:54 -Il aurait respecté l'esprit de Coluche.
03:56 -L'esprit de Coluche, c'était "on ne garde rien, on donne tout".
03:59 Et moi, ce qui me gênait, c'était qu'on donnait pas tout,
04:03 on en gardait. Mais au contraire,
04:05 j'ai même fait venir des gens
04:06 que le premier groupe des enfoirés
04:09 avait pas trop envie d'avoir, tout ça.
04:12 On parlait, par exemple, de Carlos,
04:14 qui était un grand ami de Coluche,
04:16 et on disait "non, ça fait un peu trop Godriol".
04:20 Je dis "quel Godriol ?"
04:22 Tu vois, qui, quoi,
04:24 donc même dans le choix des artistes,
04:26 et c'est encore pire,
04:28 parce que maintenant, tout le monde ferait n'importe quoi,
04:31 tuerait sa mère pour être dans l'équipe des enfoirés.
04:34 Disons que moi, j'avais pas besoin de ça.
04:36 -Il y avait une bonne ambiance ?
04:38 -Il y avait une ambiance... Moi, quand j'y étais,
04:41 les gens, ils appelaient Jean-Jacques Goldman
04:43 pour dire "je m'en fous de chanter,
04:46 "je vais faire le bus avec Jean-Marie",
04:48 parce que je faisais toutes les conneries possibles.
04:50 C'est-à-dire que quand il y avait un trou sur une ville,
04:54 parce qu'on faisait des concerts,
04:56 on faisait une vingtaine de villes en concert, tu vois,
04:59 dès qu'il y avait un problème technique ou un truc comme ça,
05:02 je montais sur un podium pour faire rigoler
05:05 les 5 000 personnes qui s'étaient entretuées
05:07 pour venir nous voir, des souvenirs merveilleux.
05:10 J'ai vu les saints de Zazie.
05:12 -Ah, non, non, non !
05:13 -Il faut bien voir.
05:15 -J'ai vu les saints de Muriel Robin, moi aussi.
05:17 -Ah !
05:18 -C'est-à-dire qu'on était deux bus de 24 places,
05:23 qui étaient pour les artistes.
05:25 Et les deux bus, j'ai organisé, mais c'était pas très...
05:28 -C'était en top place ?
05:29 -Non, mais c'était un truc super classe.
05:32 J'ai dit "on va doubler le bus,
05:34 "et puis une fois à hauteur de nos confrères,
05:37 "du deuxième bus, on va ouvrir les rideaux
05:39 "et on va leur faire une surprise",
05:41 comme si on leur faisait un spectacle.
05:44 Il y a un moment, on a doublé le bus,
05:46 tout le monde, Alain Souchon y compris,
05:48 qui est pas le plus gros gaudrioleur de la série.
05:52 On s'était tous mis allongés par terre,
05:54 en faisant croire que le bus était vide.
05:57 Alors, eux, ils nous redoublaient,
05:59 et puis ils mettaient...
06:00 Il y a un coup, David Hallyday avait les lunettes de soleil,
06:03 il était comme ça, la bouche ouverte,
06:06 et il conduisait comme s'il était endormi.
06:08 -Il faut le vivre.
06:09 -C'est vrai, un gag... -Je pense qu'il faut le vivre.
06:12 -La police, ça retenait.
06:14 -Prends que tu le vis, c'est pas pareil.
06:16 -C'est vrai que là, moi, j'étais pas saisi.
06:19 -Jean-Marie, l'anecdote est super,
06:22 mais revenons sur l'affaire d'argent.
06:24 Rires et applaudissements
06:26 -Vous m'avez mis la main à la cule.
06:28 Rires et applaudissements
06:30 -C'est pas du tout...
06:33 Je retire le terme "caisse noire",
06:35 mais on a quand même une somme.
06:37 Souvent, on reproche aux associations
06:39 d'avoir de trop grosses sommes en frais de fonctionnement.
06:42 Ca crée des problèmes.
06:43 -C'était même pas des frais de fonctionnement.
06:46 C'était une caisse de ravitaillement secours.
06:49 -Ca veut rien dire.
06:50 -C'est ce sur quoi je n'étais pas d'accord.
06:52 -Ah, voilà. C'était bidon. -C'est du OPAC.
06:55 -Moi, j'ai dit "vous tout donner, on n'en garde pas".
06:58 -D'accord.
06:59 -Maintenant, c'est clair. -J'ai rien compris.
07:01 -Il y a de l'argent qui restait à la fin,
07:04 dont la somme Jean-Marie était d'or,
07:06 et je dis "non, c'est plus rien".
07:08 -Et cet argent...
07:09 -Ca devait pas être loin
07:12 des 40 millions de centimes.
07:15 -400 millions de quoi ?
07:17 -C'est énorme.
07:18 -40 millions de centimes !
07:20 -Si vous nous rejoignez à 20h45,
07:22 il se passe un truc énorme dans les pistons.
07:24 -40 millions de centimes !
07:26 -On s'est culs !
07:27 -On s'est culs !
07:28 -On s'est culs !
07:29 -Attends, frérot.
07:31 400 millions, c'est combien ?
07:32 -400 millions de centimes,
07:34 c'est 400 000 boules.
07:36 -400 000, on se tient.
07:37 En euros, ça fait 400 000, on se tient.
07:40 -Ca fait 80 000 euros.
07:41 -Ca fait 80 000 euros.
07:42 -C'est rien.
07:44 -Allez, 80 000.
07:45 -C'est ça.
07:46 -Je crois que c'est plus.
07:48 -Mais Jean-Marie, cette somme,
07:49 elle a été gardée par des gens à leur profit
07:52 pour faire tourner la boutique pendant un an ?
07:54 Ca veut dire rien.
07:56 Vous avez eu raison de vous élever contre ça.
07:58 -Ca n'était pas justifié.
08:00 -Exactement.
08:01 -Il fallait tout donner à chaque fois.
08:03 -C'était pas le cas.
08:04 Il est vraisemblable que maintenant, c'est le cas.
08:07 Il est vraisemblable qu'ils aient changé leur fusil d'épaule.
08:11 J'ai fait réunir le conseil d'administration.
08:13 On en était une trentaine.
08:15 J'ai expliqué le truc, ce qui ne me convenait pas.
08:18 Et c'est tout. Il y avait Jean-Jacques,
08:20 il y avait tous les représentants de l'association.
08:23 -Attention de ne pas essayer de jeter l'opprobre sur les gens.
08:26 -Sûrement pas.
08:27 -Je parle pas à toi, je parle à Gilles.
08:30 Il y a des gens qui en ont besoin.
08:32 -C'est pas un endroit où tu cherches la merde.
08:34 -C'est vrai que Gilles Verdes cherche la merde.
08:37 -C'est important pour les gens.
08:39 -Il faut pas qu'il y ait un doute.
08:41 -Bien sûr.
08:42 -On en a besoin.
08:43 -Il faut absolument encourager plus que jamais
08:46 les restes du cas, évidemment.
08:48 -J'achète 10 albums.
08:49 -Il manque des albums.
08:50 -Non, je l'achète sans.
08:52 -Par exemple, un des plus grands trucs qu'a fait Coluche...
08:55 Applaudissements
08:57 ...
08:59 Tu sais, je vais quand même signaler...
09:01 -C'est un truc que j'adorais.
09:03 Coluche, j'ai pas eu la chance de le connaître personnellement,
09:07 mais il a fait un truc extraordinaire,
09:09 parce qu'il y a des gros sous qui se baladent un peu partout.
09:12 Il a fait rouvrir les frigos, justement, des gens qui,
09:15 en attendant des valeurs boursières meilleures,
09:18 stockaient du beurre, des trucs dont on a besoin.
09:21 Et il a dit que c'était ridicule,
09:23 il faut ouvrir ces frigos et donner à tout le monde.
09:26 Et j'ai trouvé que c'était un des gestes les plus forts
09:29 et les plus difficiles à faire.
09:31 Et c'est ce que Michel Coluche a fait.
09:35 [Musique]