Les confidences de Nadia Tereszkiewicz et Rebecca Marder, têtes d'affiche de "Mon Crime"

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Dans « Mon crime », en salle le 8 mars, François Ozon signe une fable théâtrale, étincelante et féministe dans le Paris des années 1930. Aux côtés des stars Isabelle Huppert, Dany Boon, Daniel Prévost, Fabrice Luchini, André Dussollier ou Dominique Besnehard, le réalisateur a mis sur le devant de sa scène deux étoiles montantes du septième art. Rencontre avec Nadia Tereszkiewicz et Rebecca Marder, têtes d'affiche de cette comédie française de très bon goût.

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Transcript
00:00 Elles sont deux jeunes femmes visionnaires, elles ont un siècle d'avance sur leur temps.
00:04 La fin justifie les moyens.
00:27 Moi j'ai un personnage, Madeleine elle est actrice, enfin elle rêve d'être actrice, ce qui est pas pareil,
00:32 mais elle rêve de Daniel Darieu, donc je pense que c'est quelqu'un de très rêveur.
00:36 Et j'aime la défendre, donc je pense que même si elle a un petit côté opportuniste,
00:41 je pense que tout ça c'est fait avec beaucoup de spontanéité,
00:44 elle a une forme de belle innocence, elle est drôle, elle a plein de malice,
00:49 puis du caractère, elle a du courage.
00:51 Moi j'incarne Pauline Moléon, qui est une avocate au chômage,
00:55 et une amie dévouée, complètement dévouée, même un peu offerte à qui voudra bien d'elle.
01:02 J'ai l'impression qu'elle est l'amoureuse déchue, enfin c'est la confidente,
01:05 elle elle se dit être la confidente, et elle fera tout pour amener Madeleine à ses fins.
01:11 C'est beau l'amitié je trouve justement, qui est dépeinte dans le film,
01:14 entre ces deux jeunes femmes là, parce que c'est...
01:17 On peut montrer deux femmes qui vivent dans le même appartement,
01:20 qui prennent des bains et qui dorment dans le même lit,
01:22 sans forcément qu'on explique quoi que ce soit, mais je pense que...
01:26 - Une vraie sororité. - Oui voilà.
01:28 Et Pauline est vraiment dévouée à son amie.
01:30 Complètement, parce qu'en plus justement François joue avec ce cliché,
01:40 au départ la blonde et la brune à la première lecture,
01:44 et justement ce côté actrice, avocate,
01:47 donc il joue avec l'image qu'on pourrait avoir au premier abord,
01:50 et en fait il s'avère que ces deux jeunes filles qui se complètent,
01:56 qui ont besoin l'une de l'autre, qui se soutiennent,
01:58 dès la première lecture j'avais envie de jouer ce duo,
02:00 c'est vraiment un duo et elles s'aiment vraiment.
02:03 Et puis on a besoin de ça, on a besoin d'une amitié féminine et de défendre,
02:08 et évidemment que ça existe, et que justement on est à la fois dans les années 30,
02:14 et en même temps il en joue François en déjouant justement cette rivalité féminine,
02:21 en montrant des filles qui s'allient pour échapper à leurs conditions et s'émanciper.
02:28 - Ah oui ? - Oui.
02:36 C'est une pièce des années 30, adaptée pour le cinéma,
02:40 mais adaptée par François Ozon, qui a insufflé à ce texte un côté féministe.
02:47 Il a d'ailleurs féminisé beaucoup de rôles qui étaient masculins,
02:50 et il a voulu parler d'un sujet qui fait vraiment écho aujourd'hui,
02:54 qui est la libération de la parole, les vieux mâles blancs dominants
02:58 qui entourent ces jeunes filles sont vraiment tournés au ridicule.
03:03 Et cette comédie est possible parce que je trouve le sujet est placé dans les années 30
03:08 et qu'on a le recul nécessaire pour se rendre compte que dans ces années-là,
03:11 les femmes n'avaient aucun droit ni de vote, ni de...
03:14 Elles n'avaient pas de chéquier, elles étaient complètement brimées.
03:17 Je pense que moi qui joue une avocate, je crois qu'il n'y avait pas d'avocate femme, ou alors très peu.
03:21 La comédie est possible parce que je pense qu'aujourd'hui,
03:25 un film comme celui-ci, ou en tout cas ce sujet traité en film contemporain,
03:29 enfin de nos jours, ne serait pas une comédie.
03:31 Et donc en fait ce recul et cette comédie permet de tourner en dérision
03:34 tout ce qui nous arrive aujourd'hui.
03:38 Et bien sûr on a avancé depuis ces années-là, depuis les années 30,
03:42 mais quand même le chemin est long et ce film nous le montre, je crois.
03:47 Je pense aussi que ce sont deux jeunes femmes visionnaires.
03:49 Enfin elles ont un siècle d'avance sur leur temps.
03:52 La fin justifie les moyens.
03:54 Et toute chance est bonne à saisir pour changer les choses.
04:00 Donc elles sont... Ouais, c'est visionnaire.
04:01 Elle fait abouger le statut des femmes.
04:04 Elles disent que c'est possible par des événements qui font que malgré elles,
04:08 elles arrivent à une prise de conscience et elles arrivent à avoir une parole,
04:12 alors qu'elles n'avaient pas accès à cette parole.
04:14 C'était incroyable de se retrouver face à ces monstres sacrés,
04:22 pareil, qui ont bercé notre jeune cinéphilie.
04:27 Non mais c'est vrai, c'est quand même incroyable.
04:29 C'est une chance, c'est un honneur de pouvoir jouer avec ces acteurs.
04:33 Et puis c'est inspirant.
04:34 Et ça, c'est aussi François Ozon qui permet ça.
04:38 C'est qu'il a ce don aussi pour mélanger les familles de cinéma
04:41 et pour faire qu'on soit en même temps tous sur la même note.
04:45 Moi, j'ai été saisie par ça au premier visionnage du film,
04:49 de voir à quel point il n'y a pas de numéros d'acteurs.
04:52 Ce ne sont pas les guest stars qui arrivent et qui font leurs numéros d'acteurs.
04:57 J'ai vraiment l'impression qu'on était tous, il y a une espèce d'homogénéité.
05:00 C'est un film de troupe, c'est un vrai film de troupe.
05:02 Et pour nous, c'était incroyable,
05:04 qui est en plus verte quand même que tout cela,
05:06 d'être là de A à Z dans le processus de création du film,
05:09 parce qu'on était là tous les jours sur le tournage,
05:11 et de voir défiler jour après jour des stars, des acteurs incroyables,
05:16 et qui étaient très généreux, et qui avaient tous une énergie de travail.
05:19 Comme François insuffle cette énergie de travail un peu ovniesque.
05:24 Ils avaient tous, c'était très inspirant.
05:26 [Musique]

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