Circo - Caroline Janvier en lutte contre la surexposition des jeunes enfants aux écrans

  • l’année dernière
En moyenne un enfant de zéro à 2 ans est exposé 3h et 11 minutes par jour aux écrans (source : Ipsos pour l'Observatoire de la parentalité et de l'éducation numérique (Open) et l'Union nationale des associations familiales (Unaf), février 2022.)
Un temps d'écran excessif dont les conséquences sont souvent sous-estimées : fatigue, manque d'attention et surtout troubles du langage et du comportement.
La députée Renaissance du Loiret Caroline Janvier a déposé une proposition de loi pour lutter contre la surexposition des enfants aux écrans. Comment mieux informer les parents, mieux former les enseignants et professionnels de la petite enfance ou de santé ou encore agir auprès des industriels ?
Nous avons suivi Caroline Janvier dans une école et chez une pédiatre qui propose une consultation unique en France consacrée à l'addiction des enfants aux écrans.

Un reportage de Hélène Bonduelle / Images : Marion Devauchelle / Montage : Claire Vigarello

Pour plus d'information, consultez le site du collectif Cose : http://www.surexpositionecrans.org/

C'est une partie essentielle du travail parlementaire qui est de nouveau mise en lumière à travers ce reportage où les journalistes de la rédaction suivent un député dans sa circonscription pour expliquer son travail sur le terrain. C'est aussi un voyage sur un territoire, avec ses enjeux locaux, et une rencontre avec ses habitants. Suivez votre député sur LCP !

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Transcription
00:00 Quand on regarde trop d'écrans, quand on est petit,
00:02 qu'est-ce qui se passe ?
00:03 -On a mal aux yeux.
00:05 -Tu as raison. Qu'est-ce qui se passe d'autre ?
00:07 -On a... Notre cerveau, il comprend rien.
00:11 -Exactement. Votre cerveau,
00:12 il y a beaucoup d'images dans la tête,
00:15 et il comprend plus bien ce qui se passe.
00:17 Il ne retient plus les choses.
00:19 Musique douce
00:21 ...
00:24 -Je suis Caroline Janvier, députée Renaissance
00:27 de la deuxième circonscription du Loiret,
00:30 et je travaille sur la surexposition
00:33 aux écrans des enfants.
00:34 Les enfants passent, en moyenne, pour les 0-2 ans,
00:37 3h11 par jour devant un écran,
00:41 et ça a un effet sur les apprentissages scolaires,
00:44 notamment. Donc voilà, c'est mon combat.
00:46 Musique douce
00:49 -Ce jour-là, à Orléans,
00:52 dans une école maternelle de sa circonscription,
00:55 Caroline Janvier insiste
00:57 à une séance de sensibilisation aux écrans.
01:00 -Encore 5 minutes.
01:02 -Je vous ai mis des affiches
01:03 avec des situations avec une famille
01:07 qui utilise beaucoup les écrans.
01:09 Est-ce qu'ils se parlent entre eux ?
01:10 -Non. -Ils font des choses ?
01:12 -Non. -Et les plus petits ?
01:13 Lui, là, il est devant la télé, il s'endort.
01:16 En plus, c'est peut-être pas adapté à son âge.
01:19 -Il est fatigué. -Il a l'air fatigué.
01:21 -Il a l'air fatigué.
01:22 -Ca se trouve, en plus, il devrait être au lit.
01:25 -Parfois, je regarde un film d'horreur.
01:29 -Oh !
01:30 -Et après, tu fais des cauchemars ? -Oui.
01:32 Musique douce
01:34 -Des élèves de 5 ans, déjà régulièrement exposés,
01:38 non seulement à la télévision,
01:41 mais aussi aux tablettes,
01:43 aux smartphones.
01:44 -Quand on les interroge, on se rend compte
01:46 que c'est très présent. C'est devenu anodin.
01:49 Anodin, c'est des écrans.
01:52 Oui, ça fait partie de la vie.
01:54 Ca se passe dans quelle pièce ?
01:56 -Et les conséquences de cette exposition,
01:59 cette enseignante les repère immédiatement.
02:02 -Ce qu'on a constaté, c'était au niveau de la concentration,
02:05 de l'attention, de la disponibilité lors d'une activité
02:09 qui est très courte.
02:10 Et on relie ça, justement, à l'exposition des écrans.
02:14 -Tu fais des colères, parfois ?
02:16 -Oui.
02:17 -Quand on éteint la télé ? -Oui.
02:19 -Ah oui ?
02:21 Musique douce
02:22 -Caroline Genvier porte une proposition de loi
02:25 pour limiter ces temps d'écran.
02:27 Et ce n'est pas pour rien
02:28 si elle s'adresse avant tout aux plus jeunes.
02:31 -Plus vous êtes un utilisateur précoce
02:35 de ces équipements-là,
02:37 plus vous serez un utilisateur compulsif
02:40 ou en tout cas important.
02:41 Évidemment, quand à l'école,
02:43 on peut avoir des instituteurs qui parlent de ça,
02:46 qui éduquent aussi au bon usage
02:49 et au pas trop d'usage, ça change tout.
02:51 Musique douce
02:52 ...
02:54 -Et en primaire, cela se confirme.
02:57 A 10 ans,
02:58 aucun de ces élèves de CM2 n'échappe aux écrans
03:02 et reconnaît même avoir du mal à s'en passer.
03:06 ...
03:08 -La question, c'est, doit-on limiter les écrans ?
03:11 -Moi, j'aurais pensé essayer à des moments de tout faire
03:14 pour ne pas s'éloigner, le poser à un endroit
03:17 et aller faire autre chose dans une autre pièce.
03:20 -Des fois, c'est simplement en le regardant
03:22 que t'as envie d'y jouer.
03:24 C'est comme la nourriture, dès que tu le vois, t'as envie.
03:27 -Moi, j'étais en appel avec mes copines
03:29 et on jouait à un jeu vidéo et on a joué trop longtemps.
03:32 -Combien de temps, tu sais ?
03:34 -Deux heures.
03:37 -Ca agit presque comme une drogue, finalement.
03:39 Quand on parle d'addiction, on parle de différents types de drogues
03:43 et on se rend compte que les écrans, ça a le même effet.
03:46 C'est une lutte à mener au quotidien.
03:49 Au quotidien, à travers les activités qu'on met en place,
03:52 notamment faire revenir la lecture au centre des intérêts,
03:56 les activités sportives, les activités dans la nature.
03:59 C'est autant d'outils qui vont les aider à lutter
04:02 contre l'addiction aux écrans.
04:04 -Vous êtes formée à ça ?
04:05 -Alors... -Pour votre coursus ?
04:07 -Hum...
04:08 On n'a pas de formation particulière pour ça,
04:11 mais en tout cas, on sait que c'est notre rôle...
04:13 On sait qu'on est un acteur principal, en tout cas,
04:16 sur ce type de lutte.
04:18 Musique douce
04:19 -En réalité, une prévention qui dépend trop souvent
04:23 du bon vouloir des écoles, des professeurs,
04:26 et que Caroline Janvier souhaite rendre systématique.
04:30 -C'est justement ce que prévoit la loi que je porte.
04:34 C'est une formation de tous les enseignants du premier degré,
04:38 pour que tout le monde soit sensibilisé
04:41 et soit équipé d'outils pour faire comprendre
04:44 aux enfants l'importance et les risques
04:47 d'une surexposition aux écrans.
04:49 Je vote pour.
04:50 -Je vous remercie.
04:52 -Au revoir.
04:53 -Merci.
04:54 -Au revoir.
04:55 Musique douce
04:57 -La députée veut même aller plus loin,
04:59 former les professionnels de la petite enfance,
05:03 les professionnels de santé aussi.
05:05 -Bonjour. -Bonjour, Pratel.
05:07 -Car une exposition précoce peut entraîner
05:09 des troubles graves du développement de l'enfant.
05:12 -On y va ? Allez, viens.
05:14 Vas-y. On y va.
05:16 -Cette pédiatre a une consultation
05:19 unique en France à l'hôpital,
05:21 sur la surexposition aux écrans.
05:24 A trois ans, Maya ne parle quasiment pas.
05:28 -Ca a commencé vers quel âge, vous diriez, à peu près ?
05:32 Là, vous dites vers trois mois, six mois.
05:35 -Elle était vraiment devant la télé à trois mois.
05:38 -Est-ce que c'est allumé pendant les repas ?
05:40 -Oui. -Oui.
05:41 -Est-ce que vous l'utilisez pour la calmer ?
05:44 -Oui. Elle a un examen pour moi.
05:47 -Le médecin s'appuie sur un questionnaire spécifique
05:51 pour évaluer sa consommation et sa dépendance aux écrans.
05:55 Résultat, 5 à 6 heures par jour.
05:59 -Ca impacte vraiment de nombreux domaines,
06:02 que ça soit le comportement, la gestion des humeurs,
06:06 la gestion des frustrations,
06:08 qui est importante quand on est petit,
06:10 et surtout l'apprentissage et l'entrée dans le langage.
06:14 -Ouais, tu veux faire le docteur ?
06:16 -Oui.
06:17 -Des enfants sans langage cohérent,
06:19 qui, comme Maya, ne fout que répéter
06:21 ce qu'ils ont vu dans les dessins animés.
06:24 -Effectivement, les différentes applications,
06:27 Youtube ou ce que vous voulez, ont tendance à mettre l'alphabet
06:30 en faisant croire aux parents qu'on va faire des progrès.
06:34 On met les choses à l'envers.
06:35 On apprend l'alphabet à trois ans,
06:37 mais on ne parle pas encore bien à trois ans.
06:40 Je veux que votre petite fille apprenne le mot "pull",
06:43 le mot "chaussette", le mot "pomme", le mot "camion",
06:46 les mots du quotidien.
06:48 C'est sur ça qu'il va falloir revenir beaucoup,
06:50 pour que le langage s'installe.
06:52 -Et pour cela, le message de la pédiatrie radicale,
06:57 arrêt total des écrans.
07:00 -Cette télé allumée, là, quand on est en train de jouer,
07:03 c'est pas pareil, parce que l'enfant y regarde,
07:05 et ça interrompt ses capacités.
07:07 Et là, d'être dehors et de marcher,
07:09 d'être en poussette, de marcher,
07:11 et de regarder le monde qui l'entoure, c'est important,
07:14 et se calmer plutôt avec un livre plutôt qu'avec l'écran le soir.
07:18 -Maya a éteint les écrans il y a quatre mois.
07:23 Un sevrage difficile.
07:26 -Donc maintenant, il faut tenir bon,
07:28 demander à la famille de faire pareil,
07:30 parce qu'elle est en train de progresser,
07:32 votre petite fille, je trouve, aussi,
07:35 mais le chemin est un peu long.
07:37 Comme on disait, ça prend du temps.
07:39 Musique douce
07:41 -Le lendemain, Caroline Janvier retrouve le docteur Djozika
07:44 à son cabinet.
07:46 -Bonjour ! -Bonjour, docteur.
07:47 -Bonjour, madame Janvier.
07:49 -Elle a fait partie de ceux qui ont alerté la députée
07:52 sur les ravages des écrans.
07:54 Raële est 4 ans,
07:56 et sa maman consulte la pédiatre depuis quelques mois.
08:00 Jennifer a eu un déclic
08:03 le jour où son fils est entré en maternelle.
08:05 -Et là, je me suis vraiment rendue compte
08:07 qu'il y avait un énorme décalage avec les autres enfants.
08:11 -Pas du tout.
08:12 Il savait pas jouer,
08:13 il s'est trompé avec des cris,
08:15 enfin, il était vraiment à l'opposé des autres enfants.
08:19 -Vous imaginez, madame,
08:20 que les écrans, ça pouvait faire ça ?
08:22 -Pas du tout.
08:24 Sinon, j'aurais jamais donné à mon enfant tout ça.
08:27 Si c'était à refaire, je le referais.
08:29 -Est-ce que vous trouvez
08:30 qu'on n'est pas suffisamment informés ?
08:33 Est-ce que vous auriez aimé le savoir ?
08:36 -Oui. -D'accord.
08:37 Et comment vous auriez aimé qu'on vous le dise, ça ?
08:40 -Dès la maternité. -Dès la maternité.
08:42 -Vous pensez qu'on devrait dire "attention" ?
08:45 -C'est dans le carnet de santé,
08:47 mais je vais avouer que je l'ai pas lu.
08:49 -Vous avez découvert ce problème-là
08:51 en voyant ce que ça créait chez votre enfant
08:54 et en travaillant avec le psychiatre.
08:56 -Il commence à s'en sortir avec la motricité fine.
08:59 Tiens bien ton... -Oui, ça y est.
09:01 -Caroline Jeanpier propose d'alerter dès la grossesse
09:05 sur le danger des écrans.
09:07 Musique douce
09:09 -Moi, ce que je me dis, c'est qu'il faut que nous,
09:12 on protège mieux vos enfants, on vous informe mieux,
09:15 et qu'il faut qu'on trouve les bons endroits pour vous informer.
09:18 C'est la maternité, c'est l'école,
09:21 c'est des campagnes d'information.
09:23 Musique douce
09:25 -Et comme pour l'école,
09:26 il faut former les professionnels de santé.
09:29 -Les externes, les internes que je vois à l'hôpital
09:32 ne sont pas du tout formés.
09:33 Ils doivent avoir de la médecine sociale
09:36 qui est faible dans leur temps de travail dans le programme.
09:39 Les médecins généralistes sont encore moins formés.
09:42 80 % des enfants en France sont suivis par les médecins généralistes.
09:46 Actuellement, le temps de formation sur les écrans
09:48 est égal à zéro quasiment.
09:50 Donc si on veut bien se poser des questions,
09:53 si on veut bien se dire qu'on vit dans un autre monde
09:55 qui n'a plus rien à voir depuis quelques années,
09:58 peut-être que l'enfant est impacté par ce problème.
10:01 -Un monde où l'écran est omniprésent,
10:04 même là où on ne s'y attend pas.
10:06 -Quand on voit qu'on a maintenant, par exemple,
10:09 des constructeurs de landaux de poussettes
10:11 qui prévoient des petits inserts où vous avez juste à mettre
10:15 votre tablette ou votre écran pour que le bébé
10:18 soit surtout exposé en permanence, on voit bien qu'il y a un problème.
10:22 -Merci, madame.
10:23 Et puis, on a besoin de vous pour convaincre les autres parents.
10:26 Donc continuez. Il n'y a pas de souci.
10:28 -Mais justement, comment convaincre ces parents
10:33 qui passent à travers tous les filtres,
10:35 ceux qui ne fréquentent pas les structures
10:38 de la petite enfant sans,
10:39 ceux qui ne voient que peu le médecin ?
10:42 Ce soir-là, Caroline Janvier organise un temps d'échange
10:47 et de sensibilisation aux écrans
10:49 avec des habitants de sa circonscription.
10:51 -Les risques de troubles primaires du langage
10:54 peuvent être multipliés par six
10:56 en cas d'une exposition trop importante.
10:58 Vous le savez sans doute, un enfant qui a des troubles du langage,
11:02 ça va le mettre en difficulté dans tous ses apprentissages.
11:05 -La députée, lors soumise, est l'une de ses mesures phares.
11:10 Imposer un avertissement sur les emballages
11:13 de téléphone, tablette ou ordinateur
11:16 pour informer des risques d'une surexposition.
11:19 -Je vous avouerais que c'est peut-être le point
11:21 pour lequel j'ai eu le plus de difficultés,
11:24 car il y a un bras de fer avec les industriels
11:26 qui me disent qu'il n'y a pas besoin.
11:28 Je leur dis que si ça ne va pas vous mettre en difficulté,
11:32 faisons-le.
11:33 -Il y a un lobbying, quelque part,
11:35 qui est très important.
11:36 Je sais que là, vous avez quand même entamé
11:39 une croisade qui ne sera pas facile.
11:41 -Pour moi, le vrai sujet, aujourd'hui,
11:44 c'est qu'en réalité, on a minimisé les dangers
11:48 d'une surexposition aux écrans.
11:49 Je fais parfois le parallèle avec ce qui s'est passé
11:52 dans les années 80 avec l'industrie du tabac,
11:55 où vous aviez les industriels qui introduisaient le doute
12:00 sur l'impact de la consommation de tabac sur la santé,
12:03 qui disaient qu'on n'était pas vraiment sûrs,
12:05 qu'il y avait d'autres effets.
12:07 Il y a un vrai sujet, soit de méconnaissance totale,
12:10 soit de sous-évaluation du danger.
12:12 Je vous invite à suivre les travaux et les actions
12:15 qui vont être mises en oeuvre.
12:16 -Alors, Caroline Janvier compte sur une prise de conscience collective.
12:21 -Et oui, c'est un sujet, il faut s'en saisir.
12:25 Merci à tous.
12:26 Applaudissements
12:28 Je crois qu'il y avait un consensus sur le fait
12:31 qu'il y a une information qui est très inégale,
12:34 très inégale, et qu'on a quelques lanceurs d'alerte,
12:37 quelques parents assez connaisseurs du sujet,
12:39 mais que, malheureusement, le doute profite à la surexposition.
12:45 Il faut réguler ça et dire que la santé prime
12:47 sur l'intérêt économique.
12:49 Musique douce
12:51 -Et dix jours plus tard, en première lecture
12:54 à l'Assemblée nationale...
12:55 -L'exposition des enfants de moins de 3 ans
12:58 est un poison pour eux, c'est dangereux pour eux.
13:01 -La question des écrans a des impacts sur la santé.
13:04 -Il faut qu'on soit d'accord.
13:05 -L'Assemblée nationale a adopté...
13:07 -Les députés ont adopté à l'unanimité
13:10 la proposition de loi de Caroline Janvier.
13:13 Musique douce
13:15 ...

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